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MAQUETTE LE NATIONAL

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Langue Français

Extrait

Ce que les gens n’ont pas compris,c’est qu’il
ne s’agissait que d’une répétition générale,
comme l’ont écrit en leur temps les leaders
de Mai 68.À savoir qu’il est plus que proba-
ble qu’il se produise un nouveau “21 avril”
l’année prochaine.Mais cette fois,il n’est pas
du tout impossible que la balance ne se fasse
pas dans le même sens.Pour Le Siècle,je ne
sais absolument pas quel a été son rôle car
je ne suis pas dans les arcanes de ses dîners.
Il a certainement dû se prêter au con
cert
du politiquement correct, puisqu’aussi bien
l’Académie des sciences que l’Association
des victimes de l’amiante (je n’invente rien)
avaient appelé à voter contre Le Pen. Je ne
vois vraiment pas l’oligarchie présente au
Siècle appeler à voter FN.
Dans le même ordre d’idées, com-
ment ces gens peuvent-ils appréhen-
der la montée en puissance de Marine
Le Pen ? Vu leur culture de pouvoir,
mettront-ils tout en oeuvre pour la
briser ou accompagner son ascension?
Ces nouvelles “deux cents familles” sont
totalement coupées de la réalité que vivent
tous les jours les Français. Ils circulent en
limousines avec chauffeurs et pas en métro,
ils ont des domestiques pour faire les
courses, ils disposent de propriétés somp-
tueuses, ont un train de vie démesuré. Ils ne
connaissent donc aucun lepéniste, compren-
dre quelqu’un dont la voiture a été brûlée
lors d’un réveillon,
leurs enfants ne se font pas
cracher à la figure par des “zyva” et autres
“chances pour la France”, ils passent
leur vacances dans les endroits les plus
huppés. Les seuls immigrés qu’ils
connaissent, ce sont leurs femmes
de ménage et les “beurettes” du
Siècle, comme Rachida Dati ou
Fadela Amara. Il est évident qu’il
feront tout pour empêcher la
percée de Marine Le Pen dans
la classe dirigeante. Pour être
trè
s clair, vous avez d’un côté
les dîners du Siècle, façon
foie gras et homard. Et de
l’autre, le petit peuple qui
manifeste devant, en
mangeant des merguez
dans le pire
des cas,
En France, on aime à se goberger de
mots. La démocratie, par exemple,
accommodée à toutes les sauces. À
lire votre livre, nous serions plutôt
soumis à une oligarchie…
Le terme est parfaitement approprié : Le
Siècle est l’expression la plus parfaite et la
plus affinée du système oligarchique, non seu-
lement français mais international. En fait les
600 personnes qui en sont membres consti-
tuent, peu ou prou, la branche française de la
super classe mondialisée
” selon l’expression
de Huntington. Hervé Kempf, qui vient de la
gauche, résume cela très bien dans
L’Oligarchie,
ça suffit
. Il se trompe totalement en revanche
dans les conclusions qu’il en tire, qui consti-
tue le second volet du titre de son essai, à
savoir
Vive la démocratie
. Afin de ne pas don-
ner l’idée que je cherche à me citer moi-
même, je préfère le citer, lui, car il résume
parfaitement mon livre sans l’avoir évidem-
ment lu : “
Les oligarques sont ceux qui tiennent
les rênes des pouvoirs politique, économi
que et
médiatique, ne représentant pourtant que moins
de 1% de la population. Ils se réunissent dans des
endroits assez discrets mais pas secrets pour
autant. Au Forum de Davos en Suisse. Ou dans
des clubs tels que Le Siècle pour ce qui concerne
la France. Les banquiers, hommes d’affaires, jour-
nalistes influents de la télévision, patrons de presse,
hauts responsables du PS et de l’UMP, dirigeants
de gran
des entreprises du CAC 40 qui en sont
membres dînent le dernier mercredi de chaque
mois à l’Automobile Club de France, place de la
Concorde, à Paris. S’y retrouvent entre autres
Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fonds
monétaire international, Laurent Joffrin, ex-direc-
teur de Libération, Louis Dreyfus, président du
directoire du Monde ou Jean-François Copé, secré-
taire général de l’UMP.
