Données de la pathologie sur la dénomination - article ; n°76 ; vol.19, pg 31-75
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Données de la pathologie sur la dénomination - article ; n°76 ; vol.19, pg 31-75

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Description

Langages - Année 1984 - Volume 19 - Numéro 76 - Pages 31-75
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Helgard Kremin
Éliane Koskas
Données de la pathologie sur la dénomination
In: Langages, 19e année, n°76, 1984. pp. 31-75.
Citer ce document / Cite this document :
Kremin Helgard, Koskas Éliane. Données de la pathologie sur la dénomination. In: Langages, 19e année, n°76, 1984. pp. 31-
75.
doi : 10.3406/lgge.1984.1495
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1984_num_19_76_1495Helgard KREMIN (C.N.R.S.)
Éliane KOSKAS (Paris-X - Nanterre)
DONNÉES DE LA PATHOLOGIE SUR LA DÉNOMINATION
Introduction
La fonction de dénomination constitue un pôle important du langage. Elle a
préoccupé les auteurs les plus anciens. Ainsi, Pitres en 1898 isole le trouble de la
dénomination et lui accorde le statut d'un syndrome, celui d'aphasie amnésique. Le
test de dénomination figure généralement à l'heure actuelle dans l'examen neuropsy
chologique de malades présentant des lésions cérébrales. On demande au sujet de
donner le « nom » correspondant au stimulus présenté en modalité visuelle (objet-
image), auditive, tactile. Par définition, le trouble ne relève pas de problèmes percep-
tuels : l'objet est identifié. La « dénomination », même si elle est erronée, ou encore
la description gestuelle en témoignent. L'anomie se distingue ainsi de l'agnosie où
l'objet n'est pas reconnu.
Si le concept ainsi que la réalité clinique de l'aphasie amnésique étaient et restent
d'une certaine importance pour la description des troubles pathologiques du langage
et la formulation de modèles en aphasiologie, l'intérêt qu'on leur apporte aujourd'hui
se déplace vers un objectif de plus en plus linguistique.
Les recherches neurolinguistiques actuelles essaient en effet de décrire le fonctio
nnement du langage et d'en déceler les composantes fonctionnelles. L'hypothèse sous-
jacente à cette approche est l'idée que la perturbation pathologique permet d'isoler
des sous-systèmes, c'est-à-dire des relations et des combinatoires plus ou moins
« muettes » dans le fonctionnement normal mais qui relèvent d'une réalité psycholo
gique à travers la perturbation pathologique. Ainsi, les opinions et les données expé
rimentales convergent pour attribuer une certaine indépendance à la syntaxe par rap
port aux opérations qui relèvent du domaine lexico-sémantique (cf. par exemple les
travaux à caractère général de Zurif et Caramazza, 1976 ; Berndt et Caramazza,
1978). De même, il est généralement admis que les performances de sujets atteints
d'aphasie peuvent nous renseigner sur la structure du lexique puisque la difficulté à
trouver les mots permettrait de décrire des stades divers et/ou des composantes du
processus de production de mots.
I. L'APHASIE AMNESIQUE ET LES TROUBLES DE LA DÉNOMINATION
LORS DE LÉSIONS CÉRÉBRALES
Si l'existence d'un syndrome isolé d'aphasie amnésique « pure » paraît indiscutab
le, il faut cependant souligner sa rareté. Ramier (1973), étudiant les performances
de dénominations de 185 malades atteints de lésions hémisphériques gauches, a pu
faire trois observations de ce syndrome (au cours de trois années). Ces malades —
qui ne souffraient d'aucun trouble mnésique général — montraient de bonnes, voire
de parfaites performances aux divers tests de linguistique standardisés telles la com
préhension verbale, la répétition, la lecture et l'écriture. Mais la tâche de dénominat
ion d'objets provoquait un nombre important d'erreurs, quelle que soit la nature du
matériel présenté : test de dénomination d'objets réels, d'objets présentés en images,
31 d'objets présentés tactilement et enfin, test d'évocation de mots concrets. (Dans cette
dernière épreuve le malade doit répondre à une question. La question concerne l'un
