Dans la langue, par la langue mais tout entière - article ; n°142 ; vol.35, pg 3-9
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Description

Langages - Année 2001 - Volume 35 - Numéro 142 - Pages 3-9
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

M. Amr Helmy Ibrahim
Dans la langue, par la langue mais tout entière
In: Langages, 35e année, n°142, 2001. pp. 3-9.
Citer ce document / Cite this document :
Ibrahim Amr Helmy. Dans la langue, par la langue mais tout entière. In: Langages, 35e année, n°142, 2001. pp. 3-9.
doi : 10.3406/lgge.2001.879
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2001_num_35_142_879Amr Helmy Ibrahim
Cellule de Recherche Fondamentale en Linguistique Française et Comparée
(CRFLFC)
Université de Franche-Comté (Besançon)
DANS LA LANGUE, PAR LA LANGUE
MAIS TOUT ENTIÈRE
Un premier dénominateur commun à toutes les contributions de ce numéro :
c'est dans la langue, sa morphologie, sa syntaxe, ses entrées lexicales, la sémant
ique de ses diverses configurations, sa grammaire, au sens large d'une régulat
ion, d'une organisation, ou mieux encore, d'une écologie de ses constituants
matériellement identifiables par des procédures reproductibles même quand ces
constituants ne sont pas immédiatement observables, qu'il faut chercher l'expli
cation des interprétations que les humains donnent à l'usage qu'ils font d'une
langue. Dans la langue et pas ailleurs.
Un deuxième dénominateur commun, c'est que pour chercher quelque chose
dans une langue, il n'y a qu'un seul outil : cette langue elle-même. Ce qui signif
ie, à bon entendeur salut, que, pour cette tâche précise, tous les autres outils sont
mauvais.
Un troisième dénominateur commun est qu'à condition de satisfaire aux deux
conditions précédentes et à des critères plus généraux de reproductibilité dont
même les plus endurcis des littéraires découvrent les vertus - il leur arrive eux
aussi de se préoccuper d'être entendus - l'heure est à l'intégration des compos
antes et des domaines. Jeunes ou moins jeunes, les contributeurs, qu'ils présent
ent une théorie, traitent d'un exemple ou réfléchissent sur un connecteur, n'en
sont plus à explorer un aspect de la langue dans une discipline linguistique part
iculière. Ils ont conscience de s'attaquer à un processus non sécable : la construc
tion du sens.
En effet, rares sont ceux qui, aujourd'hui, développent encore, comme ils l'au
raient fait il y a quarante ou même trente ans, une argumentation consistante en
faveur de l'autonomie de la syntaxe voire en faveur de la possibilité de séparer,
dans une analyse linguistique cohérente de quelque patronage théorique que ce
soit, un composant syntaxique, d'un composant sémantique d'un composant lexical. Il
n'en reste pas moins que, malgré les déclarations de principe répétées sur la
nécessité d'intégrer les trois dimensions à toute analyse pertinente des énoncés,
les recherches authentiquement intégratives restent rares. D'où l'originalité de la
démarche des auteurs de ce numéro. Si la démarche intégrative reste, dans les faits, difficile, c'est, pensons-nous, en
raison des méthodes qui, pour l'essentiel, ont été élaborées à une époque où il
était impératif de distinguer clairement les niveaux d'analyse et notamment de
savoir en observant un phénomène problématique si l'explication se trouvait
dans la nature de la construction syntaxique, dans l'origine lexicale ou dans
l'interprétation sémantique de l'expression ou de l'énoncé voire du texte où elle
apparaissait. Mais il n'y a pas que le poids de l'histoire. Les tendances domi
nantes parmi les méthodes de la recherche actuelle ont leur part, souvent lourde,
de responsabilité dans la difficulté de parvenir à une approche intégrative qui
replacerait la linguistique à la seule place qui corresponde à l'importance de la
langue dans la définition et la compréhension de l'espèce humaine : la première,
toutes sciences et disciplines confondues.
D'une part une certaine confusion entre les exigences d'une analyse automat
ique qu'il serait d'ailleurs plus raisonnable d'appeler automatisée des langues et
