Le Porteur de serviette de Luchetti Daniele
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Le porteur de serviette Il portaborse de Daniele Luchetti FICHE FILM Fiche technique
Italie - 1991 - 1h30 Couleur
RÈalisateur : Daniele Luchetti
ScÈnario : Franco Bernini Angelo Pasquini
Musique : Dario Lucantoni
InterprËtes : Nanni Moretti (Cesare Botero) Silvio Orlando (Luciano Sandulli) Anne Roussel (Juliette) Guilio Brogi (Francesco Sanna) Angela Finocchiaro (IrËne) Graziano Giusti (Sebastiano Tramonti) Lucio Allocca (Remo Gola)
L E
D O C U M E N T
Critique
Pour son troisiËme film - le second dis-tribuÈ en France - Daniele Luchetti a ÈtÈ puissamment aidÈ par Nanni Moretti qui est ici producteur et acteur et ‡ qui lÕo doit une impressionnante prestation dans le rÙle ambigu dont les aspects antipathiques ne sont dÈcouverts que peu ‡ peu. CÕest un des atouts du rÈci qui repose sur le dÈveloppement pro-gressif des tares et des contradictions sous les yeux naÔfs du petit prof. Celui-ci est ‡ la fois le hÈros du film et lÕinte cesseur du public dans lÕÈvocation lou de dÕamertume des manÏuvres politico Èlectorales et financiËres qui dÕhabit de, sont attribuÈes ‡ la DÈmocratie chrÈtienne dans le cinÈma italien, mais qui ici sont le fait dÕun parti de gauche. Le film est aussi un hÈritier de la comÈ-die italienne - qui nÕest donc pas co plËtement disparue - avec son go˚t pour les situations cocasses (les deux fiancÈs enseignant ‡ mille kilomËtres lÕun d lÕautre), lÕancrage social de s intrigues, les personnages secondaires pittoresques et rÈvÈlateurs, les petites touches de candeur et de tendresse, lÕironie profonde de ses ÈlÈments cr tiques, et son go˚t pour lÕhumour dan les situations dramatiques (ou pour le drame dans les situations humoris-tiques).
Daniel Sauvaget Saison cinÈmatographique 1991
Ce film qui nous vient dÕltalie, a d lÕintelligence ‡ revendre. Daniel Luchetti, qui en est ‡ son troisiËme film, Èvite les piËges avec maestria. Le pre-mier, cÕest celui du cinÈma politique ´ I'italienneª qui faisait fureur dans les annÈes 70. On se souvient : scÈnario manichÈen, machination policiËre, prise de conscience du hÈros et identification naturelle du spectateur. Le film
Luchetti se situe heureusement ailleurs. LÕautre piËge, cÕeut ÈtÈ de faire quÕe les deux personnages principaux, le ministre Botero (Nanni Moretti, trËs crÈ-dible mais glaÁant en jeune loup de la politique), et Luciano, son ´scribeª, (Silvio Orlando, juste et sensible), la relation soit de type maÓtre et esclave, uniquement fondÈe sur la perversion. L‡ encore Luchetti Èvite une certaine convention dans la relation des person-nages. Enfin, ce film est plein dÕhumo et de finesse, ce qui nÕest pas rien dË lors quÕil faut traiter dÕun thËme po tique au cinÈma. En Èvoquant les trafics dÕargent dÕinfluence dans les coulisses du mond politique,Le porteur de servietteest de plain-pied avec lÕactualitÈ. LÕactuali italienne (il nÕest que de voir le succË du film dans ce pays), mais aussi la nÙtre. A travers le regard candide dÕu professeur de lettres Èpris de poÈsie, soudain embarquÈ dans le sillon dÕu jeune ministre ambitieux, Luchetti lui-mÍme semble dÈcouvrir un monde parallËle et secret. Un monde o˘ la sÈduction et le charisme se mÍlent aux compromissions, ‡ la tricherie et au mensonge. CÕest maintenant ‡ nou dÕÈviter le piËge qui nous est tendu tout en traitant de politique,Le porteur de serviettenÕest pas un film ´pol tiqueª. CÕest avant tout un film qui trait dÕune question ´existentielleª : co ment vivent les hommes politiques. Quelles sont leurs habitudes, leurs atti-tudes dans la vie privÈe ? Quelle est leur ´imageª vraie, au-del‡ des images fausses et glacÈes quÕils donne dÕeux-mÍmes ‡ travers les jeux du po voir et les mÈdias ? Comment lÕhomm public communique-t-il son image ? Ces questions, Luchetti les traite par touches successives. Il ne joue pas ‡ celui qui en saurait plus sur ses personnages. Et il Èvite la dÈmagogie qui aurait consistÈ ‡ charger ce ´hÈros nÈgatifª quÕinterprËt Moretti pour aider ‡ une identification trop facile du spectateur ‡ la ´victimeª. -
