Recherches archéologiques d époque islamique en Afrique du Nord - article ; n°4 ; vol.120, pg 590-611
23 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1976 - Volume 120 - Numéro 4 - Pages 590-611
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Michel Terrasse
Recherches archéologiques d'époque islamique en Afrique du
Nord
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 4, 1976. pp. 590-
611.
Citer ce document / Cite this document :
Terrasse Michel. Recherches archéologiques d'époque islamique en Afrique du Nord. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 4, 1976. pp. 590-611.
doi : 10.3406/crai.1976.13294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1976_num_120_4_13294COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 590
COMMUNICATION
recherches archéologiques
d'époque islamique en Afrique du nord,?
par m. michel terrasse.
Il n'est guère possible de rendre compte dans le cadre d'une brève
communication de l'ensemble des recherches nord-africaines que
j'ai pu mener moi-même ou que j'ai conduites dans le cadre du
Centre d'Archéologie islamique de l'université Paris - Sorbonne1.
En effet l'aide de la Commission de Recherche archéologique du
ministère des Affaires étrangères permit en 1972 la création de deux
missions de coopération archéologique pour l'étude du site islamique
de Sabra-Mansuriya, en Tunisie et celle des vestiges de Belyounech
sur la côte marocaine du détroit de Gibraltar. Ces recherches étaient
en outre destinées à la formation de chercheurs français et maghréb
ins ; elles prolongent ou accompagnent toute une série de travaux
individuels sur le monde hispano-maghrébin. Je voudrais donc
seulement montrer comment ces études jointes au travail des
missions de fouille nous renseignent sur deux évolutions importantes
de l'art nord-africain : l'une d'elle concerne le xe siècle ifriqiyen,
l'autre le xive siècle hispano-maghrébin.
Les Fatimides régnaient depuis quatre décennies sur l'Ifriqiya
lorsqu'ils fondèrent en 337 (947-948) au sud de Kairouan, à un
demi-mille de son enceinte, la ville royale d'al-Mansuriya. Cette
fondation n'était ni la première cité qu'ils créaient, ni la première
ville de gouvernement élevée près de Kairouan par des princes
ifriqiyens. Dès le ixe siècle, trois villes palatines aghlabides, Qasr
al-Qadim, al-Abbassiya et Raqqada s'étaient développées success
ivement à quelques kilomètres au sud de la ville : elles étendaient
son agglomération mais n'influaient guère sur l'évolution de la
madina kairouanaise. Les relations de la Kairouan sunnite et des
Fatimides chiites se présentèrent d'une toute autre manière : la
fondation fatimide d'al-Mansuriya marque une nouvelle étape de
ces rapports souvent tendus.
Les Fatimides d'abord installés à Raqqada dans les palais de leurs
Mme 1. Les Janine activités Sourdel-Thomine du Centre d'archéologie ont été liées à islamique celle de l'E.R.A. que dirige n° actuellement 152 dont le
directeur était M. Henri Laoust puis à celles de l'U.R.A. n° 22 du Centre de la
recherche archéologique du CNRS. ARCHÉOLOGIE ISLAMIQUE EN AFRIQUE DU NORD 591
prédécesseurs avaient ensuite fondé Mahdiya. Son site même, une
presqu'île de la côte orientale tunisienne, est significatif. On a bien
dit comment la ville apparaît en marge du pays, tournée vers l'Orient
dont la conquête était la véritable fin de la dynastie chiite. L'art
qui s'y développe — pour autant que nous le connaissions —
n'exclut pas toute innovation mais reste proche de l'art aghlabide
et de sa bâtisse de pierre.
