Nouvelles recherches franco-syriennes dans le quartier est de Bosra Ash-sham - article ; n°1 ; vol.137, pg 117-147

Jean-Marie Dentzer, Blanc Pierre-Marie, Mukdad R., Mukdad A

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1993 - Volume 137 - Numéro 1 - Pages 117-147
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1993
• Nombre de lectures: 19
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marie Dentzer
Pierre-Marie Blanc
R. Mukdad
A Mukdad
Nouvelles recherches franco-syriennes dans le quartier est de
Bosra Ash-sham
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 137e année, N. 1, 1993. pp. 117-
147.
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Dentzer Jean-Marie, Blanc Pierre-Marie, Mukdad R., Mukdad A. Nouvelles recherches franco-syriennes dans le quartier est de
Bosra Ash-sham. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 137e année, N. 1, 1993.
pp. 117-147.
doi : 10.3406/crai.1993.15192
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1993_num_137_1_15192COMMUNICATION
NOUVELLES RECHERCHES FRANCO-SYRIENNES
DANS LE QUARTIER EST DE BOSRA ASH-SHAM,
PAR MM. JEAN-MARIE DENTZER, PIERRE-MARIE BLANC, R. ET A. MUKDAD
En 1981 le regretté Sleiman Mougdad nous avait amicalement invité
à prendre part à l'exploration archéologique de Bosra, et depuis cette
année, l'ERA n° 20 du Centre de Recherches Archéologiques (CNRS)
collabore efficacement sur ce site avec la Direction des Antiquités et
des Fouilles de la RAS1. Notre premier objectif était de préciser le rôle
joué par les Nabatéens à Bosra en reprenant systématiquement l'étude
des vestiges qui en portent la marque directe. J'ai eu l'honneur de vous
présenter ici en 1986 les premiers résultats de cette recherche. L'Arc
nabatéen, lié par deux murs à une sorte de baie monumentale, était
apparu comme un dispositif charnière entre le centre de la ville de Bosra
et un nouveau quartier situé à l'est et orienté sur un axe différent. Depuis
cette date, l'analyse architecturale du monument a progressé en même
temps que la fouille de la « nouvelle cathédrale »2 située à 120 m plus
1. Nous voudrions rendre hommage ici au Dr A. Abou Assaf et au Dr A. Bounni à la Direc
tion générale des Antiquités et des Fouilles et remercier pour son accueil à Bosra M. Riyad al-
Mukdad. Pour l'analyse architecturale et pour les plans et élévations nous avons bénéficié de la
compétence de Philippe Tondon, architecte. Ont participé aux dernières campagnes sur le Quart
ier est : J.-M. Dentzer, P.-M. Blanc, J. Dentzer-Feydy, L. Nehmé, M. Olszewski. Les topo
graphes Chr. Arthur et S. Moreau ont complété les relevés des différents chantiers en les ratt
achant aux zones voisines de la ville. F. Ravoire et M. Vallerin ont travaillé sur la céramique
avec l'aide de R. Sabbagh dessinatrice. Nous ne présenterons pas ici les travaux du chantier
des Thermes du sud dirigés par H. Broise avec la collaboration de V. Jolivet et F. Mercier.
Publications antérieures : J.-M. Dentzer, Les sondages de l'Arc nabatéen et l'urbanisme
de Bosra, CRAI, 1986, p. 62-87 ; J.-M. Dentzer et al, Sondages près de l'Arc nabatéen de
Bosra, Berytus, 32, 1984 (1986), p. 163-174 ; J.-M. Dentzer, Céramiques et environnement
naturel : la céramique nabatéenne de Bosra, Studies in the History and Archaeology of Jordan,
II, Amman, 1985 (1986), p. 149-154; R. al-Mukdad, J.-M. Dentzer, Les fouilles franco-
syriennes à Bosra (1981-1987), AAAS, 37-38, 1987-1988, p. 224-241 ; J.-M. Dentzer, Neue
Ausgrabungen in Sî' (Qanawat) und Bosra (1985-1987) : Zwei einheimische Heiligtùmer in
der vorkaiserzeitlichen Période, Akten des XIII. Internationalen Kongresses fur Klassische Archào-
logie, Berlin, 1988, p. 364-370, Berlin, 1990 ; J.-M. Dentzer, P.-M. Blanc, Techniques de
construction et de revêtement dans la Bosra nabatéenne, V' congrès sur l'histoire et l'archéo
logie de la Jordanie, Univ. of Science & Technology, Irbid, 12-17 avril 1992 (à paraître).
