L impact des conditions de travail sur la santé : une expérience méthodologique
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Description

Ce travail s'est donné pour objectif de comparer systématiquement les performances des modèles dits « naïfs », expliquant la prévalence des troubles de santé par les seules caractéristiques actuelles du travail des salariés, avec des modèles plus rigoureux au plan théorique, incluant un historique de certaines expositions professionnelles passées (modèles statiques rétrospectifs), ou étudiant l'incidence (au lieu de la prévalence) des troubles en fonction soit de l'exposition à la date initiale (modèles longitudinaux standards), soit de l'évolution de l'exposition (modèles dynamiques).

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Publié le 01 mai 2005
Nombre de lectures 24
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

« L E D E S C A R T E S
I
»
2 9 , P R O M E N A D E M I C H E L S I M O N
9 3 1 6 6 N O I S Y - L E - G R A N D C E D E X
TÉL. 01 45 92 68 00 FAX 01 49 31 02 44
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RAPPORT DE RECHERCHE
L’impact des conditions de travail sur la santé : Une expérience méthodolo gique
TH O M A SCO U T R O TDirection de lAnimation de la Recherche et des Etudes Statistiques
LO U PWO L F FCentre dEtudes de lEmploi Laboratoire de Sciences Sociales (ENS-EHESS)
           
J ui l l et 2 00 5N °23 
ISSN 1629-5684 ISBN 2-11-094596-6
L impact des conditions de travail sur la santé :  Une expérience méthodologique   Thomas Coutrot, Loup Wolff
Ce travail sest donné pour objec-tif de comparer systématiquement les performances des modèles dits « naïfs », expliquant la préva-lence des troubles de santé par les seules caractéristiques actuelles du travail des salariés, avec des modèles plus rigoureux au plan théorique, incluant un historique de certaines expositions profes-sionnelles passées (modèles stati-ques rétrospectifs), ou étudiant lincidence (au lieu de la préva-lence) des troubles en fonction soit de lexposition à la date ini-tiale (modèles longitudinaux standards), soit de lévolution de lexposition (modèles dynami-ques). Le premier résultat concerne le faible impact de la prise en compte des facteurs de confusion comme la consommation dalcool et de tabac, les modes de vie des personnes ou leur historique mé-dical : les corrélations entre la santé et les conditions actuelles de travail mises en évidence par les modèles naïfs nen sont prati-quement pas modifiées. Cela ne signifie bien sûr pas que ces fac-teurs sont sans effets sur la santé des personnes  bien au contraire, lanalyse montre les effets impor-tants de certains de ces facteurs  mais que les effets des facteurs professionnels et des facteurs personnels jouent de façon lar-gement indépendante. Autrement dit, labsence de prise en compte
 
