Autour du Pape Libère. L iconographie de Suzanne et des martyrs romains sur l arcosolium de Celerina - article ; n°2 ; vol.78, pg 327-381
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Autour du Pape Libère. L'iconographie de Suzanne et des martyrs romains sur l'arcosolium de Celerina - article ; n°2 ; vol.78, pg 327-381

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1966 - Volume 78 - Numéro 2 - Pages 327-381
55 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claude Dagens
Autour du Pape Libère. L'iconographie de Suzanne et des
martyrs romains sur l'arcosolium de Celerina
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 78, 1966. pp. 327-381.
Citer ce document / Cite this document :
Dagens Claude. Autour du Pape Libère. L'iconographie de Suzanne et des martyrs romains sur l'arcosolium de Celerina. In:
Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 78, 1966. pp. 327-381.
doi : 10.3406/mefr.1966.7522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1966_num_78_2_7522AUTOUR DU PAPE LIBERE
L'ICONOGRAPHIE DE SUZANNE ET DES MAETYES ROMAINS
SUR L'ARCOSOLIUM DE CELERINA
PAR
M. Claude Dagens
Membre de l'Ecole
U arcosolium de Celerina, qui s'ouvre dans une galerie de la cata
combe de Prétextât, a déjà fait couler de l'encre x. A bon droit, d'ail
leurs, car les fresques qui le décorent s'offrent à la curiosité des icono
graphes aussi bien qu'aux recherches des historiens: aux premiers, el
les présentent un motif unique en son genre, qui montre Suzanne et
les vieillards sous la forme d'un agneau encadré par deux loups; aux
seconds, elle pose des problèmes assez complexes, liés à la présence,
sur la façade de Varcosolium, d'un personnage qui pourrait bien être
le pape Libère (352-366).
1 P. G-. Marchi et G. B. de Rossi, La civiltà cattolica, 1851, p. 622-623;
L. Perret, Les catacombes de Borne, Paris, 1851, I, pi. 76-78; G. B. de Rossi,
Bullettino di Archeol. crist., 1863, p. 1; Id., Roma Sotterranea, Rome, 1864,
p. 250-251; R. Garrucci, Storia dell'arte cristiana nei primi otto secoli della
chiesa, Prato, 1873, II, pi. 39, A, B, 2, p. 46; L. Le Fort, Etude sur les mo
numents primitifs de la peinture chrétienne en Italie, Paris, 1885, p. 80, n° 105;
DAGIj, I, 1, col. 904, fig. 217; J. Wilpert, Le pitture delle catacombe
romane, Rome, 1903, pi. 181, 1; 250, 2; 251; texte, p. 379 et suiv.; Id., La jede
della chiesa nascente, Rome, 1938, p. 123 et suiv.; Gr. B. Ladner, Die Papstb
ildnisse des Altertums und des Mittelalters, Rome, 1941, p. 12-16. Nous
ne citons ici que les premières publications annonçant la découverte de
Varcosolium et les études d'ensemble de son iconographie. C'est au cours
de notre article que nous nous référerons à d'autres travaux plus spécialisés.
Nous désignerons désormais par l'abréviation WP l'édition des peintures
des catacombes par Wilpert, et par WS l'édition des sarcophages chrétiens
par le même auteur.
Mélanges d'Arch. et d'Hist. 1966, 2. 22 (D'après J. Wilpert, Le pitture delle catacombe romane, //, pi. 251)
L'arcosolium de Celerina: vue d'ensemble. l'arcosolium de celeeina 329
Cet arcosolium (cf. p. 328) porte le nom de la défunte qui y fut
enterrée, comme le rappelle l'inscription qui en occupe la corniche.
Il pourrait tout aussi bien s'appeler arcosolium de Suzanne, car la partie
inférieure de la façade s'orne d'une représentation exceptionnelle: deux
loups menaçants entourent un agneau, mais ces trois animaux sont
la figure de personnages bibliques. L'inscription SVSANÏSTA surmonte
la tête de l'agneau, et le mot SEISTIOBJS l'échiné du loup de droite.
Le doute n'est donc plus permis: ce groupe d'animaux évoque l'épisode
de Suzanne et des vieillards, ra/pporté dans le Livre de Daniel 1. La lu
nette de Varcosolium, endommagée par le percement d'un loculus, s'orne
d'autres représentations d'animaux: dans la partie inférieure, se des
sine un groupe formé de trois agneaux, au-dessus desquels on distingue
un chrisme qu'encadrent deux colombes. Des figures humaines compos
ent le reste de la décoration. Sur la voûte intérieure de Varcosolium,
un buste du Christ, jeune et imberbe, occupe un médaillon central,
tandis que, sur les côtés, dans des cadres symétriques, se trouvent deux
(D'après J. Wilpert, ~L,e pitture delle catacombe romane, //, pi. 181,1
L'arcosolium de Celeeina: voûte intérieure.
groupes identiques, comportant deux personnages debout qui se détachent
sur un fond d'architecture (cf. fig. ci-dessus). Seules, les deux figures
les plus proches du fond de Varcosolium sont encore visibles, alors que
les deux autres, près du bord extérieur, ont complètement disparu.
