Giovanni Gentile, philosophe du fascisme - article ; n°1 ; vol.21, pg 71-82
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1989 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 71-82
Gentile as a philosopher of fascism, Sergio Romano.
In 1918, G. Gentile thought that Italy's salvation depended on the restoration of the liberal State. But he feared the possibility of a return to the pre-war political System and the risk of a weak power subjected to constant governmental changes. That is why his liberal State was to be led by a strong party, not far removed from the fascist conception. Even if the term used to designate it, the ethical State , came from the Hegelian conception, it was indeed an authoritarian state in Gentile's mind. Gentile needed all the resources of philosophical rhetoric to get out of the contradiction. In spite of his admiration for Il Duce, he came into conflict with the regime and ended up dying because of it.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sergio Romano
Giovanni Gentile, philosophe du fascisme
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°21, janvier-mars 1989. pp. 71-82.
Abstract
Gentile as a philosopher of fascism, Sergio Romano.
In 1918, G. Gentile thought that Italy's salvation depended on the restoration of the liberal State. But he feared the possibility of a
return to the pre-war political System and the risk of a weak power subjected to constant governmental changes. That is why his
liberal State was to be led by a strong party, not far removed from the fascist conception. Even if the term used to designate it, "
the ethical State ", came from the Hegelian conception, it was indeed an authoritarian state in Gentile's mind. Gentile needed all
the resources of philosophical rhetoric to get out of the contradiction. In spite of his admiration for Il Duce, he came into conflict
with the regime and ended up dying because of it.
Citer ce document / Cite this document :
Romano Sergio. Giovanni Gentile, philosophe du fascisme. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°21, janvier-mars 1989. pp.
71-82.
doi : 10.3406/xxs.1989.2089
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1989_num_21_1_2089GIOVANNI GENTILE,
PHILOSOPHE DU FASCISME
Sergio Romano
vaillé ensemble au renouvellement de la En devenant fasciste, Gentile ne pens
ait pas trahir ses convictions libérales. culture italienne, Croce et Gentile sont pro
Au nom de l'unité morale de la nation fondément divisés sur le plan politique par
et de l'Etat, il crut jusqu'au bout que leurs analyses différentes du phénomène fas
son « Etat éthique » pouvait dialectique- ciste. Mais le jugement négatif du premier
et le jugement positif du second n'empêchent ment, grâce au Duce, gérer fermement
une société « organique ». Mais sa voie pas les deux anciens amis de se considérer
romaine était une impasse : la mort l'y aussi « libéraux » l'un que l'autre. La seule
attendait, aussi controversée que sa phi autorité qui puisse arbitrer leur différend est,
losophie politique. La « canaille », dont par conséquent, le comte Camillo di Cavour,
Togliatti piétinait le souvenir en 1944, fondateur de l'Etat libéral italien. Pour dé
nous dit Sergio Romano, assuma jusqu'au finir les rapports avec le fascisme de celui
bout sa plus rude contradiction : penser qui sera considéré comme son philosophe,
il faut donc d'abord constater qu'au début le fascisme comme une restauration per
manente et non comme une révolution du régime il pense pouvoir être en même
qui combat et qui ruine. temps, et sans contradiction, libéral et fas
ciste.
Dans un dessin satirique décrivant Le libéralisme de Gentile est une donnée
naturelle qui l'accompagne dès sa première leurs débats polémiques du début
formation philosophique. Jusqu'à la predu fascisme, les deux philosophes
italiens les plus importants de l'époque, mière guerre mondiale, toutefois, dans ses
Benedetto Croce et Giovanni Gentile, sont articles comme dans sa correspondance, les
représentés comme deux boxeurs au cours remarques politiques sont rares et généra
d'un match. L'allusion serait banale si le lement liées au problème qui le préoccupe
le plus : les conditions de l'école en Italie lecteur ne découvrait, en regardant de près,
que l'arbitre est dessiné sous les traits du et la nécessité d'une réforme radicale. Ces
plus grand représentant du libéralisme italien remarques deviennent plus fréquentes à la
du 19e siècle, Camillo Cavour. Le sens du veille de la guerre et pendant le conflit.