” Ce qui me pl
aît, c’est
que tout ce qui est dit précédemment était
écrit depuis des décennies par des gens
comme mon maître Henry Coston et que
cela faisait scandale. Aujourd’hui, le gratin
intellectuel
qui
réfléchit
admet
qu’effectivement une petite “caste” nous gou-
verne pour notre plus grand malheur.
Le “Système” gouverne mal mais
se défend bien… On l’a vu lors de
l’entre-deux tours de la présidentielle
de 2002. Quelle a pu être l’influence
du Siècle dans ce grand raout répu-
blicain ?
La démocratie se défend extrêmement
bien lorsqu’elle est menacée. Au “tour infer-
nal”, on a assisté aux pires semaines de
l’Épuration ou de la Révolution française,
hormis que la guillotine avait été supprimée.
8 - FLASH#62 - 24 MARS 2011
C’EST AUSSI À LA UNE !
des sandwichs dans le meilleur. J’ai beaucoup
apprécié le slogan du Mouvement d’Action
Sociale lors des manifestations contre Le
Siècle : “
À nouveau
siècle, nouveau peuple…
Bref, je crois que les clivages partisans
(gauche/droite) pourraient réellement per-
dre de leur sens au profit d’un clivage (oligar-
chie/peuple ou exploiteurs/exploités) si par
exemple Marine Le Pen venait manifester
contre Le Siècle le mercredi du mois où ce
cénacle se réunit.
“La bourgeoisie ? Une classe
qui n’a d’autre valeur
que celle de les avoir toutes
trahies…”
200 familles, CAC 40, Bande du
Fouquet’s et main invisible du Marché
dans la culotte de Jeanne d’Arc… au-
delà des fantasmes et du complot :
au bout du compte, qui dirige la
France ?
Vieux pays centra-
lisé, la France est tout
sauf une vraie démo-
cratie. Chacun sait
que la Révolution
fran-
çaise a d’abord été faite pour donner le pou-
voir à la bourgeoisie, dont je rappellerai la
définition donnée par Louis Pauwels : “
Une
classe qui n’a d’autre valeur que celle de les avoir
toutes trahies
”. Le pouvoir a été confisqué par
une classe politique et financière corrom-
pue jusqu’à la moelle. Le
pouvoir est concen-
tré entre quelques mains non pour le bien
commun mais pour la fortune de quelques
uns. Les revenus des membres du Siècle don-
nent le vertige. C’est cette super classe mon-
dialisée, qui est l’incarnation de “
la fortune
anonyme et vagabonde
”, une expression inven-
tée et popularisée par le Comte de
Chambord ; une classe qui n’a cessé de favo-
riser l’immigration de manière à faire bais-
ser les salaires des ouvriers français et empê-
cher leurs revendications, qui a été à l’origine
de toutes les lois anti-françaises et pro-immi-
grationnistes (que l’on qualifie impudemment
de lois antiracistes) ; une classe qui dépèce le
pays à la manière de la cour qui entourait
un Ben Ali. Cela ne peut plus durer et je
pense que toutes les conditions sont réu-
nies à la fois pour une explosion sociale
sans
précédent et pour une implosion du pou-
voir sarkozyste. Quel plaisir ce serait de voir
Nicolas et Carla être obligés de fuir précipi-
tamment pour se réfugier aux États-Unis.
À en croire votre ouvrage, le Siècle
tient aussi de la Nouvelle Star : on y
déniche les talents de demain, comme
s’il fallait que ce “Système” se régé-
nère en permanence et que tout
change pour que rien ne change, d’où
la promotion des “minorités visi-
bles”… On se fait des idées ?
