L histoire littéraire au lycée. Repères chronologiques - article ; n°1 ; vol.33, pg 35-45
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Description

Histoire de l'éducation - Année 1987 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 35-45
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 187
Langue Français

Extrait

Pierre Albertini
L'histoire littéraire au lycée. Repères chronologiques
In: Histoire de l'éducation, N. 33, 1987. pp. 35-45.
Citer ce document / Cite this document :
Albertini Pierre. L'histoire littéraire au lycée. Repères chronologiques. In: Histoire de l'éducation, N. 33, 1987. pp. 35-45.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1987_num_33_1_1451L'HISTOIRE LITTERAIRE AU LYCEE:
, Repères chronologiques
par Pierre ALBERTINI
Depuis 1967, l'AFPF (Association française des professeurs de
français), devenue en 1973 l'AFEF (l'enseignant remplaçant le
professeur), et sa revue Le Français aujourd'hui bataillent pour
rajeunir l'enseignement de la littérature en introduisant dans nos
lycées et collèges plus d'oeuvres et moins de manuels, plus de texte et
moins de contexte, plus de théorie et moins d'histoire. L'affaire
semblait entendue mais des instructions officielles récentes (1)
invitent les professeurs à situer «exactement les auteurs et les
uvres dans l'histoire et l'histoire littéraire ». La polémique n'est
donc pas tout à fait close et Le Français aujourd'hui lui consacre son
numéro de décembre 1985 : où en est l'histoire littéraire dans la
recherche universitaire? Lecture historique des textes et lecture
théorique sont-elles véritablement inconciliables ? Et quel besoin
d'histoire les lycéens ont-ils dans leur initiation à la littérature ? (2).
(1) Collèges, programmes et instructions, Paris, Ministère de l'éducation
nationale, 1985, p. 30.
Les Lycées demain, orientations, Paris, Ministère de l'éducation nationale, 1986, pp.
59 et 60, prévoit même une progression chronologique, du XVIe au XXe siècle, de la
seconde à la terminale. Par ailleurs, on y lit que « les uvres sont des productions qui
portent les marques du contexte social et historique» et que «la méthode des
groupements thématiques ne doit pas prendre un caractère abstrait et syst
ématique ».
(2) Ce numéro dont la couverture dénonce discrètement la vieille connivence
du biographique et du commémoratif à l'uvre dans l'année Hugo comprend une
intéressante mise au point d'Alain Viala sur la recherche actuelle en histoire littéraire
«État historique d'une discipline paradoxale» (pp. 41-49), un rappel des textes
officiels fixant au XIXe siècle la part de l'histoire littéraire au lycée : Tristan Horde
« L'enseignement de l'histoire littéraire » (pp. 50-54), des propositions pédagogiques
d'Alain Boissinot et Michel Mougenot : « L'histoire littéraire n'est plus ce qu'elle
était » (pp. 5-19), ainsi que quelques comptes rendus d'expériences scolaires, le plus
souvent en second cycle (pp. 55-94). On y trouve, enfin, deux intéressantes réflexions Pierre ALBERTINI 36
Ce questionnement de praticiens ne peut laisser indifférent l'hi
storien des disciplines scolaires : dans l'université, le structuralisme a
perturbé la définition et la hiérarchie des recherches en littérature
qu'avait consacrées le lansonisme (1) et le procès de l'histoire
littéraire est à l'uvre dans les tensions récentes du champ universit
aire étudiées par Pierre Bourdieu (2) ou dénoncées par Roger
Fayolle(3). Dans les lycées, l'inspiration nouvelle a donné à l'expl
ication de textes une visée plus formelle et moins historique. Or,
dans notre enseignement secondaire, depuis 1880 et, surtout, depuis
1902, l'explication française devait être menée au moins en
partie historiquement, en vertu de cet axiome que l'uvre est une
trace et l'auteur un témoin. La question de l'histoire littéraire est
assurément un point nodal de l'histoire de notre enseignement
littéraire : elle nous aide à percevoir la rivalité désormais centenaire
de la Rhétorique et de l'Histoire, de l'École et du Monde, des mots
et des choses à l'uvre dans notre pédagogie.