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
style : Luchetti a lÕÈlÈgance de ne pas faire semblant dÕen savoir plus et plus vite, que nous, spectateurs. Pour lui comme pour nous, le ministre Botero nÕest pas dÕemblÈe antipathique, il a lÕallure dÕun jeune homme de son temps, trËs occupÈ par son pouvoir. Il est ministre (sans doute socialiste), mais ce pourrait Ítre un homme de pouvoir en gÈnÈral, qui connaÓt la "logique" du pou-voir. De plus, interprÈtÈ par Nanni Moretti, Botero nous est effectivement plutÙt sympathique. Le film de Luchetti ne dÈnonce pas ce personnage. Comme nous, il en subit la sÈduction, essaie dÕen dÈcouvrir le mystËre. Puis, dans un second temps, sÕen Èloigne. La trajectoi-re affective et morale du film sera donc celle de Luciano. CÕest un personnage plutÙt candide, qui se laisse prendre au jeu. Puis, petit ‡ petit Luciano prend conscience quÕil faut quitter cette zone de trop grande proximitÈ, parce quÕelle finit par Ítre dangereuse. Le point de basculement de Luciano, on peut le dÈsigner trËs prÈcisÈment : lors des funÈrailles du vieux poËte quÕil admire. L‡, il nÕen croit pas ses oreilles dÕentendre le ministre Botero dresser les louanges du poËte dÈcÈdÈ, alors mÍme quÕil manifestait ouvertement son dÈdain quelques jours auparavant. Il ne sÕagit donc pas de prise de conscience, au sens o˘ on lÕentend dÕordinaire, mais bien dÕun basculement moral : Luciano, tout simplement, retombe sur ses pieds, aprËs lÕintermËde Botero. Le porteur de serviettenÕest donc pas un film de dÈnonciation. CÕest une comÈdie satirique, dans lÕesprit du pre-mier film du rÈalisateur :Domani Accadra. Ici, la dimension picaresque touche au monde actuel. Et le monde dÕaujourdÕhui, cÕest celui de la politique, des mÈdias, et de ceux qui les servent. En face, il y a ce petit professeur honnÍ-te qui, parce quÕil a lÕesprit disponible, se laisse prendre au jeu. Il nÕest pas un hÈros, encore moins un rÈsistant, il aime trop la vraie littÈrature pour se laisser -
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ge et de la tricherie. Ce professeur Èmi-nemment sympathique, cÕest peut Ítr Daniele Luchetti lui-mÍme, jeune cinÈaste dÕune trentaine dÕannÈes q avec cette comÈdie existentielle et par-fois fÈroce, secoue le cinÈma italien de sa torpeur. Il nÕa pas fait u chef-dÕÏuvre, ni un film ´hÈroÔqueª. Il juste fait le film quÕil pensait utile d faire aujourdÕhui, avec intelligence sensibilitÈ. Serge Toubiana Cahier du CinÈma n∞445 - Juin 1991
En Italie, le film (aussitÙt considÈrÈ comme ´deMorettiª puisque produit et jouÈ par lui) a fait un mini-scandale. Le parti socialiste italien sÕest senti visÈ a accusÈ les auteurs de ´qualunquis-meª, nous dirions poujadisme : facile dÈnigrement des mÏurs politiques qui fait le jeu de la droite. Air connu, aussi, de ce cÙtÈ des Alpes. Moretti a facile-ment rÈpliquÈ que le PSI nÕÈtait jamai dÈsignÈ (cÕest quand mÍme transparen et lÕon pense Èvidemment ‡ ces jeune apparatchiks lookÈs, aux dents longues, modernissimes, les Martelli, les Signorile qui entourent