Sur deux mosaïques de la villa romaine de Piazza Armerina - article ; n°1 ; vol.35, pg 253-295
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1978 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 253-295
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 90
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Sur deux mosaïques de la villa romaine de Piazza Armerina
In: Christiana tempora. Mélanges d'histoire, d'archéologie, d'épigraphie et de patristique. Rome : École Française de
Rome, 1978. pp. 253-295. (Publications de l'École française de Rome, 35)
Citer ce document / Cite this document :
Marrou Henri-Irénée.Sur deux mosaïques de la villa romaine de Piazza Armerina. In: Christiana tempora. Mélanges d'histoire,
d'archéologie, d'épigraphie et de patristique. Rome : École Française de Rome, 1978. pp. 253-295. (Publications de l'École
française de Rome, 35)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1978_ant_35_1_1148HENRI-IRÉNÉE MARROU
SUR DEUX MOSAÏQUES DE LA VILLA ROMAINE
DE PIAZZA ARMERINA *
Le grand mémoire que notre jeune collègue Salvatore Settis a publié, il
y a deux ans, dans les Mélanges ', embrassant dans toute leur complexité
l'ensemble des problèmes que pose l'interprétation de la grande villa de
Piazza Armerina, me dispensera de m' attarder pour commencer à des consi
dérations générales. Je noterai seulement qu'après plus de vingt cinq ans de
discussion, un consensus assez général paraît bien s'établir sur la date de la
construction de la villa et l'exécution des mosaïques qui en constituent
l'intérêt principal : alors que l'éventail des hypothèses s'était étalé sur plus
d'un siècle2, on peut admettre aujourd'hui, avec S. Settis, comme suffisam
ment établie, une datation qui se situerait «dans les deux premières décenn
ies du IVe siècle »\
Cette conclusion paraît d'autant mieux établie qu'elle se dégage de la
convergence d'indices fournis par les disciplines, ou techniques de recher
che, les plus diverses, et cela en dehors de toute hypothèse sur l'identifica
tion de certaines figures avec des personnages historiques :
- arguments apportés par la numismatique : un antoninianus de
Maximien retrouvé dans le ciment de l'exèdre sud-est du frigidarium des
thermes4; sur la mosaïque d'Eros et Pan, deux sacs portant la mention de
12500 denierss, correspondant à la valeur du follis, unité monétaire qui Tait
son apparition vers 300 6;
1 S. Settis, Per l'interpretazione di Piazza Armerina, dans MEFRA, 87, 1975, p. 873-994.
2 De 305 (H. P. L'Orange) à 410-420 (M. Cagiano di Azevedo).
' Art. cité p. 877.
4 G. V. Gentili, Della Villa Romana del Casale di Piazza Armerina, dans ΒΑ 42, 1957,
p. 25, η. 83.
s S. Settis, art. cité p. 938, fig. 44.
6 A. H. M. Jones, The Origin and early History of the follis, dans JRS, 49, 1959,
p. 34-38; A. Carandini, La villa del Casale a Piazza Armerina..., dans MEFRA, 83,
1971, p. 148-149.
* Inédit.
[253] HENRI-IRENEE MARROU
- par l'archéologie : éléments d'architecture (chapiteaux, bases . . . )
analogues à ceux que présentent les thermes de Dioclétien à Rome et le
palais du même empereur à Split7; coiffure à turban de telle figure fémi
nine, mode caractéristique des années 320 et suivantes8; résultat des recher
ches notamment statigraphiques réalisées par A. Carandini et ses collabora-
teursy;
- par la céramique : apparition de la sigillée claire D d'origine afr
icaine1";
- par l'histoire de l'art : l'analyse stylistique relève la présence, à la
fois, d'éléments «typiquement tétrarchiques », d'autres qui nous reportent
au règne de Constantin et au triomphe de ce néo-classicisme que représente
« il cosidetto bello stile » u ;
- dernier argument, d'ordre tout à fait extrinsèque : les ravages d'un
tremblement de terre qui paraît bien avoir affecté la Méditerranée centrale
vers 306-310 expliqueraient la destruction d'une uilla rustica antérieure dont
les restes ont été retrouvés par les sondages effectués dans la villa «tardo-
antica», ce qui fournirait un terminus post quern pour la construction de
celle-ci qui a pu être entreprise presque immédiatement après12.
7 C. Ampolo, A. Carandini et al., ibid., Appendice II : Gli elementi decorativi archit
ettonici, p. 207-233.
8 A. Carandini, Ricerche sullo stile e la cronologia dei mosaici della villa di Piazza
Armerina, dans Seminario di Archeologia e Storia dell'Arte Greca e Romana dell'Uni
versità di Roma, Studi Miscellanei1 , anno accademico 1961-1962, Rome 1964, p. 17-25.