Dans le cadre de droite, l'inscription PAVLVS indique le nom du per-
1 Dn, ch. 13. CL. DAGENS 330
sonnage qui est barbu, vêtu d'une tunique et d'un pallium, et tient
dans ses mains un uolumen; le second personnage de ce groupe est ce
rtainement Pierre; on distingue encore les dernières lettres de son nom:
petrVS. Dans le cadre de gauche, l'inscription SVSTVS nomme le per
sonnage symétrique de Paul, qui est debout, imberbe, un uolumen dans
les mains, et dont ne subsiste que la partie supérieure du corps. Quant
au saint voisin de Sixte, le symétrique de Pierre, « il est complètement
détruit; cependant, les copies qui en furent publiées montrent sa tête
avec le stuc attenant, ce qui prouve qu'alors le nom complet s'en était
conservé, ou du moins quelques-unes de ses lettres » x. Nous tâcherons
d'identifier ce compagnon du pape martyr Sixte II (f 258).
En haut de la façade de Varcosolium, au-dessous d'une riche déco
ration de festons rouges, une inscription, étalée sur toute la largeur du
monument, révèle le nom de Celerina, suivi des lettres SEB-FE, et,
tout à la fin, d'ACE, fragment de la formule in pace 2. Deux personnages
de grande taille encadrent l'ouverture de Varcosolium. Celui de droite
est parfaitement conservé: il est jeune, imberbe, chaussé de sandales,
vêtu, comme Paul et comme Sixte, de la tunique et du pallium et tient
dans ses mains un uolumen. Une inscription, répartie à gauche et à
droite de sa tête et dont on distingue encore les premières lettres LIB
et les dernières VS, indiquait son nom: nous aurons à nous demander
s'il peut s'agir du pape Libère, mort en 366, et dont la mémoire a été
l'objet de bien des discussions3. Du personnage de gauche, symétrique
1 WP, texte, p. 380.
2 Ces quelques lettres suggèrent l'expression sibi fecit. Certains auteurs,
en revanche, voudraient que l'inscription comportât le nom de trois défunt
es: Celerina, Spes et Gre. . . ou Te. .. : cf. Garrucci, op. cit., p. 46; Le Fort,
op. cit., p. 80. Mais nous verrons, au fil de notre étude, que le témoignage
de Glarrucci, en ce qui concerne cet arcosolium, est fort sujet à caution.
Quant à Le Fort, il se borne à recopier Grarrucci. D'ailleurs, Varcosolium,
était creusé pour recevoir un seul corps: les deux loculi, aménagés dans la
lunette, sont postérieurs, puisqu'ils ont partiellement endommagé la dé
coration de celle-ci.
3 Glarrucci et Le Fort voyaient, de ce côté de la façade, un personnage
imberbe et anonyme, qui, selon Glarrucci, aurait pu être le pape Sixte déjà
représenté sur la voûte. Cette appréciation est pour le moins surprenante,
si l'on songe qu'en 1903, Wilpert notait au sujet de ce personnage: « De
son nom manque seulement la lettre 1; les autres subsistent toutes, entières
ou partielles, et on lit LIBERIV S » (op. cit., p. 380). Peut-être Wilpert l'aecosolium de celerina 331
de Libère, on ne voit malheureusement plus que le visage barbu et les
pieds. Il est probable qu'il tenait lui aussi un uolumen dans ses mains
et qu'une inscription, à gauche de sa tête, indiquait son nom. Malgré
le petit nombre de ces indications iconographiques, nous chercherons
à identifier ce mystérieux compagnon de Libère x.
Cette description sommaire ne suffit-elle pas à montrer que l'artiste,
qui a décoré cet arcosolium pour la défunte Celerina, n'a pas craint
d'associer des représentations allégoriques (agneaux, loups, colombes)
à des figures humaines, parfaitement identifiables et dont il avait même
pris soin d'indiquer les noms par des inscriptions (Paul et, très proba
blement, Pierre, Sixte et son compagnon, Libère et le personnage sy
métrique)1? Cette alliance de motifs symboliques et de représentations
plus historiques fait l'originalité de cet arcosolium et explique qu'il
ait été maintes fois décrit et analysé. Mais ceux qui l'étudient semblent
avoir tendance à n'en retenir que les éléments en rapport direct avec
leur spécialité. Les historiens, surtout frappés par l'image de Libère,
se demandent ce que signifie cette représentation d'un pape,

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