Configuration de modes d'innovation : les innovateurs prévisibles et les francs-tireurs - article ; n°1 ; vol.61, pg 33-53

Roger Miller, Roger Blais

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1992 - Volume 61 - Numéro 1 - Pages 33-53
Cette étude présente les résultats d'une enquête sur les modes d'innovation. L'échantillon se compose de 43 entreprises canadiennes réparties en six secteurs industriels.
Les modes d'innovation des firmes se sont révélés hautement tributaires des secteurs industriels. De fait, l'innovation au sein de la plupart des entreprises suit un cours prévisible et propre à leur secteur industriel. Une minorité non négligeable d'entreprises adoptait quant à elle un comportement indépendant, semblable aux modes d'innovation ayant cours dans d'autres industries.
Une taxonomie empirique des modes d'innovation débordant les cadres industriels est présentée. Quatre configurations ressortent de l'analyse des données selon que le mode d'innovation est basé (i) sur la science, (ii) sur l'expérimentation continue, (iii) sur les économies d'échelle, et (iv) sur l'adoption d'équipements spécialisés et l'informatique.
This study reports on an investigation of modes of innovation in 43 firms in six industrial sectors. Modes of innovations were found to be highly sector specific. In fact, most firms innovate in predictable fashions, in conformity with the logic of innovation in their industry. A substantial minority of firms adopt maverick behaviors, similar to modes of innovation which prevail in other industries.
An empirical taxonomy of modes of innovation cutting across industry lines is presented. Four configurations emerged from the data analysis : (i) science-based product innovations ; (ii) entrepreneurial fast-track global cost leaders ; (iv) lethargie reliance on information and process technology.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Roger Miller
Roger Blais
Configuration de modes d'innovation : les innovateurs
prévisibles et les francs-tireurs
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 61. 3e trimestre 1992. pp. 33-53.
Résumé
Cette étude présente les résultats d'une enquête sur les modes d'innovation. L'échantillon se compose de 43 entreprises
canadiennes réparties en six secteurs industriels.
Les modes d'innovation des firmes se sont révélés hautement tributaires des secteurs industriels. De fait, l'innovation au sein de
la plupart des entreprises suit un cours prévisible et propre à leur secteur industriel. Une minorité non négligeable d'entreprises
adoptait quant à elle un comportement indépendant, semblable aux modes d'innovation ayant cours dans d'autres industries.
Une taxonomie empirique des modes d'innovation débordant les cadres industriels est présentée. Quatre configurations
ressortent de l'analyse des données selon que le mode d'innovation est basé (i) sur la science, (ii) sur l'expérimentation continue,
(iii) sur les économies d'échelle, et (iv) sur l'adoption d'équipements spécialisés et l'informatique.
Abstract
This study reports on an investigation of modes of innovation in 43 firms in six industrial sectors. Modes of innovations were
found to be highly sector specific. In fact, most firms innovate in predictable fashions, in conformity with the logic of innovation in
their industry. A substantial minority of firms adopt maverick behaviors, similar to modes of innovation which prevail in other
industries.
An empirical taxonomy of modes of innovation cutting across industry lines is presented. Four configurations emerged from the
data analysis : (i) science-based product innovations ; (ii) entrepreneurial fast-track global cost leaders ; (iv) lethargie reliance on
information and process technology.
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Miller Roger, Blais Roger. Configuration de modes d'innovation : les innovateurs prévisibles et les francs-tireurs. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 61. 3e trimestre 1992. pp. 33-53.
doi : 10.3406/rei.1992.1435
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1992_num_61_1_1435Roger MILLER BLAIS
CONFIGURATIONS DE MODES
D'INNOVATION : LES INNOVATEURS
PRÉVISIBLES ET LES FRANCS-TIREURS
I. — INTRODUCTION
Les entreprises sont constamment soumises à des pressions concurrentiell
es les poussant à innover. Les possibilités d'innovation exercent un effet
transformateur sur les firmes, les amenant à vouloir modifier leur bagage de
connaissances, leur offre de produits ou leurs procédés de production. Par ail
leurs, les modes d'innovation réels affichés par les entreprises sont régis non seu
lement par leurs stratégies officielles, mais aussi par les contextes national et indust
riel où elles évoluent ainsi que par leurs compétences propres. Le présent article
cherche à identifier les profils des différents comportements innovationnels et à
juger à quel point les modes empruntés sont tributaires des secteurs industriels.
Recherches antérieures
L'hypothèse à l'effet que les modes d'innovation s'articulent en catégories dis
tinctes et peuvent être compris grâce à des taxonomies n'a rien de nouveau. En
fait, différentes recherches empiriques ont déjà dressé une catégorisation. En voici
un résumé.
