Âges, santé, travail : quelles évolutions ? - Quinze ans de travaux du Créapt - Actes du séminaire Vieillissement et Travail (année 2006)
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Ce rapport présente les travaux et débats du Séminaire Veillissement et travail organisé en 2006 par le Créapt (Centre de recherches et d'études sur l'âge et les populations au travail).

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Publié par
Publié le 01 novembre 2007
Nombre de lectures 76
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

« L E D E S C A R T E S
I
»
2 9 , P R O M E N A D E M I C H E L S I M O N
9 3 1 6 6 N O I S Y - L E - G R A N D C E D E X
TÉL. 01 45 92 68 00 FAX 01 49 31 02 44
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Âges, santé, travail : quelles évolutions ? Quinze ans de travaux
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RAPPORT DE RECHERCHE
Âges, santé, travail : quelles évolutions ? Quinze ans de travaux du Créapt Actes du séminaVirieei llissement et Tr a vail (année 2006)
        
C R E A P T
 
      n o v e m b r e 2 0 0 7       N°37 
 
ISSN 1629-5684 ISBN 978-2-11-096800-5
 
Âges, santé, travail : quelles évolutions ? Quinze ans de travaux du Créapt
Actes du séminaireVieillissement et Travail  (année 2006)
Lédition 2006 du séminaire « Vieillissement et travail » orga-nisé par le Créapt revêtait un caractère particulier. Ce centre de recherches, constitué sous la forme dun groupement dintérêt depuis 1991  avec la participa-tion conjointe de ministères, duniversités et de grandes entre-prises  atteignait une étape mar-quante de son propre parcours. Quinze ans dexistence consti-tuent un « compte rond » qui incite à tirer quelques enseigne-ments dune phase de recherche. En outre le groupement était en voie de renouvellement à la fin 2006 (renouvellement décidé depuis lors), et devait à cette occasion réfléchir aux axes de travail dont il allait se doter pour les années à venir. Usuellement le Créapt accorde à ses propres travaux, dans les se une spléamcienlaiirmeitsée1eLc.,ganiroliuqftét,aiixhoéa cette fois, de déroger à cette pra-tique. Les interventions sont centrées sur les recherches du Créapt lui-même, leurs orienta-tions, leurs méthodes, les connaissances quelles apportent, les difficultés auxquelles elles se heurtent, les lacunes quelles manifestent, les inflexions quelles ont connues et devraient connaître. Comme tout bilan, celui-ci est marqué par les itiné-raires et les points de vue de celles et ceux qui y contribuent. Ce parti pris de subjectivité im-pliquait cependant une concerta-tion interne à léquipe pour prépa-rer les synthèses, et lappel à des personnalités scientifiques exté-rieures au Créapt, conviées à réagir après la présentation de ces synthèses. Ce double souci a déterminé le déroulement du séminaire, et le plan du présent rapport. 1Voir dans les rapports de recherche du CEE nos8, 13, 18, 27 et 35, les actes des séminaires précédents. Les actes du séminaire de 2007, qui sest déroulé en mai, devraient être publiés au printemps 2008.
