Ce que j'ai demandé à Soro, Zakaria Koné, Ben Laden, Fofié
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Ce que j'ai demandé à Soro, Zakaria Koné, Ben Laden, Fofié

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Extrait

ADO à Odienné - “Ce que j’ai demandé à Soro, Zakaria Koné, Ben Laden, Fofié”
Le président du Rdr, dans
l’entretien qu’il a accordé à
la presse, livre ses
impressions après ce premier
contact avec les populations
de la zone sous contrôle des
Forces nouvelles.
Vous achevez à Gbéléban,
votre village maternel, la
visite familiale entamée
depuis le 23 mars. Qu’est-
ce qui vous a le plus frappé
dans ce premier contact
avec les populations restées
dans la zone sous contrôle
des Forces nouvelles?
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la joie des populations et les circonstances qui motivent cette
tournée, puisque c’est dans le cadre des cérémonies funéraires de ma maman. Malgré la
tristesse qu’un tel événement aurait pu développer, j’ai vu chez les populations beaucoup de
joie de retrouver leur fils, de me revoir après tant d’années d’absence, parce que ma dernière
tournée dans le Nord, date de juin-juillet 2002, à l’occasion de la préparation des élections des
conseils généraux.
Et bien entendu, je me réjouis de cet accueil familial, fraternel, dans la joie, la piété. J’ai senti
également dans les yeux des uns et des autres, notamment dans les yeux des plus jeunes, des
enfants -car il y a eu beaucoup d’enfants partout où nous sommes passés- ça montre le poids
de la jeunesse dans notre pays, beaucoup d’espoir. Nous voyons que cette partie du pays a été
véritablement délaissée, abandonnée depuis quelques années.
La crise n’a fait qu’accentuer cela et les besoins sont énormes, à commencer par l’école, les
soins de santé. Et je vois dans les yeux de ces jeunes, véritablement un cri d’espoir et qui
demandent que le responsable que je suis, puisse se pencher sur les problèmes, m’a beaucoup
touché.
Monsieur le président, vous avez rencontré au cours de votre visite les différents chefs de
guerre. Avez-vous abordé avec eux la question du désarmement ?
Je dois dire que cette situation du pays est désastreuse pour la nation entière et je constate
encore plus de difficultés dans la partie que je viens de visiter, parce que d’abord, c’était la
partie la plus pauvre avant la crise et je considère qu’elle s’est appauvrie davantage.
Peut-être de manière plus forte que le reste du pays et je salue la dignité des populations qui
ont accepté de subir cette période de séparation pendant trois années. Une période où certaines
autorités ont refusé que les enfants puissent subir les examens, que les écoles puissent
fonctionner normalement, que les médicaments soient transférés dans cette partie du pays.
Tout ceci a été fondamentalement mal ressenti.
Et dans les entretiens que j’ai eus avec les populations, j’ai senti beaucoup d’amertume. C’est
pour cela que j’ai lancé ce message de réconciliation en disant aux populations que la réalité
est que tout passe et qu’il faut accepter que le passé appartienne au passé.
Qu’il faut se tourner vers l’avenir. Des récriminations, des rancoeurs ne nous rendront pas ce
que nous avons perdu ces dernières années. Il est donc important qu’ici même, dans cette
partie de la Côte d’Ivoire où il y a eu beaucoup d’humiliations, beaucoup d’offenses et autres,
que les populations acceptent de pardonner, car le pardon doit venir de la victime pour qu’il
soit sincère. C’est ce qui explique donc mon message de réconciliation et de paix.
Vous avez raison. J’ai rencontré le secrétaire général des Forces nouvelles, le ministre d’Etat,
Guillaume Soro qui m’a fait le grand honneur de m’accueillir à mon arrivée à Bouaké, qui
m’a retenu à déjeûner, qui m’a présenté ses principaux collaborateurs au niveau des Forces
nouvelles et du gouvernement.
Et avec eux, j’ai senti qu’ils sont résolument engagés dans le processus de paix et que
fondamentalement, tout le monde est fatigué de cette guerre, de cette crise qui n’a que trop
duré, qui fait beaucoup de mal à l’ensemble de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens et à l’image de
la Côte d’Ivoire. Je crois donc que nous sommes en phase.
J’ai vu Fofié Kouakou à Korhogo, j’ai vu
Coulibaly Ousmane à Odienné, j’ai vu Zakaria
Koné. Tous ces jeunes ont besoin d’avoir un
espoir, des perspectives pour l’avenir. Je leur ai
donc dit que le plus important pour chacun d’eux,
c’était de s’insérer dans le processus de paix et de
réconciliation.
Et que nous qui sommes les aînés, qui sommes les
responsables politiques, ferons en sorte qu’ils
soient intégrés dans les meilleures conditions dans
la société. Que ce soit dans le privé, l’armée, l’administration.
