Interaction et langue étrangère : Présentation - article ; n°134 ; vol.33, pg 3-19
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Description

Langages - Année 1999 - Volume 33 - Numéro 134 - Pages 3-19
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Jo Arditty
MME Marie-Thérèse Vasseur
Interaction et langue étrangère : Présentation
In: Langages, 33e année, n°134, 1999. pp. 3-19.
Citer ce document / Cite this document :
Arditty Jo, Vasseur Marie-Thérèse. Interaction et langue étrangère : Présentation. In: Langages, 33e année, n°134, 1999. pp. 3-
19.
doi : 10.3406/lgge.1999.2189
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1999_num_33_134_2189Jo ArdITTY et Marité VASSEUR
Universités de Paris 8 et Paris 5
INTERACTION ET LANGUE ETRANGERE
PRÉSENTATION
Cette présentation a pour but de situer les articles qui constituent ce numéro par
rapport aux travaux qui les ont précédés concernant les langues étrangères, leur
acquisition et leur pratique et de montrer en quoi ils illustrent un choix théorique
— celui de l'interaction.
1. Interactionnisme et sciences du langage
7.7. Langage, communication, socialisation : une conception globale
Qu'est-ce justement qu'un point de vue interactionnel et en quoi peut-il bien
concerner des linguistes ? Malgré des tentatives comme celle de Guespin (Langages
n° 74), on ne trouve guère de références à cette approche dans les recensions des
courants et écoles participant des sciences du langage (cf. par ex. Langages n° 129),
le plus souvent restreintes à la seule linguistique de la langue. « Langue » et « sys
tème » sont les notions-clefs dont il faut se revendiquer pour prétendre à une
quelconque légitimité à l'intérieur de cet ensemble de disciplines d'où l'étude de la
« parole » semble encore plus exclue qu'au temps de Saussure.
Il est vrai que le concept de « langue » , et donc de linguistique, peut être élargi au
« discours », voire au « texte », mais à condition de dégager ces derniers des
contingences liées aux phénomènes situationnels ou relationnels, d'exclure de leur
étude « Formations discursives, Institutions & Formations imaginaires, Interaction
sociale, Interdiscours, Genres (et sous-genres) de discours... » pour se concentrer
sur les « dimension[s]... configurationnelles et séquentielles [des] pratiques discurs
ives [ou] conduites langagières » (Adam : 1990 : 21). L'étude des « facteurs »
perceptuels, mémoriels, développementaux, culturels ou sociaux qui pourraient
influencer les réalisations langagières est extérieure à la linguistique (sans être pour
autant de la psychologie ou de la sociologie — comme le savent « psycho-linguistes »
et « socio-linguistes »). Et si Bourdieu ou Goffman, Habermas ou F. Jacques pu
blient sur le langage, cela montre simplement qu'il peut exister une sociologie et une
philosophie du comme il existe une sociologie de l'éducation ou une philo
sophie des mathématiques, affaires de sociologues et de philosophes, donc extérieu
res aux Sciences du langage.
Le cloisonnement des disciplines et leur hiérarchisation, au moins autant affaire
de stratégies de reconnaissance institutionnelle que de définition de l'objet de
recherche, masque le fait que les uns et les autres s'occupent de langage, rend
difficile la confrontation des points de vue sur cet objet commun, et s'accompagne monopolisation du titre de « Science du langage » par ce qui n'est finalement d'une
qu'un sous-groupe des participants à la recherche sur cet objet.
L'une des premières caractéristiques des approches interactionnelles est la
remise en cause de ces cloisonnements et de cette hiérarchie : le langage est un objet
complexe que l'on peut envisager de différents points de vue, qui ont tous au départ
leur légitimité et qui tous peuvent contribuer à une compréhension du phénomène.
S'il y a plusieurs disciplines qui s'intéressent au langage, alors les interactionnistes
sont résolument interdisciplinaires.
