Art et politique - article ; n°2 ; vol.17, pg 213-248
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1976 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 213-248
Gérard Abensour, Art and politics. Tour of the Meyerhold Theatre in Paris in 1930.
On basis of articles and critical reviews published at the time in French, German and Russian newspapers, the author endeavours to revive the atmosphere of the Meyerhold Theatre in Paris in 1930. After a stormy tour in Germany foreshadowed by its established reputation as iconoclast and revolutionary, this Theatre presents disconcerting versions of two classical works of the Russian repertory: The Revizor of Gogol's and The Forest of Ostrovskij 's. Whilst in Moscow starts for Meyerhold an era of friction with a bureaucracy that does not acknowledge him as corresponding to its image, he hopes to achieve a brilliant success in Paris with the vanguard public. Unfortunately and in spite of the interest of Gaston Baty, Louis Jouvet and Charles Dullin, his much too personal conception of a popular theatre will not arouse immediate response. It is only in the post-war period that the ideas of Meyerhold will penetrate in the theory and practice of the French theatre.
Gérard Abensour, Art et politique. La tournée du Théâtre Meyerhold à Paris en 1930.
A l'aide d'articles et de critiques publiés à l'époque dans les journaux français, allemands et russes, l'auteur s'efforce de reconstituer l'atmosphère dans laquelle s'est déroulée la tournée du Théâtre Meyerhold à Paris en 1930. Après une tournée houleuse en Allemagne, précédé par une réputation établie d'iconoclaste et de révolutionnaire, ce Théâtre présente des versions déconcertantes de deux œuvres classiques du répertoire russe : Le revizor de Gogol' et La forêt d'Ostrovskij . Tandis que les difficultés commencent pour lui à Moscou avec une bureaucratie qui ne se reconnaît pas en lui, Meyerhold aspire à un succès éclatant à Paris auprès d'un public d'avant-garde. Malheureusement, malgré l'intérêt qu'il éveille auprès de Gaston Baty, Louis Jouvet ou Charles Dullin, sa conception très personnelle d'un théâtre « populaire » n'aura pas de résonance immédiate. Il faudra attendre la période d'après-guerre pour voir les idées de Meyerhold se frayer un chemin dans la théorie et la pratique du théâtre en France.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Gérard Abensour
Art et politique
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 17 N°2-3. pp. 213-248.
Citer ce document / Cite this document :
Abensour Gérard. Art et politique. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 17 N°2-3. pp. 213-248.
doi : 10.3406/cmr.1976.1263
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1976_num_17_2_1263Abstract
Gérard Abensour, Art and politics. Tour of the Meyerhold Theatre in Paris in 1930.
On basis of articles and critical reviews published at the time in French, German and Russian
newspapers, the author endeavours to revive the atmosphere of the Meyerhold Theatre in Paris in
1930. After a stormy tour in Germany foreshadowed by its established reputation as iconoclast and
revolutionary, this Theatre presents disconcerting versions of two classical works of the Russian
repertory: The Revizor of Gogol's and The Forest of Ostrovskij 's. Whilst in Moscow starts for Meyerhold
an era of friction with a bureaucracy that does not acknowledge him as corresponding to its image, he
hopes to achieve a brilliant success in Paris with the vanguard public. Unfortunately and in spite of the
interest of Gaston Baty, Louis Jouvet and Charles Dullin, his much too personal conception of a
"popular" theatre will not arouse immediate response. It is only in the post-war period that the ideas of
Meyerhold will penetrate in the theory and practice of the French theatre.
Résumé
Gérard Abensour, Art et politique. La tournée du Théâtre Meyerhold à Paris en 1930.
A l'aide d'articles et de critiques publiés à l'époque dans les journaux français, allemands et russes,
l'auteur s'efforce de reconstituer l'atmosphère dans laquelle s'est déroulée la tournée du Théâtre
Meyerhold à Paris en 1930. Après une tournée houleuse en Allemagne, précédé par une réputation
établie d'iconoclaste et de révolutionnaire, ce Théâtre présente des versions déconcertantes de deux
œuvres classiques du répertoire russe : Le revizor de Gogol' et La forêt d'Ostrovskij . Tandis que les
difficultés commencent pour lui à Moscou avec une bureaucratie qui ne se reconnaît pas en lui,
Meyerhold aspire à un succès éclatant à Paris auprès d'un public d'avant-garde. Malheureusement,
malgré l'intérêt qu'il éveille auprès de Gaston Baty, Louis Jouvet ou Charles Dullin, sa conception très
personnelle d'un théâtre « populaire » n'aura pas de résonance immédiate. Il faudra attendre la période
d'après-guerre pour voir les idées de Meyerhold se frayer un chemin dans la théorie et la pratique du
théâtre en France.GÉRARD ABENSOUR
ART ET POLITIQUE
La tournée du Théâtre Meyerhold
à Paris en 1930*
Lors de son premier séjour à Paris en 1913, toutes les conditions du
succès sont réunies pour Meyerhold ; invité par Ida Rubinstein pour
mettre en scène La Pisanelle ou la mort parfumée de Gabriele d'Annunzio,
il dispose de la scène du Châtelet, accueillante aux spectacles russes, pour
y déployer les fastes d'une troupe nombreuse, évoluant parmi les décors
rutilants de Bakst1. Le message à transmettre était sans ambiguïté :
Ida Rubinstein se donnait en spectacle au Tout-Paris à compte d'auteur.
