L’ENFANT ET LA PEUR D’APPRENDRE Serge Boimaré / Editions Dunod
Il y a toujours une souffrance quand on ne répond pas aux attentes de l’école. Les grandes difficultés d’apprentissages doivent amener à une prise en charge de l’enfant dans sa globalité, le pédagogique et le psychologique étant intimement liés dans l’inscription d’une difficulté et dans sa résolution.
Le grand échec scolaire peut être lié à 2 sources de difficultés : e- La 1 est une limite de l’outil intellectuel lui même qui se manifeste essentiellement dans 3 domaines : instabilité psychomotrice, déficit des repères identitaires, pauvreté des stratégies cognitives. e- La 2 se rapporte au comportement devant l’apprentissage (+ d’ordre psychologique) et est marquée par 3 insuffisances personnelles : seuil de tolérance à la frustration insuffisant pour supporter la remise en cause de l’apprentissage, difficulté à trouver la bonne distance relationnelle avec celui qui détient l’autorité, désir de savoir non mobilisé ou non récupéré dans le cadre scolaire souvent parce que l’enfant n’arrive pas à décoller de préoccupations personnelles.
Instabilité psychomotrice = agitation, instabilité alternant souvent avec inhibition, replis. Déficit de repères = absence de liens, de points d’appui, d’enchaînements. Défaut des stratégies cognitives = évitement, fuite de toute activité d’élaboration intellectuelle. Vécu de frustration excessif car ...
LENFANT ET LA PEUR DAPPRENDRE SergeBoimar / Editions Dunod Il y a toujours une souffrance quand on ne rpond pas aux attentes de lcole. Les grandes difficults dapprentissages doivent amener une prise en charge de lenfant dans sa globalit, le pdagogique et le psychologique tant intimement lis dans linscription dune difficult et dans sa rsolution. Le grand chec scolaire peut tre li 2 sources de difficults : e -est une limite de loutil intellectuel lui mme qui se manifesteLa 1 essentiellement dans 3 domaines: instabilit psychomotrice, dficit des repres identitaires, pauvret des stratgies cognitives. e -se rapporte au comportement devant lapprentissage (+ dordreLa 2 psychologique) et est marque par 3 insuffisances personnelles: seuil de tolrance la frustration insuffisant pour supporter la remise en cause de lapprentissage, difficult trouver la bonne distance relationnelle avec celui qui dtient lautorit, dsir de savoir non mobilis ou non rcupr dans le cadre scolaire souvent parce que lenfant narrive pas dcoller de proccupations personnelles. Instabilit psychomotrice =agitation, instabilit alternant souvent avec inhibition, replis. Dficit de repres= absencede liens, de points dappui, denchanements. Dfaut des stratgies cognitives= vitement,fuite de toute activit dlaboration intellectuelle. Vcu de frustration excessif car lapprentissage = rencontrer des limites, des rgles, se confronter au manque, se soumettre, se remettre ne cause, tre jug… Pour ceux qui se sont construits avec toutes ces absences, il y a beaucoup de difficults trouver la bonne distance : le pdagogue doit sinterroger sur les diffrents types de rponses apporter. La bonne distance relationnelle est imprative mais difficile trouver car ces enfants ont des demandes contradictoires.
: dsengagement mais aussi curiositLe dsir de savoir nest pas adapt aigu qui ne peut supporter les tapes ncessaires la construction du savoir. Pour faire face aux difficults lcole, 2 grandes voies: Privilgier laspect rducatif, renforcer les repres, amliorer les outils. Privilgier laspect psy du problme: attnuer les conflits, respecter les proccupations pour retrouver du dsir. En fait, les 2 se compltent mais un versant doit souvent tre privilgi. Une dfaillance ducative prcoce pse dun grand poids dans la peur dapprendre. Deux circonstances cela : -Premires semaines de vie dans un cadre inscurisant: pas de rfrences aux rythmes,aux rgles, la loi. -Incapacit de certains parents pouvoir initier ou imposer leur enfant lpreuve de la frustration. Face une situation dapprentissage, lenfant dveloppe des malaises, des peurs souvent archaques: refus du doute, parasitage des liens et des ramnagements ncessaires entre son point de vue et celui des autres. Le retour ses propres rfrences pour une r-laboration ne peut servir de point dappui la pense et au contraire vient emptrer le fonctionnement mental, dstabiliser les capacits de raisonnement, limiter lintelligence. Les enfants non-lecteurs: leur point commun est leur impossibilit dcoller des infos venant du dcryptage pour en faire des images mentales, des reprsentations qui viendraient enrichir et faciliter la matrise des signes et permettre leur mmorisation. Dcoller de ce qui est vu pour tenir compte dacquis antrieurs, pour anticiper… est une opration qui vient rveiller des inquitudes profondes et anciennes qui ne permettent plus lorganisation intellectuelle. Un solution peut tre les contes, les mythes, les posies… tous porteurs dimages pouvant jouer ce rle. Les enfants non lecteurs sont aussi des enfants que lcole naime pas car ils sont opposants, violents… Leur mythologie prfre est gnralement celle des hommes aux gros muscles capables de donner des coups au moment o linquitude pourrait dborder -> identification.