RESUMÉ
Dans la séance introductive (cha-pitre 1), Serge Volkoff décrit les principales évolutions qui ont constitué la toile de fond des recherches sur le vieillissement au travail. Évolutions démogra-phiques, avec laccroissement du nombre de quadragénaires et quinquagénaires, linstabilité des politiques sociales en matière de fin de vie active, le maintien des pratiques de mise à lécart des âgés dans les entreprises, et la persistance dune aspiration forte à la retraite précoce, en France tout au moins. Évolutions du travail, aussi, avec des astreintes physiques qui demeurent élevées, et avec lexpansion des multiples formes du « productivisme réac-tif » (horaires décalés, travail dans lurgence, réorganisations fréquentes), autant de caracté-ristiques susceptibles de poser aux salariés vieillissants des pro-blèmes spécifiques. Les chapitres 2 à 7 sont consacrés à trois synthèses des recherches du Créapt sous trois angles diffé-rents, présentées par des membres de léquipe (chapitres 2, 4, 6), chacune delles étant « discutée » ensuite (chapitres 3, 5, 7) par une personnalité extérieure. Anne-Françoise Molinié et Valé-rie Pueyo traitent de la place des questions de santé dans les re-cherches sur les relations âge/travail (chapitre 2). Elles montrent que les préoccupations centrées sur linvolution des ca-pacités au fil de lâge ont laissé place à des schémas plus com-plets. Des processus de déclin et de construction sont mis en évi-dence, ainsi que limbrication entre ces deux registres (« lex-périence du déclin »). Les régula-tions collectives liées à la santé, dune part, et le rôle essentiel des dimensions temporelles, dautre part, occupent dans les recherches une place croissante. La concep-tion et lusage doutils quantita-tifs favorisent le rapprochement entre divers niveaux danalyse, et consolident les cadrages démo-graphiques, non sans que souvrent à cette occasion des
débats méthodologiques, notam-ment avec lépidémiologie ou la psychodynamique du travail. Yvon Quéinnec, dans son inter-vention de discutant (chapitre 3), note que la présence de lâge comme variable structurante de lanalyse tend dès lors à sestomper. Les approches dia-chroniques des relations entre, dune part la santé et son évolu-tion (dans une acception large des enjeux de santé, incluant les ca-pacités cognitives, lestime de soi) et dautre part le travail et ses changements (lintensifi-cation, par exemple), demeurent essentielles. Ces questions ne peuvent se traiter sous langle exclusif des « expositions » en milieu professionnel, compte tenu de la régulation des conditions de travail par lopérateur. Selon Y. Quéinnec, ces recherches, centrées jusquici sur les situa-tions de travail elles-mêmes, gagneraient à prêter davantage dattention aux différenciations sexuées, à la vie hors travail, ou aux statuts précaires. Les relations entre âges et appren-tissage font lobjet dune deuxième synthèse, proposée par Catherine Delgoulet et Corinne Gaudart (chapitre 4). Rendant compte des demandes de recher-che, elles expliquent que les mu-tations des systèmes de produc-tion impliquent de surmonter les obstacles en matière de formation des âgés. Elles classent les études selon divers objectifs dappren-tissage : le développement de la polyvalence (avec une réflexion sur la signification de celle-ci), lappropriation de nouveaux outils (dépendante des rythmes dacquisition imposés), lincul-cation de normes de travail (éprouvante si les pratiques anté-rieures sont mésestimées), le changement de métier ou les débuts de lactivité profession-nelle (et les conditions dune transmission des savoirs). Dans tous ces cas lenjeu essentiel est celui de la cohérence des relations entre apprentissage et activité de travail.
Ces recherches suscitent des interrogations de la part de Ma-rianne Lacomblez (chapitre 5). Elle se demande si certaines étu-des nauraient pas une fonction dalibi : une partie des situations décrites relèvent doptions mani-festement néfastes dans la gestion des itinéraires professionnels et des apprentissages, et lon peine à croire que lentreprise ait dû attendre ces études pour sen rendre compte. Elle suggère que les « résistances » des âgés vis-à-vis des apprentissages relèvent parfois dune posture critique vis-à-vis de la légitimité de ceux-ci, à tel stade du parcours profession-nel, et dans tel contexte social. Ce qui lamène à souligner les im-passes de modèles danalyse comme celui de Karasek, dès lors que le souci daccroître la « créa-tivité » dans le travail nest pas confronté à une appréciation des potentialités daction, individuel-les et collectives, dont le salarié dispose pour influer sur sa situa-tion. La troisième synthèse est consa-crée aux aspects collectifs du travail, et présentée par Domini-que Cau-Bareille (chapitre 6). Lauteure propose trois angles dattaque : le collectif comme source potentielle de régulation (vis-à-vis des contraintes dho-raires, des pénibilités physi-ques) avec, quand cest possi-ble, le déploiement