9 C. Ampolo, A. Carandini et al., La villa del Casale a Piazza Armerina, problemi,
saggi statigrafici ed altre ricerche, dans MEFRA, 83, 1971, p. 141-281, et notamment les
conclusions p. 179 : 300-320 pour le matériel trouvé dans les strates antérieures ou
contemporaines de la construction de la villa, 310/320 «o poco oltre» pour les mosaïq
ues.
10 Id., ibid., p. 177-178; on tiendra compte cependant de l'opinion de P. A Février,
à laquelle se ralliait pour finir le regretté N. Lamboglia : « il semblerait que cette sigil
lée n'apparaît pas avant les années 310-350», dans La mosaïque gréco-romaine, [Collo
que de] Paris 1963, Paris 1965, p. 312.
11 G. Ch. Picard, compte-rendu d'A. Carandini, Ricerche sullo stile. . . , dans REL
42, 1964, p. 615-616; A. Carandini, La villa di piazza Armerina, la circolazione della
cultura figurativa africana nel tardo impero ed altre precisazioni, dans Dialoghi di
Archeologia, 1, 1967, p. 94, pour qui le constantinien l'emporte sur le tétrarchique ; cf.
W. Dorigo, Pittura tardoromana, Milan, 1966, p. 132.
12 A. Di Vita, La villa di piazza Armerina e l'arte musiva in Sicilia, dans ΚΩΚΑΛΟΣ,
18-19, 1972-1973, p. 251-261.
[254] SUR DEUX MOSAÏQUES DE PIAZZA ARMERINA
La solution de ce problème chronologique aura été moins facilitée que
retardée par les discussions suscitées par l'hypothèse trop ingénieuse fo
rmulée par H. P. L'Orange (et E. Dyggve) en 1952 qui proposait de voir dans
notre villa l'équivalent pour Maximien de ce que Split a été pour Dioclétien,
- un palais destiné à abriter la retraite de l'empereur après l'abdication des
deux premiers Augustes de la tetrarchie en 305; on suggérait de reconnaître
la figure même de Maximien sur l'une des scènes de cette mosaïque de la
«grande chasse» (fig. 1) sur laquelle va porter notre analyse11. Hypothèse
Fig. 1 a - Piazza Armerina : il vecchio.
dont S. Mazzarino a immédiatement souligné l'invraisemblance14; identifica
tion à laquelle H. P. L'Orange a eu la sagesse de renoncer|S mais que
M. Heinz Kahler vient imprudemment de reprendre à son compte, en la
compliquant encore : non seulement nous aurions bien là le vieil empereur
"H. P. L'Orange (et E. Dyggve), È un palazzo di Massimiano Erculeo che gli scavi
di Piazza Armerina portano alla luce? dans SO 1952, p. 114-128.
14 S. Mazzarino, Sull'«otium» du Massimiano Erculio dopo l'abdicazione, dans Acca
demia Naz. dei Lincei, Rendiconti, 1953, p. 417-421.
|S H. P. L'Orange, Nuovo contiibuto allo studio del Palazzo Erculio di Piazza Arnie-
lina, dans AAAU 2, 1965, p. 95 et 96, n. 1.
[255] HENRI-IRENEE MARROU
Maximien, mais dans un autre groupe de la même mosaïque - en bonne
place, au milieu du panneau - apparaîtraient son fils Maxence et les deux
fils de celui-ci, les mêmes jeunes princes se retrouvant, encadrant leur mère
l'impératrice Valeria Maximilla, sur une autre mosaïque de la villa16; ce
serait pour Maxence, et non pour Maximien qu'aurait été construit et
décoré notre grand édifice17 (fig. lb).
On demeure surpris que de telles hypothèses n'aient pas davantage18
tenu compte d'une objection préalable : était-il admissible de représenter la
figure d'un empereur snr une mosaïque de pavement, lorsqu'on songe à la
vénération quasi-religieuse, au culte peut-on dire, dont étaient l'objet, au
Bas-empire, les images impériales19. Nous savons bien qu'en latin le verbe
calcare avait la même résonance péjorative que l'expression française «fou
ler aux pieds»; qu'il suffise de citer la sententia fameuse du rhéteur Porcius
Latro : à un fils que son père empêche de courir au combat on crie ut ad
hostem peruenias, patrem calca20. Formule que saint Jérôme reprendra à son
compte : si ton père s'oppose à ta vocation monastique, écrit-il à Heliodorus,
licet in limine pater iaceat, par calcatwn perge patrem, siccis oculis ad uexillum
crucis uola2i. D'où les emploi

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