Innovation et évolution des compétences dans la dynamique industrielle : le cas de l industrie pharmaceutique mondiale - article ; n°1 ; vol.90, pg 41-58
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Revue d'économie industrielle - Année 1999 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 41-58
The aim of this paper is to provide an analytical explanation of the dynamics of world pharmaceutical industry confronted to biotechnology. The articulation through time between co-operative agreements, mergers and innovation decisions of large pharmaceutical firms is analysed using a competence-based perspective.
L'objectif de cet article est d'expliquer la dynamique industrielle de la pharmacie mondiale caractérisée par un changement technologique récurrent, la multiplication récente d'opérations de croissance externe et la persistance d'une pratique coopérative intense entre les firmes. L'articulation dans le temps des choix innovateurs et organisationnels des grandes firmes pharmaceutiques y est analysée sous l'angle de l'évolution et de la coordination de compétences et de savoirs nouveaux liés au développement des biotechnologies.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Antoinette Maupertuis
Innovation et évolution des compétences dans la dynamique
industrielle : le cas de l'industrie pharmaceutique mondiale
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 90. 4e trimestre 1999. pp. 41-58.
Abstract
The aim of this paper is to provide an analytical explanation of the dynamics of world pharmaceutical industry confronted to
biotechnology. The articulation through time between co-operative agreements, mergers and innovation decisions of large
pharmaceutical firms is analysed using a competence-based perspective.
Résumé
L'objectif de cet article est d'expliquer la dynamique industrielle de la pharmacie mondiale caractérisée par un changement
technologique récurrent, la multiplication récente d'opérations de croissance externe et la persistance d'une pratique coopérative
intense entre les firmes. L'articulation dans le temps des choix innovateurs et organisationnels des grandes firmes
pharmaceutiques y est analysée sous l'angle de l'évolution et de la coordination de compétences et de savoirs nouveaux liés au
développement des biotechnologies.
Citer ce document / Cite this document :
Maupertuis Marie-Antoinette. Innovation et évolution des compétences dans la dynamique industrielle : le cas de l'industrie
pharmaceutique mondiale. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 90. 4e trimestre 1999. pp. 41-58.
doi : 10.3406/rei.1999.1763
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1999_num_90_1_1763Marie- Antoinette MAUPERTUIS
Maître de conférences à l'université de Corse,
LASSOJEP université de Corse/IDEFI université de Nice Sophia-Antipolis
INNOVATION ET EVOLUTION
DES COMPÉTENCES
DANS LA DYNAMIQUE INDUSTRIELLE
LE CAS DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
MONDIALE
Mots-dés : dynamique industrielle, croissance externe, accords de coopération, compét
ences de la firme, industrie pharmaceutique, biotechnologies.
Key words : Industrial Dynamics, Mergers and Acquisitions, Cooperation, Competences,
Pharmaceutical Industry, Biotechnology.
I. — INTRODUCTION
L'industrie pharmaceutique connaît depuis quelques années un large mouve
ment de concentration. La stratégie de croissance externe privilégiée par les
grandes firmes pharmaceutiques mondiales a débuté dès la fin des années 80
avec, notamment, l'acquisition de Squibb par Bristol-Myers en 1989 pour un
montant de 64 milliards de francs. Ont suivi, au début des années 90, des opé
rations d'intégration verticale des réseaux de distribution visant à contrôler
toute la chaîne du médicament. L'achat de American Cyanamid par American
Home Product pour 49 milliards de francs, l'acquisition de PCS Health System
par Eli Lilly d'un montant de 20 milliards et celle de l'automédication de
Sterling Drug par SmithKline Beecham pour 15 milliards ont alors été analy
sés comme des réactions aux réformes du secteur de la santé annoncées par le
gouvernement américain.
Au milieu de la décennie, le processus de croissance externe est relancé par
les firmes, essentiellement sur la base de fusions horizontales. On signale, pour
les seules années 1995 et 1996, plus de 200 opérations de rapprochement (1)
(1) Le Monde, 4 juillet 1996, p. 15.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 90, 4e trimestre 1999 4 1 les plus importantes furent la reprise de Upjohn par Pharmacia en août dont
1995, la création de Novartis issue de la fusion de Ciba-Geigy et Sandoz en
mars 1996, l'OPA de Hoescht sur Roussel Uclaf. La tendance s'est maintenue
ces derniers mois avec les fusions récentes de Sanofi et de Synthélabo, celle de
Zeneca et Astra ou encore celle de Rhône Poulenc et de Hoescht.
