L art provincial en Maurétanie Tingitane. Les mosaïques - article ; n°1 ; vol.53, pg 25-36
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1936 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 25-36
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raymond Thouvenot
L'art provincial en Maurétanie Tingitane. Les mosaïques
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 53, 1936. pp. 25-36.
Citer ce document / Cite this document :
Thouvenot Raymond. L'art provincial en Maurétanie Tingitane. Les mosaïques. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 53,
1936. pp. 25-36.
doi : 10.3406/mefr.1936.7268
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1936_num_53_1_7268L'ART PROVINCIAL EN MAURÉTANIE TINGITANE
LES MOSAÏQUES1
Les deux provinces de Maurétanie présentent pour nous cet inté
rêt que, tard venues dans VOrbis Romanus, habitées par des popul
ations originales et difficilement assimilables, elles avaient de plus,
grâce au voisinage de Carthage et de Cadix, été longtemps sou
mises auparavant à l'influence d'une civilisation sémitique. On
serait tenté donc de supposer qu'elles ont pu, dans le domaine
artistique, garder leur individualité. Nous nous proposons ici d'exa
miner si les mosaïques de Tingitane se distinguent vraiment, par
quelques particularités, de l'ensemble des autres mosaïques ro
maines. Nous choisissons les mosaïques, d'abord parce que vingt
années de fouilles ont permis d'en rassembler une collection appréc
iable. Mais il est vrai aussi que c'est la manifestation artistique
qui se prêtait le mieux à l'éclosion d'un art local. Pour les grands
monuments publics à colonnes, les Maures restaient soumis aux
conditions générales de l'architecture antique, auxquelles ils ne
pouvaient guère se soustraire ; pour la sculpture, ils s'empressèrent-
d'adopter les types gréco-romains, auxquels ils n'avaient rien à
opposer ; mais il n'était point difficile, semble-t-il, au riche bour
geois qui faisait bâtir d'imposer les pavements de son goût et aux
dessinateurs de trouver autour d'eux, dans leur province, de nom
breux objets d'étude.
1 Communication faite au Congrès de l'Association Guillaume Budé.
Pâques 1935. 26 L'ART PHOVINCIAL EN MAIJKÉTANIE TiNGITANE
I
Passons d'abord brièvement en revue les sujets traités. La myt
hologie a fourni son contingent. Bacchus sur un char traîné par
deux tigres ou deux panthères, presque invisibles aujourd'hui,
forme Vemblema d'un pavement dans la grande maison à l'Éphèbe.
Il est représenté sous les traits d'un adolescent couronné de
pampres, vêtu d'une longue tunique rouge avec une ceinture bro
dée d'or, et il tient à la main gauche un thyrse.
Un panneau accessoire de la mosaïque d'Orphée représente un
cortège marin en deux registres superposés. Dans celui du haut, un
personnage ailé, un Triton ou un Amour marin, tient à gauche une
panthère marine ; à droite, un hippocampe. Dans celui du bas,
un Triton maintient à gauche, à bout de brides, une panthère mar
ine qui se cabre, tandis que le coursier marin file à droite. Dans
une salle voisine, un jeune dieu se dresse fièrement sur la croupe
d'un cheval marin, tandis que l'entoure un cortège de poissons, de
crustacés et de dauphins.
Sur la margelle du bassin d'un atrium, des Néréides sont assises
en amazones, l'une sur un taureau, l'autre sur un tigre, une autre
sur un cheval, dont l'arrière-train anguiforme, gracieusement en
roulé en boucles, leur forme un confortable fauteuil. Elles vont se
draper dans une écharpe qu'elles font voltiger autour de leurs
épaules. Dans la maison à l'Éphèbe, dans une grande salle qui de
vait être un triclinium d'apparat, on retrouve la même Néréide au
centre, tandis qu'en face des rangées de lit ce sont deux centaures
au galop, le premier tenant un pedum droit et tendant par l'anse
un grand cratère renversé ; le second, au contraire, allonge le bras
pour incliner la crosse du pedum vers sa tête et tient par le pied un
cratère sans doute plein (pi. I et II).
A Rirha, on avait découvert dans des thermes une mosaïque
représentant une divinité féminine déployant une écharpe au-des- LES MOSAÏQUES 27
sus de sa tête, debout sur un char traîné par deux chevaux au ga
lop. Laissée sur place, elle est maintenant détruite1.