des objets utilisés dans les présentations visuelles et tactiles, par exemple : dans quoi
boit-on du vin ? Qu'est-ce -qu'on se met sur les yeux pour mieux voir ? etc.) Il reste
à préciser que les objets mal dénommés sont toujours bien reconnus : les malades les
décrivent par un geste adéquat ou par une phrase de commentaire. Les trois
avec aphasie amnésique pure présentés par Ramier ne montraient pourtant pas
d'homogénéité quant aux types de réponses erronées données : l'un d'entre eux
répondait essentiellement par des « absences de réponses » du genre : « ça c'est
une » — « une... je sais ce que c'est... » ; l'autre par des descriptions évasives du
genre (ciseaux) « alors là c'est pour couper ; c'est pour se servir pour coudre en prin- ,
cipe, vous allez couper des draps ou n'importe quoi que vous allez faire en somme ».
Prié de dire le nom de l'objet, le sujet répondait «je connais par cœur... » (Ramier,
1973, pp. 257-258). Les substitutions de mots sont rares et se situent dans un champ
sémantique proche, par exemple : « bouche » pour menton, « vase » pour verre, etc.
L'initiation 'phonologique du mot cible (par la première syllabe) permettait d'obtenir
rapidement la réponse correcte.
Ces observations d'aphasie amnésique « pure » ont été regroupées par l'analyse
statistique globale sur la base des déficits constatés aux épreuves administrées avec
quelques autres observations (non « pures » en raison de troubles associés). L'auteur
croit qu'il est « justifié de considérer qu'elles constituaient des formes mixtes où
s'associent aphasie amnésique et une autre variété d'aphasie » (p. 265). En effet,
leurs scores aux tests de dénomination étaient parallèles à ceux des aphasiques amnés
iques et leurs réponses erronées s'inscrivaient dans les mêmes types d'erreurs, à
savoir : absence de réponse, description verbale et substitution. En effet, c'était la
présence de paraphasies au cours de la production qui séparait les deux groupes, par
exemple : ciseaux : (ci-) un [silo]... (ci-) [silo] euh, ciseaux ».
Avant de cerner les caractéristiques plus spécifiques des troubles de la dénominat
ion, il paraissait nécessaire de s'assurer que ces troubles, même minimes, n'étaient
pas dus simplement à une lésion du tissu cérébral et/ou à la fatigue consécutive à
l'hospitalisation du sujet. Il s'est avéré que les deux facteurs n'avaient pas un rôle
important. En fait, toutes les expériences menées sur de larges séries de malades ont
montré que les sujets avec lésion unilatérale de l'hémisphère droit ne commettent pas
plus d'erreurs que des sujets de contrôle hospitalisés mais sans lésion cérébrale (New-
combe, Oldfield, Ratcliff et Wingfield, 1971 ; Ramier, 1973 ; Coughlan et Warring-
ton, 1978). Ces études montraient également que seuls les sujets atteints de lésion
corticale dans l'hémisphère gauche (dominant pour le langage) diffèrent significative-
ment des autres groupes cités. Même des sujets déments (souffrant donc de lésions
cérébrales diffuses) ainsi que des sujets atteints du syndrome de Korsakoff (présen
tant un trouble général de mémoire) ne commettaient pas d'erreurs à la dénominat
ion dans la série étudiée par Ramier (1973). Il faut toutefois préciser que les trou
bles de la dénomination lors de lésions gauches sont liés à la présence d'aphasie,
c'est-à-dire à une perturbation générale des capacités langagières du sujet (cf. New-
combe et al., 1971).
Coughlan et Warrington (1978) ont essayé finalement de préciser l'influence de la
localisation lésionnelle sur les performances de dénomination lors de lésions gauches.
Les trois groupes de localisation intrahémisphérique étudiés commettent des erreurs :
les sujets avec lésions frontales dénomment 13,4, ceux avec lésions pariétales 11,7, les
malades avec temporales 9,5 items en moyenne sur 15 objets présentés. Pour-
32 ce sont les lésions du lobe temporal (débordant parfois sur une autre région) qui tant,
entraînent le plus d'erreurs lors de la dénomination d'objets. Sur ce point, elles se
distinguent significativement, d'un point de vue s

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