dessin est clair. Après avoir longtemps Dans un article du 24 janvier 1918, par
71 SERGIO ROMANO
exemple1, il reconnaît la vitalité du Parti béralisme. L'occasion lui fut offerte par un
socialiste et du Parti catholique (qui sera débat polémique avec Mario Missiroli, di
fondé par Don Sturzo un an plus tard sous recteur du quotidien romain II Tempo. En
le nom de Partito popolare) et il admet que prenant en considération le programme po
leurs programmes ont le pouvoir de « ra litique d'un député libéral, Missiroli avait
ssembler et discipliner les esprits ». Mais il écrit que, dans les nouvelles circonstances
se hâte d'ajouter que ces programmes sont de l'après-guerre, ceux qui répétaient avec
négatifs car ils « sapent à la base l'Etat libéral une fidélité apparente les principes et les
dans lequel l'Italie devrait de plus en plus programmes politiques des années précé
consolider son ordre et réaliser sa puis dentes n'étaient pas nécessairement libéraux.
sance ». Il reconnaît que les responsabilités « Libéraux ..., continuait-il, sont tous ceux
relèvent du Parti libéral. En renonçant à qui s'opposent, d'une façon ou de l'autre ;
concevoir l'Etat en tant qu'institution mor tous ceux qui refusent l'état présent des
ale, il a abandonné une place considérable choses, les critiques, les révolutionnaires, les
aux catholiques et aux socialistes. A la foi utopistes ... tous ceux qui veulent aller de
des premiers il a opposé la « laïcité vide de l'avant, ne fût-ce qu'en reculant. » II
la science », aux demandes des seconds « l'i concluait : « Depuis au moins quinze ans,
nconscience et la négligence du rôle dont le en Italie le rôle libéral est passé aux social
Parti libéral devrait prendre la charge » à istes. Le chef du libéralisme italien est,
l'égard du socialisme. Les catholiques et les depuis quinze ans, Filippo Turati » 2. Le
socialistes se sont épanouis en Italie parce texte de Missiroli était guidé par des consi
que l'Etat libéral a renoncé à sa mission. dérations pratiques et par des craintes contin
« L'Etat ... et ses droits — qui sont en même gentes. Face au renforcement du Parti
socialiste et à la peur d'une révolution boltemps ses grands devoirs de culture et de
bien-être — ... a été abandonné à soi-même, chevique, il demandait à la bourgeoisie it
sans protection, car il n'a plus conscience alienne de changer de peau et de renoncer à
de sa mission. Le sentiment de l'intérêt une partie de ses intérêts pour ne pas voir
public, dont il a la charge, s'est obscurci disparaître son rôle de classe dirigeante.
dans les esprits. Tout au moins hors des C'étaient les mêmes principes qui avaient
écoles le nom sacré de la patrie finit par inspiré Giovanni Agnelli lorsqu'il crut que
avoir le son faux d'une figure de rhétorique. » la seule réponse possible à l'occupation des
II en tirait la conclusion suivante : « Voilà usines en 1920 était la transformation de
notre Italie avant la guerre. Que la guerre Fiat en société coopérative ; et c'était la
soit bénie, avec toutes ses douleurs, si elle même stratégie politique qui inspira à la époque Giovanni Giolitti lorsqu'il mit pouvait marquer, comme il est certain, le
début d'une nouvelle histoire ! ». fin à l'occupation des usines par une loi qui
prévoyait, sur le papier, la participation des
O LES RISQUES DE L'ÉTAT LIBÉRAL ouvriers au contrôle des entreprises.
Gentile réagit en adressant à Missiroli une Le salut de l'Italie en 1918 dépendait
lettre ouverte 3. Il reconnaissait que les donc, selon Gentile, de la restauration de
contenus politiques du Parti libéral poul'Etat libéral. Plus tard, quand les polémiques
vaient changer avec le temps, mais ne pouvait sur la crise italienne et sur ses solutions
admettre que pour être libéral en 1919 il politiques et institutionnelles devinrent plus
fallût être socialiste. Missiroli répondit en âpres, il précisa sa pensée et traça avec une
plus grande clarté les contours de son
2. Cf. « II dottor Faust », in Pokmica liberale, Bologne,
Zanichelli, 1919, p. 171-76.
1. « La colpa comune », maintenant in Guerra e fede, Naples, 3. « Liberalismo e überall », in Dopo la vittoria, Rome, La
Voce, 1920, p. 162 et suiv. Ricciardi, 1919, p. 79-83.
72 PHILOSOPHE DU FASCISME GENTILE,
accusant Gentile d'être conservateur, et celui- Essayons de résumer les points principaux
ci, à son tour, invita son interlocuteur à des thèses de Gentile. L'Etat libéral, dont
analyser avec une plus grande clarté le il avait donné une définition dans son débat
concept de libéralisme. L'erreur de Missiroli a

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