Étude sur le rôle politique du Sénat Romain à l époque de Trajan - article ; n°1 ; vol.7, pg 339-382
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Étude sur le rôle politique du Sénat Romain à l'époque de Trajan - article ; n°1 ; vol.7, pg 339-382

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1887 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 339-382
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1887
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

S. Gsell
Étude sur le rôle politique du Sénat Romain à l'époque de
Trajan
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 7, 1887. pp. 339-382.
Citer ce document / Cite this document :
Gsell S. Étude sur le rôle politique du Sénat Romain à l'époque de Trajan. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 7, 1887.
pp. 339-382.
doi : 10.3406/mefr.1887.6514
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1887_num_7_1_6514SUR LE ROLE POLITIQUE DU SÉNAT ROMAIN ÉTUDE
À L'ÉPOQUE DE TEAJAN
I.
La conduite de Trajan à l'égard du Sénat lui fut sans doute
inspirée par le souvenir des règnes de Domitien et de Nerva,
ses deux prédécesseurs. Domitien voulut être, en droit comme
en fait, le maître absolu de l'empire ; il priva le Sénat de toute
participation sérieuse aux affaires publiques, et le traita avec
dédain; il dépouilla de leurs biens et fit périr un grand nombre
de sénateurs. Ce prince s'attira ainsi la haine implacable de
l'aristocratie; il dut engager contre elle une lutte où les con
damnations capitales punirent et causèrent les complots, et qui
se termina par le meurtre de l'empereur; après sa mort, le Sé
nat condamna sa mémoire et annula ses actes. — Sous Nerva,
le gouvernement appartint au Sénat et l'autorité du prince fut
très-faible. Comme l'empire n'était plus dirigé par une main
ferme, les prétoriens se révoltèrent et Nerva ne put les apaiser
qu'en leur livrant les victimes qu'ils exigeaient.
Le règne de Domitien avait donc prouvé qu'un gouverne-
nement hostile au Sénat ne pouvait être durable ; le règne de
Nerva que l'empire avait besoin d'un maître, capable de main
tenir l'ordre (1).
Instruit par l'exemple de Domitien, Trajan montra une grande
déférence au Sénat. Dans la formule qu'il prononça devant le
(1) Comme Tacite le fait dire à Galba, « ce corps immense de l'em
pire avait besoin pour se soutenir et garder son équilibre, d'une main
ferme qui le dirigeât » Histoires I, 16. ÉTUDE SUR LE ROLE POLITIQUE DU SÉSAT BOMAIN 340
peuple pour la proclamation des consuls de l'année 100, et par
laquelle il priait, selon l'usage, les dieux de lui être propices,
il changea l'ordre habituel des mots et ne se nomma qu'après
le Sénat et la république (1). — Cette déférence, il la recom
mandait aux autres. Il écrivait à Pline, que l'assemblée avait
désigné pour être l'avocat de la Bétique dans un procès crimi
nel, et qui avait accepté cette tâche : " Vous avez rempli le de
voir d'un bon citoyen et d'un bon sénateur en faisant ce que le
Sénat désirait justement de vous „ (2).
Il témoigna des égards particuliers aux sénateurs. Leur vie,
leurs biens ne furent plus menacés par le prince (3); ils virent
punir les délateurs, qui leur avaient fait tant de mal sous Do-
mitien (4). — Ils furent traités par lui avec une grande affabi
lité. Lors de son entrée solennelle à Rome en 99, ils purent
aborder Trajan qui les accueillit et les congédia avec un baiser (5).
Aux audiences impériales ils n'arrivèrent plus la frayeur dans l'
âme, frappés de la crainte qu'un instant de retard mît leur vie en
péril. u Nous demeurons, dit Pline, nous nous arrêtons dans le
palais du prince comme en notre commune demeure ,, (6). — Au
Sénat, le jour dés élections (7), jour où Trajan proclama les can
didats nommés ou recommandés par lui, " il le fit avec tant de
délicatesse, il ménagea si bien les sollicitudes et l'amour-propre
(1) Panég. 72. Edition Keil.
(2) Epist. Traj. 3b. Je cite les lettres de Pline d'après l'édition
Keil. Je me sers de la traduction de Sacy et Pierrot, en y faisant des
modifications.
(3) Panég. 36. 42. 43. — Dion 68, 5, 2. — Sous le règne de Trajan un
