Canards : grosses filières et petits éleveurs
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Canards : grosses filières et petits éleveurs

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Extrait

L
a France a fait le choix de la
grande distribution contre le pe-
tit commerce à l’inverse de l’Ita-
lie, par exemple. Face aux grandes
et moyennes surfaces, les produc-
teurs se regroupent pour être plus
puissants sur le marché hexagonal
et mondial. C’est aussi une bonne
façon de se donner des moyens
pour communiquer. Mais derrière
la façade des pubs affriolantes de
fin d’année qui mettent en scène
l’excellence des produits, on trou-
ve un monde où tout n’est pas rose
et où les plumes volent bas.
Une filière canard
c’est quoi ?
La filière canard regroupe plu
-
sieurs corps de métiers : les par-
quets de reproduction et d’insé-
mination, les couvoirs, l’éleveur,
le gaveur, l’abattoir, la chaîne de
transformation et la distribution.
Les grands groupes comme Eura-
lis ou Vivadour interviennent à
plusieurs niveaux de cette filière,
depuis l’éleveur jusqu’à la distri-
bution. Evidemment, quand on
intervient sur la quasi totalité de
la chaîne, on peut aussi contrôler
assez facilement les prix à cha-
que niveau, donc les revenus de
chaque intervenant. Au final, les
gaveurs ou les éleveurs qui travaillent pour ces consortiums leur achè-
tent les produits de base (canards de différentes souches, maïs, médi-
caments) et leur revendent les produits transformés. Ils sont pieds et
poings liés par des contrats dont ils ne maîtrisent pas tous les éléments
et se retrouvent souvent dans une situation assimilable à celle de sala-
riés sans les avantages du sala-
riat. Même si les coopératives
affirment être aux côtés de leurs
adhérents, on va vers une pau-
périsation de ces métiers.
Les gros bras du marché.
Le groupe Euralis, basé à Mau-
bourguet est le 1er producteur
mondial de foie gras…et le
1er opérateur sur le marché du
maïs. Allant d’un bout à l’autre
de la chaîne, il revendique
15 000 adhérents, 3200 sala-
riés, 868 millions d’euros de
chiffre d’affaires en 2002/2003.
Ses marques les plus connues
sont Monfort, Rougié, Bizac et
Pierre Champion auxquelles il
convient d’ajouter les 42 maga-
sins Point Vert.
Face à cette puissance, trois
groupes coopératifs se sont
associés pour créer un second
poids lourd du foie gras : Viva-
dour, Maïsadour et Val de Sè-
vre. Ils détiendront les marques
Delpeyrat, Saint Jours Foie
Gras et Canard du Midi pour un
chiffre d’affaires annoncé de
220 millions d’Euros et un mil-
lier d’éleveurs derrière eux. La
bataille des grands est engagée.
Et les petits producteurs ?
L’ensemble de ces regroupements représentent environ 95 % du mar-
ché du canard qui s’élève à un peu plus de 30 millions de têtes par an.
Les 5% restant étant le dernier pré carré des petits éleveurs à la ferme.
Claude Saint-Blancard, éleveur à Magnan, ne mâche pas ses mots : «
On va prolétariser les éleveurs de la filière longue. Ils vont devenir les
petits soldats qu’on envoie aux tranchées. » Pour garantir la prove-
nance et la qualité des volailles, on a créé l’Indication Géographique
Protégée (IGP). Car beaucoup des canards qui sont transformés dans les
usines du Sud-Ouest ne viennent pas de France. Cette IGP Sud-Ouest
impose de nombreuses obligations : traçabilité, méthode d’obtention,
conditionnement, étiquetage et contrôle. Les canards doivent être de
souches mulard ou barbarie, élevés, gavés, abattus et transformés dans
la zone définie par le ministère de l’Agriculture.
Mais, bien sûr, l’élevage traditionnel a un prix. « Ça coûte plus cher
d’élever 300 canards dans l’herbe que le même nombre dans la merde,
s’emporte Claude Saint-Blancard » qui peste contre les charges qu’il
doit subir. « j’ai du renoncer à l’IGP parce que je ne veux pas payer
350 € de ma poche chaque fois qu’un organisme de certification va
Canards : grosses filières et petits éleveurs
Le monde du foie gras et de ses produits dérivés évolue vers les grands groupes, laissant peu de place aux
petits éleveurs indépendants à la ferme. La production intensive n’est pas toujours symbole de qualité et
le gavage industriel fait râler les défenseurs des animaux.
Schwarzy fait une crise du foie
Le 29 septembre 2004, Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Ca-
lifornie a signé une loi interdisant la production et la vente du foie
gras… à partir de 2012 ! Il pourrait toutefois revenir sur sa décision
si dans les sept ans à venir, les producteurs trouvent « un moyen hu-
main et naturel pour augmenter la taille du foie des canards ». Reste
à savoir ce qu’on entend par moyen humain et naturel ? Les éleveurs
californiens planchent sur le sujet et nul doute qu’ils vont trouver de
bonnes idées.
Affaire à suivre.
Claude Saint-Blancard, éleveur et conserveur à Magnan
Le Canard Gascon N°1 - Page 4
PhotoJLLB
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