L'industrie pharmaceutique n'est certes pas la seule branche à connaître ce
que d'aucuns considèrent comme la quatrième vague de fusions du siècle (2).
Elle s'inscrit plus généralement dans le mouvement de croissance externe qui
est devenue la stratégie dominante des firmes depuis le début des années 90
(3). Toutefois, il nous semble que les grilles de lecture traditionnellement
appliquées à l'analyse de la croissance externe de la firme (4) n'accordent que
peu d'intérêt aux dimensions technologique et organisationnelle du phénomèn
e, souvent spécifiques, il est vrai, au secteur industriel considéré.
Or, précisément, la plupart des firmes pharmaceutiques engagées dans ces
opérations de croissance externe expliquent que leur but ultime est d'atteindre
un certain seuil d'investissements en R & D pour faire face au contexte nou
veau des années 90. Tout d'abord, la concurrence déjà très forte s'est accrue
du fait d'une pression réglementaire plus marquée dans les pays développés
(les autorisations de mise sur le marché des produits pharmaceutiques sont
plus longues et plus difficiles à obtenir). En second lieu, de nombreux brevets
de la décennie précédente sont tombés dans le domaine public, renforçant ainsi
la compétition avec les médicaments génériques, le tout dans un contexte où
la réduction des dépenses de santé, souhaitée par l'ensemble des pays occi
dentaux, vient freiner la demande. Dans ces conditions, seule la course à l'i
nnovation peut permettre à une entreprise de maintenir son rang. Les entreprises
investissent de 15 à 20 % de leur chiffre d'affaires en R & D mais le coût de
la recherche est de plus en plus élevé : le coût de découverte d'un médicament
a quintuplé atteignant plus de 3 milliards de francs aujourd'hui (5). Tel est le
type d'arguments avancés par les dirigeants de Glaxo pour justifier l'achat de
Wellcome : l'acquisition a accru les dépenses de recherche de 850 millions de
livres annuels à 1,2 milliard.
(2) Derhy (1999) dénombre quatre vagues de fusions aux États-Unis. La première intervient
au début du siècle (1897-1901), la seconde dans les années 20 (1925-1930), la troisième
débute vers la fin des années 50 et la dernière apparaît au milieu des années 80.
(3) Pour ce qui concerne la France, la chimie et la pharmacie figurent ainsi parmi les branches
les plus engagées dans des opérations de croissance externe (PATUREL, 1994, 1996,
1998).
(4) Les déterminants de la croissance externe ont, en effet, été successivement analysés du
point de vue des théories financières, des théories managériales, des théories du commerc
e international ou de l'économie industrielle (BRETEL et alii, 1993).
(5) Le Monde, 12 juillet 1996, p. 33.
42 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 90, 4e trimestre 1999 Du point de vue de l'économie industrielle, limiter l'explication de la croissan
ce externe des firmes pharmaceutiques mondiales à la seule « recherche d'écono
mies d'échelle et de parts de profits stables dans un secteur d'activité caractérisé
par des investissements en R & D lourds et des coûts irrécouvrables importants »
(Glais, 1992), réduit considérablement la perception que l'on peut avoir des mutat
ions en cours. Par ailleurs, il est probablement encore trop tôt pour établir un
bilan définitif de ces rapprochements et les outils traditionnels de l'économie
industrielle (parts de marché, recherche d'économies d'échelle, d'économies de
gamme, etc.), mobilisables dans une perspective ex post, ne sont pas d'une gran
de utilité pour qui tente de comprendre le changement à l'œuvre (6). Les analyses Grabowski et Vernon (1994) ou celle de Kurdas (1996) témoignent bien de la
difficulté à expliquer les fusions et acquisitions de l'industrie pharmaceutique
dans les seuls termes des théories de l'organisation industrielle.
Par contre, il peut être pertinent d'adopter un angle de vue différent en consi
dérant, comme l'a suggéré E. Penrose dans La Théorie de la Croissance de la
Firme (1959), que ce sont moins les motifs des fusions et acquisitions qui import
ent que les motifs qui ont présidé à l'expansion dans le passé. En effet, si on se
place dans une perspective dynamique, les fusions ou les au temps t
peuvent être considérées comme le résultat d'une histoire qui ne peut être résu
mée à des performances financières mais qui englobe aussi les choix technolo
giques et organisationnels antérieurs de la firme. Or, précisément, les firmes ch
imiques et pharmaceutiques ont été confrontées au milieu des années 70 à la révo

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