Craxi) ; il a ajou-tÈ quÕil lui semblait dÕailleurs parfait ment possible que, dÕici peu dÕannÈ Botero soit au PDS (la nouvelle appella-tion du parti communisme, dont la tra-duction franÁaise, Parti DÈmocratique de la Gauche, ferait P-DG). Le spectateur franÁais pourra parfois Ítre ÈgarÈ, quand on parlera de com-bines Èlectorales, par le mÈcanisme du scrutin italien ; il sÕagit de proportionne le avec des ´prÈfÈrencesª : lÕÈlecte peut, en cochant les listes proposÈes, changer lÕordre des candidats qui fig rent sur les bulletins, la fraude consis-tant ‡ faire ces croix aprËs le vote. Reste le plus important : cette rÈflexion de Moretti (assistÈ de ses scÈnaristes habituels, Rulli et Petraglia, qui furent ceux de Bellocchio au temps de s
´films engagÈsª est bien moins prenan te, bien moins convaincante qu lorsquÕil sÕest attaquÈ ‡ lÕEglisLe messe est finie) ou au parti communis te (Palombella rossa). Le film donne mÍme pour qui nÕÈprouverait que peu d sympathie pour Craxi et ses boys, un impression de simplification, de marion nettes. On trouve quelques gags bienve nus (par exemple, le ´secrÈtaireª doit recevoir le public,mais le premier qui arrive est le dirigeant de la section du Parti, plein de dolÈances ; on sÕattend un couplet sur lÕidÈal trahi, les militant dÈÁus, cÕest une revendication clientÈli te : la DÈmocratie chrÈtienne ne respec te pas les accords, on aurait d˚ avoir un directeur ici, etc.), mais les passe-droits divers, lourdement tÈlÈphonÈs, perden leur pittoresque. Paul Louis Thirar
Positif n∞ 364 - Juin 199
Entretien avec le rÈalisateur
(É)Le personnage de Botero se dÈfinit, il est apprÈhendÈ beaucoup par se gestes et beaucoup par son secret, so silence. Pas du tout par ce quÕil dit, car dit trËs peu de choses. En mÍme temps, il est trËs prÈsent. On sent le charisme, la jeunesse triomphante, et surtout on sent que cÕest un homme politiqu moderne. CÕest presque un chef dÕent prise ou un homme de mÈdias, Áa pour rait Ítre Berlusconi, un patron de club sportif. Comment avez-vous fait pou inventer le personnage ? En observant beaucoup. Pas seulement les hommes politiques, mais dÕautre personnesÉ Par exemple, dans le monde de la publicitÈ o˘ cela mÕarriv de travailler de temps en temps, il y en a beaucoup comme Áa. Ils nÕont pas u pouvoir Ènorme, mais ils se comporten comme si. Le fait dÕÍtre moderne est e
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une crapule. Et puis jÕai composÈ, en volant une phrase ici et l‡É Mais cÕest surtout sur le comportement des autres autour de lui que lÕon sent la prÈsence de Botero. Lui, peut se permettre de ne pas Ítre arrogant en public, parce quÕil y en a un qui lÕest ‡ sa place. Il peut ne pas sÕoccuper de la gestion parce quÕil y en a un qui paye pour lui. Il y a toujours quelquÕun qui fait les choses ‡ sa place : Luciano Ècrit les discours ‡ sa place, Gola traite les affaires ‡ sa place, Polline est le prÍte-nom pour les affaires privÈes. En rÈalitÈ, Botero a autour de lui les personnes qui lui permettent de ne jamais Ítre dÈplaisant, il y a toujours quelquÕun pour sÕoccuper de Áa.
La relation entre Botero et Luciano aurait pu Ítre perverse, un truc de sadis-meÉ Et Áa nÕest pas du tout ÁaÉ En fait, cÕest une relation presque pure : lÕun et lÕautre apprennent en se connais-sant. Le sujet du film suggÈrait un certain type de relation: lÕacteur et lÕÈcrivain, le sadisme et le masochisme. Un acteur qui nÕest pas maÓtre des mots et lÕauteur dans lÕombreÉ Mais le film ne sÕoccupe pas de Áa, cÕest diffÈrentÉ Leur rapport est un rapport professionnel, assez sain.
