Compétitivité des producteurs de matériaux de construction et dysfonctionnement dans la distribution - article ; n°1 ; vol.32, pg 74-85

Michel Royon

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1985 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 74-85
La compétitivité aussi bien interne (sur le marché intérieur) qu'externe (à l'exportation) ne peut s'expliquer seulement par des variables endogènes à l'entreprise, mais également par l'adéquation des rapports qui se nouent entre les différents éléments constitutifs d'une filière économique. La présente étude montre combien la perte de compétitivité de producteurs de matériaux de construction du second-œuvre est déterminée par l'apparition de dysfonctionnements à différents stades de la filière construction, en partiuclier celui de la distribution.
The internal variables of the firm are insufficient to explain the competitivity on domestic market or on international market. The relations which are tied between the different actors of economic connection are equally very important. The present work shows how the slight competitivity of construction materials producers can be explained by bad working in different stages of construction connection, particulary in distribution stage.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1985
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Extrait

Michel Royon
Compétitivité des producteurs de matériaux de construction et
dysfonctionnement dans la distribution
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 32. 2e trimestre 1985. pp. 74-85.
Abstract
The internal variables of the firm are insufficient to explain the competitivity on domestic market or on international market. The
relations which are tied between the different actors of economic connection are equally very important. The present work shows
how the slight competitivity of construction materials producers can be explained by bad working in different stages of
construction connection, particulary in distribution stage.
Résumé
La compétitivité aussi bien interne (sur le marché intérieur) qu'externe (à l'exportation) ne peut s'expliquer seulement par des
variables endogènes à l'entreprise, mais également par l'adéquation des rapports qui se nouent entre les différents éléments
constitutifs d'une filière économique. La présente étude montre combien la perte de compétitivité de producteurs de matériaux de
construction du second-œuvre est déterminée par l'apparition de dysfonctionnements à différents stades de la filière
construction, en partiuclier celui de la distribution.
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Royon Michel. Compétitivité des producteurs de matériaux de construction et dysfonctionnement dans la distribution. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 32. 2e trimestre 1985. pp. 74-85.
doi : 10.3406/rei.1985.2144
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1985_num_32_1_2144Compétitivité des producteurs
de matériaux de construction
et dysfonctionnements dans la distribution
Michel ROYON
Maître-assistant de sciences économiques
(Université de Toulouse)
Creuset (Saint-Etienne)
L'accélération du développement des importations françaises de produits manuf
acturés depuis quelques années conduit à approfondir la réflexion concernant
les déterminants de la compétitivité internationale. La mise en place de toute poli
tique de reconquête du marché intérieur nécessite en effet une connaissance appro
fondie et détaillée des mécanismes qui ont pu engendrer une telle progression des
importations.
Les réponses traditionnelles de la pensée économique sont connues : aussi bien
la théorie classique des coûts comparatifs que ses différentes reformulations néo
classiques en termes de dotations factorielles fondent leurs explications essentie
llement sur les différences internationales de coûts de production et donc de prix
de vente des produits. Un produit est compétitif dès lors que son prix est inférieur
à celui d'un produit concurrent, et inversement.
Pourtant, pour fondamental qu'il soit, ce type d'analyse ne suffit plus pour
fonder la compétitivité des firmes à l'exportation ou sur le marché intérieur. Ainsi,
s'appuyant sur une étude du Boston Consulting Group (1), Bertrand Bellon a
récemment montré qu'aucune analyse en terme de différences internationales de
coûts de production ou de productivité « ne peut à elle seule expliquer les forces
et les faiblesses du rapport que la France entretient avec les autres pays » (2). Les
études de marketing ont fréquemment suggéré, par ailleurs, combien la compétit
ivité dépend également de nombreux autres facteurs, liés à la qualité du service