En racontant certains rcits de la mythologie pour leur qualit dvocation et de figuration des conflits, lenseignant entre en concurrence de faon directe et froce avec les thmes qui font galement disjoncter la pense des enfants. Quand ces enfants affrontent le flottement, le doute… ncessaires aux apprentissages, ils semblent alors en danger et font tout pour mettre hors circuit leur fonctionnement mental, souvent en passant le relais leur corps. Lapprentissage remet en cause leur quilibre psychique souvent prcaire. Ces angoisses sont articules autour de 2 thmes: la mort et la sexualit, car ces thmes ne sont pas suffisamment labors et organiss pour tre ngociables pour leur conscience. Pour vacuer ces angoisses, les enfants utilisent lexcitation, lexplosion et la sidration. Les angoisses de mortdes rappels de la dispersion, du vide, de labandon, sont de lanantissement… Les angoisses de la sexualit sontdes rappels des questions de leur origine, du contrle des pulsions, des limites du dsir, du rle de la loi, de la sexualit et de lhomosexualit… Leur systmede dfense devant langoisse est la valorisation de la virilit, le refus daccorder une importance au monde intrieur, le refus de dpendre, le besoin de contrle qui entrane lillusion de toute puissance. En fait, plus le thme qui sert de support lapprentissage est neutre et plus il favorise le retour de linquitude.Donc les thmes qui retiennent leur attention sont ceux qui portent en eux les inquitudes et les motions qui dordinaire les drglent. Bien sr, il ne sagit pas de prendre poursujet dtude les fantasmes des enfants ; pour cela, il faut respecter 2 rgles : -le thme support du travail intellectuel doit tre distance dans le temps et dans lespace pour tre ngociable en pense. -La reprsentation ne pourra prendre effet que si le cadre dans lequel elle est utilise est maintenu rigoureusement. Les mots utiliss, les textes doivent tre assez chargs affectivement pour rsister au travail de sape des angoisses primaires sur la pense des enfants. Quand ils sinscrivent dans la gense du monde par exemple, ils peuvent tre affronts par la pense. Souvent, lapprentissage renvoie lenfant une scne trop charge affectivement pour laisser libre un fonctionnement de la pense. Le refus de lenfant
participer sert chapper une pression interne trop forte. Lexcitation protge car elle court-circuite la pense. Les conflits avec lextrieur font disparatre les conflits intrieurs et donnent lenfant lillusion de garder toute sa libert et de matriser la situation. Les enfants intellectuellement limits sont aussi confronts ces angoisses mais ils savent les fuir, les viter, en faisant le vide dans leur tte, en entrant dans un tat de sidration moins drangeant pour lenseignant. Dune faon gnrale, les troubles du comportement diminuent quand les enfants commencent apprendre car ils remettent e route leur fonctionnement mental. Que faire pour ces enfants, ces ados qui ne veulent pas apprendre? Les enfants doivent pouvoir se confronter avec leurs peurs internes, abandonner leur toute puissance et leur virilit pour aller la rencontre de leur fminit, faire tomber les carapaces. Ainsi, ils pourront restaurer les chemins de passage entre lintrieur et lextrieur et faire tomber les cuirasses. Lobjectif est de faire comprendre lenfant que la pense est un moyen parfois aussi efficace que lacte pour lutter contre linquitude. La toute puissance nest alors plus vitale, le monde intrieur commence tre regard. Pour cela, tout un travail d accompagnement est ncessaire. Quand lenfant vite de penser, cest souvent parce que cela reprsente un danger pour son quilibre personnel. Donner les moyens daffronter ce qui fait peur est prfrable continuer des apprentissages minima dans une atmosphre empoisonne. Les images crues et dstabilisantes qui viennent des angoisses archaques doivent tre largies et reprises dans un scnario qui donne plus de champ au fonctionnement intellectuel, les mythes et les contes. Dans une relation daide, quand lenfant commence faire part des questions et proccupations relles autour de ce quils vivent en classe, cest le signe dune volution positive pour amorcer un travail qui va se situer sur le versant cognitif. Gnralement, ce changement intervient souvent aprs un an de « rducation ». Quand lenfant ne veut pas affronter lapprentissage, quand il ne peut pas supporter le moment o il ne sait pas et celui o il va peut tre savoir, il peut dvelopper une vivacit intellectuelle dont la mmoire, lastuce et la dbrouillardise sont les principaux points dappui. Tout cela fait illusion et on se demande pourquoi certains enfants si vifs, si curieux, napprennent pas en
classe. On incrimine alors lagitation, le manque de repres et on se casse les dents si on narrive pas restaurer la capacit supporter lincertitude et le manque. La mdiation culturelle quelle soit littraire, scientifique, artistique, doit permettre de donner une forme ngociable par la pense aux inquitudes qui lempchent de spanouir. Cest en ne mettant plus lcart les interrogations fondamentales et les inquitudes premires de ceux qui sont en chec dans les apprentissages, mais au contraire en les intgrant par le biais dune mtaphore culturelle que nous diminuerons le danger que certains croient courir en entrant dans un cadre o la loi, les repres, les limites ne sont plus ngociables. Cest alors seulement que lutile dbat sur la prpondrance de certaines stratgies cognitives peut commencer.