Car il faut cela aussi. Le programme d’insertion est important pour tous ces jeunes gens qui,
par dépit quelquefois, ont pris les armes aux côtés des soldats. Beaucoup d’entre eux doivent
avoir une perspective d’avenir, doivent être réinsérés dans des métiers, dans la société
ivoirienne, doivent avoir les mêmes droits que les Ivoiriens.
Je leur ai dit souvent : écoutez, nous sommes tous Ivoiriens, prenez-le de moi, il n’y aura plus
de discrimination. Ce qui est important dans le reste du processus, c’est l’obtention de la carte
nationale d’identité et de la carte d’électeur. Vos fusils seront remplacés par les cartes
nationales d’identité.
C’est comme cela que la démocratie viendra en Côte d’Ivoire. Une démocratie que nous
appelons tant de tous nos voeux et qui malheureusement a fait défaut depuis des années. J’ai
donc confiance. Je crois que ces jeunes gens comprennent que cette crise n’a pas fait du bien,
certainement au plan de l’honneur et de la dignité.
Pour beaucoup, ceci a compté mais maintenant, il faut aller de l’avant. Il faut développer la
Côte d’Ivoire, il faut rattraper le retard de cette partie du pays.
Et ceci me paraît essentiel. Je crois qu’ils sont prêts pour s’insérer dans ce processus. Et nous,
nous ferons tout pour les encourager dans cette voie.
Je vous signale que cette visite n’était pas politique. C’était une visite familiale. Le moment
venu, j’espère, dans deux ou trois mois, je reviendrai pour parler plus précisément des projets
d’avenir pour ces jeunes militaires ou civils, pour toute la population, pour tous les Ivoiriens,
que ce soient les Ivoiriens du Nord, de l’Ouest, c’est-à-dire les pires éprouvés, ceux du
Centre, du Nord, de l’Est, de l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Il nous faut sortir de cette crise.
Je considère que nous en avons les moyens et nous en avons la capacité. Il faut se mettre au
travail rapidement.
Au cours de votre tournée, vous avez demandé à vos militants de se faire identifier.
Selon vous, quelle est la priorité entre l’identification et le désarmement ?
Le désarmement et l’identification vont de pair. L’identification se fait en plusieurs étapes
comme le désarmement se fait en plusieurs étapes également. D’ailleurs, dans la résolution
1633 des Nations unies, on parle de simultanéité.
Ces deux choses doivent se faire en commun. Mais il est indéniable que le problème de
l’identité est au coeur de la crise dans notre pays. Et il faut le résoudre le plus rapidement
possible. En même temps, nous qui sommes des hommes politiques, des dirigeants de partis,
disons que nous avons besoin que tous ceux qui ont des armes et qui n’ont pas le droit de les
porter de manière institutionnelle, doivent les déposer dans les casernes.
Ils doivent être cantonnés pour que la libre circulation des personnes et des biens ait lieu.
C’est ce que nous demandons. Et ceci s’applique aussi bien aux Forces nouvelles qu’aux
Fanci. On voit à Abidjan, des policiers et des gendarmes avec des kalachnikovs.
Ceci n’est pas normal. Ce que l’on doit voir dans une grande ville comme Abidjan, c’est des
policiers avec des bâtons ou des gendarmes avec des pistolets.
On ne doit pas voir des gens se balader avec des chars et avoir des kalachnikovs sur eux. Je
dois d’ailleurs dire que j’en ai vus moins dans cette partie du pays qu’à Abidjan. Donc, le
désarmement est une chose qui n’est pas compliquée.
C’est un processus qui se fait par étapes. La première doit être la réhabilitation des sites, pour
que tous ceux qui sont en armes et qui n’ont pas le droit de les porter dans la ville ou dans les
campagnes, retournent dans les casernes et que ces casernes soient protégées par les forces
des Nations unies.
En ce moment-là, nous sommes sûr que tout le monde pourra circuler partout en Côte
d’Ivoire. C’est ce que nous voulons.
Comment voulez-vous que nous fassions des élections, si nous ne pouvons pas aller dans
toutes les parties de notre pays dire ce que nous voulons faire pour les Ivoiriens. Je souhaite
que le plus rapidement possible les troupes soient cantonnées, pour permettre à tous les
leaders ivoiriens qui le souhaitent, de parcourir l’ensemble de la Côte d’Ivoire.
A l’Est, à l’Ouest, au Sud, au Nord, au Centre, partout. C’est cela la préparation d’un véritable
régime démocratique.
Pour revenir à la question du désarmement, quel est votre sentiment sur la nomination
du général Ouassénan Koné à la tête du PNDDR ? Surtout que vous avez eu à le
proposer à Accra comme ministre de la Défense et de la Sécurité.