de stratégies dévitement chez les anciens, mais de ce fait le risque dune surexposition des jeunes salariés ; le collectif comme facteur de fragilisation des stratégies indivi-duelles (parce que les modes opératoires communs sont parfois « coûteux », voire deviennent des facteurs de marginalisation ou dexclusion pour ceux à qui ils ne conviennent pas) ; enfin, le col-lectif comme lieu de confronta-tion des compétences (avec les multiples formes de tutorat, les obstacles quelles rencontrent en pratique, et la mobilisation quelles réclament chez les novi-ces). À titre de discussion de cette troisième synthèse, Annie Weill-Fassina (chapitre 7) rappelle que les travaux du Créapt - ceux par exemple qui portent sur le rôle des anciens dans la fiabilité des systèmes de production, ou sur les transmissions de savoirs entre
 
générations - sintègrent dans tout un développement des recherches ergonomiques sur les composan-tes collectives de lactivité, en particulier celles qui distinguent les gestions « verticales » et « ho-rizontales » de celle-ci. Elle in-siste sur les préoccupations mé-thodologiques que les études du Créapt, comme toute recherche sur lactivité collective, ont dû intégrer. Elle propose une ré-flexion sur les termes utilisés pour caractériser cette activité collective, et sur les différentes fonctions que celle-ci assure. Elle se demande enfin si les évolutions actuelles de lorganisation du travail ne vont pas restreindre lespace des régulations collecti-ves. Les chapitres 8 à 10 sont consa-crés à dautres interventions de « discutants », auxquels nétait pas assigné un angle dattaque particulier (santé, apprentissages, collectif), mais qui avaient mission de situer plus largement les travaux du Créapt dans diffé-rents univers : celui de la recher-che en ergonomie et de ses évolu-tions (C. Teiger, chapitre 8), celui des connaissances et pratiques de prévention en santé au travail (Y. Roquelaure, chapitre 9), et celui des politiques sociales (M. El-baum, chapitre 10). Catherine Teiger évoque les étu-des des années 1960 ou 1970 qui attiraient lattention sur les âges limites dans certaines situations de travail et proposaient des ex-plications à ce modelage démo-graphique. Elle restitue la genèse dune distinction entre un vieillis-sement « produit » par le travail, et un vieillissement « naturel » qui modifie le rapport à certaines contraintes. Elle porte un juge-ment positif sur les composantes interdisciplinaires dans les re-cherches du Créapt, et sur les approches couplées entre déclin des fonctions et construction dexpérience, mais elle souhaite que soient explicitées les postures des chercheurs dans leur interven-tion en entreprises. Ce serait nécessaire en particulier pour repérer le « coût » des stratégies et des apprentissages. Par ailleurs, à linstar dY. Quéinnec, elle sou-ligne lintérêt quil y aurait à faire une large place aux analyses sexuées et aux éléments de la vie hors travail.
Yves Roquelaure interroge lapport des recherches du Créapt pour les politiques de prévention, en se centrant sur lexemple des troubles musculo-squelettiques, dont il rappelle dabord lampleur, usuellement sous-estimée, et le fort lien avec lâge (pour les douleurs de lépaule, notamment)  alors que les expo-sitions aux risques demeurent élevées chez les âgés, et que les aménagements de postes sont rares. Cest pourquoi il regrette que le Créapt prête une attention insuffisante à la chronicité des pathologies. Plusieurs acquis, en revanche, lui semblent précieux : la réflexion sur les « ressources » de lexpérience, lattention portée aux effets différés des contraintes de travail, et linterrogation sur les marges de manuvre dé-ployées ou restreintes par lorganisation. Mais lappro-priation de ces connaissances, dans les entreprises et dans les politiques publiques de santé au travail, reste à développer. Selon Mireille Elbaum, des pro-grès méthodologiques seraient nécessaires : la prise en compte du chômage et des mobilités dans lanalyse des relations san -té/travail ; le couplage de divers niveaux de lecture de la santé ; linterrogation sur les limites des informations recueillies par les médecins du travail ; lextension des secteurs étudiés. Elle propose ensuite une réflexion sur les com-portements en fin de vie active. Des dispositifs financiers suffi-raient-ils pour façonner lévo-lution de ces comportements ? Les travaux du Créapt fournissent ici de sérieux contre-arguments, mais la question de « lhorizon » réglementaire mérite quon lexamine, à condition de réflé-chir à des modulations selon la pénibilité du travail. Elle insiste enfin sur les inégalités sociales de santé, fortes après 40 ans : le travail doit être interrogé, comme facteur différencié de risque, et dans sa capacité à accueillir des personnes dont la santé est défi-ciente. Comme pour les séminaires pré-cédents, les réactions des partici-pants aux diverses interventions sont également restituées, de façon condensée, dans ce rapport.
Sommaire
Chapitre 1 ÉVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUES,EVOLUTIONS DU TRAVAIL:UN CONTEXTE DE RECHERCHE Serge Volkoff,directeur du Créapt/CEE.........7 ....................................................................
Chapitre 2 LDE L AGE ET DU TRAVAILES APPROCHES DE LA SANTE AU FIL  Anne-Françoise Molinié,statisticienne au Créapt/CEE, Valérie Pueyo,maître de conférence Lyon II, ergonome au Créapt/CEE 25.............................................................
Chapitre 3 DISCUTANT(VOLET«SANTE») : Yvon Quéinnec,professeur émérite d’ergonomie 75...........
Chapitre 4 APPRENTISSAGES ET AGES Catherine Delgoulet,maître de conférence en ergonomie à Paris et chercheuse au Créapt, Corinne Gaudart,ergonome au Créapt, CNRS-CEE..................................... 76
Chapitre 5 DISCUTANTE(VOLET«APPRENTISSAGES») : Marianne Lacomblez,professeur de psychologie du travail, Université de Porto (Portugal)....9. 1............................................
Chapitre 6 COLLECTIFS ET AGES Dominique Cau-Bareille,maître de conférence en ergonomie à l’IETL-Lyon II, chercheuse au Créapt............................9. 9..........................................................................
Chapitre 7 DISCUTANTE(VOLET«COLLECTIFS») : Annie Weill-Fassina,maître de conférence à l’EPHE..................................................................................................133 ........................
Chapitre 8 DISCTUTANTE(ENSEMBLE DU SEMINAIRE) : Catherine Teiger,ergonome au laboratoire d’ergonomie du Cnam......................................................................................................153 
Chapitre 9 DISCUTANT(ENSEMBLE DU SEMINAIRE) : Yves Roquelaure,praticien hospitalier, responsable du Laboratoire d’ergonomie et de santé au travail, Université d’Angers.....175
Chapitre 10 DISCUTANTE(ENSEMBLE DU SEMINAIRE) : Mireille Elbaum,économiste, directrice de la Drees, ministère de la Santé et des Solidarités.............................................1.........93 
Chapitre 1
 
ÉVOLUTIONS DÉMOGRAPHIQUES, ÉVOLUTIONS DU TRAVAIL : UN CONTEXTE DE RECHERCHE
Serge VOLKOFF, directeur du Créapt/CEE 
INTRODUCTION D ANNE-FRANÇOISE MOLINIÉ
Cela fait plusieurs années que nous organisons un séminaire « Vieillissement et Travail ». Cette année nous avons choisi de le centrer sur les recherches de notre propre équipe. Le Créapt a quinze ans dexistence à présent, et nous voulions prendre un peu de recul sur nos travaux pendant cette période, lévolution des questions que nous nous posons, les connaissances que nous avons produi-tes, leurs apports, leurs limites ou les domaines que nous avons peu explorés - ne serait-ce quen raison de la petite taille de léquipe - les pistes à approfondir. Notre groupement scientifique, qui associe des partenaires divers (pouvoirs publics, universités, laboratoires de recherche, entreprises), devrait être prolongé en fin 2006, et ce sera loccasion dinfléchir nos orientations de recherche. Dans ce séminaire nous évoquerons dabord  ce sera lobjet de lintervention de Serge Volkoff ce matin - le contexte dans lequel ces recherches se sont déroulées. Le travail change, la population au travail également. Les demandes de recherche qui nous sont adressées, et notre propre approche de ces questions, ont évolué en lien avec ce contexte. Pour la suite du séminaire nous adopterons un découpage thématique, pour proposer une lecture transversale de nos travaux. Trois entrées ont été retenues :