Cette contestation intellectuelle récente et cette pratique scolaire
plus ancienne, nous nous proposons de les examiner successive
ment.
1. Théorie: l'histoire littéraire en question (années 1960).
Les difficultés actuelles de l'histoire littéraire dans l'enseign
ement supérieur sont assez claires : à cheval sur deux types de cursus
très profondément séparés depuis que l'histoire universitaire ne se
veut plus littéraire et que la critique ne se veut plus historique (c.
1960), l'histoire littéraire a du mal à recruter ; et les grandes entre
prises éditoriales qui la font revivre (telle VHistoire littéraire de la
générales sur l'histoire littéraire (l'une de Claude Burgelin : « Histoire littéraire et
crise de l'histoire », pp. 23-30 ; l'autre de François Dosse : « L'histoire littéraire, fille
de Clio » pp. 31-40). On regrette seulement que la définition de l'histoire qu'utilise
Claude Burgelin soit aussi schématique et, partant, le condamne à constater un
infranchissable fossé entre l'écriture (individuelle) et l'histoire (sociale). Et Le Sire de
Gouberville de Madeleine Foisil ? Et la vogue universitaire de la biographie ? Et
les éditions savantes de textes autobiographiques inconnus? Sans oublier les résur
gences de « roman social » dont La Place d'Annie Ernaux ( 1 984) offre un remarquab
le exemple.
(1) Cf. Le Débat, novembre 1984, n° 32 ; constat dressé par A. Compagnon, p.
179.
(2) P. Bourdieu : Homo academicus, Paris, Minuit, 1984.
(3) R. Fayolle : « Le scandale des concours de recrutement des professeurs du
second degré ». Le Français aujourd'hui, supplément n 33-34, juin 1976, pp. 8 et 9.
Cf. également J.P. Leduc-Adine : « Règles du jeu au concours ». Littérature, n° 19,
octobre 1975, pp. 16-25 littéraire au lycée 37 L'histoire
France aux Éditions sociales (1)) ne repensent pas en profondeur la
périodisation et reposent sur un éclectisme méthodologique diffic
ilement justifiable. Certes, les pistes neuves ne manquent pas, qui
attestent le même dépassement de l'individuel dans le social qu'a
connu l'histoire tout court depuis quarante ans: sociologie du
champ des écrivains à une époque charnière (C. Charle pour la fin
du XIXe siècle, A. Viala pour le milieu du XVIIe), intérêt croissant
pour les publics et l'accueil réservé aux uvres, récent développe
ment de l'histoire du livre et de l'édition (2).
Il n'empêche que cette recherche éclaire des hommes, des prati
ques et des objets plus que des textes : Gérard Genette n'est pas
démenti qui écrivait en 1972 {Figures III) : « L'histoire ne peut avoir
pour objet que des réalités répondant à une double exigence de
permanence et de variation. L'uvre elle-même ne répond pas à
cette double exigence et c'est pourquoi elle doit, en tant que telle,
rester l'objet de la critique. En littérature, l'objet historique, c'est-à-
dire à la fois durable et variable, ce n'est pas l'uvre, ce sont (...) les
formes ». On notera à ce propos que les théoriciens accusés (crédi
tés ?) du recul de l'historique dans les études littéraires ont apporté
aux historiens de remarquables contributions depuis la brillante
étude de G. Genette sur la mutation de l'enseignement littéraire à la
fin du XIXe siècle (3) jusqu'au volume collectif sur la théorie des
genres (4) qui consacre des pages pénétrantes à l'histoire des catégor
ies poétiques depuis Aristote. L'histoire qu'ils ont récusée, c'est la
ritournelle biographique, psychologique et mythologisante à
mille lieues des Annales et qui n'aidait à comprendre ni le rôle
social de la littérature ni l'évolution de ses formes.
(1) Histoire littéraire de la France, Paris, Éditions sociales, 1974-1980, 13
volumes.
(2) C. Charle : La Crise littéraire à l'époque du naturalisme - Essai d'histoire
sociale des groupes et des genres littéraires, Paris, Presses de l'École normale supé
rieure, 1979.
A. Viala : Naissance de l'écrivain, sociologie de la littérature à l'âge classique, Paris,
Les Éditions de Minuit, 1985.
R. Darnton : L'Aventure de r Encyclopédie, Paris, 1982.
H.R. Jauss :

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