Appelez moi Olga.
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Description

Postée devant mon ordinateur, je me demandais comment je pourrais bien commencer ce bouquin. Un livre promis… Je devais raconter ses rencontres, ses emmerdes, ses joies, ses peines, ce gros bordel qu’est la vie, d’une manière organisée et compréhensible pour tous… Gros challenge qu’on s’était donné ce jour là, sans vraiment se rendre compte de la difficulté de l’épreuve… J’ai rencontré Prospérine au cours préparatoire. Nous n’étions alors que deux fillettes innocentes. Je me souviens de la première fois que je l’ai vu: elle était assise, là, sous le préau, seule, essayant de cacher comme elle pouvait, le trou qu’elle venait de faire dans son pantalon. Je suis alors allé vers elle pour me présenter. « Salut, je m’appelle Josépha. Tu veux être ma copine? - … - Tu t’appelles comment? » Mais elle ne répondait pas. Je me souviens m’être assise à coté d’elle et de l’avoir vu esquisser un sourire. Je suis alors partit dans un de mes longs monologues habituels, lui expliquant que moi aussi, je faisait toujours des trous dans mes pantalons, jupes et collants mais que je trouvais ça plutôt cool; que ma cousine, qui avait presque dix ans de plus, écoutait de la musique cool avec des gars qui portaient des jeans troués et des bandanas… Après cette rencontre, nous nous sommes jamais séparés. Nous arrivions le matin à l’école, main dans la main et nous en ressortions pareil. Elle était une petite fille à la tête ronde.

