Discours
2 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
2 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Discours

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 219
Langue Français

Extrait

Charles de Saint-Évremond Œuvres mêlées Discours sur la religion
DISCOURS SUR LA RELIGION. (1677.)
Aussitôt que nous avons perdu le goût des plaisirs, notre imagination nous offre des idées agréables, qui nous tiennent lieu de choses sensibles. L’esprit veut remplacer des plaisirs perdus ; et il va chercher ses avantages en l’autre monde, quand les voluptés qui touchoient le corps nous sont échappées.
Le dégoût du libertinage nous fait quelquefois naître l’envie de devenir dévots ; mais sommes-nous établis dans un état plus religieux et plus saint, nous passons la vie à vouloir comprendre ce qui ne sauroit être compris ; et il vient des temps de sécheresse et de langueur, où l’on fait de fâcheuses réflexions sur le tourment qu’on se donne pour un bien opposé aux sens, peu connu à la raison, conçu faiblement par une foi incertaine et mal assurée. C’est de là que viennent les plus grands désordres des monastères. Quand la félicité qu’où promet aux religieux leur paroît douteuse, le mal certain qu’il faut souffrir leur devient insupportable.
La diversité des tempéraments a beaucoup de part aux divers sentiments qu’ont les hommes, sur les choses surnaturelles. Les âmes douces et tendres se portent à l’amour de Dieu, les timides se tournent à la crainte de l’enfer, les irrésolus vivent dans le doute, les prudents vont au plus sûr, sans examiner le plus vrai ; les dociles se soumettent, les opiniâtres s’obstinent dans le sentiment qu’on leur a donné, ou qu’ils se forment eux-mêmes ; et les gens attachés à la raison veulent être convaincus par des preuves qu’ils ne trouvent pas.
1 Quand les hommes, disoit M. Wurtz ,auront retiré du christianisme ce qu’ils y ont mis, il ny aura qu’une seule religion, aussi simple dans sa doctrine, que pure dans sa morale.
2 Comme nous ne recevons point notre créance par la raison , aussi la raison ne nous fait-elle pas changer. Un dégoût secret des vieux sentiments nous fait sortir de la religiondans laquelle nous avons vécu : l’agrément que trouve l’esprit en de nouvelles pensées, nous fait entrer dans une autre ; et, lorsqu’on a changé de religion, si on est fort à parler des erreurs qu’on a quittées, on est assez foible à établir la vérité de celle qu’on a prise.
La doctrine est contestée partout : elle servira éternellement de matière à la dispute dans toutes les religions ; mais on peut convenir de ce qui regarde les mœurs. Le monde est d’accord sur les commandements que Dieu nous fait et sur l’obéissance qui lui est due ; car alors Dieu s’explique à l’homme en des choses que l’homme connoît et qu’il sent. Pour les mystères, ils sont au-dessus de l’esprit humain, et nous cherchons inutilement à connoître ce qui ne peut être connu, ce qui ne tombe ni sous les sens, ni sous la raison. La coutume en autorise le discours : la seule grâce en peut inspirer la créance.
Il ne dépend pas de nous de croire ce qu’on veut, ni même ce que nous voulons. L’entendement ne sauroit se rendre qu’aux lumières qu’on lui donne ; mais la volonté doit se soumettre aux ordres qu’elle reçoit.
NOTES DE L’ÉDITEUR
1. Génénal des troupes hollandaises, pendant la guerre de 1672. Voy. Boileau,Passage du Rhin.
2. Voy. leCommentaire philosophiqueBayle, sur ces paroles de Jésus-Christ : de e Contrains-les d’entrerpart., p. 334 du tome III de ses. IIŒuvres diverses.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents