Afghanistan, Photographe, un métier risqué
90 pages
Français

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Description

La tragédie de la mort est en ceci qu'elle transforme la vie en destin. Malraux (André) Pour Maxence, Mathis et Sandrine, En souvenir de Sébastien Vermeille, Leur père et mari, photographe des armées, tué en opération. Prologue Pourquoi écrire ? Je me mets enfin à l'écriture. Pourquoi le faire ? Beaucoup de mes camarades, ces dernières années, tout en respectant leur « devoir de réserve », témoignent auprès du grand public d'une vie, d'un passé, d'un vécu qui résume ou aborde une partie de leur carrière au sein de l’institution. Par leurs écrits, ils confient leurs souvenirs, leurs expériences, leurs sentiments sur ce qu’ils ont vécu ici en France ou en opérations extérieures. C’est un besoin légitime d'exprimer et de faire partager ces moments de vie si spécifique du militaire. Pour ma part, c’est un essai qui nait d’une volonté de raconter, à travers deux de mes missions, une expérience qui pour l’une d’entre elles m'a touché intensément il y a peu. Je veux faire acte de mémoire de l’engagement de l’un de nos camarades, tué en opérations en Afghanistan, alors qu’il assurait une mission au sein de la force française comme photographe.

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Publié le 29 août 2015
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait









La tragédie de la mort est en ceci qu'elle transforme la vie en destin.
Malraux (André)


Pour Maxence, Mathis et Sandrine,
En souvenir de Sébastien Vermeille,
Leur père et mari, photographe des armées, tué en opération. Prologue



Pourquoi écrire ?

Je me mets enfin à l'écriture.

Pourquoi le faire ? Beaucoup de mes camarades, ces dernières années, tout en respectant leur
« devoir de réserve », témoignent auprès du grand public d'une vie, d'un passé, d'un vécu qui résume ou
aborde une partie de leur carrière au sein de l’institution. Par leurs écrits, ils confient leurs souvenirs, leurs
expériences, leurs sentiments sur ce qu’ils ont vécu ici en France ou en opérations extérieures. C’est un
besoin légitime d'exprimer et de faire partager ces moments de vie si spécifique du militaire.

Pour ma part, c’est un essai qui nait d’une volonté de raconter, à travers deux de mes missions, une
expérience qui pour l’une d’entre elles m'a touché intensément il y a peu.

Je veux faire acte de mémoire de l’engagement de l’un de nos camarades, tué en opérations en
Afghanistan, alors qu’il assurait une mission au sein de la force française comme photographe. Je cite bien
là le Sergent Sébastien Vermeille, du SIRPA terre (Service d’Information et de Relations Publiques de
l’Armée de Terre), Section Image, affecté à Lyon au centre de production d’image numéros 2 et décédé le
13 juillet 2011 en terre afghane, dans un attentat absolument infondé, au cours d’une réunion politique.
Luimême était « en attente » dans ce poste de police, assurément calme mais concentré sur sa mission, attentif,
fixant certainement dans son esprit les photos qu’il avait déjà faites, celles qui lui restaient à prendre, le tout
en sélectionnant déjà les meilleures.

Je m’essaye dans cet exercice afin de laisser une trace pour Mathis, Maxence et Sandrine,
respectivement fils et épouse de mon camarade. Je les ai suivis, accompagné dans la tristesse, la douleur de
cette terrible nouvelle qui survient en ce mois d’été ensoleillé où tout parait si calme, si reposant ; où tout,
pour ce trio naissant, semble aller pour le mieux. Mais où tout bascule effroyablement ce 13 juillet 2011,
dans l’après-midi, alors que la nouvelle tombe, froide, inattendue, annoncée après qu’elle ait été connue au
sein de l’Armée de terre, par un officier général délégué militaire départemental de Bourges qui se déplace
en grand apparat vers la famille, à Baugy.

Enfin, c’est aussi un moyen, peut-être une thérapie, pour moi de faire part de mon métier, de mon
expérience au travers de trente cinq années de carrière militaire, passées tant en corps de troupe qu’inséré
dans des états-majors, en France ou à l’étranger, comme sous-officier puis comme officier. Quel plaisir je
découvre à transmettre à une génération actuelle de mon pays, la France, qui connaît mal le milieu
militaire, au jeunes qui doutent de leur avenir et pourraient trouver au long de ces lignes quelques raisons
de s’intéresser à cette voie professionnelle, enfin aux septiques qui influencés ou pas, pourraient croire que
cela ne marche pas, que non dans cette institution rien ne va plus alors qu’à ce jour, fin 2011, 85% des
français (sources Le Monde) pensent que c’est le dernier bastion des valeurs profondes de la France, rien
ne va plus.

