Approches du catholicisme républicain dans la France de l entre-deux-guerres - article ; n°1 ; vol.13, pg 46-66
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Mil neuf cent - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 46-66
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 28
Langue Français
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Extrait

Yves Palau
Approches du catholicisme républicain dans la France de
l'entre-deux-guerres
In: Mil neuf cent, N°13, 1995. pp. 46-66.
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Palau Yves. Approches du catholicisme républicain dans la France de l'entre-deux-guerres. In: Mil neuf cent, N°13, 1995. pp.
46-66.
doi : 10.3406/mcm.1995.1131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_1146-1225_1995_num_13_1_1131du catholicisme Approches
républicain dans la France
de Ventre-deux-guerres
YVES PALAU
L'étude des fondements théoriques des courants catholiques
dans la France de l'entre-deux-guerres s'est souvent concentrée
sur deux pôles d'une importance quantitative d'ailleurs inégale :
celui des catholiques membres ou proches de l'Action française
et celui fédérant le groupe peu fourni mais néanmoins très
«médiatique» des «personnalistes*. Le premier, composé des
opposants à la démocratie assimilée au système parlementaire
de la IIP République, est le plus connu. Du général de Castelnau,
président de la Fédération nationale catholique, à Charles
Maurras en passant par certaines petites revues « non confor
mistes » des années trente \ on dispose d'un éventail complet
des positions hostiles au système démocratique. Mais ce premier
courant est lui-même complété par une forme plus moderne,
et surtout plus ambiguë, de contestation du système parlement
aire regroupé sous le terme générique de « personnalisme » et
qui oscille entre une critique des dysfonctionnements du libé
ralisme au nom des valeurs démocratiques et le rejet de l'un
et des autres au nom de la « nécessaire » instauration d'un
régime garantissant « la liberté spirituelle » 2. Ce second courant
1. Notamment la Revue universelle dont J. Maritain est le co
directeur, Réaction, la Revue du Siècle. L'expression с non-
conformiste > est empruntée à J.-L. Loubet del Bayle, Les
conformistes des années trente. Une tentative de renouvellement
de la pensée politique française, Paris, Le Seuil, 1969.
2. E. Mounier, « Manifeste au service du personnalisme »
(1936), in : Œuvres de Mounier, t. 1 (1931-1939), Paris, Seuil,
1961, p. 532.
46 incarné par des catholiques regroupés autour d'Esprit et est
d'Ordre Nouveau ou isolés, mais bénéficiant d'une certaine
notoriété, comme Jacques Maritain qui, après la condamnation
de l'Action française, s'en rapproche 3.
Entre ces deux pôles se dispersent de nombreux catholiques
qui ne se reconnaissent en aucun d'entre eux. Ainsi en est-il
des membres du Parti démocrate populaire, de l'Association
catholique de la jeunesse française, des Semaines Sociales, de
la Confédération française des travailleurs chrétiens, des colla
borateurs et des lecteurs de Politique \ des Cahiers de la Nouv
elle Journée5 qui représentent la Démocratie chrétienne et
l'aile du catholicisme social soutenant les institutions républi
caines — et que nous appellerons le catholicisme républicain.
Ils sont souvent caractérisés par leurs prises de position cent
ristes, en fonction de la division droite-gauche, ou en négatif
en ce qu'ils ne sont ni maurrassiens ni « non-conformistes ».
Rarement par une pensée doctrinalement structurée e. Or, ce qui
3. J. Maritain est un bon exemple des passerelles qui peuvent
exister entre les adversaires de la démocratie libérale ; ce qui
rend difficile de distinguer les différents types de critiques adres
sées à la démocratie. L'évolution ultérieure de la revue de
Mounier dans le combat contre les totalitarismes, les engage
ments de la revue dans les années de l'après-guerre fondirent
l'anti-parlementarisme originel de la revue dans un « esprit des
années trente» suffisamment général pour que ses fondements
théoriques soient peu étudiés. Ceux-ci éclairent pourtant davan
tage une certaine ambiguïté actuelle de la hiérarchie catholique
à l'égard de la démocratie que les thèses des mouvements les
plus réactionnaires des années trente aujourd'hui marginalisés.