Le Siècle a une faculté extraordinaire
pour sélectionner les talents ou les fabri-
quer. L’exemple même de cette réussite,
c’est Rachida Dati. Aucun diplôme mais
une jolie frimousse, de l’entregent, un
culot d’enfer. Une place de “beurette
de service” au cabinet du ministre
de l’Intérieur Nicolas Sarkozy lui
suffit pour intégrer Le Siècle qui
recherche alors désespéré-
ment des “immigrés présen-
tables”, afi
n de faire taire
toute rumeur d’élitisme
WASP. Vous connaissez la
suite : la place Vendôme,
une
mairie
d’arrondissement, le
Parlement européen.
Alors que je le
répète, elle est cent
coudées en des-
sous des
diplômes de la plupart des membres du
Siècle. Rebelote avec Rama Yade, Fadela
Amara, Karim Zeribi, etc. Mais à la manière
du Guépard, 95 % des postes demeurent
occupés par des élites classiques : famille de
la ha
ute bourgeoisie, naissance à Neuilly, cur-
sus universitaire d’excellence, excellents
postes, énormes revenus. Et c’est là où rien
ne change.
“Les convergences avec
l’extrême gauche peuvent
être très positives…”
La sociologie des membres du Siècle
paraît être en adéquation avec
“l’évolution” de la société française.
Soit de moins en moins de notables et
de plus en plus de crétins issus de la
génération “start-up”… Une fois
encore, on se fait des idées ?
Oui, vous vous méprenez. Stéphane
Courbit, archétype du “jeune entrepreneur
ayant réussi” n’est pas un crétin (encore
moins Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur
de Price Minister). C’est un milliardaire qui a
exploité (et favorisé) la détresse des Français,
abrutis par une drogue déversée gratuite-
ment en grande quantité qui s’appelle la télé-
vision. Les crétins, cela va choquer évidem-
ment, ce sont les
gens qui n’ont pas encore
jeté leur télévision par la fenêtre. C’est aussi
un notable, conseillé par Alain Minc et ami
de Nicolas Sarkozy. Cela ne vole peut-être
pas très haut, mais ce ne sont certainement
pas des crétins. Ce sont des requins, des
super-squales avides de pouvoir.
Contre ce club, de plus en plus de
manifestations, menée par la gauche
extrême et la droite radicale… Un
nouveau Front populaire contre le
Mur de l’argent vous paraît-il
d’actualité ?
Je considère cette convergence comme
extrêmement positive. Je me suis rendu à
toutes ces manifestations. Ce que l’on
constate, c’est que les nationaux-populistes
sont extrêmement demandeurs d’une
alliance mais que les gauchistes et autres
anarchistes libertaires y sont totalement hos-
tiles, mais aussi totalement déstabilisés parce
qu’ils ne s’y retrouvent plus dans leurs
repères. Il faut dire qu’entendre
Les gau-
chistes avec nous !
” est assez ravageur pour
l’esprit d’un adolescent anarchiste mal dans
sa peau . Je suis certain que les prochaines
manifestations réserveront de nouvelles sur-
prises.
Propos recueillis par
Béatrice PÉREIRE
Au Coeur du pouvoir peut
être commandé directement
(34 euros + 7 euros de port)
sur le site lesiecle.info ou
auprès de la librairie Facta
(4 rue de Clichy, 75009 Paris
EMMANUEL RATIER :
“LES GAUCHISTES
AVEC NOUS !”
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En bon disciple de son “maître”, le défunt Henri Coston, toujours pillé et jamais
cité, Emmanuel Ratier continue de décrypter les arcanes du pouvoir. Autrefois,
on les appelait les “deux cents familles”, aujourd’hui, la “Bande du CAC 40” ou
le “Gang du Fouquet’s”. Les appellations changent, mais le mur de l’Argent est
toujours là. Entretien dérangeant.
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