• Les recherches en stratégie ont déjà attiré l'attention sur l'existence de types
génériques. Miles et Snow (1978) ont proposé une typologie des stratégies réalisa
bles : la défense, la prospection, l'analyse. Porter (1985) a fait valoir que les stra
tégies génériques comprenaient : (i) l'initiative sur le plan des coûts globaux, (ii)
la différenciation, (iii) l'initiative axée sur les coûts au sein d'un segment cible et
(iv) la différenciation par segment cible, chaque possibilité entraînant un type dif
férent de politique technologique.
• Les études en économie industrielle révèlent la présence de cheminements
d'innovation. Pavitt (1990), notamment, a identifié quatre groupes sectoriels en
ce qui a trait à la création et à l'utilisation de l'innovation : (i) les secteurs « à
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 61, 3e trimestre 1992 33 prédominance de fournisseurs », (ii) le secteur « grande échelle », (iii) les « four
nisseurs spécialisés », et (iv) les secteurs « de nature scientifique ». La capacité
de tirer profit de la R-D varie selon les secteurs (Teece, 1986).
• Plusieurs typologies des modes d'innovation ont été proposées. Les travaux
de Kim Clark (1988) ont identifié quatre types d'innovation. Suite à une recher
che dans le secteur automobile, cet auteur a dressé une typologie des innovations :
(i) l'innovation architecturale, (ii) l'innovation régulière, (iii) l'innovation créa
trice de créneaux et (iv) l'innovation révolutionnaire. Pour sa part, Lowell Steele
(1989) a constaté que les pratiques innovatrices varient selon que les entreprises
sont reliées aux ressources naturelles, à l'intégration de systèmes ou aux services.
Modesto Maidique (1982) signale quant à lui quatre grandes stratégies : (i) la pr
imeur de l'entrée sur le marché, (ii) l'entrée précoce, (iii) la réduction des coûts,
et (iv) la segmentation du marché spécialisé.
• McGee et Thomas (1985) ont passé en revue les différentes études empiriques
traitant des groupes stratégiques et des principes qui régissent leur formation. Ces
études ont démontré que des groupes d'entreprises poursuivant des stratégies simi
laires se retrouvent surtout au sein d'industries spécifiques. Ces groupes stratégi
ques sont une réponse aux barrières à la mobilité.
• Les études sur le cycle de vie des industries laissent entrevoir des modes d'inno
vation distincts à mesure que les systèmes de production passent de l'état fluide
à l'état rigide (Utterback, 1978). Sur le plan des produits, les innovations prédo
minent au stade fluide d'émergence de l'industrie alors qu'elles visent la réduc
tion des coûts et que s'impose un design dominant (Abernathy et Utterback, 1975).
La rigidité s'installe à l'étape de maturation, mais elle peut être contournée par
un processus de « dématuration » (OCDE, 1988).
IL — OBJETS DE LA RECHERCHE
L'objet de la présente recherche est d'identifier une taxonomie des modes d'inno
vation. La problématique de l'innovation est abordée du point de vue de la direc
tion supérieure de l'entreprise. L'innovation, telle que nous la comprenons, ne se
limite pas au lancement de produits ou à la mise en place de procédés, mais consti
tue un ensemble de comportements organisationnels et concurrentiels. En effet, les
stratégies relatives à l'innovation ne sont pas singulières ou uniques ; elles forment
plutôt des configurations susceptibles d'être influencées non seulement par les
contextes industriels, mais aussi par les compétences de l'entreprise et pas les dir
igeants. Plus précisément, quatre questions ont structuré notre enquête :
1) Les modes d'innovation sont-ils soumis aux influences dominantes du contexte
industriel, ou les entreprises possèdent-elles une liberté de choix stratégiques ?
Quelle est la marge de manœuvre des entreprises dans le choix d'un mode d'inno
vation qui se démarque des profils dominants au sein de leur secteur industriel ?
2) Les entreprises innovent-elles de façon prévisible selon les modes propres à
leur secteur industriel, ou choisissent-elles de préférence des modes d'innovation
en fonction des ressources disponibles, des compétences organisationnelles et des
prédilections des dirigeants ?
34 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 61, 3e trimestre 1992 Quelles sont les configurations spécifiques des modes particuliers d'innovat3)
ion en ce qui a trait au contexte, à la stratégie, à la structure et au rendement ?
Ces modes d'innovation se démarquent-ils d'un point de vue statistique ?
4) Quel est le niveau de participation des cadres intermédiaires et du personnel
au sein du processus d'innovation ? À quel point le processus d'innovation est-il
géré par la haute direction ?
Ces questions de recherche font référence aux quatre thèmes de recherche sui
vants : (i) les