Considérations sur la proxémique - article ; n°10 ; vol.3, pg 65-75
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Description

Langages - Année 1968 - Volume 3 - Numéro 10 - Pages 65-75
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paolo Fabbri
Considérations sur la proxémique
In: Langages, 3e année, n°10, 1968. pp. 65-75.
Citer ce document / Cite this document :
Fabbri Paolo. Considérations sur la proxémique. In: Langages, 3e année, n°10, 1968. pp. 65-75.
doi : 10.3406/lgge.1968.2549
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1968_num_3_10_2549PAOLO FABBRI.
CONSIDÉRATIONS SUR LA PROXÉMIQUE
Tout acte de dénomination d'une discipline nouvelle est de nature
sémiotique. Il motive une nouvelle disposition de notre regard vers les
signes par lesquels s'expriment les phénomènes étudiés; par le même geste,
il regroupe un espace stratégique et les instruments pour le parcourir. "
Tel est bien le cas de l'apparition de la proxémique, branche de la
sémiotique qui étudie la structuration signifiante de l'espace humain.
Et pourtant sa créativité n'est qu'apparente. On sait qu'une définition
verbale a peu de «contenu» scientifique; un concept scientifique n'a son
sens intégral que relié à d'autres concepts de la même nature. Et si un
concept ne peut être inventé indépendamment de son contexte, cela tient
au fait, apparemment paradoxal, qu'il était déjà là, dans la différence qui
a permis son articulation. C'est aussi le cas de la proxémique. Son acte
de naissance était calqué en creux dans l'espace pré-défini d'une sémiotique
généralisée qui vise à l'appréhension du monde des qualités sensibles dans
une hiérarchie de métalangages capable d'en décrire la structure signi
fiante.
1. L'acte proxémique est un acte sémiotique dans la direction trans
linguistique que cette discipline poursuit. Mais si le sens en estunivoque,
on ne saurait pas dire de même des parcours particuliers. Le programme
proxémique, ter qu'il vient d'être à peine esquissé, demande, pour la
compréhension de sa cohérence interne, qu'on rappelle le cadre épisté-
mologique qui l'a rendu possible.
Son discours est fondé sur l'axiome premier : culture = communication
qui supporte l'essor des behavioral sciences aux États-Unis 1. La culture
(c'est-à-dire, la façon dont l'homme donne du sens au monde qui l'env
ironne et se donne du sens en rapport avec les autres) consisterait en la
1. It is taken as a given that language is the principal mode of communication
for human beings. It is further assumed that language is always accompanied by other
communications systems, that all culture is an interacting set of communications and that,
communication as such results from and is a composite of all the specific
systems as they occur in the total cultural complex (Trager G. L., « Paralanguage : a first
approximation», Studies in Linguistics, 13, 1958). 66
somme des répertoires de coded behaviour, accomplis et interprétés par les
membres de l'organisation sociale dans des situations communicatives.
Ces modèles (patterns) de comportement, très structurés, sont organisés
en séquences, articulées de façon différente selon les différentes
cultures.
S'ils veulent s'exprimer d'une manière prévisible et communicative,
les membres d'une culture doivent apprendre à se conduire (donc à parler,
à gesticuler, à se mouvoir dans l'espace, etc.) sur la base de ces modèles
conventionnels 2. Or, ces modèles seraient organisés selon le paradigma
case du langage. Les catégories analytiques de la linguistique sont extra
polées vers une dimension plus vaste de la communication, élargie jusqu'à
comprendre toute l'influence exercée par un organisme sur un autre.
Les comportements sont partagés en unités minimales (behaviorèmes)
à l'intérieur d'un niveau; ils s'intègrent en tant qu'unités plus vastes au
niveau supérieur et ainsi de suite. Ces unités se disposent par séries de
séquences structurées : il en résulte un comportement « programmé »,
où par programme on entend une abstraction déduite de l'interaction des
comportements. Des cultures différentes révèlent ainsi des configurations
programmatiques particulières (idiosincratic), c'est-à-dire, des séquences
caractéristiques de behaviorèmes, situées sur plusieurs niveaux de struc
turation.
