Essai de définition de la dysorthographie - article ; n°1 ; vol.95, pg 115-128
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Essai de définition de la dysorthographie - article ; n°1 ; vol.95, pg 115-128

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1992 - Volume 95 - Numéro 1 - Pages 115-128
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Abdelhamid Khomsi
Essai de définition de la dysorthographie
In: Langue française. N°95, 1992. pp. 115-128.
Citer ce document / Cite this document :
Khomsi Abdelhamid. Essai de définition de la dysorthographie. In: Langue française. N°95, 1992. pp. 115-128.
doi : 10.3406/lfr.1992.5775
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1992_num_95_1_5775A. Khomsi
Université de Nantes
Département de psychologie
« IL EST EST UNE FOIE... » LA DYSORTHOGRAPHIE 1
Dans le cadre mouvant de la définition des écarts aux normes du
développement, en particulier linguistique (il s'agit de ces populations
« dys » : dysphasie, dyslexie, dyscalculie, dysorthographie, etc., si difficiles à
comprendre), la dysorthographie occupe une place curieuse. D'une part, c'est
une des raisons importantes de consultation dans les nombreuses institutions
qui s'occupent de pathologie du langage et/ou d'échec scolaire, l'un et l'autre
étant fortement liés dans la demande de soin. Mais, d'autre part, elle n'a
aucune place dans la plupart des « manuels » destinés aux thérapeutes du
langage (Rondal et Séron, 1982 ; Aimard et Morgon, 1983). On notera,
cependant, qu'elle est signalée dans le manuel classique de De Ajurriaguerra
(1974), parmi d'autres, et décrite de façon particulièrement actuelle, quoique
dans une terminologie qui ne l'est plus.
Les dysorthographiques y sont présentés comme des « enfants intelli
gents » : il s'agit d'une définition par exclusion, qui ne permet pas de poser,
éventuellement, le problème de la relation potentielle entre les erreurs qu'ils
font et celles que peuvent faire d'autres types de sujets, en difficulté sur le
plan scolaire, par exemple. En fait, la dysorthographie est associée, à propos
des troubles liés au bégaiement, à la dyslexie : « le malaise linguistique [...] ne
permet pas une automatisation suffisante du langage pour que celui-ci devienne
objet de connaissance, ce qui est nécessaire pour manier avec certitude le langage
écrit ». En fait, si une « dysorthographie fait très souvent suite à une dyslexie,
[elle] peut exister chez des enfants n'ayant pas présenté des troubles manifestes de
la lecture sinon une dyslexie vite compensée ». La dysorthographie serait alors
un trouble plus général de l'acquisition de la langue écrite, éventuellement
masqué.
1. Il est difficile de résister à un pareil titre, qui s'est imposé au cours d'une séance de travail
avec des étudiants d'orthophonie. Il s'agit du début d'un texte produit par une adolescente dans
le cadre d'une prise en charge rééducative, sous le titre « La pèche ». La phrase complète était :
«r il est est une foie un petit garçon qui акт au bore de Veau pour pécher des poissons. » Merci à elle
qui a permis de cristalliser des hypothèses latentes. Merci aussi aux deux responsables de ce
numéro pour leurs remarques pertinentes, que je n'ai pas pu, systématiquement, prendre en
compte.
115 De la même façon, dans le chapitre portant sur la dysgraphie (« est
dysgraphique tout enfant dont la qualité de l'écriture est déficiente alors qu'aucun
déficit neurologique important ou intellectuel n'explique cette déficience »), une
relation causale entre dysgraphie et dysorthographie est établie : « au niveau
du Cours Moyen une mauvaise orthographe peut être une des principales causes
d'une écriture déficiente ». La relation causale n'y est, cependant, pas
démontrée.
Par ailleurs, le même auteur s'appuie sur une étude de Chiland (1963)
pour décrire deux types de dysorthographiques opposés. Il y a d'abord ceux
qui « commettent des fautes d'usage et de syntaxe avec une méconnaissance plus
ou moins complète de la structure grammaticale de la langue ». Leur difficulté
relèverait alors de la première articulation du langage telle que la décrit
Martinet (1964). L'autre groupe produit des erreurs qui relèvent de la
première et de la deuxième articulation : ces sujets produisent « de nombreus
es fautes de lecture et de découpage, et [ils] ne semblent pas avoir automatisé
l'acquisition orthographique. Ces désordres évoquent un retard ou un défaut de
parole ».
