Il est difficile de saisir vite une situation complexe et de comprendre aujourd’hui un monde qui n’a guère que dix années d’existence, et est déjà modifié par les événements du 11 septembre. Nous avons encore le nez sur ces atten-tats, qui doivent pourtant être situés sur les axes de nos politiques et de nos stratégies, et tout particulièrement sur l’axe de nos rapports avec le «Sud»…
e premier kit préparé pour l’explication, l’amorce d’un «choc des civilisations» qui opposerait d’abord l’Islam et l’Occident théoLrie. En théorie, il suppose l’identification de blocs civilisationnels chrétien, est, on le sait, aussi peu pertinent en pratique qu’en homogènes, peu dynamiques et non modifiés par échanges. Pratiquement, les événements postérieurs aux attentats de New York n’ont pas suivi le modèle. Ni septembre ni octobre n’ont résonné des échos d’une mobilisation massive contre l’Occident, ni même l’Amérique. Ponctuellement, les mobilisations locales se sont organi-sées en Palestine, au Pakistan ou en Indonésie, mais avec une ampleur limitée. Ailleurs, les réactions ont été diversifiées et, quand elles furent anti-occidentales, sont restées diffuses. Quant aux Etats du monde musulman, ils n’ont évidemment aucun intérêt à provoquer un mouvement de masse dont ils seraient les premières victimes.
Une modernité contre une autre ?
Ben Laden ou pas, les régimes arabes haïs sont au nombre des premiers objectifs du terrorisme transnational – l’objectif américain étant tactiquement premier mais sans doute stratégiquement second. Les Etats musulmans sont donc, pour la plupart d’entre eux, entrés dans l’affrontement, ou la discussion, d’une manière retenue, presque