Comme au cinÈma ? Le rapport entre scÈnariste et le metteur en scËneÉ (rire). Dans le film, il y a aussi un discours sur les mots, sur leur poÈsie, sur ce quÕils deviennent. O˘ vont finir les mots ?É Les mots de Luciano ont un destin indÈpendant de lui. Ils se retournent contre lui. Il fabrique des mots pour quelquÕun dÕautre et puis ses propres mots se retournent contre lui.
Ce qui mÕÈtonne, cÕest que ce soient des films exceptionnels alors que tous ceux qui ont du talent devraient faire des films comme Áa. Quand on parle avec vous ou Nanni Moretti, on a lÕimpression que vous Ítes des exceptions dans le cinÈma italien, alors que ce que vous
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monde tel quÕil estÉ MÍme si ma formation de cinÈphileÉ mais le cinÈma qui me plaÓt est tout un cinÈma qui naÓt de lÕobservation de choses. Le cinÈma que je dÈteste est celui qui naÓt de lÕobservation du cin ma, du style : ´Je veux faire un film ‡ lÕamÈricaineªÉ
La RAI a refusÈ de le produire? Ils vont regretterÉ «a, cÕest formidable. A prÈsent tout l monde le sait, tout le monde parle de ce refus. La RAI peut dÈcider quand elle veut de faire ou non des films, elle nÕe pas obligÈe. Ce dont je suis content cÕest quÕon parle tout le temps de ci ma italien indÈpendant, mais en lÕoccu rence cÕest un des trËs rares cas o˘ est vraiment indÈpendant. IndÈpendant de qui ? Mais de la RAI qui est lÕuniqu institution publique qui produit en dehors. Et les films de la RAI se ressem-blent tous.
Une autre chose importante, par rapport au personnage de lÕÈcrivain, cÕest que faÁon dÕÍtre dans le film est dÕÍtre pl poÈtique que politique et que mÍme quand il dÈcouvre quÕil est complic quÕil est dans une affaire politique u peu troubleÉ de traficÉ dÕargentÉ ce nÕest pas la conscience politique q gagneÉ CÕest la conscience moraleÉ A la fin il ne fait pas un raisonnement politique, il fait un raisonnement humainÉ
CÕest un enfantÉ Absolument ! Il nÕest pas ÈtonnÈ qu des gens viennent demander des recom-mandations ou bien quÕon monnaye de voix. Tout Áa le laisse indiffÈrent. A tel point que lui-mÍme finit par accepter une voiture, par exemple. Il ne la refuse pas. Il nÕest pas scandalisÈ que l ministre parle avec ses mots ‡ lui, parce que la politique, mÍme celle-l‡, cÕest d professionnalisme. Ce qui lÕanÈanti cÕest quand Juliette devient la maÓtr de Botero, quand Botero profite de
mort du poËte pour se faire de la publici tÈ. Le reste le laisse assez indiffÈrent Ce nÕest pas sur la politique quÕil po un regard moral mais sur lÕhomme. mon avis, la politique nÕest pas un chose sale, tout au moins elle ne devrai pas lÕÍtre. Elle devrait Ítre quelqu chose de propre, faite par des gen comme LucianoÉ cÕest lÕhomme qui e saleÉ (É) Entretien rÈalisÈ par Serge Toubian Cahiers du CinÈma n∞445 - Juin 199
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Le rÈalisateur
Un premier film inattendu sur deux jeunes bandits dans lÕatmosphËre trou-blÈe de 1848. DansIl portaborseun professeur rÈdige les discours dÕun ministre. Et pour la premiËre fois dans le cinÈma italien, ce ne sont plus les dÈmocrates chrÈtiens qui sont visÈs mais les socialistes. Luchetti : un regard dÈrangeant. Jean Tulard Dictionnaire des rÈalisateurs
Filmographie
Domani accadra1988 Domani, Domani La settimana della sfinge1989 La semaine du sphinx Il portaborse1991 Le porteur de serviette
Arriva la bufera
1992
Documents disponibles au France
Cahiers du CinÈma n∞445 - Juin 1991 Le Monde 14 Mai 1991 Le Monde 12 et 13 Mai 1991 LibÈration 13 Mai 1991
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