De la Phrygie à Locres épizéphyrienne : les chemins de Cybèle - article ; n°2 ; vol.97, pg 693-718
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1985 - Volume 97 - Numéro 2 - Pages 693-718
Juliette de La Genière, De la Phrygie à Locres épizéphyrienne : les chemins de Cybèle, p. 693-718. Comment le culte de Cybèle peut-il être parvenu à Locres épizéphyrienne dès la première moitié du VIe siècle ? En l'absence de toute attestation d'un contact direct entre cette cité peu maritime et la côte anatolien-ne, il faut chercher un intermédiaire en Grèce continentale. Les liens, solidement attestés, entre Locres et Sparte conduisent l'enquête au Péloponnèse : là, dans le bassin où l'Eurotas prend sa source, comme à Sparte même, et près de la bouche de l'Eurotas à Akriai, trois sanctuaires de la déesse anatolienne existaient dès le VIe siècle : une statue du début du VIe siècle, des statuettes de procession du milieu et de la deuxième moitié du VIe siècle traduisent dans la pierre l'importance du culte de la Mère des dieux à une époque bien antérieure à celle qui a été retenue jusqu'à présent.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Juliette de La Genière
De la Phrygie à Locres épizéphyrienne : les chemins de Cybèle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°2. 1985. pp. 693-718.
Résumé
Juliette de La Genière, De la Phrygie à Locres épizéphyrienne : les chemins de Cybèle, p. 693-718.
Comment le culte de Cybèle peut-il être parvenu à Locres épizéphyrienne dès la première moitié du VIe siècle ? En l'absence de
toute attestation d'un contact direct entre cette cité peu maritime et la côte anatolienne, il faut chercher un intermédiaire en Grèce
continentale. Les liens, solidement attestés, entre Locres et Sparte conduisent l'enquête au Péloponnèse : là, dans le bassin où
l'Eurotas prend sa source, comme à Sparte même, et près de la bouche de l'Eurotas à Akriai, trois sanctuaires de la déesse
anatolienne existaient dès le VIe siècle : une statue du début du VIe siècle, des statuettes de procession du milieu et de la
deuxième moitié du VIe siècle traduisent dans la pierre l'importance du culte de la Mère des dieux à une époque bien antérieure
à celle qui a été retenue jusqu'à présent.
Citer ce document / Cite this document :
La Genière Juliette de. De la Phrygie à Locres épizéphyrienne : les chemins de Cybèle. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Antiquité T. 97, N°2. 1985. pp. 693-718.
doi : 10.3406/mefr.1985.1475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1985_num_97_2_1475JULIETTE DE LA GENIÈRE
DE LA PHRYGIE À LOCRES ÉPIZÉPHYRIENNE
LES CHEMINS DE CYBÈLE*
En 1970 la publication par la Prof. M. Guarducci d'une inscription de
Locres Épizephyrion révélait l'existence d'un culte rendu à Cybèle en Ita
lie du Sud vers la fin du VIIe ou la première moitié du VIe siècle av. J.-C. 1.
Le fragment qui porte les lettres incisées ... ς Ουβάλας appartient à un
vase assez épais, de grand diamètre (0,53/55 m), qui ne peut être rangé
dans aucune des catégories actuellement connues d'amphores ou de
grands vases importés. Il y a donc de fortes chances qu'il s'agisse d'un
Fig. 1 - Fragment de Locres Épizephyrion, d'après M. Guarducci, op. cit., p. 133.
* Séminaire tenu à l'École française de Rome le 25 février 1985.
1 M. Guarducci, Klio, 52, 1970, p. 133-138; republié dans Scritti scelti sulla rel
igione greca e romana e sul cristianesimo, Leyde, 1983, p. 20-25. M. J. Vermaseren,
dans Corpus cultus Cybelae Attidisque, IV, 1978 [= CCCA], p. 51, n. 128, date
le fragment par erreur à la fin du VIe siècle.
MEFRA - 97 - 1985 - 2, p. 693-718. 694 JULIETTE DE LA GENIÈRE
vase façonné sur place2. Le lieu de trouvaille est la zone de Centocamere,
sous les fondations du mur d'enceinte, près du Propylon; le contexte
archéologique serait datable dans la première moitié du VIe siècle grâce à
la présence de vases corinthiens moyens3. M. Guarducci constate que les
caractères épigraphiques s'intègrent bien dans l'alphabet locrien : il s'agit
donc, très probablement, d'une dédicace incisée pour un Locrien sur un
vase local. Aujourd'hui encore on peut accepter sans réserve cette affi
rmation : « È il primo ricordo esplicito che fino ad oggi si abbia del culto di
Cibele, non solo nel mondo greco d'Occidente, ma addirittura nel mondo
greco in generale»4. On peut même ajouter que le fragment de Locres est
à peu près contemporain des plus anciennes inscriptions phrygiennes à la
« Matar Kubileya » que l'on date, très approximativement, dans la premièr
e moitié du VIe siècle5.
