Catulle et les origines de l élégie romaine - article ; n°1 ; vol.99, pg 243-256
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1987 - Volume 99 - Numéro 1 - Pages 243-256
Pierre Grimal, Catulle et les origines de l'élégie romaine, p. 243-256. La diversité et les contrastes qui apparaissent dans l'œuvre de Catulle s'expliquent-ils par une évolution du poète? Bien que la chronologie des poèmes soit, à juste titre, considérée comme incertaine, des indices et des recoupements, que l'on s'efforce ici de mettre en lumière, laissent entrevoir le cheminement d'un poète adolescent, profondément imprégné d'abord des valeurs de la petite ville et qui réagit vivement à son milieu provincial, puis s'assagit graduellement, à mesure qu'il découvre des formes plus élaborées de composition poétique et le rôle qu'elles peuvent jouer dans la vie intérieure. Ce fut d'abord l'initiation au lyrisme éolien, puis, décisive, la rencontre avec Callimaque. L'aventure avec Clodia fut une occasion offerte à la virtuosité grandissante du poète et s'acheva par un retour à l'inspiration juvénile. De ces rencontres successives naquit l'élégie romaine, phénomène littéraire autant que spirituel.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Grimal
Catulle et les origines de l'élégie romaine
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°1. 1987. pp. 243-256.
Résumé
Pierre Grimal, Catulle et les origines de l'élégie romaine, p. 243-256.
La diversité et les contrastes qui apparaissent dans l'œuvre de Catulle s'expliquent-ils par une évolution du poète? Bien que la
chronologie des poèmes soit, à juste titre, considérée comme incertaine, des indices et des recoupements, que l'on s'efforce ici
de mettre en lumière, laissent entrevoir le cheminement d'un poète adolescent, profondément imprégné d'abord des valeurs de la
petite ville et qui réagit vivement à son milieu provincial, puis s'assagit graduellement, à mesure qu'il découvre des formes plus
élaborées de composition poétique et le rôle qu'elles peuvent jouer dans la vie intérieure. Ce fut d'abord l'initiation au lyrisme
éolien, puis, décisive, la rencontre avec Callimaque. L'aventure avec Clodia fut une occasion offerte à la virtuosité grandissante
du poète et s'acheva par un retour à l'inspiration juvénile. De ces rencontres successives naquit l'élégie romaine, phénomène
littéraire autant que spirituel.
Citer ce document / Cite this document :
Grimal Pierre. Catulle et les origines de l'élégie romaine. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°1. 1987.
pp. 243-256.
doi : 10.3406/mefr.1987.1543
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1987_num_99_1_1543LITTÉRATURE ET SOCIÉTÉ
PIERRE GRIMAL
CATULLE ET LES ORIGINES DE L'ÉLÉGIE ROMAINE
La recherche dont nous présentons ici les résultats a pour objet de
retracer, dans toute la mesure où cela nous est possible, l'évolution qui
conduisit Catulle, d'abord poète satirique et peintre sarcastique du petit
monde véronais, à créer une poésie aux accents nouveaux, imprégnée de
l'esprit alexandrin, alliant, en proportions inégales, le sentiment amour
eux et les récits légendaires. Nous voudrions montrer aussi que l'expé
rience propre de Catulle, sa passion, heureuse puis déçue, pour Lesbie,
n'a joué dans cette création qu'un rôle secondaire, rendant, sans doute, le
poète particulièrement sensible à la puissance de l'amour, aux joies et aux
chagrins dont il est la cause, mais l'amenant aussi à dépasser sa propre
aventure, à la transcender en se référant aux «archétypes» que lui propos
aient les Alexandrins.
Pour résoudre ce problème, la première condition serait de parvenir
à établir une chronologie, au moins approximative et relative, de l'œuvre
conservée. Ce qui, on le sait, n'est pas une tâche aisée, puisque le recueil
qui nous a été transmis présente les pièces en les classant selon leur
mètre et non selon le moment de leur composition. Aussi les éditeurs et
les critiques modernes, ou bien proposent des solutions variées, ou bien,
le plus souvent, se refusent à poser la question, à laquelle ils jugent qu'il
est impossible de répondre. Il nous importerait pourtant beaucoup de
savoir si les «grands poèmes», d'inspiration alexandrine, appartiennent
au début de la carrière du poète, ou s'ils ont été écrits pensant ses derniè
res années. Nous aimerions savoir aussi quelle fut véritablement l'influen
ce sur lui et sur son existence quotidienne, de la mort de ce frère qui périt
en Phrygie, à une date qu'il conviendrait de déterminer. Toute cette
œuvre, aux accents divers, est trop intimement liée à la vie même de
Catulle pour que nous puissions nous contenter d'en étudier les formes
extérieures, d'en établir un inventaire stylistique qui reste intemporel.
