Dodes’ Caden de Kurosawa Akira
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Dodes’ Caden
DodesukadenF de Akira Kurosawa
FICHE FILM
Fiche technique
Japon - 1970 - 2h05 -
Couleur
Réalisateur :
Akira Kurosawa
Scénario :
Akira Kurosawa,
Hideo Oguni,
Shinobu Hashimoto
d’après le recueil de nou-
velles «Quartier sans soleil»
de Shugoro Yamamoto
Musique :
Toru Takemitsu
Interprètes : Yoshikata Zushi
Yoshikata Zushi Résumé Critique
(Rokuchan, le jeune garçon
fou)
Dans le faubourg misérable d’une grande Adaptation du roman de Yamamoto dontKin Sugai
ville. Rokuchan, débile mental conduit un Kurosawa dit qu’il «voulait aller au fond de(Okuni, sa mère)
tramway imaginaire, une orpheline est vio- la vie et des sentiments du petit peuple :
Junzaburo Ban lée par un oncle abusif ; un aveugle retrou- tristesse, angoisse, problèmes matériels,
(Shima, l’employé aux tics) ve sa femme qui l’avait abandonné mais il aspects bizarres et comiques...». C’est bien
refuse de lui parler, un enfant et son père résumer le film.
Kyoto Tange
bâtissent un palais idéal. Un choeur de Jean Tulard
(sa femme) ménagères commente les événements. Guide des films
Hisashi Igawa
(Masuda)
Hideko Ogiyama
(Tatsu, sa femme)
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
imaginaire au moyen duquel Rokuchan en l’être humain. Les couleurs sontDépasser le pessimisme
frappe l’acier du tramway, également vives, agressives (doutant que la pellicu-
imaginaire. Pur parti pris de mise en le soit à même de restituer l’éclat de sa
scène, qui traduit la position morale du vision, Kurosawa avait fait repeindre
Ce microcosme de la détresse humaine
cinéaste face aux déclassés, aux lais- tous les éléments de décor), et créent le
est aussi un microcosme de la condition
sés-pour-compte de la société japonaise contraste avec la grisaille de ce monde
humaine, façonné par Kurosawa avec
dont il a décidé de faire le portrait. désolé, où pas un brin d’herbe ne pous-
une compassion infinie et des trésors
Il y a là, outre Rokuchan, deux ouvriers se, où se dresse le squelette de ce qui a
d’humour. Cet humour a quelque chose
alcooliques qui échangent régulièrement peut-être été jadis un arbre, et dont
d’hugolien et concerne particulièrement
leurs femmes, un homme d’affaires soli- pourtant aucun des personnages ne
l’imaginaire de certains personnages, la
taire et silencieux, devenu fou depuis pense seulement à s’enfuir. La virtuosité
bonté radieuse de certains autres,
que sa femme l’a trompé et qui, au tranquille qui préside au déroulement
comme surnaturelle dans ce cloaque. Il
retour de celle-ci, continue de déchirer des intrigues successives, le saisissant
donne au film une densité exceptionnel-
machinalement des pièces de tissu, un naturel avec lequel le récit passe du tra-
le. Un rythme lent, répétitif et poignant
employé à la «patte folle», le visage gique au comique, de l’hyperréalisme à
entrelace les histoires les unes aux
ravagé par les tics nerveux et nanti la fantasmagorie, ne sont réellement
autres et enferme les personnages
d’une épouse que chacun s’accorde à perçues qu’au terme des cent vingt-six
autant dans leur rêve que dans la réali-
juger acariâtre. Il y a la jeune fille silen- minutes de projection (la version inté-
té. C`est pour eux une seule et même
cieuse qui confectionne des fleurs en grale qui serait de quatre heures et
prison dont ils ne réussiront pas à
papier, et à laquelle son père adoptif quatre minutes, restera sans doute à
s’extirper. La plupart ne le veut même
ordonne de fermer les yeux avant de la jamais invisible), tant est impression-
pas. Imaginaire et réel, misère atroce et
violer. Il y a encore l’étrange M. Tamba, nante la puissance Iyrique de cette
drôlerie, hyper-réalisme et Iyrisme fan-
vieil artisan qui remet tout son argent au fresque de la condition humaine.