Issue d'une psychologie transactionnelle, cette ^émiotique de la
communication envisage le comportement significatif, non pas dans son
faire, dans l'acte délibéré de communication, mais dans l'être de l'homme
dans la communication, dans l'exercice d'un savoir aussi rigoureusement
articulé que caché.
Une sémiotique ainsi conçue, pour achever son projet, doit dépasser
la surface changeante des comportements perçus, le jeu illusoire des signes
au niveau de la manifestation sensible et aller au-delà des « surprises du
monde » dans la direction de la structure immanente. Dans ce sens les
behavioristes parlent de cultural grammar ou, plus généralement, d'un
parallélisme rigoureux entre les niveaux les plus hauts de la structure
sociale et les plus hauts niveaux de la structure linguistique 3.
La structure sociale serait apprise d'ailleurs, par les membres d'une
culture, selon les mêmes modalités .que la grammaire. Le trait distinctif
de ces règles de comportement social, qui plus que tout autre les ferait
justiciables d'un traitement linguistique, est le caractère inconscient et
nécessaire de leur apprentissage et de leur manifestation. Inégalement
2. Voir « la culture d'une société consiste en ce que quelqu'un doit savoir ou
croire pour pouvoir agir d'une façon acceptable envers ses membres, et le faire dans
tout rôle social qu'il accepte pour lui-même » (Goodenough W., « Cultural anthropo
logy and linguistics », 1957, maintenant in Language in Culture and Society, D. Hymes
éd., New York, 1964).
real as 3. the The immediate constituents of a of well-formed a sentence social (Brown event are R., Social as psychologically Psychology,
New York, 1965, pp. 303-304). 67
éparpillés à différents niveaux de conscience, règles et programmes des
sinent une typologie complexe de modèles étages selon une stratigraphie
cumulative dans l'inconscient social *.
Un deuxième mouvement de cette sémiologie devrait formuler la
classification systématique des contextes de communication : ainsi serait
dressée une typologie destinée, en tant que dimension « pragmatique »,
à intégrer les programmes et les patterns dans la structure sociale 5.
2.1. L'hypothèse qui fonde la recherche proxémique actuelle relève de
cette matrice théorique. Dans les propos des chercheurs (du linguiste
Trager surtout), ilj^agit de rendre compte du phénomène communicatif
as a total picture. A l'intérieur d'une symbolique généralisée s'ordonne
raient (a) des faits prélinguistiques (événements physico-biologiques,
voice sets, voice qualities, body set, body qualities, etc.), (b) la communicat
ion qui étudie le langage et des phénomènes qui lui sont strictement asso
ciés; phénomènes paralinguistiques (vocalisations et qualités de la voix)
et kinésiques (kinesics) (mouvements et gestes), étudiés de même par les
techniques d'analyse phonémique 6. En marge des études sémiotiques
sur la kinésique (R. Birdwhistell) et la paralinguistique (G. Trager,
H. L. Smith, R. E. Pittenger, N. Me Quown, G. Bateson), T. H. Hall,
un anthropologue, vient d'établir un domaine parcouru par une « parole
silencieuse ». A partir d'une lecture linguistique de l'anthropologie des
manières (manners) 7 et des études (avec Trager) sur le lexique nord-
américain qui définit le domaine sémantique du temps et de l'espace,
Hall a effectué une coupe opérationnelle qui l'a amené à la définition de
la proxémique : « the study of how man unconsciously structures microspace
— the distance between men in the conduct of daily transactions, the orga
nisation of space in his houses and buildings, and ultimately the layout
of his towns 8 ». Toute la problématique de la sémiotique de l'information
y est impliquée, à partir du paradigme case linguistique. « Proxemics
4. La ligne intellectuelle poursuivie ici a été tracée par E. Sapir.
5. Dans cette orientation voir nommément Pike K., Language in relation to
a unified th

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