seul sénateur fut condamné, et encore à l'insu du prince, Eutrope 8, 4.
(4) Panêg. 34. 35. 36.
(5) Panég. 23.
(6) Panêg. 48. — Pline invité à aller passer quelques jours dans la
résidence impériale de Centumcellae fut charmé de l'accueil aimable
autant que simple de Trajan. Ep. 6, 31.
(7) En l'an. 100. À l'époque de tbajan 341
des candidats que le chagrin des uns ne troubla pas la satisfac
tion des autres „. Après avoir fait connaître les noms de ceux
qu'il recommandait, il alla lui-même les trouver pour les féli
citer (1). — Dans ses lettres, nous le voyons quelquefois parler
à Pline comme un véritable ami. Celui-ci, alors préfet du tré
sor public, lui avait demandé un congé : il l'accorda en ajoutant :
" Vous m'avez exposé pour obtenir votre congé toutes les rai
sons tirées de l'utilité publique et de votre intérêt particulier,
mais une seule suffirait, c'est que vous le désirez „ (2). A l'épo
que où il était légat de Bithynie, Pline avait donné sans auto
risation un passeport à sa femme: Trajan répondit à ses excus
es : " Vous avez eu raison, mon cher Secundus, de compter sur
mon affection „ (3). — II se plut à conférer à l'aristocratie des
dignités, des privilèges. C'est ainsi qu'il accorda des dispenses
d'âge aux descendants des anciennes familles, écartés des honneurs
sous Domitien (4), qu'il donna le consulat pour la troisième fois
à Julius Frontinus et à Vestricius Spurinna (5), qu'il conféra
cette haute magistrature à Pline, sans cependant lui enlever la
charge de préfet du trésor public (6). — II tint compte des r
ecommandations que les sénateurs lui adressaient en faveur de
leurs protégés pour l'obtention de charges, de privilèges, pour
la concession du droit de cité (7).
Il évita tous les actes, repoussa tous les honneurs qui au
raient pu faire croire qu'il voulait, comme Domitien, établir la
(1) Panég. 71.
(2) Ep. Traj. 9.
(3) Ep. 121.
(4) Panég. 69.
(5)61. Voir Mommsen. Étude sur Pline le Jeune (traduc
tion Morel) p. 10, n. 2.
(6) Panég. 92. — Pour d'autres privilèges qu'il lui accorda, voir
Ep. Traj. 2. 8. 13.
(7) Ep. Traj. 5. 6. 9. 10. 11. 12. 26. 51. 87. 94. 95. 104. 105. Pansg.
€9. Ep. II, 9, 2. II, 13, 8. ÉTUDE SUR LE ROLE POLITIQUE DU SÉNAT ROMAIN 342
monarchie absolue (1), et permit au Sénat de participer aux af
faires publiques : u Le premier jour de votre consulat (2), lui dit
Pline, vous êtes entré dans l'assemblée des sénateurs; vous les
avez exhortés tous ensemble et chacun en particulier à ressaisir
la liberté, à partager avec vous les soins de l'empire, communs
à l'empereur et au Sénat, à veiller aux intérêts publics, à re
paraître en plein jour ;; (3).
Il ne faut cependant pas se tromper sur le rôle politique
joué par le Sénat à cette époque. Instruit par le règne de Nerva,
Trajan voulut être, comme l'avaient été ses prédécesseurs des
maisons julienne et flavienne, le chef suprême de l'empire con
centrant dans ses mains presque tous les pouvoirs. — Depuis
un siècle, l'administration et le gouvernement étaient divisés en
deux parts: la part du prince et celle du Sénat. Or tous les
droits qui constituaient la part du prince, Trajan les exerça avec
une entière indépendance, sans se soumettre à aucun contrôle (4).
(1) II refusa qu'on l'adorât comme un dieu, qu'on lui parlât comme
à un maître (Pline ne l'appelle pas officiellement dominus). Panég. 24.
•47. 48. 49. — II n'accepta qu'après les avoir refusés un certain temps
les honneurs que le Sénat lui avait offerts : un troisième consulat, le
titre de père de la patrie, le titre d' Augusta pour sa femme et sa sœur.
(Panég. 21. 45. 54. 55. 56. 84). — II évita de se montrer en public avec
trop d'éclat. (Panég. 20. 51). — II voulut qu'on le considérât seulement
comme le premier magistrat de l'État, princeps, (Panég. 55), qui ne se
croit pas au-dessus des lois, (Panég. 47. 57. 58. Cf. de la Berge, Tra-
jan. p. 83. Panég. 63. 64. 65) qui gouverne en vue du bien public (Pa
nég. 67. Dion. 68, 16. Aurelius Victor, Caes. 13). — II ne montra aucune
hostilité à l'égard des souvenirs et des anciennes institutions de la r
épublique (Panég. 78. Ep. I,

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