Aspects de la structuration du texte descriptif : les marqueurs d énumération et de reformulation - article ; n°1 ; vol.81, pg 59-98
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Aspects de la structuration du texte descriptif : les marqueurs d'énumération et de reformulation - article ; n°1 ; vol.81, pg 59-98

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Description

Langue française - Année 1989 - Volume 81 - Numéro 1 - Pages 59-98
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 637
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Jean-Michel Adam
Françoise Revaz
Aspects de la structuration du texte descriptif : les marqueurs
d'énumération et de reformulation
In: Langue française. N°81, 1989. pp. 59-98.
Citer ce document / Cite this document :
Adam Jean-Michel, Revaz Françoise. Aspects de la structuration du texte descriptif : les marqueurs d'énumération et de
reformulation. In: Langue française. N°81, 1989. pp. 59-98.
doi : 10.3406/lfr.1989.4769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1989_num_81_1_4769Jean-Michel Adam Françoise Revaz
Université de Lausanne F.N.R.S. suisse
ASPECTS DE LA STRUCTURATION
DU TEXTE DESCRIPTIF :
LES MARQUEURS D'ÉNUMÉRATION
ET DE REFORMULATION
dis grossières. phrases tout « pas L'art le contraire.) de - de qui lecteur) » la fût prose sensiblement L'idée dans consisterait la que recherche n[ou]s non pour arbitraire. avons d'un mon du mode goût (La langage de (d'écrivain, description succession est des je étant plus des ne
Paul Valéry (Cahiers, t. 1, Pléiade, p. 304).
1. Pour une approche textuelle *
Les analyses actuelles des connecteurs s'inscrivent généralement dans
le cadre d'une linguistique locale, c'est-à-dire d'une syntaxe, d'une
sémantique et/ou d'une pragmatique des micro-enchaînements linguis
tiques. Or, dans la perspective d'une linguistique textuelle, nous postulons
qu'à l'autonomie relative de la langue comme système (plan « sémio-
tique » de la signifiance, selon Benveniste), il faut ajouter une surdéter
mination globale, liée certes à la mise en discours (plan « sémantique »
de Benveniste), mais aussi à la en texte et même à la mise en
séquences textuelles de types différents. En d'autres termes, dans ce der
nier cas qui retiendra seul notre attention, un connecteur comme ALORS,
par exemple, n'a pas la même fonction ni la même valeur dans une
séquence narrative que dans une séquence argumentative. Ainsi, dans ce
poème en prose de Baudelaire 2, les connecteurs et, mais et alors sou
lignent, avec la ponctuation (l'alinéa de paragraphe), le passage d'une
macro-proposition narrative à une autre :
(1) LE DÉSESPOIR DE LA VIEILLE
La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli
enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire; ce
1. Recherche financée par le Fonds National suisse de la Recherche Scientifique, requête n° 1340.0.86.
2. C'est nous qui soulignons, dans la suite de l'article également, sauf cas contraire alors signalé.
59 joli être si fragile comme elle, la petite vieille, et, comme elle aussi,
sans dents et sans cheveux.
Et elle s'approcha de lui, voulant lui faire des risettes et des mines
agréables.
Mais l'enfant épouvanté se débattait sous les caresses de la bonne
femme décrépite, et remplissait la maison de ses glapissements.
Alors la bonne vieille se retira dans sa solitude éternelle, et elle
pleurait dans un coin, se disant :
- Ah ! pour nous, malheureuses vieilles femelles, l'âge est passé de
plaire, même aux innocents : et nous faisons horreur aux petits enfants
que nous voulons aimer!
ALORS introduit ici une Résolution-Pn4 où « se retira » correspond symé
triquement au « s'approcha » de la Complication-Pn2, tandis que MAIS
introduit la macro-proposition narrative centrale de la séquence (Ré-
action-РпЗ). Le dernier et, quant à lui, souligne le passage de Pn4 à la
Situation Finale Pn5 où « elle pleurait » s'oppose à « se sentit toute réjouie ».
En revanche, dans les premières lignes du texte publicitaire (2), les
mêmes connecteurs introduisent cette fois des propositions argumenta-
tives :
(2) Les hommes aiment les femmes qui ont les mains douces. Vous le savez.
Mais vous savez aussi que vous faites la vaisselle. Alors ne renoncez
pas pour autant à votre charme, utilisez Mir rose. (...)