tastique (notamment dans les décors et
voleur qui s’est introduit chez lui, en lui Pascal Mérigeau
l’emploi de la couleur, que Kurosawa
conseillant, la prochaine fois, de passer Le Monde Novembre 1995
utilise ici, tardivement, pour la première
tout simplement par la porte, et qui offre
fois) sont emmêlés par l’auteur avec une
au menaçant jeune homme armé d’un
audace tranquille que peu de cinéastes
sabre de le remplacer, car il doit «être
pourraient lui disputer : il s’agit d’abou-
fatigué» de se démener et de hurler Après plusieurs projets avortés aux
tir, à l’aide de tant de personnages et de
ainsi. USA, il réussit à produire son premier
tons différents, à cette vision globale de
film en couleurs, Dodes’ Caden (1970),
l’humanité qu’on trouvera aussi dans
Il y a, enfin, le clochard qui rêve tout avec la création de la «Yonki no kai» :
Vivre, Barberousse et Dersou
haut à la maison qu’il n’aura jamais, «Société des quatre chevaliers», compa-
Ouzala. Le microcosme prend alors des
mais dont les différents états, variant au gnie de production indépendante fondée
allures de fresque. C’est là qu’il faut sai-
rythme de ses lubies, apparaissent à en 1969 par Kurosawa et Ichikawa, mais
sir le génie spécifique de Kurosawa,
l’écran. Son jeune fils se charge de qui ne produisit que Dodes’ Caden.,
beaucoup plus que dans les grandes
ramasser les mégots dans les rues de la adapté d’une œuvre de l’écrivain
machines de Kagemusha ou de Ran.
ville et de mendier leur nourriture dans Shugoro Yamamota, un des rares écri-
Le film doit son titre à l’onomatopée par
les cuisines des restaurants. Fin gastro- vains japonais admiré par le cinéaste
laquelle Rokuchan, un adolescent de
nome (il sait que le rosbif doit être servi (qui avait déjà tiré Sajuro de ses Jours
quinze ans, signifie le bruit du tramway
saignant), le père insiste pour que le de paix, et adapté le Barberousse).
qu’il fait mine de piloter à longueur de
gamin ne cuise pas les morceaux de Critique stylisée de la société de
journée. Surnommé «Tram fou» par les
maquereau mariné qu’on lui a pourtant consommation du Japon actuel (moins
enfants, qui lui jettent des pierres à son
recommandé de faire bouillir avant de réaliste que Les Bas-fonds, qui en
passage, Rokuchan établit au fil de ses
les consommer. Le gosse en mourra. était une métaphore) sous forme de
parcours le lien entre les différents per-
Kurosawa a peint de manière très styli- recueil d’histoires vécues par les per-
sonnages, habitants d’un bidonville aux
sée cet univers désespéré et pourtant sonnages d’un bidonville que visite un
allures de décharge. Kurosawa prend
jamais désespérant, parce que les nota- jeune «demeuré» dans un tramway ima-
d’emblée le parti de sa folie : lorsque
tions comiques abondent et que le ginaire - dont le bruit-onomatopée
l’adolescent feint de vérifier avant le dé-
cinéaste sait dépasser son pessimisme donne son titre original au film - Dodes’
part que tout est en ordre, le cinéaste
pour dire ce qu’il lui reste de confiance Caden est un film émouvant, parfois
rend audible le bruit produit par l’outil
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
très drôle (l’homme à la «patte folle»), " Barberousse, dit-il dans les CahiersLe réalisateur
exprimant simplement l’amertume de du cinéma de 1966, est le prototype du
Kurosawa devant une société matéria- rédempteur. C’est un personnage imagi-
liste qui est la vivante antithèse de ses naire mais en le créant j’ai illustré
idéaux. Trop mordant, et jugé «vieux l’idéal d’un être de bonne volonté.L’un des plus grands maîtres du cinéma
jeu» par la critique interloquée, le film Même si le régime changeait, je doutejaponais. Fils d’un officier, il semble
fut, au Japon, un échec fracassant vraiment que les hommes puissent êtredevoir se tourner d’abord vers la peintu-
auprès du public, le premier sans doute heureux. Voyez ce qu'il en est en URSS.re, mais, pour pouvoir vivre, il se fait
de la carrière de Kurosawa, ainsi Le régime bureaucratique a permis auxembaucher à l’ancienne Toho comme
conduit à une tentative de suicide en bureaucrates d’étendre leurs tentaculesassistant réalisateur de cinéma. Il tra-
1971, heureusement manquée. sur le pouvoir. Les hommes sont fai

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