L accent du grec ancien et les relations entre structure métrique et représentation autosegmentale - article ; n°95 ; vol.24, pg 81-113
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L'accent du grec ancien et les relations entre structure métrique et représentation autosegmentale - article ; n°95 ; vol.24, pg 81-113

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Description

Langages - Année 1989 - Volume 24 - Numéro 95 - Pages 81-113
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Patrick Sauzet
L'accent du grec ancien et les relations entre structure métrique
et représentation autosegmentale
In: Langages, 24e année, n°95, 1989. pp. 81-113.
Citer ce document / Cite this document :
Sauzet Patrick. L'accent du grec ancien et les relations entre structure métrique et représentation autosegmentale. In:
Langages, 24e année, n°95, 1989. pp. 81-113.
doi : 10.3406/lgge.1989.1552
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1989_num_24_95_1552SAUZET Patrick
Université Paul Valéry, Montpellier III
L'ACCENT DU GREC ANCIEN
ET LES RELATIONS ENTRE STRUCTURE MÉTRIQUE
ET REPRÉSENTATION AUTOSEGMENTALE *
La détermination de la place de l'accent ^ (particulièrement de l'accent récessif, qui
n'est que phonologiquement conditionné) en grec ancien fait apparaître clairement la
nécessité de disposer de représentations phonologiques où une structure syllabique est
définie. Il sagit donc d'un des nombreux faits qui plaident pour une théorie phonologique
opérant sur des constituants spécifiques (dont la syllabe est un premier niveau) et non sur
de simples concaténations de segments. La phonologie métrique est une théorie de ces
constituants et elle se pose donc par là-même en rupture avec le modèle génératif
classique de Chomsky et Halle, 68, dans lequel les segments concaténés n'ont d'autre
organisation que celle que détermine la morphologie ou la syntaxe (pour une présentation
des théories métrique et autosegmentale, cf. Dell, Hirst et Vergnaud, 84 ; van der Hulst
et Smith, 82, particulièrement les articles introducteurs de chacun de ces recueils).
Toutefois, les représentations organisées en constituants que permet de construire la
théorie métrique n'apparaissent pas capables de caractériser directement la place de
l'accent en grec ancien. Cette incapacité est d'autant plus troublante que la propriété qui
détermine la place de l'accent (poids des syllabes) est bien du type que la théorie
reconnaît pour assigner une structure métrique. On peut rendre compte aisément dans un
cadre métrique des facteurs dont dépend la place de l'accent récessif, mais pas de cette
place même.
Cette situation paradoxale s'éclaire si Ton prend en compte la nature tonale de la
réalisation de l'accent en grec ancien. Une forme accentuée est pourvue d'un certain profil
mélodique. Si ce profil est analysé comme une suite de tons, l'assignement de l'accent ne
se réduit pas à la détermination d'un élément proéminent (ce qui peut se dire en termes
de structure métrique seule) mais doit définir l'association des tons aux syllabes 2 du mot.
La définition des principes d'une telle association est l'objet de la théorie autosegmentale,
* Une première version de cet article a été exposée lors de séminaires à l'École Normale
Supérieure puis à l'Université de Toulouse-Le Mirail (Sauzet, 83). Je remercie pour leurs remarques
et commentaires sur ce premier texte, François Dell (CNRS), Jean Lallot (ENS), Xavier Mignot
(Montpellier III), Bernard Moreux (Pau), Marc Plénat (Paris X), Jean-Roger Vergnaud (USC) et
l'ensemble des participants à ces séminaires.
1. Suivant l'exemple de Yendryes, 04, j'utilise le terme traditionnel d'accent et non cehii, plus
conforme à une réalité phonétique probable sur laquelle je reviendrai, de ton. Le terme d'accent n'est
de plus pas si inadéquat, étant donné la valeur indubitablement culmina tive des phénomènes tonals
du grec ancien et la nécessité, soulignée par Paul Garde, de ne pas donner une importance excessive
à l'opposition entre accent « de hauteur » ou « mélodique » et accent « d'intensité » ou « dynami
que » (Garde, 68, p. 52-53).
2. Ou à toute autre unité définie comme porteuse du ton : more, voyelle, rime...
