Corpus d introduction Le personnage de roman au fil des siècles
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Corpus d'introduction Le personnage de roman au fil des siècles

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Corpus d'introduction : Le personnage de roman, au fil des siècles. Document A : Perceval ou le conte du Graal , Chrétien de Troyes, vers 1181 Cette nuit-là il neigea abondamment car la contrée était très froide. Perceval qui s'était levé de bon matin, comme à l'accoutumée, en quête d'aventures chevaleresques, vint droit à la prairie où l'armée du roi avait établi ses quartiers. Tout y était couvert de givre et de neige. Avant qu'il n'arrivât aux tentes, voici venir un vol l'oies sauvages que la neige avait éblouies. Il les a vues et entendues, car elles fuyaient devant un faucon qui les poursuivait à toute vitesse. Finalement le rapace en trouva une à la traîne qui s'était séparée des autres et la frappa si violemment qu'il la précipita à terre. Mais il n'avait pas été assez rapide. Il la laissa donc sans chercher à la saisir et à s'en emparer. Cependant Perceval pique des deux dans la direction où il a aperçu le vol des oiseaux. L'oie avait été atteinte au cou et elle perdit trois gouttes de sang qui se répandirent sur la neige blanche, telle une couleur naturelle. Elle n'avait pas été blessée au point de rester à terre et de laisser à Perceval le temps d'arriver jusqu'à elle. Elle avait donc repris son vol et Perceval ne vit que la neige foulée, là où l'oie s'était abattue, et le sang qui apparaissait encore.

  • guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes

  • neige

  • neige blanche

  • corps

  • valise couverte de granuleux cuir sombre


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Langue Français

Extrait

Corpus d'introduction :
Le personnage de roman, au fil des siècles.
Document A :
Perceval ou le conte du Graal
, Chrétien de Troyes, vers 1181
Cette nuit-là il neigea abondamment
car la contrée était très froide.
Perceval qui s’était levé de bon matin,
comme à l’accoutumée,
en quête d’aventures chevaleresques,
vint droit à la prairie
où l’armée du roi avait établi ses quartiers.
Tout y était couvert de givre et de neige. Avant qu’il
n’arrivât aux tentes, voici venir un vol l’oies sauvages
que la neige avait éblouies.
Il les a vues et entendues,
car elles fuyaient devant un faucon qui les poursuivait à
toute vitesse.
Finalement le rapace en trouva une à la traîne qui s’était
séparée des autres et la frappa si violemment
qu’il la précipita à terre.
Mais il n’avait pas été assez rapide.
Il la laissa donc sans chercher à la saisir et à s’en emparer.
Cependant Perceval pique des deux dans la direction où il
a aperçu le vol des oiseaux. L’oie avait été atteinte au cou
et elle perdit trois gouttes de sang qui se répandirent sur la
neige blanche, telle une couleur naturelle.
Elle n’avait pas été blessée au point de rester à terre et de
laisser à Perceval le temps d’arriver jusqu’à elle.
Elle avait donc repris son vol
et Perceval ne vit que la neige foulée,
là où l’oie s’était abattue,
et le sang qui apparaissait encore.
Il prit appui sur sa lance et contempla la ressemblance qu’il y
découvrait :
le sang uni à la neige lui rappelle le teint frais du visage de son
amie,
et, tout à cette pensée, il s’en oublie lui-même.
Sur son visage, pense-t-il,
le rouge se détache sur le blanc exactement comme le font les
gouttes de sang sur le blanc de la neige.
Plongé dans sa contemplation,
il croit vraiment voir, tant il y prend plaisir, les fraîches
couleurs du visage de son amie qui est si belle.
Perceval passa tout le petit matin à rêver sur ces gouttes de
sang, jusqu’au moment où sortirent des tentes des écuyers qui,
en le voyant ainsi perdu dans sa rêverie, crurent qu’il
sommeillait.
Document B : Incipit de
La princesse de Clèves
, de Madame de La Fayette, 1678
La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du
règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux ;
Quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans,
elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants.[...]
Jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature
eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau, dans les plus grandes princesses et dans les plus grands
princes. Madame Elisabeth de France, qui fut depuis reine d’Espagne, commençait à faire paraître un esprit
surprenant et cette incomparable beauté qui lui a été si funeste. Marie Stuart, reine d’Ecosse, qui venait d’épouser
monsieur le dauphin, et qu’on appelait la reine Dauphine, était une personne parfaite pour l’esprit et pour le corps
: elle avait été élevée à la cour de France, elle en avait pris toute la politesse, et elle était née avec tant de
dispositions pour toutes les belles choses, que, malgré se grande jeunesse, elle les aimait et s’y connaissait mieux
que personne. La reine, sa belle-mère, et Madame, sœur du roi, aimaient aussi les vers, la comédie et la musique.
Le goût que le roi François premier avait eu pour la poésie et pour les lettres régnait encire en France ; et le roi
son fils aimant les exercices du corps, tous les plaisir étaient à la cour. Mais ce qui rendait cette cour belle et
majestueuse était le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérite extraordinaire. Ceux que je vais
nommer étaient, en des manières différentes, l’ornement et l’admiration de leur siècle.
Document C : Incipit du Roman comique de Scarron, 1651-1655
I
l était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans. Cette charrette était attelée de
quatre bœufs fort maigres, conduits par une jument poulinière, dont le poulain allait et venait à l'entour de
la charrette comme un petit fou qu'il était. La charrette était pleine de coffres, de malles et de gros paquets
de toiles peintes, qui faisaient comme une pyramide, au haut de laquelle paraissait une demoiselle habillée
moitié ville, moitié campagne. Un jeune homme, aussi pauvre d'habits que riche de mine, marchait à côté
de la charrette. Il avait un grand emplâtre sur le visage, qui lui couvrait un œil et la moitié de la joue, et
portait un grand fusil sur son épaule, dont il avait assassiné plusieurs pies, geais et corneilles, qui lui
faisaient comme une bandoulière, au bas de laquelle pendaient par les pieds une poule et un oison qui
avaient bien la mine d'avoir été pris à la petite guerre (1). Au lieu de chapeau, il n'avait qu'un bonnet de
nuit, entortillé de jarretières de différentes couleurs, et cet habillement de tête était une manière de turban
qui n'était encore qu'ébauché et auquel on n'avait pas encore donné la dernière main. Son pourpoint (2) était
une casaque de grisette (3), ceinte avec une courroie, laquelle lui servait aussi à soutenir une épée qui était
si longue qu'on ne s'en pouvait aider adroitement sans fourchette (4). Il portait des chausses troussées à bas
d'attaches (5), comme celles des comédiens quand ils représentent un héros de l'antiquité, et il avait, au lieu
de souliers, des brodequins à l'antique (6) que les boues avaient gâtés jusqu'à la cheville du pied. Un
vieillard vêtu plus régulièrement (7), quoique très mal, marchait à côté de lui. Il portait sur ses épaules une
basse de viole (8), et, parce qu'il se courbait un peu en marchant, on l'eût pris de loin pour une grosse tortue
qui marchait sur ses jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de
proportion qu'il y a d'une tortue à un homme; mais j'entends parler (9) de tortues qui se trouvent dans les
Indes, et de plus, je m'en sers de autorité."
Document D : un extrait de
René
, de Chateaubriand, 1802
L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j'entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes.
Tantôt j'aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt
j'enviais jusqu'au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé
au coin d'un bois. J'écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant naturel de
l'homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il
manque des cordes et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
Document E : description de Madame Vauquer dans
Le père Goriot
, de Balzac (début du roman), 1834
Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer
précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et
fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un
tour de faux cheveux mal mis; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte,
grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet; ses petites mains potelées, sa personne dodue
comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur,
où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écoeurée. Sa
figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit
aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la
pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre.
L'embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des
exhalaisons d'un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et
dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce
la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet. Agée d'environ
cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l'oeil vitreux, l'air
innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour
adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est
bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l'entendant geindre et tousser
comme eux.
Document F : Incipit de
L'étranger
, de Camus, 1942
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile: «Mère
décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et
j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé
à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai
même dit : «Ce n'est pas de ma faute.» II n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En
somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute
après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte.
Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J'ai pris l'autobus à deux heures. II faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude.
Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit: «On n'a qu'une mère.» Quand je suis parti, ils
m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui
emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.J'ai couru pour ne pas
manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur
d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le
trajet. Et quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais
de loin. J'ai dit «oui» pour n'avoir plus à parler.
Document G :
La Modification
, Michel Butor, 1957
Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de
pousser un peu plus le panneau coulissant.
Vous vous introduisez par l'étroite ouverture en vous frottant contre ses bords, puis, votre valise couverte de
granuleux cuir sombre couleur d'épaisse bouteille, votre valise assez petite d'homme habitué aux longs voyages,
vous l'arrachez par sa poignée collante, avec vos doigts qui se sont échauffés, si peu lourde qu'elle soit, de l'avoir
portée jusqu'ici, vous la soulevez et vous sentez vos muscles et vos tendons se dessiner non seulement dans vos
phalanges, dans votre paume, votre poignet et votre bras, mais dans votre épaule aussi, dans toute la moitié du
dos et dans vos vertèbres depuis votre cou jusqu'aux reins.
Non, ce n'est pas seulement l'heure, à peine matinale, qui est responsable de cette faiblesse inhabituelle, c'est
déjà l'âge qui cherche à vous convaincre de sa domination sur votre corps, et pourtant, vous venez seulement
d'atteindre les quarante-cinq ans.
Vos yeux sont mal ouverts, comme voilés de fumée légère, vos paupières sensibles et mal lubrifiées, vos
tempes crispées, à la peau tendue et comme raidie en plis minces, vos cheveux qui se clairsèment et grisonnent,
insensiblement pour autrui mais non pour vous, pour Henriette et pour Cécile, ni même pour les enfants
désormais, sont un peu hérissés et tout votre corps à l'intérieur de vos habits qui le gênent, le serrent et lui pèsent,
est comme baigné, dans son réveil imparfait, d'une eau agitée et gazeuse pleine d'animalcules en suspension.
Si vous êtes entré dans ce compartiment, c'est que le coin couloir face à la marche à votre gauche est libre,
cette place même que vous auriez fait demandé par Marnal comme à l'habitude s'il avait été encore temps de
retenir, mais non que vous auriez demandé vous-même par téléphone, car il ne fallait pas que quelqu'un sût chez
Scabelli que c'était vers Rome que vous vous échappiez pour ces quelques jours.
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