« C est bien d être joignable ! ». L usage du téléphone fixe et mobile chez les jeunes Norvégiens - article ; n°92 ; vol.17, pg 261-291
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« C'est bien d'être joignable ! ». L'usage du téléphone fixe et mobile chez les jeunes Norvégiens - article ; n°92 ; vol.17, pg 261-291

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Description

Réseaux - Année 1999 - Volume 17 - Numéro 92 - Pages 261-291
This paper examines issues surrounding the use of telephony among Norwegian adolescents. Its theoretical point of departure is based on the notion that there are gender differences and age differences in the way teens use the telephone, and in their access to various types of telephony. The data for this study draw on two sources: qualitative interviews with a sample of 12 families with teens in the greater Oslo area, and a quantitative study of a national sample of 1,000 randomly selected teens. The author examines issues surrounding the gendered nature of the use of various types of telephone terminals, differences in the role of the telephone in the lives of the various teens, and the ways in which the telephone is both an instrument in the teens' coming of age and a source of tension in the home. Findings indicate that the mobile telephone is a particularly important symbol of independence and that the telephone functions as a medium through which girls learn various socialization processes.
Ce texte étudie la question de l'usage de la téléphonie chez les jeunes Norvégiens. Son point de départ théorique se base sur le fait que l'usage du téléphone par les jeunes, ainsi que l'accès aux divers types de téléphonie, se différencient selon le sexe et l'âge. Les donnés étudiées proviennent de deux sources : des entretiens qualitatifs avec un échantillon de 12 familles comprenant des adolescents dans la région d'Oslo et une étude quantitative d'un échantillon national de 1 000 adolescents, sélectionnés de façon aléatoire. L'auteur examine les différentes façons qu'ont les filles et les garçons d'utiliser certains types de terminaux, les divers rôles du téléphone dans la vie des adolescents et le fait que le téléphone soit à la fois un symbole de l'indépendance des adolescents et une source de tension dans la famille. Les résultats indiquent, entre autres, que le téléphone sert de support pour l'apprentissage de divers processus de socialisation pour des filles.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Richard Ling
Anne Bouillon
Philippe Le Guern
« C'est bien d'être joignable ! ». L'usage du téléphone fixe et
mobile chez les jeunes Norvégiens
In: Réseaux, 1999, volume 17 n°92-93. pp. 261-291.
Citer ce document / Cite this document :
Ling Richard, Bouillon Anne, Le Guern Philippe. « C'est bien d'être joignable ! ». L'usage du téléphone fixe et mobile chez les
jeunes Norvégiens. In: Réseaux, 1999, volume 17 n°92-93. pp. 261-291.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1999_num_17_92_2123Abstract
This paper examines issues surrounding the use of telephony among Norwegian adolescents. Its
theoretical point of departure is based on the notion that there are gender differences and age
differences in the way teens use the telephone, and in their access to various types of telephony. The
data for this study draw on two sources: qualitative interviews with a sample of 12 families with teens in
the greater Oslo area, and a quantitative study of a national sample of 1,000 randomly selected teens.
The author examines issues surrounding the gendered nature of the use of various types of telephone
terminals, differences in the role of the telephone in the lives of the various teens, and the ways in which
the telephone is both an instrument in the teens' coming of age and a source of tension in the home.
Findings indicate that the mobile telephone is a particularly important symbol of independence and that
the telephone functions as a medium through which girls learn various socialization processes.
Résumé
Ce texte étudie la question de l'usage de la téléphonie chez les jeunes Norvégiens. Son point de départ
théorique se base sur le fait que l'usage du téléphone par les jeunes, ainsi que l'accès aux divers types
de téléphonie, se différencient selon le sexe et l'âge. Les donnés étudiées proviennent de deux sources
: des entretiens qualitatifs avec un échantillon de 12 familles comprenant des adolescents dans la
région d'Oslo et une étude quantitative d'un échantillon national de 1 000 adolescents, sélectionnés de
façon aléatoire. L'auteur examine les différentes façons qu'ont les filles et les garçons d'utiliser certains
types de terminaux, les divers rôles du téléphone dans la vie des adolescents et le fait que le téléphone
soit à la fois un symbole de l'indépendance des adolescents et une source de tension dans la famille.
Les résultats indiquent, entre autres, que le téléphone sert de support pour l'apprentissage de divers
processus de socialisation pour des filles.« C'EST BIEN D'ETRE JOIGNABLE ! »
L'usage du téléphone fixe et mobile
chez les jeunes Norvégiens
Rich LING
© Réseaux n° 92-93 - CNET/Hermès Science Publications - 1999 '
article se propose d'étudier les différents modes de Cet