On se contente généralement, pour évoquer la vie de Catulle, de quel
ques repères : sa naissance à Vérone, sa venue à Rome (à une date qui
reste indéterminée), son voyage en Bithynie, dans la cohors de C. Mem-
MEFRA - 99 - 1987 - 1, p. 243-256. 244 PIERRE GRIMAL
mius ; avant cela, sa liaison avec elodia (identifiée, comme cela est le plus
vraisemblable, à elodia, la sœur de P. Clodius Pulcher, l'épouse de Q.
Metellus Celer, consul en 60 av. J.-C), une liaison que l'on considère com
me le plus grand événement de sa vie, celui auquel on a recours pour
rendre compte à la fois de l'œuvre poétique de Catulle et de l'évolution de
ses sentiments, le chemin qui le mena de l'amour à la haine. Tout le reste
demeure environné de brume. Il n'est cependant pas impossible de trou
ver, cà et là, dans le recueil, quelques indications d'où l'on peut tirer les
éléments d'une chronologie au moins relative, qui apportera quelque
lumière sur le problème qui nous occupe.
Dans la pièce 68 a, l'épître à Manlius, qu'il convient de distinguer de
celle qui, dans nos manuscrits, ne fait qu'un avec elle, mais qui en est
distincte, et qui est adressée à un certain Allius - dans la lettre à Manlius,
Catulle nous apprend que, vers l'âge de quinze ans (lorsqu'il prit la toge
virile), il avait déjà connu les plaisirs de l'amour - multa satis lusi, dit-il1.
On en conclura que elodia ne fut pas sa première passion ; on en déduira
aussi, peut-être, mais avec une moindre certitude, que ces premières
aventures avaient incité Catulle à écrire ses premiers vers, puisque, dans
cette lettre à Manlius, amour et poésie sont intimement unis. Manlius prie
Catulle de lui envoyer un poème où il soit question d'amour : «muneraque
et Musarum hinc petis et Venerisi2. J'ai connu l'amour, répond Catulle,
depuis mes jeunes années, mais le deuil qui vient de me frapper, la mort
de mon frère, m'éloigne de la poésie. Si Manlius demande à Catulle
d'écrire un poème capable d'apaiser les chagrins d'amour, c'est évidem
ment parce qu'il connaît le talent dont son ami a fait preuve en ce genr
e.
Quoi qu'il en soit, la même pièce nous apporte encore un autre ren
seignement. Au moment où il écrit ainsi à Manlius, Catulle se trouve à
Vérone, qu'il a quitté Rome à la mort de son frère, mais qu'il a laissé
dans la Ville la plupart des pièces qu'il a écrites, que c'est là qu'il vit3. Il
ne peut donc envoyer des poèmes déjà composés, parce qu'ils sont restés
à Rome, ni en composer de nouveaux, à la fois en raison de son deuil et
parce qu'il n'a pas auprès de lui les «modèles» sur lesquels il pourrait
s'appuyer.
Le même passage nous apprend encore que, en l'absence de Catulle,
1 Catulle, 68, 17.
2 Ibid. ν. 10.
3ν. 33 et suiv. : nam quod scriptorum non magna est copia apud me : hoc
fit quod Romae uiuimus; Ma domus / Ma mihi sedes, Mie mea carpitur aetas. CATULLE ET LES ORIGINES DE L'ÉLÉGIE ROMAINE 245
son amie lui est infidèle4 et se donne à des amants «de la meilleure socié
té»5.
Ce qui suggère une esquisse de chronologie, selon laquelle Catulle,
après avoir vécu à Vérone pendant son adolescence, serait venu à Rome
au terme de celle-ci, c'est-à-dire au moment de commencer sa carrière, et
de faire l'apprentissage du forum. À ce moment, il aurait fréquenté Hor-
tensius, selon l'usage qui voulait que les jeunes gens s'attachent à un ora
teur célèbre pour en faire un modèle et un patron. Un tel apprentissage
se plaçait ordinairement vers l'âge de 17 ou 18 ans. S'il en fut ainsi dans
son cas, il faudrait que Catulle fût venu à Rome vers 67 ou 66, au plus tôt
(si l'on admet qu'il naquit en 84, ce qui est l'hypothèse la plus vraisemblab
le). Telle est la date la plus haute admissible. Mais il est possible aussi
que l'établissement du jeune homme dans la Ville ait été plus tardif. Nous
savons seulement que sa liaison avec Clodia commença avant la mort de
Metellus Celer6, qui survint en 59, juste après le consulat de celui-ci. Indi
cation qui nous fournit un terminus ante quem.
Les liens d'amitié entre Catulle et Hortensius, attestés par la pièce 65,
peuvent ne s'être établis qu'aux environs de l'année 60. En effet, au
moment où le poète écrit à Hortenius, pour lui annoncer qu'il lui envoie
un poème

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