Nouvelle inscription lyonnaise d'un Sacerdos Sénon des Trois Gaules : Sextus IuliusThermianus - article ; n°3 ; vol.136, pg 489-509

François Richard

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1992 - Volume 136 - Numéro 3 - Pages 489-509
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1992
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• Langue: Français
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Extrait

Monsieur François Richard
Nouvelle inscription lyonnaise d'un Sacerdos Sénon des Trois
Gaules : Sextus IuliusThermianus
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 489-
509.
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Richard François. Nouvelle inscription lyonnaise d'un Sacerdos Sénon des Trois Gaules : Sextus IuliusThermianus. In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, N. 3, 1992. pp. 489-509.
doi : 10.3406/crai.1992.15125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1992_num_136_3_15125COMMUNICATION
UNE NOUVELLE INSCRIPTION LYONNAISE D'UN SACERDOS SÉNON
DES TROIS GAULES : SEXTVS IVLIVS THERMIANVS,
PAR M. FRANÇOIS RICHARD
In memoriam A. Audin (1899-1990)
II existe à Lyon une place Meissonnier, ex-place Saint-Pierre, située
dans la Presqu'île, à deux pâtés de maisons au sud de la place des
Terreaux. En automne 1989, M. G. Vincent, propriétaire d'un
immeuble au 2 de cette petite place, faisait descendre A. Audin dans
sa cave, pour lui montrer une inscription latine, ou plutôt la partie
inférieure droite d'une inscription dont le reste était caché dans l'épais
seur des parois. Sur un gros bloc quadrangulaire couché sur sol, et
largement enfoncé dans deux murs de fondation qui se rejoignent
à angle droit, se lisaient les cinq fins de lignes suivantes, gravées
en fort belles lettres de 7 cm (croquis explicatif fig. 1-2 et fig. 3) :
DOT ARAE
R CONFLVENT ligature N et T
R ET R H O D
IB H O N O RI B ligature R et I
D SVOS FVNCT
Admirable connaisseur de l'épigraphie lyonnaise, A. Audin reconnut
immédiatement la fin d'une inscription honorifique d'un prêtre de
Rome et d'Auguste. Il rédigea aussitôt une note1 dans laquelle il
décrivait la pierre, relevait le texte, restituait la partie gauche cachée,
expliquait que ce bloc de calcaire du Bugey provenait du Sanctuaire
fédéral tout proche, et affirmait qu'il s'agissait là d'un inédit2. Ce
fut sa dernière découverte épigraphique.
1. A. Audin, Un sacerdos de Rome et d'Auguste, dans : Inscriptions latines de Gaule Lyonn
aise, Actes de la Table-Ronde (Lyon, 17-18 nov. 1990), Lyon, Coll. du CERGR de l'Univ.
Lyon III, n.s. n° 10 (diff. De Boccard), 1992, p. 39-40.
2. Cf. le catalogue des sacerdotes des Trois Gaules récemment dressé par L. Maurin,
Gaulois et Lyonnais, Mélanges R. Etienne (= Revue des Études anciennes, LXXXVIII, 1986,
paru en 1988), p. 109-124, tableau p. 115-116, auquel il faut ajouter le prêtre tricasse
C. Catullius Deciminus, CIL, XIII, 1691. L. Maurin compte 37 prêtres (donc 38 au total
mais il peut y avoir des doubles mentions, car une dizaine de noms manquent), auxquels
il ajoute 3 cas plus hypothétiques (il serait prêt à en inclure davantage). Un seul, le pre
mier, est connu par une Periocha de Tite-Live, et tous les autres par des inscriptions de COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 490
Quartier St Paul
CARTE DU SECTEUR DES TERREAUX
Blocs lus
parSymeoni
et Champier
Amphithéâtre
Base de prêtre o
trouvée in situ . \
• \ \ Autel des Gaules Bloc lu par Spon
\ Place St Pierre
(J3 Musée Place des Terreaux t
St Pierre ^ 1
lOOm
FlG. 1. — Carte du secteur des Terreaux.
POSITION DU BLOC DANS LA CAVE
mur
trou de scellement
Fkî. 2. — Position du bloc inscrit dans la cave. UN SACERDOS SÉNON DES TROIS GAULES 491
FiG. 3. — Fin d'une inscription honorifique d'un prêtre de Rome et d'Auguste.
1992 32 492 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 4. — Dégagement de la partie cachée de la pierre gravée.
Au printemps de 1991, grâce à l'aimable autorisation de M. G. Vin
cent, il me fut possible de faire creuser les deux murs perpendiculaires
pour dégager la partie cachée3. Pour des raisons de sécurité, il fallut
laisser subsister une sorte de pilier de pierre de la largeur d'une à trois
