Les monuments de Pagan (Birmanie) - article ; n°2 ; vol.124, pg 336-349
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1980 - Volume 124 - Numéro 2 - Pages 336-349
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bernard-Philippe
Groslier
Les monuments de Pagan (Birmanie)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 336-
349.
Citer ce document / Cite this document :
Groslier Bernard-Philippe. Les monuments de Pagan (Birmanie). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 336-349.
doi : 10.3406/crai.1980.13724
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1980_num_124_2_13724COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 336
COMMUNICATION
LES MONUMENTS DE PAGAN (BIRMANIE),
PAR M. BERNARD GROSLIER, CORRESPONDANT DE L' ACADÉMIE
Capitale de la Birmanie du xie au xme siècles où de nos jours
encore se dressent quelque cinq mille édifices répartis sur plus de
vingt-cinq kilomètres carrés, Pagan est l'un des plus importants
sites archéologiques d'Asie du Sud-Est. Elle rivalise avec Angkor
ou les monuments de Java central — du Borobudur au candi Lara
Jonggrang — et ne leur cède en rien pour la beauté ou la majesté.
Dans le déroulement général de l'Histoire de cette partie du monde,
elle fut le foyer par excellence de la foi et de l'art bouddhique.
Autant par ses caractères propres que par son rôle, le royaume de
Pagan mérite donc une attention soutenue, et plus spécialement de
la part des orientalistes français.
Sur les rives de l'Irrawaddy qui, des Alpes du Sseu-tchouan au
golfe du Bengale a façonné le pays, Pagan fut élue lorsqu'un pouvoir
unique parvint à s'imposer au pays. On attribue traditionnellement
cette fusion au roi Anawrahta — 1044-1077 — 1 qui, avec les Pyus
(proto-Birmans) du Haut-Pays, conquit les Môns de la Basse-
Salouen et leur capitale : Thaton. Pour l'espace ainsi politiquement
unifié le site s'imposait : Pagan est la porte de la plus vaste plaine
cultivable du pays et sur la berge même du fleuve qui en constitue
l'artère vitale. Les Birmans surent l'enrichir par l'irrigation, quoique
celle-ci n'ait pas encore été étudiée en détail. Comme les autres pays
d'Asie, l'abondance nécessaire au pouvoir fut ainsi obtenue par une
riziculture intensive et collective, ordonnée par un roi, consacrée par
une religion assurant l'harmonie du cosmos.
Ce sont les monuments de Pagan qui nous retiendront surtout ici.
Avec l'épigraphie ils constituent notre source principale d'informat
ion, en attendant des fouilles méthodiques pour connaître plus
exactement les modes de vie. Du moins ces deux premières approches
ont-elles déjà permis d'élaborer une trame détaillée et sûre, de
l'histoire de Pagan.
Vers le début de notre ère, voire durant les deux siècles qui l'ont
1. Afin de simplifier ce bref exposé j'utiliserai, pour les souverains et les
temples, les noms populaires birmans modernes, qui diffèrent notablement des
noms et titulatures livrés par l'épigraphie. De même j'indique les dates généra
lement admises, qui demandent parfois encore confirmation ou recoupement. MONUMENTS DE PAGAN 337 LES
précédé, la Birmanie et d'abord les Môns, dans le Sud, ont reçu de
l'Inde leur civilisation. Rien que de normal : malgré quelques
obstacles naturels la côte birmane prolonge celle du Bengale ; le
golfe du même nom se traverse plus facilement que la mer Egée.
Lorsque l'Empire britannique annexait la Basse-Birmanie de 1826
à 1852, il ne faisait somme toute que conclure ce vaste mouvement.
C'est l'ensemble de la civilisation indienne qui s'est ainsi répandu,
dont le bouddhisme, qui ne saurait d'ailleurs en être dissocié, surtout
à cette époque. Mais chose très remarquable, en comparaison
avec les autres pays de l'Asie du Sud-Est tout aussi « indianisés », il
semble que seul le bouddhisme fut retenu en Birmanie. Les raisons
de cette élection ne sont pas très claires, si ce n'est le fait évident
que la basse vallée du Gange et le Bengale furent, très tôt, des
foyers des plus prospères du bouddhisme. En tout cas les monuments
attestent cette primauté.