Voila, j’ai tenté, au cœur d’un fil rouge qui retrace ma mission de coordinateur de la formation
audiovisuelle en Afghanistan lors de la mise en place d’une formation technique vidéo et photo au profit
des Combat Camera Team (CCT) de l’Armée Nationale Afghane (A.N.A), de revenir sur l’événement de
juillet 2011 qui m’a si définitivement lié à une jeune famille en phase de reconstruction après une telle
secousse.

Le lecteur pourra donc découvrir ce parallèle à travers mon récit.



État des lieux.


Nous sommes à la fin de l'année deux mille onze. Et déjà dix ans ont passé depuis ce terrible onze
septembre dont le peuple américain a dû supporter en sa chaire les pires effets.

Il était un autre ce monde avant cet acte de terrorisme intense. Un monde qui vivait au rythme des
conflits mais aussi des insuffisances de nourriture, de pouvoir d’achat, de matières premières. Un monde
où malgré tout chacun trouvait sa place avançant dans la vie selon son destin, son but, ses croyances.

Il était un monde où peu à peu les religions prenaient le pas dans l'orientation des peuples à prendre
leur destinée en main. L'Est bolchevique athée et soviétique contre l'Ouest capitaliste judéo-chrétien et
gourmand de démocratie, le Sud noir contre le Nord blanc tant ressassé durant mon adolescence, et puis le
monde islamique en état de gestation avancée contre le reste du monde sans croyance ou mal informé,
trompé depuis des siècles. Tranquillement cette mouvance orientale fascinée a creusé son lit de vindicte,
de haine auprès de certains hommes, jeunes et vieux. Lentement il a su gangrener jusque même les pays
européens, en passant par les britanniques, ceux là même qui le colonisaient quelques centaines d'années
auparavant.

La menace était là sous nos yeux dans les rues de Paris, sous nos pieds au métro Saint Michel, dans
les airs de Lockerbie, abattant inexorablement des innocents.
De pas en pas, le système détruisait des arbres de vie.
Les contrées d'outre méditerranée se soulevaient fomentant un coup par-ci et un coup par-là, se
répandant tel le serpent sur les côtes Sud de cette mer.

Avant l'attaque il eu la guerre du golfe dans laquelle la France au travers de ses soldats allait
repousser l'ennemi un peu trop volontaire. L’Irak resta un pays occupé par le soldat américain succédant à
des années de conflits irano-irakien, dans un sens ou dans l'autre.
En voisin acculé, la Syrie quitta le Liban encore jeune de sa victoire. Mais là aussi certains de nos
frères d'armes ont encore payé de leur vie. Drakkar et sa terrible voiture piégée qui laissa sous les
décombres trop de morts aux bérets rouges.

Laissant vite tout le reste, le onze septembre deux mille un, à 8h57, heure locale des États-Unis
d'Amérique, le signe du mal perfore l'une des deux tours de Manhattan du World Trade Center. Quelques
secondes plus tard, c'est un deuxième aéronef qui se donne dans la même scène.
Ébahi, sans voix, interloqué, stoppé net dans le chemin de sa vie, quel qu’il soit dans le monde
entier, chacun est muet devant cet acte d'une barbarie sans égale. Corps vivants se jetant des fenêtres,
lambeaux de tours et de métaux se désintégrant en poussières, tout n'est qu'horreur.
C'est la première fois que le sol américain est touché par une attaque d’une telle ampleur. Avant
c'était toujours ailleurs, Pearl Harbour, la Corée, la France...
Le pays, les peuples, le monde reste en suspend, incrédule.

Je me souviens très bien de cet instant où nous étions installés en amphi théâtre à l'école du train et
de la logistique, écoutant en bon élève potache et jeune capitaine en cursus de formation avant un temps de
commandement, un instructeur matinal et peu convaincant. Quand soudain, l'écran géant de la salle a
retransmis en direct une vision panoramique de l'impensable.
Silence Béa.
Stupéfaction, incompréhension.

L'information s'emballe, la terre se rattache à cela. Très vite les coupables sont visés. Levés vous! Vous êtes inculpés de meurtre prémédité,organisé,
minutieusement inventé. Une liste noire est écrite en tête de laquelle un nom est gravé dans le marbre qui
va occuper nos pensées pendant dix ans: Oussama Ben Laden.
La guerre change de direction. La cible est connue. Vite on s'organise, vite on projette de s'y rendre.
Il faut enlever quelques pions ici et là, réorganiser le dispositif géostratégique, convaincre quelques
politiques que la solution

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