LES FORCES ALLIEES EN EXTREME-ORIENT - N
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LES FORCES ALLIEES EN EXTREME-ORIENT - N

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 LES FORCES ALLIÉES EN EXTRÊME-ORIENT, 1918-1920     LES SOLDATS AUSTRO-HONGROIS  DURANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE   En cette dixième année du troisième millénaire, la plupart des pays de notre planète sont secoués par la crise que le déchaînement d’une rentabilité financière sans éthique et un néolibéralisme outrancier ont sans doute causée et qui, en 2008, s’est déclenchée comme un ouragan dont on ne connaît pas encore l’apothéose ni la fin. Politique, économie, finances, toutes les sphères de la vie d’un État sont emportées par une tourmente meurtrière pour les citoyens de tous les pays. À cette catastrophe s’en ajoutent d’autres, celle du tremblement de terre en Haïti, celle des pluies diluviennes au Pakistan, pour ne citer que les plus graves. Dans ce contexte qui pose problème à chaque individu, le passé et la mémoire pourraient glisser au second plan. Pourtant, nul n’est en droit de nier qu’il ne peut se projeter vers l’avenir sans avoir pris conscience de son passé. Comme l’a dit Denis Collin lors de son colloque1 Quelle histoireintitulé « pour quelle mémoire ? », l’histoire est « un "travail de mémoire", une lutte contre l’oubli ». Mais l’histoire n’est-elle pas aussi une mémoire à dimension collective ? Le passé de chacun serait comme le grain de sable d’une immense plage appelée histoire. Seul le passé nous permet de comprendre notre présent et nous autorise ainsi l’espoir de mieux conjuguer notre avenir et ce, non seulement pour l’individu mais aussi pour la collectivité.    L’histoire est bien un travail de mémoire, car il est indéniable que « la mémoire a fécondé l’histoire, elle a renouvelé l’approche du passé et envahi toutes les époques et tous les secteurs de la recherche. L’affaire commence à tourner mal quand l’histoire, qui n’appartient à personne et consiste à faire du passé l’affaire de tous, ne se voit plus écrite que sous la pression de groupes de mémoire intéressés à faire prévaloir leur lecture particulière »2 –. L’histoire dont les gouvernements veulent s’aroger le monopole de la narration – ne peut en fait appartenir à quiconque mais elle concerne                                                  1 http://denis-collin.viabloga.com/news/15.shtml,Philosophie et Politique, Histoire ou mémoire ?  consulté le 15 mai 2005 2NORA, Pierre, CHANDERNAGOR, Françoise,Liberté pour l’histoire, Paris, CNRS Editions, 2008,  p. 16 1
 