Lorsque le calife al-Mansur fonde sa propre cité palatine, il vient
de triompher de la révolte d'Abu Yazid. Sa ville ne s'implante pas à
quelques kilomètres de Kairouan comme ses devancières mais à son
voisinage immédiat. Elle est à la fois le signe de la réconciliation de
Kairouan et des Fatimides et le témoin du désir des vainqueurs de
mettre leur marque sur le pays kairouanais. La fondation qui nous
est décrite par maints textes dut être fabuleuse : chroniqueurs ou
poètes nous disent les riches palais qu'abritait cette ville de plan
circulaire. Elle parut même par son éclat éclipser sa voisine. Diverses
mesures attestent la mainmise des Fatimides : l'aqueduc qui aliment
ait Kairouan fut restauré et dévié par Sabra qui contrôla désormais
la fourniture en eau de sa voisine. Les commerces furent transférés
à Mansuriya. Celle-ci avait désormais le premier rôle. Mais son éclat
fut éphémère : après le départ des Fatimides pour le Caire, leurs
successeurs Zirides occupèrent les palais. Pourtant si l'on en croit
Bakri qui écrivait peu après 1060, la ville était alors une ruine
abandonnée. Depuis mille ans, Sabra-Mansuriya n'est plus qu'une
source commode de matériaux pour les habitants de Kairouan.
Nous devinons qu'elle a sans doute entraîné le développement de
la ville vers le sud. Nous savons son influence politique et écono
mique sur l'Ifriqiya de l'an 1000. Nous ignorons presque tout de son
influence sur la civilisation islamique du Maghreb.
Le renom de la ville, l'ignorance où l'on était en un domaine où
les sources écrites laissent présager d'importantes trouvailles ont
depuis cinquante ans suscité maintes recherches. Georges Marçais,
le premier, y pratiqua des sondages2 en 1921. M. Slimane Mus
tapha Zbiss les prolongea vers 1950 par des dégagements plus
étendus qui révélèrent quelques éléments de palais attribués aux
Fatimides3. M. Brahim Chabbouh effectua une série de sondages
qui affectèrent l'ensemble du site. Les publications engendrées par
ces trois tentatives n'ont pas dépassé le stade des rapports préli
minaires. D'autres tentatives d'amateurs, les tranchées de la guerre
comme le travail des voleurs de briques n'ont, bien sûr, laissé aucune
2. G. Marçais, Recherches d'archéologie musulmane en Tunisie, dans Bulletin de
la Société française des fouilles archéologiques, 1924, p. 39-47.
3. S. M. Zbiss, Mahdia et Sabra-Mansuriya: nouveaux documents d'art fati-
mite d'Occident, dans Journal Asiatique, CCXLIV, 1956, p. 79-93. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 592
trace écrite. Par ailleurs l'extension de Kairouan vers le Sud risquait
de recouvrir le site dont on ne savait plus s'il valait encore d'être
protégé. C'est pourquoi une équipe franco-tunisienne fondée pour
l'étude des villes royales fatimides s'est donné pour première tâche
de mener une étude du site4. Je voudrais simplement vous dire les
deux principaux résultats de cette entreprise de sauvetage.
L'étude de vues aériennes de Sabra et celle des travaux de nos
prédécesseurs ont guidé nos recherches. Il était relativement aisé
de cerner par photo-interprétation les limites de la ville ; nous
ignorions tout de l'état des vestiges qui pouvaient y être conservés.
Aussi des sondages complémentaires furent-ils décidés. L'un d'eux
(S. 6) fut implanté au nord du site en un point où l'indice probable
de bâtisses apparaissait sur les clichés. J'en retiendrai la strat
igraphie qu'il nous révéla. Plusieurs niveaux s'échelonnent sur
quatre mètres de la terre vierge au sol actuel. Les architectures
fatimides qui recouvrent les traces d'une première occupation pré
sentent deux états : une bâtisse alliant brique cuite et brique crue
enduite a elle-même été remaniée : ses sols ont été surhaussés avant
l'abandon du monument. Ses murs conservés sur un mètre cinquante
environ étaient déjà en ruine lorsque ses vestiges arasés ont été
recouverts d'un bâtiment à colonnes de brique cuite. Lui-même
apparaît remanié par l'adjonction entre les supports d'un mur en
terre crue d'une qualité très médiocre. Enfin repose sur les vestiges,
eux aussi arasés, de ce second bâtiment le sol apparu le premier
à cinquante centimètres du sol actuel. Je ne peux aborder ici l'étude
détaillée de cette stratigraphie esquissée aussi brièvement que je
l'ai pu pour indiquer un premier apport de nos recherches. La décou
verte de six moments d'occupation successifs ne nous permet plus
de so

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