81 initialement développée pour rendre compte des phénomènes tonals 3. En grec ancien,
comme dans d'autres langues (où la présence de tons est liée à 1 expression d'une
proéminence), cette association doit tenir compte de la structure métrique. En combinant
représentations métrique et autosegmentale, on parvient à assigner de façon satisfaisante
le contour accentuel des mots en grec ancien. Toutefois, l'articulation des deux approches
ne peut être pensée comme une simple complémentarité, où les mécanismes autosegmen-
taux ont pour fonction de dériver la réalisation d'une proéminence métriquement définie.
Il faut accorder aux unités de la mélodie tonale une autonomie aux effets potentiellement
indésirables. Cette situation conduit à s'interroger sur le statut même des deux théories,
à partir de leur contribution conjointe à la définition du mot phonologique et de la
proéminence à l'intérieur de celui-ci.
1. Rappel des faits *
Le principe fondamental qui gouverne l'accentuation du grec ancien est la « loi de
limitation ». Celle-ci définit à la fois le champ intonable pour tous les mots de la langue
(les places que l'accent peut occuper) et la place effective de l'accent pour plusieurs classes
de mots. Ces derniers et l'accent qui les affecte sont dits récessifs. Je rappelle en (1) la
règle informelle de placement de l'accent dans les mots
(1) Placement de l'accent récessif:
a. Si la dernière syllabe est brève, l'accent affecte l'antépénultième syllabe du mot,
b. si la est longue, la pénultième.
Par « syllabe longue » on entend traditionnellement syllabe contenant une voyelle
longue ou une diphtongue (sauf quelques cas pour ces dernières), par brève les autres
(ouvertes ou fermées). Ce point sera discuté ci-dessous (5.1).
Soit le mot stráteuma 5 « armée-nom, sg. ». récessif comme tous les neutres athéma-
tiques et la plupart dos neutres en général. L'accent est antépénultième au nominatif
singulier dont la finale est brève (ma), de même au nominatif-accusatif pluriel :
strateúmata, dont la (ta) est brève aussi. En revanche, le génitif pluriel a une finale
longue et l'accent est pénultième : strateumátoon.
3. La désignation et le cadre de la théorie autosegmentale ont été introduits par Goldsmith (cf.
Goldsmith, 76a, 766 pour une première synthèse, cf. aussi Dell, Hirst et Vergnaud, 84, van der Hulst
et Smith, 82 déjà cités pour une orientation bibliographique). Le recours à des représentations
phonologiques à plusieurs niveaux, Goldsmith insiste sur ce point, ne manque cependant pas de
précédents explicites ou implicites.
4. Four une description exhaustive des faits d'accentuation en grec ancien, cf. Vendryes, 04,
Bally, 45. Je désigne ici comme accent, du grec ancien celui qu'on peut inférer des descriptions des
grammairiens alexandrins, soit, fondamentalement, celui de l'attique et de la koiné. Toutefois il est
délicat de faire le départ entre ce qui relève effectivement de cet état de langue et les elaborations
ultérieures d'époque byzantine (où le système de l'accent était profondément modifié par la porte des
oppositions de quantité vocalique) à travers lesquelles l'enseignement des Alexandrins a été transmis
(cf. Laum, 28). Ce point sera évoqué à propos de la barytonèse des oxytons.
5. Les mots du grec ancien sont donnés ici, sauf indication contraire, dans une simple
translittération, et non dans une notation phonétique ou phonologique de ce que l'on peut établir
comme ayant été leur réalisation. Les voyelles longues sont rendues par des géminées. Je me
conforme à l'orthographe traditionnelle dans ce tle transposition, y compris pour la notation de
l'accent. Celui-ci est écrit sur le deuxième élément d'une diphtongue (même purement graphique).
De même, je le note sur la deuxième voyelle dans la translittération des longues. Pour la question
de la localisation effective de la proéminence la syllabe, cf. ci-dessous 4.
82 Étant donné la règle de placement (1), la loi de limitation qui définit le champ
intonable pour tous les mots peut s'exprimer comme suit.
(2) Loi de limitation :
L'accent ne peut affecter aucune syllabe précédant celle qui serait accentuée si le mot
était récessif.
À côté de did

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