Enfin, isolée dans une petite maison de Volubilis, une belle
tête de Méduse, de style sévère, est maintenant conservée au
musée.
Voilà pour les divinités. Le cycle héroïque, par contre, n'est
représenté que par Orphée. Dans la mosaïque de Tanger découverte
vers 1880 2, il charme aux sons de la lyre les animaux disposés is
olément en des compartiments encadrés. Tel on le rencontre aussi
à Volubilis, mais les médaillons sont constitués par des arbres aux
branches gracieusement étendues, où sont perchés des oiseaux.
C'est la plus vaste composition que nous possédons au Maroc,
puisqu'elle mesure 80 mètres carrés.
C'est tout pour la mythologie.
La vie réelle a inspiré à Volubilis deux sujets que l'on pourrait
appeler « de genre ». L'un représente quelque chose comme un per
sonnage de Bacchanale ou de cirque. Un cavalier, un desultor, sans
doute, chargé des intermèdes comiques, car il est à califourchon
tourné vers la queue, tient dans une main une écharpe sans doute à
ses couleurs, de l'autre brandit un vase, peut-être le prix de sa vic
toire (pi. IV, 1). Dans la chambre voisine, c'est une scène de pêche :
pour que nul ne l'ignore, on a pris soin d'inscrire sur un côté PIS-
CAT[j'o] ou [ores]. Un pêcheur est debout dans la rivière, de l'eau
jusqu'à la ceinture, et ferre, car un poisson a mordu. Un autre,
plus haut, lance l'épervier ; un troisième, dont on ne voit plus que
les jambes, devait aussi tirer un filet. Dans la rivière bordée de
buissons nagent une foule de gros poissons (pi. IV, 2). C'est une
scène de pêche que devait représenter aussi le médaillon central
dans la petite pièce voisine du bassin circulaire dans la maison à
1 L. Châtelain, Bulletin archéologique du Comité des Travaux histo
riques, 1919, p. ix.
2 De Pachtère, Inventaire des mosaïques de V Afrique, t. III, p. 112,
n° 458. 28 L'ART PROVINCIAL EN MAURÉTANTE TINGITANE
l'Éphèbe : on voit encore un bras tenant un trident, lequel va trans
percer un poisson.
Plus nombreuses, par contre, sont les figurations d'animaux iso
lés. Les poissons, coquillages et cétacés viennent au premier rang.
On en trouve dans les triclinia, ou près de bassins, dont ils ne gar
nissent point le fond comme c'est la coutume ; on les a placés à
côté. On reconnaît des grondins, des rascasses, des rougets, des
raies, des congres, des aiguilles de mer, des dorades, dés serrans.
Mais aussi une seiche, un poulpe, dés moules, des langoustes. Dans
un petit triclinium de la maison d'Orphée, neuf dauphins jouent
au milieu de petites vagues.
Les autres animaux sont moins fréquemment représentés. Dans
la maison à l'Éphèbe, près du petit bassin circulaire, entre les méd
aillons aux poissons, deux poules d'eau sont debout de chaque
côté d'une petite colonnette ; dans un autre écoinçon, deux échas-
siers au milieu de roseaux et d'arbustes, l'un la tête retournée
pour se gratter sous l'aile qu'il soulève à demi. Dans la grande
mosaïque d'Orphée, deux écoinçons sont aussi garnis par des ca
nards affrontés de part et d'autre d'un vase. La même mosaïque
d'Orphée nous offre un agréable mélange de toutes les espèces ani
males sauvages exotiques ou indigènes, réelles ou fantastiques :
éléphant, tigre, singe, antilope, élan, onagre, cheval, sans oublier
les oiseaux : paons, pivert, perroquet, chasseur d'Afrique, ni une
licorne ^t un pégase (pi. III, 3). Dans la même maison, au bord d'un
bassin voisin du salon d'été, deux perdrix ornent le bord d'une fon
taine. Sur la rive nord du Decumanus m'aximus, des médaillons,
aujourd'hui détruits, malheureusement, représentaient des o
iseaux, un autre un cheval au galop 1.
Le plus grand nombre des pavements était orné de dessins géo
métriques2 (pi. III, 2). Il en est de simples, comme les parallélo-
1 L. Châtelain, Publications du Service des Antiquités d Maroc, I,
p. 78, 86-87.

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