Vincent Peillon défend DSK... mais aussi Mélenchon
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Jeudi 17 février 2011 - Un article de Marianne 2
Vincent Peillon défend DSK... mais aussi Mélenchon
L'eurodéputé socialiste prend acte de ce que l'émotion et les slogans prennent le pas sur le débat d'idées. Il
tente de trouver la bonne distance entre philosophie et pouvoir, rejetant la tendance à mettre de la morale
partout, ce qui le conduit à prendre la défense de DSK, même à propos de la Tunisie, et de Mélenchon qui
peut incarner la gauche tribunicienne.
Marianne : N’est-il pas lassant, pour vous, d’être devenu la caution « intello » d’un parti en veine
d’idées et de combats ?
Vincent Peillon : Ce n’est pas prioritairement ce qui me soucie dans l'existence. Le parti socialiste a toujours
été ouvert aux débats d’idées, et il le reste, fondamentalement. Je ne m’y sens nullement instrumentalisé,
dans la situation délicate d’une « caution », comme vous dites. Ce qui m'inquiète bien davantage, c’est la
disjonction croissante entre philosophie et politique, que j’essaye d’analyser dans mon livre, et qui dépasse
très largement le cas du parti socialiste ou mon problème personnel. C'est un problème de civilisation qui
atteint aux racines mêmes de ce que, depuis la Grèce, nous nommons la démocratie.
Franchement, Vincent Peillon, vos dernières fonctions - en charge de la « tenue idéologique du débat
pendant les primaires » - ne vous réservent-elles pas un rôle pour le moins surprenant ?
Écoutez, le livre sur lequel vous m’interrogez essaye de trouver le bon réglage entre politique et philosophie,
en cherchant les justes distance et liaison entre la pensée critique et le pouvoir, la raison et la Cité. Il y a une
mauvaise union de la philosophie et de la politique, et les projets d’une application sans reste du Concept,
de l'Idée ou du Système dans l’histoire, d'une rationalité intégrale du réel, ont toujours mal fini. Mais leur
désunion, leur mauvais divorce, contre lesquels mettait en garde Merleau-Ponty, ne sont guère préférables
et laissent philosophie et politique à leur misère. C’est la raison pour laquelle si je ne crois ni au philosophe-
roi, ni au philosophe de parti, je ne crois pas non plus, comme le disait Voegelin s'interrogeant sur la montée
de Hitler au pouvoir, que la bêtise soit un droit de l'homme. Elle engendre des monstres. Entre philosophie et
pouvoir, je retiens l'idée d'une « action à distance »...
Oui, mais justement, vous avez été parfois pointé du doigt par vos camarades comme un
transgresseur. Par exemple, quand vous organisiez tel débat avec Marielle de Sarnez, du MoDem…
La transgression n’est aucunement une finalité. Le Rassemblement démocratique, social et écologique que
nous avons organisé à Marseille avec Cohn-Bendit, Hue, Sarnez, Taubira marquait une volonté d'avancer
ensemble pour construire une majorité de progrès et de transformation sociale dans la clarté. Cette attente
reste forte et je crois que notre capacité à dialoguer sur le fond sera le marqueur de notre avenir. J'ai
l'expérience des conservatismes et des pesanteurs. Quand tel combat n’était pas à la mode (celui contre les
paradis fiscaux, par exemple, ou encore la révolution fiscale en faveur d'un grand impôt progressif, ou la
nécessité d'une réforme en profondeur de l’éducation), j'ai été sévèrement combattu par ceux-là mêmes qui
aujourd'hui reprennent ces thèmes.
Très sincèrement, je ne peux que m'en réjouir. Il en va de même pour le non-cumul des mandats que je me
suis toujours appliqué ou la redécouverte du socialisme républicain auquel travaillent nombre de chercheurs
depuis maintenant plus de dix ans. Les idées, en politique, mais pas seulement, avancent lentement, et les
convictions ne sont pas toujours le premier moteur de l'action. La politique ne peut évacuer la question du
pouvoir et doit faire avec la dimension conflictuelle de l'existence humaine et la dimension tragique de
l'histoire. C'est pourquoi, comme je l'explique dans mon livre en reprenant une formule de Merleau-Ponty, en
politique « Machiavel compte plus que Kant ». La politique morale, celle des bonnes intentions, tourne vite
au cynisme, quand ce n'est pas à la terreur. C'est pourquoi aussi il faut de l'endurance et ne jamais se
résigner.
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