Contraintes en sémantique lexicale - article ; n°150 ; vol.37, pg 75-87
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Description

Langages - Année 2003 - Volume 37 - Numéro 150 - Pages 75-87
The aim of this paper is to propose a description of lexical meaning which claims that a part of a speaker's knowledge can be formulated in terms of constraints. The meaning of a given word is described, on one hand, as a set M (p) of possible affirmative propositions and, on the other, as a set N (-q) of necessary negative propositions. The negative propositions have an instructional interpretation in designating contexts where they are crucial for truth conditions, but it is not the case in other contexts such as indices or metaphors.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Mario Barra-Jover
Contraintes en sémantique lexicale
In: Langages, 37e année, n°150, 2003. pp. 75-87.
Abstract
The aim of this paper is to propose a description of lexical meaning which claims that a part of a speaker's knowledge can be
formulated in terms of constraints. The meaning of a given word is described, on one hand, as a set M (p) of possible affirmative
propositions and, on the other, as a set N (-q) of necessary negative propositions. The negative propositions have an instructional
interpretation in designating contexts where they are crucial for truth conditions, but it is not the case in other contexts such as
indices or metaphors.
Citer ce document / Cite this document :
Barra-Jover Mario. Contraintes en sémantique lexicale. In: Langages, 37e année, n°150, 2003. pp. 75-87.
doi : 10.3406/lgge.2003.916
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2003_num_37_150_916Barra-Jover Mario
UMR 7023-CNRS/Université Paris 8
CONTRAINTES EN SEMANTIQUE LEXICALE
Je vais traiter dans cet article de la pertinence, voire de la nécessité, d'inté
grer, dans toute théorie du sens, un volet comportant les connaissances qu'un
locuteur donné a sur les contraintes d'emploi subies par les entrées lexicales. Il
sera donc nécessaire, d'emblée, de mettre en évidence l'existence de ces
contraintes ainsi que l'importance du rôle qu'elles jouent dans la délimitation
des emplois potentiels des mots. Cela fait, nous serons en mesure d'analyser
avec précision leur domaine d'application, ce qui nous permettra d'aborder
d'un point de vue nouveau des problèmes classiques comme les significations-
stimuli (Quine 1960), la contribution du sens lexical aux conditions de vérité et
les emplois métaphoriques. J'aimerais que les idées exprimées dans ce qui suit
soient perçues comme des suggestions pertinentes pour toute théorie sémant
ique et non des arguments en faveur ou contre l'une d'elles.
1. Pourquoi parler de contraintes
Les théories sémantiques sont bâties, à ma connaissance, d'une façon que je
me permets d'appeler « positive ». Qu'elles soient essentialistes ou non, elles
cherchent à décrire le sens d'un mot comme un objet ou comme un état de
choses capable de rendre compte de toutes les occurrences de ce mot. Ceci peut
être fait en accordant au sens un degré plus ou moins important de stabilité et
de délimitation préalable. Mais, dans tous les cas de figure, on part de l'idée
qu'un locuteur a des connaissances sur ce que le mot veut dire (ou peut vouloir
dire) et que, s'il limite les emplois à une série intersubjectivement consensuelle,
c'est parce que les emplois accessibles sont, d'une façon ou d'une autre, codés
dans l'ensemble de ces sur le contenu du signe.
Dans une optique naïve fondée sur l'appartenance (cf. Cadiot 1999, pour
l'opposition entre logique d'appartenance et logique de conformité), un signe X
désigne un objet appartenant à un ensemble A {al7 a2,...an} existant indépen
damment du signe X. Par exemple, le mot eau désigne les occurrences de H2O.
Mais il y a, bien entendu, deux situations qui demandent une explication : 1) le
terme X peut être utilisé pour désigner un objet n'appartenant pas à
l'ensemble A (j'appellerai cela le problème de l'inclusion) et 2) le terme X est
mal utilisé pour désigner un membre de l'ensemble A (j'appellerai cela le
problème de l'exclusion).
75 Le problème de l'inclusion a été largement traité, au point qu'il est devenu
le noyau de toute réflexion en sémantique lexicale. Le problème de l'exclusion a
été plus négligé. Pourtant, il existe bel et bien et peut prendre un aspect assez
complexe s'il est convenablement développé. Ainsi, si nous reprenons le cas de
l'eau, il est facile de constater que la présence de H2O ne garantit pas que le
terme eau soit correctement utilisé. Il suffit d'évoquer deux situations pour y
voir clair :
1) Je vois quelqu'un dont le pull est mouillé, je ne saurai dire « tu as de l'eau sur
ton pull ».