Quelle place peut tenir, dans le panthéon d'une jeune colonie d'Occi
dent, une divinité anatolienne et que peut-il rester de sa personnalité ori
ginelle? De telles questions ne peuvent être abordées directement dans
l'état actuel de la documentation; on pourra cependant, en reprenant
l'enquête sur les chemins empruntés par la déesse dans son voyage vers
la Grande-Grèce, mieux comprendre le pourquoi de sa présence à Locres
à une date aussi haute. Cette recherche est le préliminaire nécessaire à
toute tentative d'approche de Cybèle en Occident.
Pour rendre compte de l'arrivée de Cybèle à Locres, M. Guarducci a
proposé la médiation de Siris; la colonie de Colophon aurait pu connaît
re, comme les autres cités ioniennes, le culte de la déesse anatolienne et
aurait pu le transmettre à Locres, avec laquelle, si l'on croit Justin6, elle
entretenait de bons rapports.
Remarquons cependant que cette affirmation de Justin à propos de
deux cités assez distantes l'une de l'autre et dépourvues d'activités mariti-
2 Je remercie vivement le Dott. Cl. Sabbione d'avoir bien voulu me faire
connaître son avis sur ce fragment.
3 Ce renseignement m'a été confirmé par la Dott. E. Lissi que j'ai plaisir è
remercier.
4 M. Guarducci, art. cité p. 21.
5 Bibliographie dans Cl. Brixhe, Die Sprache, 1979, p. 40-45, Le nom de Cybèle.
Sur les origines de Cybèle, cf. E. Laroche, Koubaba, déesse anatolienne, dans Élé
ments orientaux dans la religion grecque ancienne, Paris, 1960, p. 113-128. Cf.
C. Brixhe, M. Lejeune, Corpus des Inscriptions paléo-phrygiennes, Paris, 1984, W-
04, p. 45-47; B-01, p. 62-68. Les réflexions présentées ici doivent beaucoup à des
conversations avec B. Benedetti, chercheur à la Scuola normale superiore de Pise,
et à sa profonde connaissance des cultures anatoliennes.
6 Justin, XX, 2, 10-18. DE LA PHRYGIE À LOCRES ÉPIZÉPHYRIENNE : LES CHEMINS DE CYBÈLE 695
mes, pourrait se faire l'écho, non d'une amitié positive, mais du fait que
Siris et Locres avaient les mêmes ennemies, les cités achéennes de la rive
ionienne, dont les territoires s'étendaient entre elles du nord au sud. Pour
accepter l'idée de l'intermédiaire sirite dans la transmission du culte de
Cybèle il faudrait pouvoir se fonder aussi sur des documents concrets ; or
ceux-ci font défaut actuellement, à Colophon faute d'exploration archéol
ogique, à Siris en dépit de recherches approfondies. C'est pourquoi, sans
renoncer à cette hypothèse, il est licite de s'interroger sur les autres itiné
raires possibles.
Doit-on croire, avec M. Torelli7, à une arrivée directe d'Asie mineure?
Si l'on peut attendre ce type de pénétration à Corinthe ou dans tout autre
emporion, il paraît au contraire peu concevable dans le cas de Locres, cité
dépourvue d'un bon port et qui, essentiellement tournée vers la terre et
ses richesses, paraît à l'écart des grands courants d'échanges des VIIe et
VIe siècles8.
Force est donc de penser que la déesse était installée dès cette époque
dans une ou plusieurs cités de Grèce avec laquelle Locres entretenait des
relations privilégiées et qui, de leur côté, étaient particulièrement ouvert
es aux cultures anatoliennes. À cette idée s'opposent les traditions qui
font état de résistances rencontrées par le déesse sur son parcours; le
récit de Photius racontant comment un prêtre de Cybèle fut jeté dans un
puits pour avoir initié des Athéniennes aux mystères de la Mère des dieux
est demeuré célèbre9. Ces témoignages sont à l'origine de l'affirmation
souvent répétée que le culte de la Mère des dieux est arrivé fort tard en
Grèce continentale par opposition aux cités grecques d'Asie10.
L'inscription de Locres invite à réexaminer ce postulat.
C'est évidemment chez les fondateurs de Locres, c'est-à-dire dans la
Locride continentale, que l'on devrait chercher l'origine d'un culte pré
sent dans la colonie; mais le silence des documents y est total11. Ailleurs
7 M. Torelli, ACT 1976, Naples, 1977, p. 147-184.
8 Sur les activités économiques des cités de Grande-Grèce, cf. G. Nenci, Gli
insediamenti in Calabria fino alla colonizzazione greca, dans Storia della Calabria, I,
Reggio Calabria-Rome, sous presse.
9 Photius, Lexikon, s.v. Μητρωον.
10 Η. Graillot, Le culte de Cybèle, Paris, 1912, p. 1-24. E. Will, La Grande Mère
en Grèce, dans Éléments orientaux dans la religion grecque ancienne, p. 95-111.
M. J. Vermaseren, Cybèle and Attis. The myth and the

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