Car aucun discours, fût-il scientifique, ne peut se développer indépendamment
des discours qui l'ont précédé ni de ceux qui lui sont contemporains. Toute théorie
linguistique renvoie implicitement à une définition plus globale de l'homme et de la
société. L'« objectivisme abstrait » (Bakhtine/Volochinov, 1929-1977) de Saussure
définit la langue comme une institution sociale s 'imposant à l'individu de l'extérieur,
l'idéalisme de Chomsky pose la non-pertinence des phénomènes sociaux. Les cou
rants dominants postulent l'uniformité de la langue et nient à la fois la diversité
sociale et la place du sujet parlant dans la pratique du langage. Or le but des
interactionnistes est de rendre compte de la manière dont des individus concrets
entrent en contact dans des situations concrètes et interagissent pour atteindre des
objectifs concrets — convergents ou divergents — notamment, mais pas unique
ment, à travers le langage. L'affirmation du caractère social du langage n'est donc
pas pour eux simple clause de style, pas plus que celle (un peu moins répandue, mais
qu'ils partagent avec d'autres) qui consiste à dire que le message ne saurait être
interprété en dehors de la situation d 'interlocution.
A la transparence postulée d'un message préexistant à la communication et qui a
seulement besoin d'être transmis, ils opposent la co-responsabilité des interactants
dans la construction du sens. Aux opérations d'encodage et de décodage auxquels on
tend à réduire la communication, ils opposent le travail inférentiel, à partir des
différents indices contextuels, à la fois de celui qui interprète le message et de celui
qui le produit et qui doit pour ce faire évaluer à l'avance les calculs interprétatifs de
son partenaire (cf. Flahaut, 1978). Au schéma de Shannon et Weaver, voire à son
élaboration par Jakobson T, ils préféreront une présentation du type proposé par
Grize (1990 : 29-32) :
— les positions occupées par le locuteur et son interlocuteur sont à la fois potentiel
lement interchangeables et obligatoirement cumulées : on ne peut être émetteur (A)
sans être son premier récepteur, ni récepteur (B) sans se placer en position d'émet
teur 2 ;
— la production d'un discours (schématisation dans les termes de Grize) consiste
en A à construire des images linguistiques de soi-même et de son interlocuteur aussi
bien que du thème, ou objet du discours ;
— la production en A et la reconstruction en B, qui s'appuie sur les traces linguis
tiques des opérations effectuées dans la schématisation, se fait en fonction
- dee finalités personnelles des interlocuteurs (aussi bien, ajouterons-nous, que
des officielles que peut avoir la rencontre),
1. La fonction métalinguistique suppose au moins que le « code » puisse ne pas être totalement partagé.
2. A un autre niveau, on peut dire avec S h ut z qu'on ne peut communiquer sans postuler la réciprocité
des points de vue, cf. sur ce point, par exemple, Bange (1992b). - des représentations qu'ils se font d'eux-mêmes, de l'autre, de l'objet du
discours, de la situation d'interlocution, et des relations entre ces différents
éléments, et
- du préconstruit culturel, c'est-à-dire de l'ensemble constitué par les propriét
és et relations qui s'attachent aux diverses notions mobilisées à travers les
éléments linguistiques (ce que d'autres appelleraient les connaissances ency
clopédiques) et les chaînes d'attentes (Longacre, cité par Grize) concernant le
déroulement de l'interaction.
Cette présentation est compatible avec le modèle SPEAKING de Hymes (1972)
(cf. aussi Arditty & Levaillant, 1987, ou Kerbrat-Orecchioni, 1990a, chapitre 2) : la
mention des chaînes d'attente suppose que les protagonistes ont la capacité d'anal
yser la situation à partir du cadre spatio-temporel de la rencontre, de son caractère
impromptu ou prévu, voire ritualisé, du nombre et du type de participants (confor
mité de l'apparence physique, vestimentaire, comportementale... avec tel ou tel
stéréotype) et s'attendent donc à participer à un cours, à un interrogatoire de police,
à un repas de famille, etc. Ceci peut être confirmé ou infirmé par la manière dont
chacun s'attribue et attribue à l'autre des rôles interactionnels dont la symétrie ou
la complémentarité se combinent avec la tonalité consensuelle ou conflictuelle pour
définir le type d'intera

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