      
RÉSUMÉ
des facteurs personnels ne biaise pratiquement pas lévaluation des liens entre expositions et santé, du moins sur léchantillon ici étudié. Le deuxième résultat concerne leffet de la prise en compte de lhistorique des expositions aux risques professionnels. Là encore, la plupart du temps, elle ninvalide pas les enseignements des modèles naïfs sur les liens entre travail et santé ; néanmoins elle amène assez souvent (un cas sur trois) à relativiser des corréla-tions, dont la significativité statis-tique observée dans le modèle naïf nest plus assurée dans le modèle rétrospectif. Un troisième résultat concerne la comparaison entre modèles naïfs et modèles longitudinaux. Si -comme on pouvait sy attendre -les modèles naïfs ne sont daucune utilité pour rendre compte des effets différés des expositions professionnelles sur la santé en ce qui concerne les pathologies lourdes (maladies du système respiratoire, nerveux, génito-urinaire, cancers), en revanche leurs indications ne sont pas démenties  et sont mêmes le plus souvent confirmées - par lanalyse dynamique pour ce qui concerne les infra-pathologies, les troubles mentaux et musculo-squelettiques. Autrement dit il napparaît pas abusif dinterpréter
en termes de causalité des corré-lations statiques observées entre certains risques professionnels (notamment les risques liés à lorganisation du travail) et cer-taines (infra)pathologies, tout en faisant preuve dune nécessaire prudence due au fait que certaines de ces corrélations peuvent perdre leur significativité (surtout si celle-ci nest pas très marquée) dans des modèles mieux spéci-fiés. Le quatrième résultat concerne les mérites respectifs des modèles « standard » et « dynamiques » (rappelons que les premiers ex-pliquent lincidence dun trouble de santé entre deux dates par lexposition à la date initiale, alors que dans les seconds la variable explicative est lévolution de lexposition entre les deux dates). Pour ce qui concerne les (infra) pathologies liées au stress, les modèles stan-dard semblent sous-performants, dans la mesure où ils sous-estiment nettement limpact des expositions sur les troubles de santé. Lexplication tient proba-blement à la plus grande réversi-bilité des troubles en cas de dis-parition de lexposition, phéno-mène que le modèle standard confond avec une corrélation négative entre lexposition et le trouble.
Les auteurs tiennent à remercier Isabe lle Niedhammer et Marcel Goldberg (Inserm U88), ainsi que Marie-France Cris tofari et Serge Volkoff (CREAPT) pour leur lecture de versions antérieures de cette recherche et leurs nombreuses remarques consécutives.
Sommaire
INTRODUCTION .................................................................................................................9
La controverse lors de l’élaboration de l’autoquestionnaire SUMER .................................9
Quelques éléments de réponse préliminaires.....................................................................10Une « expérience statistique »..............................................................................................11L ENQUETE ESTEV ET LES MODALITES DE L EXPERIENCE .....................................17’ ’
1. Présentation d ESTEV..............................................................................................17
2. Les variables retenues.............................................................................................17Les expositions ......................................................................................................................18Les caractéristiques personnelles .......................................................................................18Les variables de santé...........................................................................................................183. Caractéristiques de l échantillon retenu ................................................................19Un biais lié à l’attrition de l’échantillon entre 1990 et 1995................................................20Une évolution nuancée des caractéristiques de travail entre 1990 et 1995 .....................21Un défaut de représentativité, mais sans danger pour l’expérience ................................224. L expérience statistique ..........................................................................................22Une typologie des modèles proposés .................................................................................22Des modèles statiques….......................................................................................................23… aux modèles longitudinaux ..............................................................................................24EFFETS DE L OMISSION DES FACTEURS LIES A LA VIE PERSONNELLE ET DES ANTECEDENTS PROFESSIONNELS ..............................................................................25
1. Les modèles « naïfs » ..............................................................................................25
2. La faiblesse du biais induit par l omission des facteurs liés à la vie personnelle (comparaison modèles naïfs/complets) .....................................................................26Des modèles naïfs aux complets, un nombre équivalent d’effets significatifs… ............26
… et des estimations très proches.......................................................................................26Le cas des pathologies du système ostéoarticulaire et musculaire .................................27Une conclusion provisoire ....................................................................................................283. Les antécédents professionnels (comparaison des modèles naïfs et rétrospectifs) ................................................................................................................29Comparer modèles naïfs et modèles rétrospectifs.............................................................29Les modèles rétrospectifs identifient davantage de liens entre l’exposition à des contraintes et la santé ...........................................................................................................30Deux temporalités des effets de sélection : sélection ex-ante et sélection ex-post .......32Une typologie empirique des expositions ...........................................................................33Cohérence des modèles naïfs et rétrospectifs ...................................................................35Expositions actuelles et passées .........................................................................................35PERTINENCE DU TRANSVERSAL EN REGARD DU LONGITUDINAL .........................37
1. Débat méthodologique : longitudinal statique ou dynamique ? ..........................37Les limites de la spécification « standard » ........................................................................37Les limites de la spécification dynamique ..........................................................................38« Les surprises du longitudinal » .........................................................................................38
2. La dynamique des effets sur la santé.....................................................................39
3. Des modèles naïfs aux modèles dynamiques : une comparaison systématique .......................................................................................................................................41Une typologie des coefficients des modèles dynamiques ................................................41Performance des modèles dynamiques ..............................................................................44CONCLUSION...................................................................................................................47
TABLE DES ILLUSTRATIONS .........................................................................................49
Les Tableaux ..........................................................................................................................49Les Graphiques ......................................................................................................................49
BIBLIOGRAPHIE
..............................................................................................................51
ANNEXES .........................................................................................................................53
INTRODUCTION
 