communication téléphonique utilisés par les adolescents
norvégiens, ainsi que l'évolution de la pratique selon les âges
présentée sur la figure 1 ci-dessous.
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- 4,5
4-
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Illustration non autorisée à la diffusion S. |l
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Figure 1. Moyenne des appels par jour selon l'âge en Norvège
(Source Statistics Norway, 1998)
Ce que l'on peut noter avant tout, c'est la croissance très rapide, visible à
l'extrême gauche de la figure, du nombre des appels. Si l'on compare la
moyenne des appels du groupe des 9 ans à celle des 25 ans, on remarque en
effet qu'elle augmente dans une proportion de 1 à 4. La courbe représentant
la moyenne sur sept années consécutives indique qu'après une montée en Réseaux n° 92-93 264
flèche au moment de l'adolescence, la moyenne des appels se stabilise pour
le groupe des 25 ans et qu'elle redescend ensuite légèrement jusqu'à la
dernière tranche d'âge. Aucun autre changement aussi radical n'est
observable pour les autres tranches d'âges.
Voilà donc qui, du point de vue sociologique, constitue matière à réflexion.
Une croissance soudaine et rapide est toujours, en effet, le signe révélateur
d'un événement particulier appelant de nombreuses questions. Pourquoi une
montée en flèche aussi spectaculaire ? Les comportements envers le
téléphone évoluent-ils au fil des années ? De quoi parlent tous ces appels ?
Qu'en pensent les parents ? Qui paie ? Quel est l'impact des nouvelles
technologies ? Existe-t-il des différences selon les sexes ? Quelle est
l'influence de cette activité sur l'autorité des parents ? Etc.
Il semblerait qu'interviennent ici deux facteurs. Le premier concerne la
phase transitoire de l'adolescence et l'instabilité qui lui est associée, à quoi
il faut ajouter un élément nouveau survenu ces dernières années :
l'avènement des nouvelles technologies. La génération actuelle des
adolescents est l'une des premières à utiliser le téléphone mobile.
L'adoption de cette nouvelle technologie et les usages qui lui sont liés sont
des domaines encore peu étudiés. Meyrowitz pense que le mode d'accès aux
différents types d'informations est de nature à modifier la constitution des
groupes sociaux. Il note aussi que « moins les systèmes d'informations
destinés aux diverses tranches d'âge seront différents, plus le comportement
des enfants et celui des adultes se confondront » . Ce constat semble une
bonne introduction à notre sujet.
Issues d'études aussi bien qualitatives que quantitatives, menées sur une
population d'adolescents norvégiens, les données recueillies indiquent qu'il
existe trois phases distinctes dans le développement de l'identité
individuelle par rapport au téléphone. Au cours de la première phase,
l'individu expérimente la technologie proprement dite : plus le téléphone est
facile à utiliser, plus il l'est . La seconde phase n'est pas un acte isolé mais
plutôt un « pas de deux » auquel l'enfant et les parents participent, par un
jeu complexe d'interactions. Au cours du processus d'émancipation, les
adolescents de 15/16 ans réclament, parfois de façon insistante, un accès
moins limité et plus libre au téléphone, tandis que les adultes voient se
1. MEYROWITZ, 1985, p. 236. du téléphone fixe et mobile chez les jeunes Norvégiens 265 L'usage
restreindre leur rôle de parents. Selon les paroles d'une mère : « petit à petit,
on lâche du lest ». Pourtant le déroulement de cette phase n'est pas sans
conflits. De nombreuses discussions et disputes surviennent à propos du
temps d'utilisation du téléphone par les adolescents, du prix qu'ils doivent
payer pour leur usage personnel, et depuis peu, du type de téléphone mobile
qu'on leur permet de posséder. La phase finale est une phase de résolution,
correspondant souvent à l'entrée dans le monde du travail, au cours de
laquelle l'adolescent devient économiquement responsable de son
téléphone.
C'est lors de cette phase finale que le téléphone mobile joue un rôle
important. D'après les données, il existe cinq principales raisons d'en
posséder un : le besoin d'être joignable, les sentiments d'émancipation, de
sécurité, de micro-coordination et enfin de focalisation. L'accessibilité et
l'émancipation sont des facteurs particulièrement importants pour les
adolescents, les trois autres concernant davantage les utilisateurs
plus âgés. Si le téléphone mobile et, à un moindre degré, le pager sont donc
des symboles d'émancipation et garantissent l'accession à un statut, ils
peuvent également constituer paradoxalement un moyen de s'identifier aux
parents.
Les données recueillies pour cette étude proviennent de deux sources
différentes. La première est un ensemble de douze entretiens
ethnographiques réalisés avec des familles dont les aînés figurent dans une
fourchette située entre 9 et 23 ans. Ces familles habitent Oslo et sa banlieue.
Les entretiens, auxquels ont participé les enfants et les parents, concernent
l'utilisation par la famille des équipements et des services de
télécommunication. Ils ont été menés au cours de l'été et de l'automne 1997

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