lettres, ce qui interdit la lecture complète des premières lignes, et il
fut impossible aussi d'atteindre complètement le début de la première
(fig. 4). Il parut inutile de dégager le début des dernières lignes, dont
la restitution était sûre. Ces raisons expliquent la forme curieuse de
l'estampage, avec ses deux encoches (fig. 5). Cinq lignes nouvelles appa
rurent, révélant le début du texte, qui se lit au complet ainsi :
[~]XTO.IV[~]O h 9 cm
h 8 cm THERMIA[-]O
SENONIO FL[— ]IN h 7 cm
AVG MVNE[-]R
IN SVA CIVITATE
[--JDOT.ARAE
Lyon ou d'ailleurs. Parmi celles de Lyon, seules trois sont à la fois anonymes et de cité
inconnue, et aucune des trois n'est celle de la place Meissonier.
3. Mes remerciements vont aussi à M. F.-R. Cottin, architecte, membre de l'Académie
de Lyon, qui a bien voulu indiquer comment procéder à ce travail assez délicat, et à Th. Drew-
Bear, qui m'a fait l'amitié d'examiner avec moi cette pierre, dont il a pris en outre les
photos et l'estampage ici figurés. Je dois aussi à Th. Drew-Bear et M. Christol de pré
cieuses indications. G. Aubin, conservateur régional de l'Archéologie, a bien voulu prendre
à sa charge une partie des frais de dégagement. UN SACERDOS SÉNON DES TROIS GAULES 493
FiG. 5. — Estampe de l'inscription dégagée. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 494
— JRETRHOD 1RCONFLVENT N et T liés
-1IB.HONORIB I et R liés
10 SVOS FVNCT
La longueur totale du bloc est 1,51 m, sa largeur, constatée après
creusement de la paroi du mur, de 0,94 m, son épaisseur de 0,90 m.
La partie lue par A. Audin ne mesurait que 66 cm de largeur visible,
et 86 cm en hauteur. Le champ épigraphique commence à 7 cm
du bord supérieur, et se termine à 26 cm du bord inférieur. Toutes
les lettres des 8 dernières lignes sont hautes de 7 cm. Les inter
lignes sont de 5 cm. Ni cadre ni moulure. Les lignes s'arrêtent au
ras de l'arête droite, qui n'a pas été retaillée comme le pensait
A. Audin, car elle présente, du côté vertical, la trace d'un cadre
d'anathyrose, et de plus, cette même face latérale droite est percée
d'un trou de scellement important à 20 cm du bord inférieur, et
70 cm de l'arête.
Texte : [Se]xto Iu[li]o / Thermia[n]o / Senonio fl[ami]n(i) / aug(ustali)
mune[ra]r(io) / in sua ciuitate / [sacer]do(ti) arae / [inte]r confluent(es) /
[Ara]ris et Rhod(ani) / [omn]ib(us) honorib(us) / [apu]d suos funct(o)
A la ligne 5, Aug(ustali) comme dans le cas d'un autre Sacerdos,
peut-être d'ailleurs sénon, au CIL, XIII, 1674 : flamini avgvstali
Traduction : « A Sextus Iulius Thermianus, Sénon, flamine impér
ial ayant donné des combats de gladiateurs dans sa cité, prêtre
à l'Autel du confluent de la Saône et du Rhône, qui s'est acquitté
de toutes les charges publiques chez les siens. »
La personnalité de Sextus Iulius Thermianus
Sextus Iulius Thermianus est loin d'être un inconnu. Dès le
xvie siècle, Symphorien Champier et Gabriele Symeoni avaient
relevé son nom « dans un angle du Change », sur cette inscription
de trois lignes, où se trouvait l'amorce de noms voisins4.
SEXT IVLIO A
THERMIANO II
SENONIO D
4. S. Champier, Galliœ celticœ ac antiquitatis Lugdunensis ciuitatis quœ caput est Celta-
rum, campus, parus à Lyon en 1537, non paginé, dans le corpus de 18 inscriptions adjoint
au texte ; G. Symeoni, L'origine e la antichità di Lione, manuscrit de 1559 conservé à Turin.
Les deux textes sont ici donnés selon la copie du de Symeoni faite en 1836
par l'abbé Costanzo Gazzera, et conservée à la BM Lyon, Manuscrits, Fds Coste, 41. UN SACERDOS SÊNON DES TROIS GAULES 495
Cette inscription n'a jamais été retrouvée. Mais les deux érudits avaient
aussi signalé une autre inscription, sur deux lignes seulement, d'un
personnage qui lui était visiblement apparenté :
SEXTO IVLIO
SEXTILIANO
Cette seconde pierre a été retrouvée en 1899, « dans une maison
du xvie siècle du quartier Saint-Paul », et elle avait une troisième
ligne, filio. Elle mesure 1,40 m de long, et ses lettres sont hautes
de 12cm5.
Au xixe siècle, la connaissance de Thermianus et de son entou
rage fit des progrès grâce à Léon Rénier, et à Gustave Julliot, conserva
teur du Musée de Sens6. La démolition définitive du vieux rempart
gallo-romain de Sens per