L effacement énonciatif dans la presse contemporaine - article ; n°156 ; vol.38, pg 51-64
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L'effacement énonciatif dans la presse contemporaine - article ; n°156 ; vol.38, pg 51-64

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Description

Langages - Année 2004 - Volume 38 - Numéro 156 - Pages 51-64
Sophie Marnette: Enunciative Deletion in the Contemporary Press.
This article studies enunciative effacement, i.e. the deleting of the speaking subject (locuteur) from his utterances (énoncés), in the contemporary French press. The analysis envisages how enunciative deletion is linked to reported speech in a corpus of journalistic texts including women's magazines, gossip magazines, newsmagazines and newspapers. Sophie Marnette first examines cases where the use of reported speech clearly places the journalist (i.e. the quoting speaker) in a situation of superenunciation vis-à-vis the quoted speaker, by commenting on his own discourse or that of the people he quotes, by erasing the origin of the quoted material, or by recontextualising it. Second, she highlights more complex cases where the journalist plays on both super- and subenunciation, by disappearing behind the quoted sources but displaying them through his own point of view (or that of the publication he writes for), so that one strategy can hide behind another.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Sophie Marnette
L'effacement énonciatif dans la presse contemporaine
In: Langages, 38e année, n°156, 2004. pp. 51-64.
Abstract
Sophie Marnette: Enunciative Deletion in the Contemporary Press.
This article studies "enunciative effacement", i.e. the deleting of the speaking subject (locuteur) from his utterances (énoncés), in
the contemporary French press. The analysis envisages how enunciative deletion is linked to reported speech in a corpus of
journalistic texts including women's magazines, gossip magazines, newsmagazines and newspapers. Sophie Marnette first
examines cases where the use of reported speech clearly places the journalist (i.e. the quoting speaker) in a situation of
superenunciation vis-à-vis the quoted speaker, by commenting on his own discourse or that of the people he quotes, by erasing
the origin of the quoted material, or by recontextualising it. Second, she highlights more complex cases where the journalist plays
on both super- and subenunciation, by disappearing behind the quoted sources but displaying them through his own point of view
(or that of the publication he writes for), so that one strategy can hide behind another.
Citer ce document / Cite this document :
Marnette Sophie. L'effacement énonciatif dans la presse contemporaine. In: Langages, 38e année, n°156, 2004. pp. 51-64.
doi : 10.3406/lgge.2004.963
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2004_num_38_156_963Sophie Marnette
Université d'Oxford
L'effacement énonciatif dans la presse contemporaine
Paris Match incluant La rapporté la relation presse Le et présent Voici), Le magazines dans écrite entre Soir article la contemporaine Illustré) locuteur pratique féminins envisage et citant d'information quotidiens journalistique (Elle les constitue (Ll) liens et et (Le Marie-Claire), locuteur entre (Marianne, Figaro, un en terrain se effacement basant Libération, cité de Le magazines (12) Nouvel recherche sur n'y énonciatif Le un est Monde Observateur, corpus people pas intéressant et aussi diversifié Le (Gala, discours Soir)1. bipoParis car Ici
laire que dans la fiction littéraire où Ll est fréquemment surénonciateur car
locuteur-narrateur premier et 12 sousénonciateur puisque locuteur-personnage
second 2. Le journaliste-locuteur peut évidemment revendiquer son rôle de
reporter /rapporteur mais les conventions veulent également qu'en dehors des
éditoriaux et autres articles à la première personne, la plupart des articles
paraissent 'objectifs', c'est-à-dire, d'une certaine manière, effacent la voix du
journaliste pour donner la priorité aux sources (sources de discours en tant
qu'événements ou sources de discours à propos d'un événement) 3. A priori
1 . Voir Marnette (2003) et Marnette (2005) pour une analyse comparative de ces genres journalisti
ques. Le corpus se compose d'un exemplaire de chacune des publications citées ci-dessus. Dans les
exemples, les discours rapportés sont indiqués de la manière suivante : DD en grasses, DI souligné,
DIL en italiques et lorsque c'est nécessaire le DN est indiqué en lettres capitales. Pour plus de facilité,
les apparaissant originellement dans la publication, en plus des guillemets, ont été
supprimés (cf. exemples tirés de Marianne, Le Figaro, Le Monde, Le Nouvel Observateur, Libération et Le
Soir Magazine). Par « discours rapporté », j'entends à la fois paroles ou pensées (voir Marnette