Nous appuyant sur cet ensemble d'éléments, nous tenterons de réduire
cet essai de définition à trois grandes questions.
La première est celle de la typologie des dysorthographiques. On
pourrait faire, à partir de De Ajurriaguerra, l'hypothèse de l'existence de
deux types de dysorthographiques : ceux qui semblent préserver, à travers
leurs productions écrites, une relative lisibilité de leurs textes, par le respect,
en particulier, des règles de recodage phonème-graphème ; et ceux qui ne la
préserveraient pas. On doit s'interroger sur le caractère discontinu de cette
dichotomie, bien entendu. On doit aussi s'interroger sur le type de fonctio
nnement cognitif qui aboutit à des ensembles de fautes apparemment diffé
rents : le corpus d'erreurs n'est pas, en soi, explicatif.
La deuxième question à poser est celle du caractère isolé ou non du fait
dysorthographique. Si pour De Ajurriaguerra, ainsi que d'autres auteurs, la
dysorthographie se définit par exclusion de l'intelligence, mais est liée à la
dyslexie, il n'en est pas de même pour tous. Il existerait ainsi, pour Frith
(1980), par exemple, un groupe d'enfants qui, tout en ayant une orthographe
problématique, semble ne pas rencontrer de difficultés en lecture. La question
est effectivement importante, dans la mesure où la prise en charge rééduca
tive éventuelle est conditionnée par l'hypothèse que l'on fait sur ce lien : si le
lien est fort, et, en particulier, s'il est de type causal, on ne peut traiter l'un
sans traiter l'autre.
Se pose, enfin, la question de la psycho-genèse de la dysorthographie. Il
est clair que, pour De Ajurriaguerra, il y a, au départ du processus, des
difficultés d'ordre métalinguistique, doublées d'une non-automatisation diffi-
116 čile à cerner. Il faut, néanmoins, en expliquer les raisons, et, plus générale
ment, s'interroger sur la possibilité d'autres origines en faisant, en particulier,
l'hypothèse que la dysorthographie est un symptôme, non une maladie.
1. Une dysorthographie ou des dysorthographies ?
Nous allons tenter de présenter les éléments à prendre en compte dans
la description du fonctionnement, en tant que producteurs d'écrit, d'enfants
dy sorthographiques .
Pour cela, nous prendrons d'abord en compte la grande diversité des
orthographes produites pour le mot « comprendre » par un groupe d'enfants
de CEI, en fin d'année scolaire. Ces enfants, après lecture du texte « Les
Grillons » (donné en annexe) et rappel écrit 2, avaient à répondre à la
question suivante, posée oralement : « Est-ce que le grillon est bête, est-ce que le
grillon est lourd, ou bien, est-ce qu'il fait semblant de ne pas comprendre ? ». Sur
les 196 enfants qui ont répondu à la question, 90 ont tenté de transcrire le
verbe que nous souhaitons analyser. Au total, 21 formes différentes ont été
recensées, ce qui implique une dispersion des réponses importante. On
trouvera, ci-dessous, l'ensemble de ces formes, avec, pour chacune d'entre
elles, le nombre total d'occurrences. Nous y distinguerons trois groupes.
Dans un premier groupe, correspondant à 83 % de l'ensemble des
enfants, nous avont intégré les occurrences qui, oralisées, produisent une
forme phonétique identique au mot cible, en tenant compte, en particulier,
du fait que le phonème /R/ est très couramment effacé en fin de syllabe. Si
pour une large part, la production orthographique est ici normale, il est
possible de faire, pour une partie des occurrences, l'hypothèse d'une product
ion par recodage des phonèmes en graphèmes. On doit toutefois distinguer,
dans cette liste, les occurrences qui respectent les contraintes positionneurs
de la production orthographique (Bruck et Waters, 1988), et celles qui ne les
respectent pas. On doit, par ailleurs, traiter à part le cas de [quonprandre] 3 :
il s'agit d'une transcription tout à fait particulière. On peut en effet se
demander, à la lumière d'un exemple que nous traiterons plus loin, s'il ne <

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents