Chapitre 2 - La construction du CNET (1940-1965) - article ; n°1 ; vol.14, pg 43-71
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Description

Réseaux - Année 1996 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 43-71
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Atten
Chapitre 2 - La construction du CNET (1940-1965)
In: Réseaux, 1996, Hors Série 14 n°1. pp. 43-71.
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Atten Michel. Chapitre 2 - La construction du CNET (1940-1965). In: Réseaux, 1996, Hors Série 14 n°1. pp. 43-71.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0984-5372_1996_hos_14_1_3667Chapitre 2
LA CONSTRUCTION DU CNET
(1940-1965)
Michel ATTEN 45
LA CONSTRUCTION DU CNET
(1940-1965)
L'émergence de la recherche puis de la "recherche et dévelop
pement" (R&D) est un processus lent, complexe, variable dans le
temps et surtout très différencié selon les pays, selon les traditions
techniques, scientifiques et culturelles (1). C'est au sortir de la Se
conde Guerre mondiale que se développe, en France, le CNET, le
centre de R&D de la Direction générale des Télécommunications
(DGT) devenue récemment France Télécom.
Si cette notion semble courante aux Etats-Unis, et notamment aux
Bell Labs, avant la Seconde Guerre mondiale, elle n'émerge dans les
télécommunications françaises que progressivement dans les années
d'après guerre. Cette référence au plus grand laboratoire de recher
che en dans le monde ne nous conduit pas à
considérer le cas américain comme "le Modèle de développement"
auquel l'organisation de la recherche dans les autres pays doit être
mesurée. Certes, depuis deux décennies, historiens et sociologues, en
France particulièrement, semblent considérer la référence américaine
comme absolue, tant pour la recherche que pour le service télépho
nique considéré comme un objet de consommation (2). Certes, la
mémoire des acteurs de la recherche des années 1940-1960 fait écho
à un laboratoire Bell considéré comme un "grand frère". Il est pour
tant clair aujourd'hui que dans la première moitié du XXe siècle les
processus de construction des réseaux téléphoniques, puis de tél
écommunications sont très différents de part et d'autre de l'Atlantique.
Quel est ce "modèle de développement" pour la recherche ? Rappel
ons très schématiquement qu'aux Etats-Unis les premiers laboratoi
res de recherche en entreprise sont créés au début du XXe siècle :
en 1900 pour General Electric, en 1902 pour Du Pont, en 1911
pour Western Electric (futur Bell Labs), en 1912 pour Eastman Kod
ak... Des travaux historiques récents ont mis en évidence pour ces
laboratoires deux caractéristiques présentes dès le début : la place
(1) Ce texte reprend celui présenté lors du Cinquantenaire du CNET en le développant pour la situation
durant la Seconde Guerre mondiale.
(2) Les initiateurs de cette analyse sont J. Attali et Y. Stourdzé (Voir bibliographie). 46
prise par quelques-uns des plus grands noms de la physique améri
caine (Langmuir, Davisson, Germer...); une recherche de masse qui
attire un nombre important de physiciens dans l'industrie. A cette
connexion entre mondes industriel et universitaire, très spécifique
ment américaine à cette époque, il faut ajouter une troisième carac
téristique plus propre aux Bell Labs dans l'entre-deux-guerres : la
place croissante que prennent les études fondamentales, comme en
témoignent, par exemple, les fameux séminaires organisés par ce
centre et qui regroupent les plus grands noms de la physique mond
iale (3). En bref, ce qui caractérise les laboratoires Bell à la veille
de la Seconde Guerre mondiale paraît bien être une forme d'organi
sation complexe imbriquant recherche fondamentale et recherche
plus appliquée, associant université et industrie et entretenant des
liens organiques avec le constructeur Western Electric.