 les relations entre âge, santé et travail (cet après-midi) ; nous y aborderons entre autres la -question des liens entre approches quantitatives et qualitatives, puisque cest spéciale-ment dans ce domaine que ces questions de méthode ont été soulevées ; - éléments concernant le travail collectif et sa prise en compte dans nos études (demainles matin) ; cest une préoccupation dont la place sest avérée grandissante pour nous au fil du temps ; - les questions de lapprentissage, à divers âges et dans diverses situations (demain après-midi). Sur chacune de ces thématiques, un ou deux dentre nous allons présenter une lecture des recher-ches réalisées, et une réflexion sur lévolution de cet objet détude. Ce rôle sera assumé successi-vement par Valérie Pueyo et moi-même (sur la santé), Dominique Cau-Bareille (sur le collectif), Corinne Gaudart et Cathy Delgoulet (sur lapprentissage). À chaque fois nous demanderons à un discutant, un chercheur extérieur au Créapt, de donner son point de vue sur la portée ou les limites de nos travaux sur cet axe. Cest ce que feront Yvon Quéinnec, Annie Weill-Fassina et Marianne Lacomblez, chacun sur un des trois thèmes. Enfin, lors de la dernière demi-journée (mercredi matin), trois intervenants auront pour mission de situer plus largement ces recherches dans différents univers : celui de la recherche en ergonomie et de ses évolutions (Catherine Teiger), celui des connaissances et pratiques de prévention en santé au travail (Yves Roquelaure), et celui des politiques sociales (Mireille Elbaum).
SERGE VOLKOFF
Rapport de recherche du centre d’études d e l’emploi
Comme la indiqué Anne-Françoise, je dois dans cet exposé fournir des éléments sur le contexte dans lequel nos recherches sur lâge et le travail prenaient place, et sur lévolution de ce contexte, dans deux domaines : les changements démographiques, dans les pays industrialisés et en France en particulier, et les changements du travail  je mexpliquerai sur le contenu de ce deuxième aspect. Je voudrais dabord préciser en quoi cette présentation devra sécarter un peu des règles académi-ques. Dans une communication scientifique en sciences humaines il est dusage de montrer la perti-nence sociale de la question étudiée, puis danalyser la littérature scientifique pour en explorer les lacunes, détablir sur cette base un objectif de recherche, et des méthodes, et daboutir si tout se passe bien à des résultats intéressants, qui viennent à leur tour alimenter la littérature. En ergono-mie, cette structure générale comporte en principe deux compléments : dune part le « contexte so-cial » est relayé par des demandes effectives, qui sont elles-mêmes objet danalyse ; dautre part les résultats, toujours si tout se passe bien, peuvent influencer le contexte et les demandes à venir. En pratique le déroulement est évidemment plus compliqué : le contexte et les demandes sarticulent, résultats et méthodes interagissent, lobjectif de recherche sinfléchit en cours de route, y compris sous leffet des composantes collectives de lactivitéde recherche, importantes dans une équipe comme la nôtre. Je ne traiterai ici que dune partie de ces enchaînements : en quoi le contexte social, via parfois (mais pas toujours) les demandes qui nous étaient adressées, influence les questions de recherche sur les relations âge/travail. Jexaminerai sous cet angle les « évolutions » de ce contexte, avec des guillemets à « évolutions » puisquune partie dentre elles, on le verra, sont en réalité des non-variations, des stabilités constatées : une partie de la réalité aujourdhui est voisine de celle qui pré-valait quand le Créapt sest créé il y a quinze ans. Sur les évolutions démographiques je serai assez descriptif, en pointant seulement quelques interro-gations pour la recherche. Puis jaborderai les évolutions du travail, en les reliant à la démographie, et en précisant alors davantage les questions scientifiques que cela semble soulever. Dans la première partie consacrée àla démographie de la population en emploi, je voudrais analy-ser quatre facteurs à prendre en compte : les tendances démographiques densemble ; les dispositifs