Informations

Publié par
Publié le 13 janvier 2013
Nombre de lectures 68
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Postée devant mon ordinateur, je me demandais comment je pourrais bien commencer ce bouquin.
Un livre promis…
Je devais raconter ses rencontres, ses emmerdes, ses joies, ses peines, ce gros bordel qu’est la vie,
d’une manière organisée et compréhensible pour tous… Gros challenge qu’on s’était donné ce jour là,
sans vraiment se rendre compte de la difficulté de l’épreuve…
J’ai rencontré Prospérine au cours préparatoire. Nous n’étions alors que deux fillettes innocentes.
Je me souviens de la première fois que je l’ai vu: elle était assise, là, sous le préau, seule, essayant de
cacher comme elle pouvait, le trou qu’elle venait de faire dans son pantalon. Je suis alors allé vers elle
pour me présenter.
« Salut, je m’appelle Josépha. Tu veux être ma copine?
- …
- Tu t’appelles comment? »
Mais elle ne répondait pas. Je me souviens m’être assise à coté d’elle et de l’avoir vu esquisser un
sourire. Je suis alors partit dans un de mes longs monologues habituels, lui expliquant que moi aussi, je
faisait toujours des trous dans mes pantalons, jupes et collants mais que je trouvais ça plutôt cool; que
ma cousine, qui avait presque dix ans de plus, écoutait de la musique cool avec des gars qui portaient
des jeans troués et des bandanas…
Après cette rencontre, nous nous sommes jamais séparés. Nous arrivions le matin à l’école, main dans
la main et nous en ressortions pareil.
Elle était une petite fille à la tête ronde. J’appris bien plus tard, que dans sa famille, on l’appelait la
bille de clown. C’est vrai que son visage n’était pas commun pour une fillette. Elle n’avait aucune
grâce: de grands yeux noirs, a la limite du globuleux, des yeux si grands que ses paupières en étaient
devenus inexistantes; un nez imposant, large et épais avec deux grosses narines en forme de haricots
dans lesquelles j’aurais presque pu être aspirer, puis, deux petits traits rosés superposé, plutôt bien
dessinés, lui servaient de lèvres. Quand à ses cheveux, la couleur en était indéterminée -tantôt châtain,
tantôt blonde- et les bouclettes de ses premières années avaient laissées place a des cheveux aussi raide
qu’un tuteur en bois. Elle avait le visage drôle mais le regard triste et lointain.
Je ne l’ai pas connu avant. Il parait qu’elle était une enfant joyeuse, dotée d’un grand sens de l’humour
et bavarde comme pas deux avant que son grand père la quitte. C’est à ce moment là qu’elle avait pris
conscience de ce qu’était la mort et de ce que cela engendrait… elle était entré à coup de pied dans le
cul dans la réalité, et cette dernière ne lui plaisait pas. Pourtant, la mort, elle était née dedans. Avant
même qu’elle n’ait été conçue, un de ces oncles maternelles mourraient dans des circonstances cruels,
retrouvé seul, sans vie, un matin d’hiver glacial, sur le trottoir enneigé qui entourait sa maison.
Officiellement mort d’une crise d’épilepsie après une soirée entre amis…
Quelques années plus tard, et seulement quelques mois après la naissance de Prospérine, c’était au tour
d’un autre de ses oncles maternelles Loïc, alors âgé de seize ans, désigné parrain, qui trouva la mort au
bout d’une arme à feu.
Ce jour là, il était partit avec son ami Rocco a la fête foraine. Avant de rentrer, ce dernier proposa de lui
montrer le nouveau fusil de chasse de son oncle. Rocco sortit l’engin, ignorant encore qu’il était
chargé…
Elle n’avait alors comme souvenirs que des photos sur lesquelles il paraissait être un ange, des vidéos
sur lesquelles il la portait, heureux et fière, ne se doutant pas du futur, et de nombreux récits de sa mère
et de sa grand-mère le concernant…
Puis son grand-père tomba malade. Victime de ses excès.
La maladie fit de cet homme fort et effrayant avec qui elle aimait passé du temps, un type faible et plein
de regrets, pour qui elle avait de la peine.
Elle se souvenait du temps ou il lui apprenait à se servir d’une scie et d’un marteau, l’époque ou il lui
apprenait à jouer honnêtement aux petits chevaux, pendant que lui-même trichait face à la gamine de
six ans qu’elle était tant il n’aimait pas perdre, le temps, où, assis sur la marche de l’entrée, il fumait ses
cigarettes, roulait son ruban adhésif entre ses doigts vieillis et grognait contre n’importe qui…
Maintenant, il n’était plus qu’un papy affaiblit et édenté…
Un jour, alors qu’il faisait beau et bon, ça devait être un mercredi puisque Prospérine et ses sœurs
étaient gardées chez leur voisine, à moins que ce ne fut les vacances d’été…un jour, alors que le vie
suivait son chemin, son père est arrivé les yeux humides. Le plus surprenant n’était pas les yeux
mouillés de son père mais le fait qu’il ne soit pas au travail en pleine journée. Elle se demandait bien ce
qu’il pouvait se passer… c’est alors qu’il s’est agenouillé et la voix pleine de sanglots a réussi à lacher
un « vous n’avez plus de papy » rapide, avant de tomber en larmes. Elle a toujours pensé que son père ne pleurait pas pour la mort de son grand-père mais parce qu’il était
difficile pour lui de dire ces choses là à ses fillettes, ne sachant pas comment elles réagiraient.
Et puis c’est tout. Prospérine n’avait pas pensé à dire au revoir à son papy et n’en aura plus jamais
l’occasion. Elle ne le reverrait plus jamais et devra vivre avec le vide qu’il avait laissé avec la mort.
A partir de ce jour là, Prospérine se mit à croire qu’ils étaient tous les trois au dessus de sa tête. Elle
leur parlait, leur écrivait, leur posait des questions sur l’existence, et tentait d’être une fille bien pour
leur montrer a quel point ils pouvaient être fières d’elle, qu’elle prenait la relève, qu’elle aussi, elle
laisserait une image d’ange derrière elle le jour ou son heure viendra…
Mais bien des années plus tard, alors qu’elle devenait adolescente, elle apprit que ses défunts n’étaient
pas aussi sages qu’on lui avait laisser croire. Seul Loïc restait cet ange imperturbable.
Son oncle avait été un cancre, cherchant souvent la bagarre, un jeune normal en somme, mais qu’on
avait voulu protéger d’une image de loubard… Quand à son grand père, il avait été violent et
alcoolique pratiquement toute sa vie, avant que la maladie arrive. Il avait frappé, trompé, violé, battu,
menacé et n’avait pas rendu heureuse comme il se doit cette belle femme, forte et résistante qu’était sa
grand-mère.
Prospérine, quand je l’ai connue, elle était pratiquement muette. Elle parlait plus à ses fantômes qu’à
moi. Mais cela n’a pas du me déranger. J’aimais parler à sa place.
A l’école, elle n’a jamais eu trop d’amis. Elle était plutôt la risée; Mais avec l’habitude et ses anges,
elle a su passer outre les moqueries et est restée seule jusqu’au lycée.
Ses parents, malgré les passages difficiles, réussirent à lui donner une bonne éducation. Elle ne manqua
jamais de rien, et surtout pas d’amour.
Son père, au départ petit ingénieur dans une usine de composants électroniques, deviendra en plus
technico-commercial lorsqu’il sera muté à Paris en 1997. D’une nature sensible et dévouée, il fera
toujours aux mieux pour ses trois filles, faisant le nécessaire pour qu’elles soient toujours heureuses,
peu importe le chemin qu’elles prendraient…
Sa mère, quand à elle, moins chanceuse dans sa vie de femme, enchainera les petits boulots toute sa
vie. Elle fut caissière pendant près de vingt ans, passa quelques années à garer des voitures neuves sur
un parc automobile, puis finira par être peintre pistoleteur dans une boite de sous-traitance pour airbus.
Elle faisait régner l’ordre à la maison et enseignait les règles fondamentales du savoir vivre.
Mais déjà à cette époque là, Prospérine sentait bien qu’il se passait quelque chose autours d’elle.
Elle voyait bien que les gens n’avaient pas la même attitude avec elle et ave

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