Les livres qui ont marqué le trimestre...

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• Publié par: ubulehif
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ILS/EL Les livres qui ont marqué le trimestre Sélection établie par Hubert Michel

“Bleu Marine Enjeux et perspectives pour la Marine d'aujourd'hui”  chez Perrin 154 p.

La Marine nationale publie un ouvrage col- lectif bienvenu et sus- ceptible de nous rassu- rer sur son avenir, son rang dans le monde et son adéquation aux missions qui sont les siennes au XXI e siècle, préfacé par l'Amiral Jean-Louis Battet, Chef d'Etat-Major de la Marine. Il rappelle fort jus- tement que cet instrument de puissance se reconstruit dans la décennie actuelle, avec pour horizon le modèle 2015, "dans un envi- ronnement stratégique profondément changé où l'engagement combiné des nations et de toutes leurs armées devient le trait dominant de l'action militaire", et où la projection de forces vers la terre l'emporte sur la guerre navale en haute mer tout en conservant les missions fondamentales de la dissuasion et de la sauvegarde, et cela, de plus en plus sou- vent, dans un cadre europÈen ou internatio- nal. Il rappelle Ègalement qu'au delà de la conception et de la mise en úuvre de nou- veaux bâtiments adaptés à l'évolution des missions , la définition de nouvelles structures et de nouvelles méthodes opérationnelles, demeure l'exigence majeure du maintien d'une ressource humaine de haut niveau. L'ouvrage s'ouvre par un excellent chapitre de géopolitique et de géostratégie maritimes ("Stratégie maritime, stratégie de puissance") qui en évoque tous les fondamentaux en une dizaine de pages, suivi d'un autre court cha- pitre consacré au rôle et aux missions de la Marine (pp. 25 à 47). Le corps du livre présen- te essentiellement les forces navales dans toutes leurs composantes, l'évolution de celles-ci et leurs perspectives à moyen terme (2015), les principaux programmes en cours et la question des ressources humaines, ainsi que quelques exemples opÈrationnels récents (pp. 49 à 124). L'enjeu européen et internatio- nal est ensuite rapidement abordé : princi- paux domaines de coopération, opérationnels ou programatiques (pp. 127 à 134). Une annexe intéressante donne des éléments de comparaison avec la Royal Navy et l'U.S. Navy d'où il ressort que si, du point de vue des ambitions et du volume des forces, la Marine française est assez proche de la Marine bri- tannique, du point de vue de ses structures et doctrines d'emploi elle est plus proche du

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modèle américain bien que dans un rapport en  puissance aérienne et de sa mise en oeuvre en tonnage de 1 à 10 et de 1 à 3 en nombre de  forme d'armée autonome entre les deux bâtiments, vis à vis ce celle-ci.  guerres mondiales, à travers la pensée de Nous emprunterons notre conclusion à  Clément Ader, à la fois père de l'avion et, ce Georges Leygues, cité dans l'ouvrage et qui fut  que l'on sait moins, de la théorie de l'aviation dans les années 30 le promoteur de l'une des  militaire ; du Général italien Douhet ; des plus belles marines que nous ayons eues, avec  auteurs anglo-américains Mitchell, Seversky, celle de Louis XVI, mais dont le destin se brisa  Trenchard, Slessor, Sherman ; de l'évolution de sur le désastre national de 1940 : "Etre une  cette pensée stratégique lors de la Deuxième puissance mondiale, cela veut dire être une  Guerre Mondiale et des années de guerre froi- puissance maritime". Et, bien entendu, cela ne  de. Les deux chapitres suivants traitent de l'en- vaut pas seulement pour la Royale.  seignement des divers conflits dans lesquels l'engagement des forces aériennes a été déci- “L'AirPower au XXI e siècle” sif, ou pas, au cours du demi-siècle écoulé. Les   chez Bruylant 6 chapitres 4 à  présentent une étude minu- 00 p. tieuse des évolutions technologiques et Premier titre d'une collec-  conceptuelles corrélatives qui affectent en pro- tion, réservée au Réseau  fondeur l'instrumentalisation militaire de la Multidisciplinaire d'Etudes  troisième dimension. Mais, naturellement, il Stratégiques : "L'AirPower  est impossible de les évoquer sans asséner au au XXI e s. Enjeux et perspec-  résigné un "space-power paradoxal", lecteur tives de la stratégie aérien-  une "construction de l'AirPower en tant qu'ins- ne". L'auteur, Joseph  trument de gestion politique des crises" (?), Henrotin, doctorant en  "la boucle OODA et la cinématique du conflit", sciences politiques de l'Université libre de  "le temps comme dimension structurante de Bruxelles est chargé de recherches pour  la stratégie" (heureusement que c'est dit, l'Institut de Stratégie comparée de cette ville et  sinon qui le saurait?), "la guerre néo-corticale rédacteur en chef adjoint du magazine Défense  et les enjeux épistémologiques" (on est en et Sécurité internationales.  plein dedans), la "rapid dominance" , La première tentation devant cet ouvrage de  le"swarming", "Shock and Awe : speed kills", près de 600 pages en petits caractères est de  "l'effect Based Targeting", "l'effect Based ne pas dépasser la lecture du titre. Nous ne  Planning", etc. ; tout ceci, semble-t-il, intradui- chicanerons pas l'auteur sur les "Enjeux et  sible. Le chapitre  et dernier, intitulé perspectives" qui sont devenus le sous-tire  "L'airPower comme capacitation" (la richesse universel de tout ouvrage de géopolitique ou  de cette notion nous laisse rêveur) de géostratégie. Mais on peut s'étonner qu'un  traite de son emploi dans les L i v r e s francophone n'ait pu traduire Force ou  conflits de basse intensité Puissance aérienne que par AirPower. Sans  (l'Afghanistan, selon l'auteur), dans le combat 51 doute veut-il rendre la politesse aux anglo-  urbain, dans la logistique, dans le cadre d'une saxons qui parlent d'Air Force et non  "guerre de haute technologie contre un adver- d'Airstrengthness !  saire aux capacités dégradées" (l'Irak). C'est à Mais ne soyons pas injuste avec le contenu de  dire comment gagner la guerre quand on est l'ouvrage et saluons l'étendue des connais-  cent fois plus puissant qu'un adversaire à peu sances qui y sont accumulées. L'auteur ne  près démuni en défense. Le cas, en effet, est nous dit-il pas, d'ailleurs, qu'"une démarche  fort délicat, la principale difficulté étant de se holistique" est nécessaire pour appréhender  prendre les pieds dans sa propre complexité. aujourd'hui "les différentes représentations  Ou dans son propre discours sur cette com- de la puissance aérienne", car "les connota-  plexité. tions, les leçons, les questionnements et les  "Quelle belle chose que de savoir quelque enjeux qu'elle charrie avec elle représentent  chose !" s'exclamait le Bourgeois une part non négligeable de l'histoire militaire  Gentilhomme à l'issue d'une ébouriffante récente". Certes. Mais, poursuit notre auteur,  leçon de sémantique. Si l'on parvient à maîtri- "la stratégie aérienne représente un objet  ser l'agacement provoqué par le jargon et les méthodologiquement problématique". Un  pseudo-concepts, on peut néanmoins consi- OVNI peut-être ?  dérer cet ouvrage exhaustif et pour le coup, Les ambitions élevées de cet ouvrage s'étirent  également au sens anglais du terme- comme en huit chapitres. Le premier est consacré à  une somme d'informations utiles et rendre l'histoire de la construction du concept de  hommage à la masse de travail qu'il a exigée.

NOVEMBRE-DECEMBRE-Défense N° 118