Parce que seuls, pratiquement, les édifices religieux furent
édifiés « en dur », ici en brique, seuls ils ont résisté au temps. Il
existait pourtant aussi, d'abord pour les autres édifices des monast
ères, ensuite pour les palais royaux, enfin pour les habitations, une
construction en bois. Elle a disparu à Pagan, mais nous l'imaginons
toutefois assez bien parce qu'elle s'est maintenue, pratiquement
inchangée, jusqu'à nos jours : les palais de Mandalay sont assez
célèbres pour qu'il suffise simplement de les nommer. Or ils perpé
tuent cet art. Ceci est important : à l'origine, en Inde même, l'a
rchitecture en dur a imité les édifices en bois plus anciens. Elle a
ainsi conservé nombre de traits sans cela incompréhensibles. Ceux-
ci ne sont pas dictés par la technique de la brique — ou de la pierre —
mais perpétuent délibérément une auguste tradition, tout de même
qu'une icône le fait par son archaïsme apparent.
Notre analyse monumentale doit tenir compte d'abord de cette
fonction religieuse, ensuite de cette ascendance, et ne pas se limiter
à la seule évolution du style architectural, selon notre acception du
terme, ou de sa technologie. Cela, bien sûr, est tout aussi vrai pour le
décor.
Pour le bouddhisme primitif, le monument, en fait le symbole
par excellence est le stûpa, le tumulus funéraire qui marque la dél
ivrance du Sage des Sakyas, la fin de cette chaîne de désirs et de
souffrances qu'est l'existence. Le stûpa est censé renfermer des
reliques provenant du Bouddha lui-même, et très vite joua un rôle
essentiel dans la diffusion missionnaire du bouddhisme. En Birmanie,
et surtout chez les Môns, ce furent donc les premiers monuments
édifiés. On les retrouvera à Pagan, et presque tels quels. Certes on
va leur donner des dimensions de plus en plus considérables en les
exhaussant sur des soubassements multiples, en les entourant COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 338
d'enceintes avec pavillons d'entrée. Certes on enrichira le décor
initial : quelques guirlandes florales ceinturant le dôme, des parasols
abritant la pointe, les jours de fêtes, en les multipliant, en les recou
vrant somptueusement de feuilles d'or. On y ajoutera enfin — trait
caractéristique de la Birmanie — des plaques de reliefs en terre-cuite
émaillée illustrant les vies du Bouddha. Mais structuralement le
stûpa demeure à peu près identique au modèle initial (et, ajoutons-le
il n'en saurait être autrement). Reste qu'en Asie du Sud-Est — et
à l'exception de Borobudur — les rois de Pagan auront bâti les plus
beaux et les plus riches exemples de ce type d'édifice. Citons le
Shwehsandaw et le Lokananda, tous deux d'Anawrahta — vers
1057/1059 — puis le somptueux Shwezigon dressé par Kyanzittha
— 1084-1113 — enfin les formes plus élaborées, mais aussi plus
desséchées comme le Dhammayanzika construit vers 1196 par
Narapati Sithu et le Mingalazedi — 1284 — de Narathihapate.
Quelle que soit leur magnificence et leur indiscutable beauté
plastique avec leurs ruissellements d'or sous la lumière, il s'agit ici
d'une « forme » significative, d'une « sculpture dans l'espace » plutôt
que d'une « architecture » (au sens que nous donnons à ce terme, fort
conventionnel il est vrai...) Cette dernière n'intervient que par le
matériau et la technique, bien modeste : il s'agit surtout d'empiler
les briques.
D'autres édifices bouddhiques, pourtant, ont une « fonction » et
donc constituent des réalisations « architecturale » telles que nous
les concevons : abriter les activités de la vie, ici des moines. Parce
que, à l'origine, ceux-ci se retiraient durant la saison des pluies afin
de méditer, et cela souvent dans des grottes, certains sanctuaires de
Pagan reproduisent ces lieux antiques. Très simplement d'ailleurs :
une façade en brique dressée devant des grottes aménagées au flanc
de quelque canon creusé par un affluent de l'Irrawaddy.
L'édifice le plus élaboré — le plus courant en fait — est la grande
halle où se réunissent les moines pour leurs fonctions collectives :
prêche, examen de conscience, ordination. C'est une nef rectangul
aire or

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