chaque citoyen de chaque nation ou Etat, et tout citoyen est en droit de connaître non pas seulement la version officielle, basée sur des critères politiques ou économiques à l’avantage d’un pays ou de l’autre, mais la vérité historique. À l’ère de l’informatique, il n’est plus envisageable de raconter les événements qui ont marqué les peuples de la planète selon des dires colportés par des informations officielles, censurées ou pas, manipulées ou pas, retransmises par des émetteurs radiophoniques ou télévisuels appartenant à des services publics ou privés, toutes ces versions ne peuvent être que subjectives ; seul le vécu donc le réel compte. Françoise Chandernagor reconnaît bien que « le récit national, ce vaste roman familial qui, depuis cent cinquante ans, sous-tendait en France l’enseignement de l’histoire, a volé en éclats : […] ».3 Ne convient-il pas alors de dire qu’il y a non pas deux mémoires du passé, mais deux versions de l’histoire : l’une officielle, pouvant varier selon le pays, l’autre vécue et transmise par le souvenir personnel, la mémoire individuelle, et qui approche sans doute davantage la vérité que dévoilent également les archives ouvertes au public ainsi que les écrits de celles et ceux qui savent. Le politologue Alfred Grosser n’a-t-il pas dit que « La “mémoire collective” est un transmis qui devient un acquis »4! Les silences ou les inexactitudes des versions officielles de l’Histoire ne sont plus acceptables aujourd’hui, mais il est sans doute utopique de penser qu’un jour nous connaîtrons « la vérité », bien que certains ouvrages5permettent d’espérer. Arrigo Petacco, écrivain et journaliste italien, a écrit : «Quando inizia una guerra la prima vittima è la verità, quando finisce le bugie degli altri vengono smascherate, mentre le bugie dei vincitori diventanno storia »6. Les chercheurs et parmi eux peut-être les doctorants peuvent alors assumer le rôle de vecteurs de la vérité historique. Les faits mentionnés conduiront d’eux-mêmes à des réflexions et à des interrogations.  L’année 2008 évoquait le décès du dernier poilu, Lazare Ponticelli, âgé de 110 ans, mais elle commémorait surtout le quatre-vingt-dixième anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale signé le 11 novembre 1918 dans le wagon-salon près de                                                  3CHANDERNAGOR, Françoise,L’histoire sous le coup de la loi Pierre, etin NORA,  CHANDERNAGOR, Françoise,Liberté pour l’histoire, op. cit., p. 27 4 RGlfred : OSSEÉR,, SAS engB edlALamelfiflier dn, Impostures de lHsiotri,e Eérdeitnitoen se tdsue mRbolcahbelre  .79 .p  ,270, 400 ,, 20lviks, APari 5MO Claude,Les 6PETACCO, Arrigo,Il Tempo,14 settembre 2008 et in SPANGHERO, Alberto Vittorio et COSMA, Roberto,Turriaco nella Grande Guerra, Ricordi e immagini novant’anni dopo, Circolo Culturale e Ricreativo don Eugenio Brandl, Turriaco, 2009, p. 16 : «Quand une guerre commence, la première victime est la vérité, lorsqu’elle se termine les mensonges des autres sont dévoilés tandis que les mensonges des vainqueurs deviennent l’histoire».
 
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la gare de Rethondes. Il y eut alors dans la presse pléthore d’articles sur le sujet parmi lesquels émergeait celui de l’Express7. Tout d’abord parce que son auteur, Stéphane Audoin-Rouzeau écrivait avec sagacité que nous ne saurions jamais vraiment tout sur cet « ébranlement de la magnitude de 1914-1918 » et que « c’est le changement de notre présent qui modifie constamment le regard que nous portons sur le passé ». Il ne se limitait pas non plus aux années 1914 à 1918, il évoquait les conflits de la fin du siècle précédent – « Ils [les historiens] voient mieux àquel point les conflits du tournant du siècle (guerre des Boers en Afrique du Sud entre 1899 et 1902, guerre russo-japonaise de 1904-1905, guerres balkaniques de 1912-1913) ont préparé, en termes de déploiement de violences souvent extrêmes, la grande agression collective des années 1914-1918. » – et les suites du conflit qui ne fut sans aucun doute jamais réglé. Il conviendrait d’ajouter également les rivalités économiques et colonialistes, celles du pouvoir politique et économique, l’un étant indissociable de l’autre. La préparation des camps d’internement qui fut organisée dès 1913 laisse toutefois supposer que la Grande Guerre était prévue, programmée. Les états d’âme ne sont pas autorisés car, selon Claude Quétel « l’historien n’a pas à juger et encore moins à s’indigner »8.   La recherche conduit les thésards à faire parfois des découvertes fort intéressantes mais pour lesquelles la rigueur scientifique leur demande à juste titre d’effectuer une vérification méthodique sur la base d’archives consultées, ce qui ne manquera pas d’être fait ultérieurement car il faut se déplacer pour ce faire. Il s’agit pour l’heure de définir la problématique qui transparaît à travers une histoire familiale et les documents consultés jusqu’ici : le Tyrol du Sud – particulièrement le Trentin – et le Frioul oriental (ou julien) étaient deux régions au sud du vaste empire d’Autriche-Hongrie gouverné par François-Joseph Ier ; elles jouxtaient le très jeune de Habsbourg royaume d’Italie de Victor Emmanuel III. Les citoyens autrichiens qui y vivaient étaient d’ethnie italienne : ils parlaient tous italien et allemand mais aussi le ladin ou le frioulan. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata9 deux régions ces, les hommes de10, en âge de prendre les armes, furent envoyés par le gouvernement de Vienne défendre l’empire d’Autriche-Hongrie et se battre sur le front russe, en Galicie et dans les Carpates, ainsi                                                  7AUDOIN-ROUZEAU, Stéphane,Les derniers secrets de la Grande Guerre, L’Express n° 2992, semaine du 6 au 12 novembre 2008. 8QUÉTEL, Claude,L’impardonnable défaite, 1918-1940, Jean-Claude Lattès, 2010, p. 10 9Cf. annexe 1 10Cf. annexe 2
 