2) Un verre contient des glaçons qui commencent à fondre et je dis à la
personne qui va me verser un whisky : « attends, s'il te plaît, je n'aime pas avoir
de l'eau dans mon whisky ». La personne en question va comprendre que je
veux uniquement me débarrasser de la partie liquide du contenu.
On verra plus loin que les choses sont encore plus compliquées et que ces
exemples ne font que nous aider à entrevoir le problème. Ils nous permettent,
tout de même, d'observer que dans une approche fondée sur l'appartenance, il
faudrait stipuler que le sens d'un terme contient assez d'informations
« positives » sur la nature des entités désignables comme pour éliminer direct
ement un sous-ensemble de la classe naturelle qui est en rapport avec lui. Et
pour ce faire, il faudrait rétrécir le volet ontologique des conditions nécessaires
et suffisantes (dans le sens de Kleiber 1999), sans pour autant empêcher l'inclu
sion des membres d'autres classes dans le domaine de désignation du terme.
Voyons, à présent, comment le problème est posé dans une logique de
conformité. Dans ce cas le signe X permet d'accéder à un ensemble d'entités
n'existant pas en tant que tel indépendamment du signe X. Il va de soi qu'une
théorie formulée dans ce langage prévoit directement les deux situations
évoquées plus haut. Ainsi, un signe X permet l'accès aux entités d'un
X' ensemble X' {a, b, c,... n}. Étant donné qu'on ne stipule pas que l'ensemble
doive contenir des sous-ensembles A, B, C, etc., mais seulement des membres
de ces ensembles, le signe X peut exclure, sans plus, des entités qui sont reliées
de par leurs propriétés naturelles à une classe représentée par un ou plusieurs
de ses membres dans X'.
On dirait donc que le problème de l'inclusion ne demande pas d'attention
particulière dans ce type de théories. Or, il me semble que, bien qu'elles soient
plus aptes à le formuler, elles ne le résolvent pas directement. Voyons pourquoi.
Admettons que le sens d'un terme puisse être décrit comme un ensemble de
propositions, tout en laissant ouverte la question de savoir si ces propositions
sont saisissables et stables hors contexte et si elles sont en nombre fini ou non
(et tout ce qui en découle). Quel que soit le point de vue adopté, on peut se
prononcer sur la question suivante : ces propositions sont-elles toutes affirma
tives ou y en a-t-il des négatives, dont le rôle serait de tracer les limites à
l'extension du signe ? Prenons un exemple comme voyage. D'emblée, on aimer
ait dire qu'il est possible de cerner les emplois de ce mot moyennant une liste
de propositions affirmatives que les locuteurs sont censés approuver. En effet,
une définition (en fait, une liste de propositions) comme celle du Robert semble
76 peu ou prou cette intuition : « déplacement d'une personne qui se transmettre
rend dans un lieu assez éloigné (pour y rester, s'y déplacer, en revenir) ». Il est
clair que cette définition pose les problèmes inhérents à toute définition (pour
quoi « une personne » ? qu'est-ce que c'est que « assez éloigné » ?), mais ce n'est
pas cela qui m'intéresse : si je songe à une personne qui se déplace de Poitiers à
Paris, la définition est acceptable et je peux dire que cette personne est partie en
voyage. Or, compliquons un peu la vie de cette personne et imaginons qu'elle vit
à Poitiers tout en travaillant à Paris. Dans ce cas, il serait peu vraisemblable que
l'on dise pour parler de l'un de ses déplacements qu'elle est partie en voyage.
Ceci revient à dire qu'il y a des qui, tout en étant des voyages
dans une situation donnée, ne le sont pas dans une autre. Cette situation n'a
rien d'extraordinaire et des hypothèses comme celle des propriétés extrinsè
ques de Cadiot et Nemo (1997) ou celle des formes sémantiques de Cadiot et
Visetti (2001) la prévoient dans leurs formulations. Mais essayons de donner à
cette information sur voyage la forme d'une proposition pouvant figurer sur la
liste qui représente le sens du mot. Nous constatons qu'il est plus efficace de le
faire par le biais d'une proposition négative (« le déplacement ne doit pas être
effectué régulièrement ») que par le biais

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