On connaît le caractère paradoxal des nouvelles formes dorganisation du travail. Dun côté, elles élargissent les responsabilités des salariés et font davantage appel à leur initiative et à leur réactivi-té ; les soumettent à des objectifs multiples et souvent contradictoires, et accroissentde lautre, elles les contrôles dont ils font lobjet. Ces évolutions se traduisent souvent pour les salariés par une double montée de limplication consentie dans le travail et de la charge mentale subie (M. Gollac, S. Volkoff [2000]). Lintensification du travail peut alors déboucher sur des infra-pathologies ou des pathologies liées au stress, des accidents du travail ou des maladies dorigine professionnelle, tels des troubles musculo-squelettiques (TMS), des maladies cardio-vasculaires ou des troubles psy-chiques. Lidentification des caractéristiques pathogènes de lorganisation du travail est donc un élément important du diagnostic permettant de fonder déventuelles politiques de prévention. Toutefois cette identification pose de délicats problèmes méthodologiques. En effet, la description de lorganisation du travail repose le plus souvent sur les déclarations, par nature subjectives, des salariés interrogés par questionnaires. En outre les affections sont en général dorigine pluri-factorielle, des décalages temporels peuvent exister entre exposition au risque et déclenchement de la pathologie, etc... Ces problèmes peuvent être illustrés par une controverse qui a récemment animé les débats du Comité de pilotage de lenquête SUMER 2002-20031.
La controverse lors de lélaboration de lautoquestionnaire SUMER
Les représentants de la Dares2 proposé en 2000 dinclure dans SUMER une batterie de ques- ont tions dauto-évaluation concernant les troubles de santé et plus précisément « les troubles du som-meil, les douleurs dans le dos ou les articulations, les maux de tête, les sensations dépuisement, lirritabilité, la symptomatologie dépressive, en demandant à chaque fois  si le trouble est signalé  dans quelle mesure le salarié pense quil a un rapport avec son travail »3. Lobjectif poursuivi était de faire progresser la connaissance des phénomènes décrits communément comme relevant de la « souffrance au travail » en mettant en place une enquête détaillée sur un vaste échantillon représentatif, retraçant pour la première fois une cartographie fidèle et générale de ces phénomènes. Il sagissait de faire apparaître le lien entre facteurs organisationnels et souffrance psychique et/ou physique. Mais les représentants de lInserm au Comité scientifique de lenquête se sont opposés à ce que ce questionnement sur lasanté perçuesoit introduit, estimant que la future enquête SUMER ne fournirait pas les informations nécessaires à lidentification des facteurs de confusion susceptibles de biaiser les déclarations des salariés (voir Encadré 1 qui reproduit la note rédigée par nos collègues de lInserm pour le comité scientifique de SUMER). Au cours des débats du comité scientifique, plusieurs types de facteurs de confusion ont été cités pour étayer ce refus : 1. Le « seuil de déclaration »: dune profession à lautre, des conditions de travail similaires ou des troubles à caractère infra-pathologique du même type vont faire lobjet de déclara-tions très différentes, du fait de facteurs psycho-sociologiques ou culturels. « Linformation (brute) dun niveau de trouble plus élevé parmi les caissières que dans la confection ne dirait pas grand chose des risques pour la santé dans ces deux secteurs » (note Inserm, Cf. Enca-dré 1).
1Pour une présentation détaillée de lenquête SUMER, Cf. Encadré 1. 2Thomas Coutrot, Nicole Guignon, Sylvie Hamon-Cholet, Nouara Yahou. 3T. Coutrot, « Préparation SUMER 2001 : auto-questionnaire  travail  santé  », note au comité scientifique Sumer, 14/11/2000.
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