On pourrait donc penser qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale
les nommes qui, en France, veulent construire un grand centre de r
echerche en télécommunications s'inspirent très fortement du "mo
dèle" de développement des Bell Labs, d'autant plus que la mise au
point du transistor en 1947-48 rend explicite le rôle des recherches
fondamentales et confère à ce centre un rayonnement international
qui déborde largement les sphères scientifiques et techniques. Ce
"modèle" ne paraît pas jouer un grand rôle dans la construction d'un
centre de recherche en France, tout au moins pas au début. La notion
de "recherche" n'a pas, dans les services techniques de l'Etat, la va
leur positive qu'elle va gagner dans les années 1960-1970. Pour
comprendre ce qui se met en place dans les télécommunications
d'après 1945, il faut revenir aux années 1930.
De la faiblesse de la recherche dans les en
France avant la Seconde Guerre mondiale ...
Au sein de l'administration des PTT des années 1930, il n'y a que
deux petits organismes destinés à poursuivre des recherches en tél
écommunications : le Service d'études et de techniques
(SERT (4)) et le Laboratoire national de radioélectricité (LNR).
Créé en 1916 dans la cadre de l'Ecole supérieure des P. et T., le
SERT est lié à l'enseignement technique de l'Ecole, d'une part et,
d'autre part, regroupe des spécialistes en commutation, en transmis-
(3) D. Pestré, 1990 (voir bibliographie), qui cite une historiographie désormais abondante sur le cas
américain.
(4) Pour tous les sigles, se reporter à la liste p. 1 1 . 47
sion, en télégraphie, en acoustique qui contribuent, en collaboration
avec les services techniques de l'exploitation, aux choix des équipe
ments commandés aux industriels. Avec 14 ingénieurs sur les 168
que comptent les PTT en 1936, son activité s'apparente davantage à
celle d'un bureau d'études chargé d'établir les cahiers des charges et
de faire réaliser les adaptations des équipements vendus par les in
dustriels et nécessaires à la bonne marche des réseaux qu'à celle d'un
laboratoire de recherche au sens moderne. Ces ingénieurs ne déve
loppent pas de nouveaux systèmes, ne déposent pas de brevets, à
l'exception de G. Valensi (sur la télévision) et de P. Marzin (trois
brevets sur les "courants porteurs" en 1937-1938).
La situation est différente pour le LNR. Issu du laboratoire de radio
télégraphie militaire créé par le général Ferrie en 1926, le LNR est,
après une période de tiraillements entre plusieurs ministères, créé en
1931 sous la forme d'un laboratoire interministériel rattaché aux
PTT. Regroupant des savants (dont certains sont membres de l'Aca
démie des sciences de Paris) investis sur la physique de la haute a
tmosphère, des spécialistes de métrologie, ce petit laboratoire joue
également un rôle technique pour l'affectation des fréquences entre
les diverses composantes, privées et publiques, de la radiodiffusion.
Doté d'un budget et d'un comité de direction très autonomes, c'est un
"service extérieur" du ministère qui a peu de rapports avec les servi
ces d'exploitation, télégraphique et téléphonique, sinon avec la direc
tion du service de la télégraphie sans fil.
Dans les années 1930, les ingénieurs des services d'exploitation ne
considèrent pas comme du ressort de l'Administration des PTT de
faire de la recherche. La recherche scientifique relève des universités
et le développement de nouveaux équipements est la tâche des in
dustriels. Les PTT, en France comme dans la plupart des pays euro
péens, sont une grande administration d'État (150 000 employés),
découpée en cinq directions (Personnel, Exploitation postale et ser
vices financiers, Exploitation télégraphique, téléphoni
que, Caisse nationale d'épargne), deux sous-directions (Bâtiments,
Budget et comptabilité) et quinze "services extérieurs" (dont le
SERT et le LNR). Le personnel, le budget et les bâtiments sont gérés
centralement et les services techniques des régions sont placés sous
l'autorité du directeur de l'exploitation postale(5). Chaque direction
de grand service (exploitation télégraphique, téléphonique, service
des lignes à grande distance, service radioélectrique, direction de Pa-
(5) Voir, par exemple, Bulletin Officiel des PTT, 1937, 339-345. 48
ris...) possède ses propres services techniques. Les PTT sont organi
sés

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