Comme le marquent la négation et le connecteur pour autant, alors
prend appui sur la conclusion implicite amenée par l'argument qui suit
MAIS : le fait de faire la vaisselle entraînant inéluctablement la perte du
charme et de toute possibilité de séduction.
Ces deux exemples, déjà analysés ailleurs par J.-M. Adam, prouvent
simplement qu'il est difficile d'ignorer à quel type de texte, ou plutôt de
mise en séquence, on a affaire. De notre attention systématique à la
séquentialité a découlé une recherche sur la description et, en particulier,
sur les connecteurs présents dans un corpus d'une soixantaine de des
criptions littéraires (essais, romans et journaux intimes, principalement
des XIXe et XXe siècles) et d'une soixantaine de descriptions non littéraires
(catalogues publicitaires, petites annonces et reportages journalistiques,
ouvrages scientifiques et guides touristiques).
1.1. Pourquoi la description?
La mise en séquence descriptive est spontanément discriminée par
les lecteurs au sein d'un ensemble d'un autre type. L'exemple classique
du lecteur de roman sautant allègrement les paragraphes descriptifs pour
retrouver le fil du récit prouve qu'une compétence textuelle spécifique
existe bien. C'est sur elle que nous nous sommes appuyés pour constituer
notre corpus. C'est elle encore qu'envisage Bakhtine lorsqu'il déclare
que :
60 apprenons à mouler notre parole dans les formes du genre et, Nous
entendant la parole d'autrui, nous savons d'emblée, aux tout premiers mots,
en pressentir le genre, en deviner le volume (la longueur approximative
d'un tout discursif), la structure compositionnelle donnée, en prévoir la fin,
autrement dit, dès le début, nous sommes sensibles au tout discursif qui,
ensuite, dans le processus de la parole, dévidera ses différenciations. Si les
genres du discours n'existaient pas et si nous n'en avions pas la maîtrise,
et qu'il nous faille les créer pour la première fois dans le processus de la
parole, qu'il nous faille construire chacun de nos énoncés, l'échange verbal
serait quasiment impossible (M. Bakhtine 1984 : 285).
Pour aborder linguistiquement ces « genres du discours » — pour
nous types de séquences textuelles — , la description est assurément un
exemple particulièrement intéressant. En effet, décrire, c'est passer de la
simultanéité de l'objet envisagé à la linéarité du discours. Or, la descrip
tion possède une structure hiérarchique non linéaire, en conflit, de ce
fait, d'autant plus net avec la contrainte de la linéarité linguistique.
La linéarisation la plus simple du descriptif consiste à énumérer les
parties et/ou les propriétés d'un tout sous la forme d'une simple liste, ce
qui constitue une sorte de degré zéro de la description :
(3) CHAISE-LONGUE, LIMONADE ET SABLE CHAUD
Douceur de l'air. Brise fruitée, presque sucrée. Ciel trop bleu, soleil
trop chaud. Volupté de la paresse, pour une fois autorisée. Parfum de
vraies vacances, comme au temps des cartables et des tartines au choc
olat. Brassées de fleurs molles, comme endormies par la chaleur. Glace
pistache-mandarine ruisselant entre les doigts, odeur coco-vanille des
huiles solaires et cocktails sirupeux pour embrumer juste ce qu'il faut
les tièdes nuits tropicales. Un ventilateur qui ronronne, une grande
chemise de coton blanc, un fauteuil en rotin-qui-craque, des livres épais,
des pêches trop mûres... l'été est enfin de retour, précieux, éphémère, à
savourer comme un dessert! (L. Ribeiro, magazine Radio TV Je vois
tout).
(4) Et comme Xerox se tait, Rank fait alors une fastidieuse enumeration
du mobilier de cet appartement. Une façon comme une autre de meubler
le silence :
- Un fauteuil Chippendale, des lampes champignon Galle en pâte
de verre, un canapé Art-Déco, une bergère Louis XV héritée de sa mère;
une chaise Knoll; une chaise-sac Pierro Gatti « goutte d'huile » en cuir
et polyuréthane; un pouf marocain; un paravent vietnamien; des
ombrelles en papier imprimées « Pattaya Beach » ; une reproduction du
Jardin des Délices de Jérôme Bosch; (...) une crémaillère cévenole; une
chaise longue de Starek; une bibliothèque chinoise en bambou de chez
Pier Import où l'on pouvait trouver entre autres Fragments d'un discours
amoureux de Barthes, les Mémoires d'une jeune fille rangée;

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