après-vente, à l'image de marque du produit, aux conditions de crédit, à la polit
ique commerciale des firmes, etc. Des analyses économétriques récentes ont d'autre
part démontré que l'influence des variations de prix sur la compétitivité d'une
industrie, et donc sur les importations, varient fortement d'une branche à l'autre.
Ainsi, pour Artus, Bismut et Debonneuil, si la concurrence par les prix joue un
(1) Boston Consulting Group : « Les mécanismes fondamentaux de la compétitivité », Ed. Hommes
et Techniques, 1981.
(2) B. Bellon : « Nouvelle dimension de la concurrence : la compétitivité », communication au Col
loque des économistes de langue française, Strasbourg, 25-27 Mai 1983, P.6.
74 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 32. 2ème trimestre 1985 essentiel pour l'automobile et les biens d'équipement ménager, elle joue très rôle
peu pour les biens de consommation courante, et peu pour les biens d'équipe
ments professionnels et les produits intermédiaires (3).
Pourtant, s'il est relativement aisé de montrer, ainsi que le font les études pr
écédemment citées, que la compétitivité aussi bien interne (marché intérieur)
qu'externe (exportations) ne s'explique pas seulement par des variables endogè
nes à l'entreprise, il est plus difficile de repérer et d'expliciter quelles sont les autres
variables déterminantes de cette compétitivité. La présente étude voudrait préc
isément contribuer à montrer que la compétitivité dépend en particulier étroit
ement de la synergie que dégagent (ou non) les rapports qui se nouent entre les
différents éléments constitutifs d'une filière, que ce soit à chacun des stades de
cette filière ou que ce soit dans l'articulation de ces stades. Soit en effet l'état de
ces rapports à un moment donné est tel qu'ils concourent activement à améliorer
la compétitivité de l'ensemble de la filière, et donc des agents qui sont engagés
dans cette filière ; soit au contraire ces rapports sont tels qu'ils engendrent des
situations de blocage, des dysfonctionnements ou des contraintes, qui peuvent alors
nuire à la compétitivité de certains — voire de l'ensemble — des acteurs de la filière.
Ces dysfonctionnements peuvent être multiples et d'une extrême diversité au
sein d'une filière aussi peu intégrée que celle de la construction ; il ne saurait pour
tant être question de tous les mettre à jour. Il s'agira seulement ici de repérer cer
tains dysfocntionnements qui naissent des difficultés d'articulation — et surtout
de mise en place d'articulations nouvelles — entre deux stades de cette filière, à
savoir la production de matériaux de construction et leur distribution. L'apparit
ion de ces dysfonctionnements prenant appui sur les mutations profondes qu'a
connues l'ensemble de la filière construction depuis une dizaine d'années, nous
présenterons celles qui nous semblent les plus correlées avec le développement des
importations de matériaux et composants de la construction.
En s'appuyant sur l'exemple de deux produits qui figurent parmi ceux dont les ont progressé le plus rapidement depuis dix ans (carreaux cérami
ques et robinetterie sanitaire), on tentera alors de repérer certains blocages et rési
stances qui s'opposent à la transformation des rapports entre producteurs et dis
tributeurs, et d'en évaluer l'impact sur l'accélération des importations de ces matér
iaux. Cette recherche de nouveaux facteurs de compétitivité (ou inversement de
perte de compétitivité) dans le domaine des matériaux de construction sera d'autant
plus significative que ces produits figurent précisément parmi ceux dont la comp
étitivité par les prix est la moins déterminante (4).
I. — COHÉRENCE DES RAPPORTS ENTRE ACTEURS ÉCONOMIQUES
ET COMPÉTITIVITÉ
Les rapports que tissent entre eux les acteurs d'une filière sont d'autant plus
cohérents qu'ils permettent à ces acteurs d'atteindre et de maximiser leurs object
ifs. On dira qu'une telle situation dégage une certaine synergie dans la mesure
(3) Cf. P. Artus, Cl. Bismut, M. Debonneuil : « La pénétration étrangère sur le marché français :
vingt années plus une », Economie et Statistiques n° 135, juillet 1981.
(4) Cf. ARTUS et al., p. 17.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 32, 2ème trimestre 1985 75 où la poursuite de leurs objectifs par chacun des acteurs contribue activement,
au-delà de l'existence d'intérêts contradictoires, à la réalisation des objectifs des
autres acteurs et engendre ainsi des « effets d'entraînement » cumulatifs. Et cette
synergie sera d'autant plus grande que s'instaurera une coopération implicite (au
niveau des pratiques professionnelles, par exemple) ou explicite (mise en place de
relations contractuelles...) entre les différentes pa