2002a, b). Pour une occurrence de pensée rapportée, voir l'exemple [2] ci-dessous <pn se dit que).
2. Les concepts de sur- et de sousénonciation sont repris à l'introduction de Rabatel dans le présent
ouvrage.
3. D'une part, les journalistes rapportent les événements énonciatifs (discours politique, négociat
ions, déclarations, etc.) comme des faits qui font partie de l'ensemble des informations. D'autre
part, leur accès aux événements non énonciatifs (guerre, crime, etc.) se fait la plupart du temps
non à travers leur propre expérience mais à travers les discours d'autrui (témoins, acteurs,
experts, etc.) de sorte que si les discours sont parfois présentés comme des événements, les événe
ments sont également présentés à travers des discours.
Langages 156 51 Effacement énonciatif et discours rapportés
donc, on pourrait penser qu'il y a un relatif effacement énonciatif du journa-
liste-Ll au profit de sources énonciatives 12 et donc d'une certaine manière
sousénonciation de Ll. Or il n'en est rien car le journaliste n'est pas nécessair
ement 'neutre' : il ne doit pas l'être dans des genres comme la presse féminine
ou la presse people et il ne peut que prétendre l'être dans les magazines d'info
rmation hebdomadaires ou dans les quotidiens, qui portent d'ailleurs le plus
souvent une étiquette politique bien définie (et défendue dans les éditoriaux).
Dans cet article, je me pencherai d'abord sur des cas où l'emploi du discours
rapporté met clairement le journaliste en position de surénonciation puis j'envi
sagerai des situations plus complexes où le journaliste joue sur les deux posi
tions et où une stratégie peut en cacher une autre.
1. LOCUTEUR 1 SURENONCIATEUR
Le journaliste peut bien évidemment se placer en position de surénonciateur
parce qu'il cite son propre discours. Il s'agit alors généralement de mettre en
scène des propos dans un cadre plus ou moins argumentatif. Cette prise de
position est rare dans les quotidiens, qui gardent un vernis d'objectivité, mais
plus fréquente les magazines féminins ou les magazines people vu leur
caractère plus familier et leur ton de dialogue ou encore dans des magazines
d'information plus polémiques comme Marianne.
1. Gala, du 11 au 17 juillet 2002, Lolo Ferrari : la mal-aimée, p. 42
« Pourquoi aurais- je tué ma femme, se défend-il. Je l'aimais, elle était mon
gagne pain. » On pourrait lui rétorquer qu'elle avait cessé de l'être
puisqu'elle ne rapportait plus rien. On pourrait même dire qu'il avait
commencé à la détruire le jour de leur rencontre. On pourrait ÉVOQUER,
aussi, cette peur de la vie et cette envie de mourir qui, même au temps de sa
gloire, n'ont jamais quitté Lolo Ferrari. . .
2. Marianne, du 8 au 14 juillet 2002, La gauche « raffarinée », p. 26
Et quand le président du groupe parlementaire PS, Jean-Marc Ayraut
DÉNONCE « la France de Pompidou », on se dit que ça fait décidément
beaucoup pour les flatteries.
On remarquera que les exemples 1 et 2 ci-dessus utilisent tous deux le pronom
on pour désigner le locuteur-Ll. Il semble que le caractère 'omnipersonnel' de
ce on intégrant à la fois le journaliste et ses lecteurs renforce la position de suré
nonciation du journaliste-locuteur par rapport aux autres sources citées ailleurs
dans l'article.
Dans les cas plus répandus où le journaliste rapporte les discours ď autrui,
plusieurs raisons expliquent pourquoi 12 (source citée) peut être en position de
sousénonciation. En voici quelques-unes :
- L'article doit être bref et aller au plus percutant, d'où l'effacement de ce qui
est jugé inutile et une tendance au montage.
- Le journaliste n'a pas accès aux sources mêmes mais doit se rapporter aux
conférences de presse ou à des témoignages divers, ce qui le pousse à effacer
certains maillons de cette chaîne énonciative.
52 I
L'effacement énonciatif dans la presse contemporaine
- Le locuteur-source doit parfois être protégé et donc rester anonyme.
- Le n'est pas toujours important en tant que personne mais
plutôt en tant que représentant d'une opinion générale ou d'un individu-
type. D'ailleurs, il est bien connu que dans certains cas, le discours rapporté
est inventé par le journaliste pour 'faire vrai' ou pour donner vie à son
article (Rosier 2002 : 30).
Au point de vue linguistique et discursif, le positionnement de Ll en suré-
nonciateur et de 12 en sousénonciateur se manifeste de diverses manières
(Rabatel 2003) :
a. Ll émet des jugements implicites sur le discours de 12.
b. Ll efface l'origine de 12 : absence de références précises aux sources.
с Ll le vouloir dire de 12 : re-contextualisation des discours rapportés.
d. Ll efface le dire de 12 : absence ou transposition d'embrayeurs dans le
discours rapporté, et/ou présentation des discours de 12 en tant qu'événe
ments énonciatif s mis sur le même pl

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