II. La disparition de la folie ? XVIIe fin XVIIIe, une période de transition Du milieu du XVIIe siècle jusque vers la fin du XVIIIe siècle, on trouve très peu, voire pas du tout de représentations picturales de la folie. Serait-ce que cette dernière ait disparu ? Dune certaine manière oui, puisquelle a été délibérément cachée. On ne la trouve pratiquement plus que sous une forme bien précise : celle du bouffon de cour, le fou du Roi . Mais, comme on va le voir, même celle-ci est appelée à disparaître. En effet, on se trouve alors à un moment de lhistoire où se met en place ce que le philosophe Michel Foucault a appelé le Grand renfermement , qui consista en une vague denfermement de tous les individus considérés comme anormaux - quil sagisse de mendiants, de femmes adultères... ou de fous. Cette mise à lécart explique en partie pourquoi il est difficile, voire impossible, de trouver des sources dans le domaine qui nous intéresse. Les seules représentations picturales que lon peut encore trouver de la folie sont donc celles de bouffons , forme sous laquelle elle est très liée à lexercice du pouvoir. Cest pourquoi nous commencerons par faire un rappel de ce que fut son évolution, sous cette forme, au fil des siècles. Puis nous nous appuierons sur une toile deVelàsquez. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux manifestations populaires de la folie ; après quoi nous la mettrons en lien avec ce vaste mouvement denfermement observable aux XVIIe et XVIIIe siècles afin de mieux comprendre les raisons de cette volonté de la faire disparaître que le pouvoir manifesta sans répit. De là, nous pourrons enfin considérer lune des seule illustrations picturales de la folie de cette époque ; pour comprendre pourquoi le fou
Jean-François Broux, « La folie en peinture, XVIe XIXe » 2epartie -p 1 -
nest pas représenté, il est indispensable de sinterroger sur la place quil occupait alors dans la société. Cependant, même si les sources sont quasiment inexistantes,1on peut réussir à trouver de quoi alimenter notre réflexion. A condition peut-être de procéder différemment ; car, si la compréhension passe indéniablement par le visible, on peut aussi se servir de ce qui est déformé, ou tout simplement caché, pour ensuite approfondir et pouvoir accéder à une compréhension plus fine, ou tout simplement confirmer ce que lon connaît déjà. Le peintreFrans Halsappuiera alors notre réflexion.
1On trouve surtout des gravures, et des textes, mais aucun tableau illustrant la folie comme on peut en voir aux siècles précédent et suivants. Jean-François Broux, « La folie en peinture, XVIe XIXe » 2epartie -p 2 -