Vous savez, je pense que les dernières années ont montré que nous avons toujours oeuvré dans
l’intérêt de la Côte d’Ivoire. Bien sûr, nous avons un parti politique, qui a ses options et je me
félicite véritablement que ses options amènent à la démocratie et à des élections transparentes.
Si à Accra, j’avais déjà proposé le général Ouassénan Koné pour être ministre de la Défense
et de la Sécurité, c’est parce que ce monsieur est reconnu comme une personnalité qui a des
capacités pour assumer ces fonctions et je me réjouis que le Premier ministre Banny ait porté
son choix sur lui, pour conduire le programme DDR.
Et, quand je parlais, tout à l’heure, de désarmement, bien entendu, il commence d’abord par
les milices. Nous avons deux armées en face : les Fanci et les Forces nouvelles. Mais au
milieu, nous avons des miliciens qui ont des armes, je ne sais comment et qui pullulent
partout et qui font du gangstérisme dans la ville, pas seulement à Abidjan, mais ailleurs dans
le pays.
Et, je souhaite que la première priorité et la première tâche du général Ouassénan Koné soit de
désarmer ces miliciens et que l’on nettoie les grandes villes de tous ces miliciens qui n’ont pas
le droit de porter des armes. Ensuite, ça sera plus facile de cantonner les deux armées. Donc,
je me félicite de la nomination du général Ouassénan Koné.
C’est un officier général respecté. C’est un homme qui a occupé de hautes fonctions dans le
cadre de la sécurité de l’Etat de Côte d’Ivoire, il a été ambassadeur, il connaît tous les rouages
de l’Etat et surtout il est apprécié de tous les leaders politiques. Et, donc c’est une personne
qui nous amènera la confiance et la compétence pour pouvoir aller de l’avant dans le
processus DDR.
Les besoins des populations, vous l’avez reconnu, sont énormes. Les derniers chiffres
publiés par le CICR concernant l’approvisionnement en eau potable sont alarmants : au
moins, 1 million 500 personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Que comptez-vous faire
dans l’urgence pour que le gouvernement se penche sur ce problème crucial ?
Je pense que tout ceci est un problème d’organisation et de gestion. Souvenez- vous qu’en
1992, c’est nous qui avions procédé à la privatisation de l’électricité, malgré toutes les
récriminations de la part des syndicats et d’une partie de la population. Mais ce qu’on réalise,
c’est que 15 ans après, cette privatisation a été un véritable succès.
A Gbéléban où nous sommes, nous avons de l’électricité toute la journée, sans compter
Abidjan. Mais faites un tour à Dakar, à Conakry ou à Accra, ce sont des villes qui ont
l’électricité 5 à 6 heures par jour. C’est une question de gestion de l’Etat. Si nous voulons
arriver aux affaires, c’est parce que nous avons des idées et des projets pour la Côte d’Ivoire.
Ces projets concernent les infrastructures.
Il faut tout de même arrêter d’avoir des routes comme celles que nous avons pratiquées
aujourd’hui. De Odienné à Gbéléban, il nous faut deux heures de temps pour parcourir 70
Km. De Ferké à Kong, il nous faut 3 heures pour parcourir 100 Km, c’est une honte pour la
Côte d’Ivoire et cela ne devrait pas arriver.
A Bouaké, il n’ y avait pas d’eau potable, il n’y avait pas d’eau dans les robinets. A Ferké, si
vous ne vous réveillez pas à 7 heures, vous n’avez pas d’eau. Ceci n’est pas la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire que nous avons laissée en 1993, il y avait de l’eau, il y avait de l’eau potable
dans les grandes villes et il y avait de l’électricité. C’est ce que nous avons l’intention de
recréer quand nous arriverons aux affaires.
Nous en avons les capacités. Nous savons trouver les financements. Nous avons des relations.
Nous avons fait nos preuves. Mais nous ne sommes pas encore en campagne électorale. Je
pourrais vous dire, concrètement, ce que le RDR compte faire dans tous ces grands projets et
de reconstruction de la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire est un pays en ruine qu’il faut reconstruire. C’est pour cela que je me bats.
C’est pour cela que je reste dans le combat.
Maintenant que les problèmes d’identité sont réglés sur papier et que ce sera réglé, par la
suite, par la CEI et par le processus électoral, après il faudra les compétences pour
reconstruire ce pays, pour remettre les Ivoiriens au travail, pour que la Côte d’Ivoire soit
admirable à nouveau, pour que nous soyons un centre de rayonnement et que nous soyons
fiers de notre pays.
Voici ce que je vous apporterai, mais nous aurons le temps d’en discuter largement pendant la
campagne.
Propos recueillis par
Jean Roche Kouamé
Photos :Ibrahim D.
Envoyés spéciaux à Odienné
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