2. Nous proposons cette dénomination pour un vaste monument chrétien qui a le même plan
que l'église des Saints Serge, Bacchus et Léonce avec des dimensions supérieures,
cf. J.-M. Dentzer, Fouilles franco-syriennes à l'est de l'Arc nabatéen (1985-1987) : Une nouvelle
cathédrale à Bosra ?, XXXV Corso di Cultura sull'Arte Ravennate e Bizantina (Rav. 19/26 marzo
1988), p. 13-34 ; J.-M. Dentzer, Siedlungen und ihre Kirchen in Sûdsyrien, dans Syrien : Von
den Aposteln zu den Kalifen, Stadtmuseum Nordico (éd. M. Ruprechtsberger), Linz, 1993,
p. 82-101. BOSRA
00
QUARTIER EST
8
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10 20m
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Fig. 1. — Bosra, quartier est. NOUVELLES RECHERCHES À BOSRA 1 19
à l'est et dans laquelle étaient remployés d'autres éléments
d'architecture nabatéenne (fig. 1). L'étude des niveaux profonds permet
de proposer une image renouvelée du développement de ce secteur
de la ville, en répondant à quelques-unes des questions qui se posaient
en 1986. Nous concentrerons ici notre attention sur les phases les
plus anciennes. La période chrétienne demanderait un développe
ment particulier.
L'Arc nabatéen
Les antécédents
Les derniers sondages près de l'Arc nabatéen3 ont attesté, pour
la première fois dans ce secteur, des occupations antérieures à la
période nabatéenne. Un remblai incorporé dans le. radier qui portait
le dallage nabatéen, immédiatement à l'est de l'Arc, contenait des
tessons du Bronze ancien II-III. Peu usés et appartenant donc au
site même, ils indiquent à cette époque un foyer de peuplement dis
tinct de celui qui a été identifié par H. Seeden à l'ouest, près de
la source pérenne4. Ce matériel était associé à quelques fragments
de céramique de l'Âge du fer et à des tessons à vernis noir d'époque
hellénistique. Cet échantillonnage apporte une indication sur la conti
nuité de l'occupation du site, à un emplacement qui reste à la limite
du centre urbain ancien. Aucune structure correspondant à ce matér
iel céramique n'a été retrouvée jusqu'à présent. D'autre part, plus
à l'est, dans les niveaux profonds atteints sous la « nouvelle cathé
drale », seuls quelques tessons hellénistiques, hors contexte, ont été
trouvés pour le moment5.
3. R. E. Brûnnow-A. Domaszewski, Die Provincia Arabia, III, 1909, p. 23, n° 13 ;
H. C. Butler, Publications of the Princeton University Archaeological Expéditions to Syria
in 1904-1905 and 1909, II : Ancient Architecture in Syria, A : Southern Syria, Leyde, 1914
(=PPUAES), p. 240-243 ; H. Kâhler, Triumpfbogen dans RE, VII, A, I, 1939, c. 460 ;
j. Starcky, Supplément au Dictionnaire de la Bible, VII, 1966, c. 947 ; A. Negev, The Naba-
taeans and the Provincia Arabia, Aufstieg und Niedergang der Rômischen Welt, II, 8, p. 661 ;
R. Wenning, dans H. -P. Kuhnen, Palâstina in griechisch-rômischer Zeit, Handbuch der
Archâologie, Vorderasien, 2, 2, p. 391.
4. M. Kadour, H. Seeden, Damaskener Mitteilungen (=DaM), 1, 1983, p. 77-102 ;
H. Seeden, DaM, 3, 1988, p. 387-412 j Berytus, XXXIV, 1986, p. 11-82.
5. Il est vrai que la surface du sol géologique y a été largement décapée au moment
de l'implantation des constructions nabatéennes. 120 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS NOUVELLES RECHERCHES À BOSRA 121
La phase nabatéenne (fig.1-2)
Les sondages décrits en 1986 avaient conduit à dater le dispositif
charnière, étape capitale dans le développement urbain de Bosra,
dans la deuxième partie du Ier siècle de notre ère. Entre-temps une
nouvelle hypothèse chronologique a été proposée par des collègues
allemands qui, sur des arguments stylistiques, voudraient dater l'Arc
de la fin du Ier siècle av. J.-C, en rattachant son décor à une tradi
tion « augustéenne ancienne »6. I. Kader dissocie l'Arc proprement
dit de la partie est du dispositif constitué par les deux massifs ornés
de demi-colonnes nabatéennes et les murs M et N qu'elle considère
comme une adjonction dans un deuxième état. Nous avons donc
été conduits à vérifier les articulations matérielles et chronologiques
des différentes parties de cet ensemble architectural.
Articulation matérielle des murs M et N avec les massif s X et Y
(fig. 3-4). Depuis les travaux de restauration effectués en 1955 et
en 1968, qui ont entraîné, entre autres, le démontage et le remont
age d'une partie de la face est de l'Arc, avec insertion de pierres
neuves, d'ailleurs facilement reconnaissables, il est devenu plus dif
ficile d'étudier l'articulation entre l'Arc et les deux murs M et N.
Sous des angles d