Son talent de danseuse était servi par un auteur au diapason de la sensi
bilité du siècle nouveau, par un metteur en scène fougueux, un décorateur
en vogue. Il s'agit d'un grand spectacle baroque, d'une fête sans disso
nances, d'un de ces événements artistiques et mondains qui ont contribué
à faire du début de ce siècle la « Belle Epoque ».
Lorsque le même Meyerhold revient à Paris en 1930, la roue du temps
a tourné au point qu'on a l'impression que tout se ligue pour brouiller
une image dont Meyerhold seul était persuadé qu'elle était d'une netteté
parfaite.
Depuis 1921 est directeur d'un théâtre, chef d'une troupe ;
en 1923 il a été déclaré, au cours d'une séance solennelle au Théâtre
Bolchoï, « artiste émérite de la République ». Son prestige est au plus haut,
tant dans son pays qu'à l'étranger ; il est discuté, certes, mais comme on
discute tout novateur grandiose qui essaie d'introduire un nouveau
langage, un nouveau code de communication entre les œuvres et un
public en pleine mutation. En 1925 les décors du Théâtre Meyerhold
sont présentés à l'exposition des Arts décoratifs. Ils sont primés. Des
hommes de théâtre comme Diaghilev et Jouvet parlent de
avec chaleur. Un projet de tournée est envisagé.
Mais, et nous essayerons de savoir pourquoi, lorsque la tournée a
effectivement lieu, en juin 1930, le message ne passe pas, la communication
paraît entièrement brouillée. Le contraste est total avec le séjour de 1913.
La Russie est à la fois absente et présente : présente par les émigrés,
* L'auteur de cet article est redevable pour son aide à M. Alexandre Villiamovič
Fevral'skij (Moscou). Il n'aurait pu mener à bien ses recherches sans les ressources
et l'aide de la Bibliothèque de l'Arsenal (Paris).
Cahiers du Monde russe et soviétique, XVII (2-3), avr.-sept. 1976, pp. 213-248 GERARD ABENSOUR 214
seuls à comprendre le texte des pièces jouées par la troupe de Meyerhold,
mais opposés à la lecture qu'en fait l'homme de théâtre, tant pour des
raisons purement politiques (celui-ci est le metteur en scène bolchevik
par excellence) que pour des raisons artistiques. L'intelligentsia qui
s'exprime dans les journaux (comme le prince Serge Volkonskij) appart
ient à cette aile libérale que choque profondément Г avant-garde, celle de
l'Octobre théâtral au même titre que celle des surréalistes.
La Russie absente, c'est cette Russie bolchevique dont la France a
reconnu la réalité en octobre 1924, mais avec laquelle les rapports sont
empreints de méfiance, qu'on ne connaît plus, qui ne fait plus partie de la
communauté artistique européenne. Les spectateurs français, que le
Cartel amène peu à peu à la perception d'un nouveau langage théâtral,
sont encore réticents devant ces nouveautés et les excentricités de Meyer
hold leur apparaissaient soit comme une justification de leur appréhension,
soit comme une exagération russe ou bolchevique, qui, au fond, les laisse
indifférents. Les pièces jouées le sont en russe, ce qui ne contribue pas
à leur compréhension. Si Le revizor (Revizor) est connu, La forêt (Les),
en revanche, n'a jamais été jouée en France. Enfin, au lieu du vaste
plateau du Châtelet, le spectacle se déroule dans une petite salle inconnue,
ce Théâtre Montparnasse que vient d'acquérir Baty et qui doit être remo
delé en vue de la nouvelle saison théâtrale.
Cependant, pour Meyerhold cette tournée revêt une grande impor
tance. D'abord sur le plan personnel, car il est capital pour lui de retrouver
un milieu théâtral avec lequel il n'a pas le sentiment d'avoir rompu les
amarres ; ensuite sur le plan politique intérieur : les réactions d'un pays
« capitaliste » comme la France devraient lui permettre de redorer une
auréole révolutionnaire que certains lui contestent à Moscou.
Comme on peut le lire dans les journaux de l'époque : « Messieurs
F. Gémier, G. Baty, Ch. Dullin, G. Pitoeff et S. Ross présentent le théâtre
d'État de Moscou Meyerhold. »2 Et de fait la troupe de Meyerhold donnera
exactement onze représentations du 16 au 25 juin 1930, soit huit repré
sentations du Revizor et trois de La forêt3. La pièce de Crommelynck,
Le cocu magnifique, annoncée dans certains placards publicitaires et dont
l'annonce figure sur le programme, ne pourra être présentée, « le princi
pal interprète s'étant vu, dit-on, au dernier moment refuser ses passeports
diplomatiques»4. Ainsi donc la seule pièce de langue française, celle
dont la mise en scène illustre parfaitement la lecture constructiviste
opérée par Meyerhold, sera refusée au public parisien. Il'inskij, le grand
acteur comique qui incarnait d'une manière inimitable le rôle de Bruno,
explique dans ses souvenirs comment il a refusé de suivre la troupe à
Paris. Il en fait retomber la responsabilité sur Meyerhold qui n'aurait
pu obtenir de visa pour sa

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