institutionnels et leurs usages (en matière de fin de vie active notamment) ; les attitudes des em-ployeurs vis-à-vis des salariés de divers âges ; et les aspirations et comportements des salariés de ces divers âges en matière demploi (dâge de départ notamment). Lestendances démographiques densemble été caractérisées par trois phénomènes princi- ont paux : a) uneélévation de la proportion de quadragénaires et quinquagénairesdans la population active ; les graphiques ci-dessous, présentant des résultats de recensements de la population en France, montrent quen 1962 on pouvait parler de « pyramide » dâge. En 1999 et a fortiori au-jourdhui, cest plutôt une sorte de toupie, qui évolue vers un champignon, avec le changement dâge des nombreux baby-boomers, disons les natifs de la période 1945-1970. Seuls les pays en voie de développement, de nos jours, ont une vraie « pyramide », parce quils ont une natalité et une mortalité élevées : beaucoup de naissances, peu de personnes âgées. Dans nos pays la pyramide sest redressée. A lintérieur de cette transformation, une autre est apparue et concerne plus spécia-lement la population active (les parties claires du diagramme) : les taux dactivité à chaque âge ont évolué, avec surtout une élévation de lemploi salarié chez les femmes ; et par ailleurs, la structure des âges de la population active sest resserrée : au recensement de 1999 la quasi-totalité de la po-
8
Rapport de recherche du centre d’études d e l’emploi
pulation active est concentrée entre 25 et 55 ans, avec des entrées plus tardives et des départs plus précoces que trente ans avant.
Population totale et population active
85 ans et plus197585 ans et plus 80 -84 ans 1962577- 9na8s 08- 47-57s9 ansan 70-74 ans 70-74 ans 65-69 ans 65-69 ans 6505--6594  aannssHOMMESFEMMES55-59 ans 60-64 ansMESFEMMES HOM 50-54 ans 50-54 ans 45-49 ans 45-49 ans 40-44 ans 40-44 ans 35-39 ans 35-39 ans 30-34 ans 30-34 ans 25-29 ans 25-29 ans 20-24 ans 20-24 ans 15-19 ans 15-19 ans 10-14 ans 10-14 ans 5-9 ans 5-9 ans 0-4 ans 0-4 ans -2500 -2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000 2500 -2500 -2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000 2500 19901999 85 ans et plus 85 ans et plus 80 -84 ans 80 à 84 ans HOMMESFEMMES 75-79 ans 75 à 79 ans 70-74 ans 70 à 74 ans 65-69 ans 65 à 69 ans 6505--6549  aannssHOMMESFEMMES60 à 64 ans 50-54 ans 55 à 59 ans 45-49 ans 50 à 54 ans 40-44 ans 45 à 49 ans 35-39 ans 40 à 44 ans 30-34 ans 35 à 39 ans 25-29 ans 30 à 34 ans  20-24 ans 25 à 29 ans 15-19 ans 20 à 24 ans 10-14 ans 15 à 19 ans 5-9 ans 10 à 14 ans 0-4 ans 5 à 9 ans -2500 -2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000 2500 0 à 4 ans -2 500 -2 000 -1 500 -1 000 -500 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500
SourceA.F.Molinié,daprès6 recensementsdelapopulation
Ces tendances  et les mouvements plus récents  ont pour conséquence que, quoi quil advienne du côté des cessations dactivité, la proportion de salariés âgés est appelée à augmenter, au moins jus-que vers 2020 ou 2025. On retrouve la trace de ces phénomènes dans nos études en entreprises. Le graphique ci-dessousutilise ici une représentation en diagramme triangulaire, que nous préconisons souvent parce quelle rend compte de manière synthétique de plusieurs aspects dune même struc-ture dâge.
Scénarios dévolution démographique 1995-2000
<35ans
30%
25%
20%
15%
10%
5%
D.
CL.
SA. 0% 0% 5% 10% 15%
LE M.
20% 25% 30% 35% 40% 45% 50% 55% >50ans
Dans les établissements illustrés ici, la longueur des flèches correspondant à des scénarios dévolution montre lampleur des déformations possibles de cette structure, à distance de quelques années. En même temps, donc, que les équilibres entre âges se modifient progressivement au plan
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