Premières données sur la géographie urbaine de l Ethiopie - article ; n°1 ; vol.49, pg 5-36
33 pages
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1974 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 5-36
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean-Marc Prost-Tournier
Premières données sur la géographie urbaine de l'Ethiopie
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 49 n°1, 1974. pp. 5-36.
Citer ce document / Cite this document :
Prost-Tournier Jean-Marc. Premières données sur la géographie urbaine de l'Ethiopie. In: Revue de géographie de Lyon. Vol.
49 n°1, 1974. pp. 5-36.
doi : 10.3406/geoca.1974.1635
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1974_num_49_1_1635PREMIERES DONNEES
SUR LA GEOGRAPHIE URBAINE
DE L'ETHIOPIE
par Jean-Marc Prost-Tournier
La ville et les phénomènes d'urbanisation ne sont pas des faits absolument
nouveaux dans l'histoire et la géographie de l'Ethiopie : tout au long de son
histoire, l'Ethiopie a vu éclore, se développer et se maintenir tant bien que
mal un certain nombre d'organismes urbains : Axoum, Harrar et Gondar
notamment. Cependant, le phénomène d'urbanisation qui est apparu depuis
quelques décennies et qui s'accélère depuis moins d'un quart de siècle const
itue bien un fait nouveau : à la fin du siècle dernier la population « urbaine »
de l'Ethiopie n'atteignait certainement pas 100 000 personnes (peut-être 1 %
de la population totale) ; en 1973, la population urbaine doit atteindre
2 750 000 personnes soit 10,7 % de la totale (26 millions).
Cette urbanisation se manifeste de deux façons : d'abord par la crois
sance de la capitale Addis Abeba (plus de 800 000 habitants), et secondaire
ment ď Asmara, la capitale de l'Erythrée (250 000 habitants) ; ensuite par la
prolifération d'un type d'agglomération dont la définition est malaisée. Le
Central Statistical Office (CSO) a publié une première étude statistique sur
les principales villes d'Ethiopie (« Survey of Major Towns in Ethiopia » ) .
Les critères retenus pour définir une ville sont les suivants : 1 ) les maisons et
les bâtisses sont alignées sans interruption, c'est-à-dire côte à côte, en ran
gées ; 2) il y a au moins un bar public dans lequel des boissons alcoolisées
sont vendues ; 3) il y a au moins un hôtel, une maison dans
laquelle un étranger peut payer un lit et pour une nuit ; 4 ) il y a au moins
une boutique permanente vendant différents produits ; 5) un marché doit s'y
tenir au moins une fois par semaine. Ainsi des agglomérations de moins de
500 habitants sont retenues comme «villes» : dans le Shoa, Sele (317 habi
tants), Gudela (337), Wuchale (418) ; dans le Harrar, Kora (368) et Mulu
(408) ; dans le Tigré, Indaga Hamus (480) ; et enfin Konso dans le Gemu
Gofa avec 490 habitants. On peut certes être étonné de ce choix : cependant,
s'il ne s'agit pas de villes, ces agglomérations sont assurément autre chose
que de simples villages ruraux. Ces petits centres se sont multipliés sous
l'effet de l'ouverture du pays et du développement de l'infrastructure rou
tière et administrative ; ces sont environ au nombre de 250
et abritent au total plus de 500 000 personnes ; chacune comprend entre quel- 6 JEAN-MARC PROST-TOURNIER
ques centaines et 10 000 habitants, leur taille moyenne étant de 3 000 per
sonnes г.
Entre les deux, une trentaine de « villes moyennes » s'échelonnent de
10 000 à plus de 61 000 habitants, regroupant 675 000 habitants en 1970. La
signification de ces villes est variable : sur les hautes terres, beaucoup sont
d'anciens centres, des capitales régionales en stagnation relative (Gondar,
Harrar, Dessié, etc.) voire en déclin (Axoum) ; à l'opposé, surtout dans les
basses terres ce sont souvent des villes nouvelles dynamiques, en plein essor
(Nazareth, Shashamane, Awassa, Dire Dawa). Les hauts plateaux, où se
sont constituées les vieilles provinces abyssines ont plus de villes et de popul
ation urbaine, mais des organismes urbains plus vivants et plus prometteurs
surgissent avec la mise en valeur des basses terres de la périphérie, du Rift
et des régions tropicales du Sud.