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que sur le front serbe. De son côté, l’Italie convoitait ces deux régions et souhaitait leur annexion à son royaume, elle s’évertua politiquement à agir en ce sens, ce qui confirmerait les dires d’Yves Lacoste, selon lequel, «la géographie, ça sert à faire la guerre» à moins que ce ne soit la guerre qui fasse la géographie politique. Quelle dissonance entre la version officielle selon laquelle le Tyrol et le Frioul étaient des terres irrédentes, c’est-à-dire àracheter avaient appartenu à l’Italie et puisqu’elles devaient lui revenir, et la réalité historique ! Même si des ethnies italophones y vivaient, elles n’avaient jamais appartenu à l’Italie politique ; hormis sous la domination de Napoléon Ier au début du XIXe siècle, les Habsbourg étaient maîtres du Tyrol depuis le XIVe siècle et du Frioul depuis la paix de Campoformio de 1797. Durant le conflit, tous ces soldats tyroliens et frioulans, italophones, devinrent l’enjeu d’importantes démarches ainsi que l’objet d’une triste manipulation. Qui étaient-ils durant la guerre ? Fallait-il les considérer comme Italiens ou comme Autrichiens ? Le traité de Saint-Germain-en-Laye du 10 septembre 1919 décida pour eux, sans même les interroger : ils devinrent italiens. Leur parcours est une véritable odyssée.  Par centaines de milliers, ces soldats austro-hongrois, quand ils n’avaient pas été internés en 1914 en tant que civils, dans les camps de concentration français et autres, moururent en Russie ou y furent faits prisonniers. Des bateaux anglais, français et américains en rapatrièrent quelques milliers par le port d’Arkhangelsk mais, après la révolution d’octobre 1917, d’autres milliers, rassemblés par la Mission militaire italienne, durent se rendre en Chine puis à Vladivostok, ville d’Extrême-Orient qui était devenue le quartier général d’une Alliance constituée, en importance d’hommes, des Américains, des Japonais, des Tchécoslovaques, du C.S.E.O. (Corpo italiano di Spedizione in Estremo Orientela Grande Bretagne et de la France), de 11. Les soldats survivants n’en repartirent qu’en 1920 pour rentrer chez eux, non plus en Autriche mais… en Italie. Leur odyssée tout comme celle des 50 000 soldats austro-hongrois faits prisonniers par les Serbes, dont quelque 16 000, par l’Albanie et l’île de l’Asinara au nord de la Sardaigne, arrivèrent à Toulon, concernent non seulement l’Italie, l’Europe mais aussi le monde entier, puisque toutes les forces de l’Entente les ont utilisés.                                                   11 CORBANESE, G.G.,Il Friuli, Trieste e l’Istria nel conflitto 1915/1918, Volume V, Ed. Del Bianco, Udine, 2003, p. 435-438 4
 
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