celles d'une analyse cohérente et modélisable de la grammaire de ces langues.
Confusion qui a conduit à ne reconnaître comme traces morphosyntaxiques per
tinentes dans une langue que ce que l'informatique, l'intelligence artificielle ou la
logique formelle, trois pratiques sans aucun rapport avec les langues, savaient
reconnaître. D'autre part, une confusion certaine entre les spéculations dites
cognitives sur ce que nous comprenons, croyons ou voulons bien comprendre et
que nous avons habillé pour la circonstance de l'habit tout neuf du roi que per
sonne n'osait contredire du célèbre conte d'Andersen, et le travail, il est vrai plus
ingrat, parce que plus directement exposé à vérification, des sémanticiens. Et ce
ne sont pas les réseaux de neurones, confondant la réalité de leur simulation
informatique avec la réalité, dont le détail est quasiment inconnu à ce jour, des
échanges cérébraux, qui sont susceptibles de réconcilier ces deux approches de
toute façon méthodologiquement incompatibles. Ceci dit, les modes et les
contraintes du marché ont du bon. Elles génèrent quelques idées et accélèrent
l'exploration, de toute façon indispensable, du continent de notre ignorance.
Un progrès considérable dans le sens de l'intégration a été réalisé partout où
lexique et syntaxe ont été en quelque sorte unifiés comme ce fut le cas pour cer
tains courants, orthodoxes ou dissidents, de la grammaire ou de la sémantique gene
rative aux États-Unis ou pour la mouvance du lexique-grammaire en France, mais
l'intégration du lexique à la syntaxe ne s'est pas étendue à la sémantique.
Parallèlement, la plupart des sémanticiens se sont longtemps refusés à l'idée que
leurs analyses sémantiques ne soient valides qu'à condition qu'elles aient un
écho dans un ensemble parallèle et parallèlement cohérent de traces et de pro
priétés syntaxiques. Dans l'ensemble, les liens grandissants entre la sémantique
et le lexique n'ont pas modifié radicalement cette attitude. Autrement dit, les syn-
tacticiens comme les sémanticiens ont fait une place de plus en plus grande au
lexique dans leurs descriptions comme dans leur théorisation, allant parfois jus
qu'à user du même vocabulaire, mais sans se rapprocher vraiment. Comme s'il
y avait, par delà la volonté commune de comprendre et d'interpréter le fonc
tionnement des langues, une incompatibilité essentielle dans leurs visées : du
côté des syntacticiens l'idée que le sens est le produit d'une configuration formelle et arbitraire qui a sa logique propre, ses régularités et ses récurrences, du
côté des sémanticiens qu'il est celui d'une association plus ou moins complexe,
plus ou moins formalisable, entre des éléments motivés, réels, universels, réput
és indépendants de l'arbitraire des langues.
On peut toutefois noter une double exception à cette évolution. D'une part du
côté des inconditionnels de la trace morpho-syntaxique qui acceptent l'idée que
le sens ne soit pas uniquement ni même parfois principalement le résultat des
seules configurations morpho-syntaxiques, d'autre part du côté des incondition
nels du privilège voire de la priorité de l'interprétation sémantique dans les des
criptions linguistiques qui non seulement acceptent mais exigent que ces
interprétations puisent dans la langue et dans elle seule leurs arguments.
Le pari de ce numéro, qui souhaite conforter le mouvement vers une des-
cription/théorisation parfaitement intégrée des langues, est qu'il existe un peu
partout dans le monde et notamment en France, d'un côté comme de l'autre, des
approches quelque peu marginales par rapport au tableau que nous avons brossé
et que les impératifs sociaux et institutionnels de la persuasion, au sens de
Quintilien, ont rendu un peu schématique, mais qui ont pour elles une maturité
descriptive et théorique née de travaux et de confrontations systématiques qui se
sont poursuivis pendant plus d'une vingtaine d'années et qui, surtout, nous
paraissent, depuis quelques années, très naturellement complémentaires.
Marion Carel et Oswald Ducrot exposent ici quelques dimensions essentielles

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