Cependant, malgré ces différences, les villes d'Ethiopie conservent encore
pour la plupart des caractéristiques structurelles, fonctionnelles et physiono-
miques assez semblables : état démographique très original (extraordinaire
pourcentage des jeunes femmes adultes notamment), prépondérance absolue
des fonctions tertiaires, médiocrité de la liaison ville-campagne, unité des
constructions, etc. Seule la capitale, Addis Abeba, a organisé autour d'elle
un réseau urbain étoffé et hiérarchisé ; ailleurs quelques réseaux sont seul
ement esquissés.
Dans une première partie nous évoquerons la place des villes dans l'his
toire de l'Ethiopie, puis les raisons et les étapes de l'urbanisation contempor
aine. La deuxième partie sera consacrée à l'analyse du fait urbain actuel :
répartition des agglomérations selon leur taille, répartition spatiale et carac
téristiques démographiques de la population urbaine, activités et fonctions
des villes, et enfin nous terminerons par quelques données sur la physionomie
des villes éthiopiennes.
1. Pour ces données statistiques voir les publications suivantes du Central Statistical
Office (CSO) :
— Statistical Abstracts, 1964 à 1970,
— Survey of Major Towns in Ethiopia (Statistical Bulletin, 1, Addis Abeba, dec. 1968),
— ■ Population of Ethiopia, results from the National Sample Survey 1964-67 (Statistical
Bulletin, 6, Addis Abeba, nov. 71).
Voir aussi : ville ď Addis Abeba, Enquête et Proposition d'action, Mission Française d Urba
nisme, Addis Abeba, 1967.
Il est évident que toutes les indications statistiques tirées des publications du CSO sont
très sujettes à caution : il ne s'agit que d'estimations, reposant sur des sondages plus ou moins
valables (pour les villes, sondages au 1/10* ; pour les campagnes, au 1/120').
Voir également : Horvath (1968) : Towns in Ethiopia, Erdkunde, XXII, 1, p. 42-51.
— Kuls : Zur Entwicklung Stâdischer Siedlungen in Athiopien, Erdkunde, Band XXIV,
p. 14-26.
— • Mesfin Wolde Mariam (1965) : Some aspects o/ urbanisation in рте-twentieth century
Ethiopia. Ethiopian Geographical Journal, III, 2, p. 13-20.
— ■ Mesfin Wolde Mariam (1967) : The rural-urban split in Ethiopia, dans « les agglomér
ations urbaines dans les pays du Tiers Monde», INCIDI, 1967, p. 168-179, Bruxelles 1971. GEOGRAPHIE URBAINE DE L ETHIOPIE
PREMIERE PARTIE
LE PHENOMENE D'URBANISATION
I. — LA VIE URBAINE DANS L'HISTOIRE DE L'ETHIOPIE
L'histoire de l'Ethiopie est fondamentalement rurale : les esquisses d'ur
banisation à certaines époques furent toujours limitées dans l'espace et dans
le temps, et les organismes urbains qui ont subsisté sont tout à fait exception
nels (Axoum, Gondar, Harrar).
A) L'urbanisation de l' Ethiopie antique
Pourtant l'avènement de l'Ethiopie sur la scène de l'Histoire mondiale
laissait prévoir une remarquable floraison urbaine. La première construction
politique éthiopienne, l'Empire d'Axoum, doit son développement à l'essor
du commerce international : l'Ethiopie antique (en gros les Provinces du
Nord : Erythrée et Tigré) était fort bien placée pour participer aux grands
courants commerciaux qui, par la Mer Rouge, unissaient le monde méditerra
néen aux régions de l'Océan Indien, position qui fut exploitée par les Ptolé-
mées d'Egypte qui fondèrent deux ports importants sur la rive africaine de
la Mer Rouge : Ptolemaïs des Chasses (au Sud de l'actuelle Souakin au Sou
dan, mais dont l'hinterland s'étendait au Nord de l'Ethiopie par la vallée de
la Barca) et surtout Adoulis dont les ruines subsistent à une quarantaine de
kilomètres au Sud-Est de Massawa, au fond du golfe de Zula. Adoulis devint
rapidement un port très actif, exportant esclaves, ivoires, encens, éléphants,
cornes de rhinocéros, boucliers en peau d'hippopotame, carapaces de tortue,
et divers animaux exotiques, et important des tissus, du verre et divers objets
fabriqués.
L'impact de ce commerce sur l'hinterland fit surgir plusieurs centres
caravaniers qui devinrent de grandes places commerciales : certaines d'entre
elles se transformèrent en véritables villes, animées, prospères, fréquentées
par une société cosmopolite de marchands. L'une de ces cités, Axoum, devint
au début de notre ère le centre d'une puissante construction politique : l'Em
pire d'Axoum. Sa capitale était une grande cité : les vestiges de palais, de
temples, de basiliques, les nécropoles av

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