4. Politique est un mensuel dirigé par M. Prélot et C. Flory.
La revue, fondée en 1927, ne dépassera pas les 1 500 exemplaires,
mais elle regroupe de nombreux responsables de l'ACJF et des
Semaines Sociales, des militants politiques membres du PDP et
des individualités telles M. Blondel, H. Beuve-Méry, W. d'Ormes-
son, P. Archambault, enfin des exilés italiens tels L. Sturzo et
D. Russo. Voir Y. Palau, Contribution à l'étude du catholicisme
social : le cas de la revue Politique, Paris, Institut d'études politi
ques, cycle supérieur d'études politiques, 1994, 2 t., thèse.
5. Les Cahiers de la Nouvelle Journée prennent la suite de la
Nouvelle Journée, revue fondée en 1914 par Paul Archambault.
Sur cette revue ainsi que sur la vie et l'œuvre d'Archambault,
voir D. Daubioul, Paul Archambault et les Cahiers de la Nouvelle
Journée, Lille, Ed. Prat-Europa, et Idem, Un personnaliste oublié.
Paul Archambault, Université de Lille II, 1992, mémoire de DEA
d'Etudes politiques.
6. Tout à fait représentatif, à cet égard, J.-C. Delbreil, Cen
trisme et Démocratie Chrétienne en France. Le Parti Démocrate
Populaire des origines au MRP 1919-1944, Paris, Publications de
la Sorbonně, 1990. L'ouvrage fournit une description particuli
èrement détaillée et précise des comportements politiques de ces
47 se joue parmi ces catholiques est rien moins que la constitution
d'un véritable courant de pensée autour de Paul Archambault,
Georges Bidault, Charles Flory, Marcel Prélot, Henri-Irénée
Marrou et Paul Vignaux qui aura pour principal inspirateur,
sinon pour maître, Maurice Blondel. Suivre l'itinéraire de ces
catholiques revient finalement à tenter de comprendre comment
une génération a pu, tout en restant fidèle à un catholicisme
exigeant et conséquent — en ce sens « intégral », c'est-à-dire
opposé à la distinction radicale entre société et religion —
considérer comme relevant de sa mission d'inciter ses coreli
gionnaires à adhérer aux valeurs républicaines mais aussi d'enri
chir, à son tour, la tradition républicaine de telle sorte que
ces catholiques se confondront souvent avec elle après la Seconde
Guerre mondiale.
Certes, il est toujours possible d'expliquer les positions des
catholiques républicains par un ultra-montanisme, à défaut d'une
approche plus fine. Fidèles au pape, ces catholiques obéiraient
simplement à la politique du Ralliement exposée dès 1892 par
Léon XIII. Il est également possible de voir dans ce courant
le résultat de la lente maturation d'une génération qui, parvenue
à l'âge adulte, considérerait nécessaire ou habile d'émousser
les positions les plus révolutionnaires et les plus extrémistes.
Cette évolution peut aussi s'expliquer par une modification du
paysage politique national rendant possible après la Première
Guerre mondiale la réintégration des catholiques au sein de
la République.
Ces trois explications recèlent une part non négligeable de
vérité, mais elles sont insuffisantes pour appréhender le phéno
mène dans toute son ampleur. D'une part, la fraternité des
tranchées, si elle a pu réconcilier les Français sur le moment,
n'a pas vraiment consolidé les assises idéologiques de la Répub
lique. D'autre part, si ces catholiques s'étaient contentés de
suivre les directives pontificales, s'étaient ralliés à la démocratie
comme fait, à la République comme institution au nom d'un
nécessaire compromis à passer avec la modernité pour mieux
diffuser un message resté pour l'essentiel traditionaliste, pour
mieux préparer un ordre social chrétien à reconstruire, bref si
ce choix était purement tactique, il serait le fait d'individus
catholiques, mais sans réellement fournir de clés d'explication ni
aborder de front les options théologiques ou philosophiques des
personnalités les plus éminentes.
48 dénués de tout sens politique. L'observateur est en effet frappé
par ce constat : celui d'un petit groupe

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