L oeuvre de conservation et de restauration des édifices religieux en Russie - article ; n°1 ; vol.2, pg 88-102
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'oeuvre de conservation et de restauration des édifices religieux en Russie - article ; n°1 ; vol.2, pg 88-102

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1961 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 88-102
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques-René Cantou
L'oeuvre de conservation et de restauration des édifices
religieux en Russie
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 2 N°1. Janvier-mars 1961. pp. 88-102.
Citer ce document / Cite this document :
Cantou Jacques-René. L'oeuvre de conservation et de restauration des édifices religieux en Russie. In: Cahiers du monde
russe et soviétique. Vol. 2 N°1. Janvier-mars 1961. pp. 88-102.
doi : 10.3406/cmr.1961.1456
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1961_num_2_1_1456CHRONIQUES
L'ŒUVRE DE CONSERVATION
ET DE RESTAURATION
DES ÉDIFICES RELIGIEUX EN RUSSIE
nombre De et par de nombreux Pour les science ateliers de certaines précieuses édifices déployée de églises, l'Académie religieux fleurs honore il s'agit de d'architecture1. ont ceux pierre. même été qui restaurés d'une ont véritable ainsi La ces somme sauvé dernières résurrection considérable de années la ruine ; en la de un U.R.S.S. coopératravail grand
tion d'architectes, de critiques d'art, d'historiens, de peintres et de chimistes
nous permet de voir aujourd'hui, dans leur état original, des œuvres que les
siècles avaient complètement défigurées.
Ce travail est d'autant plus méritoire qu'il a un caractère désintéressé, le
facteur « tourisme » n'intervenant qu'à un degré relativement faible pour cette
catégorie de monuments. U Intourist se montre peu soucieuse d'aiguiller vers
eux les visiteurs étrangers à qui elle préfère montrer les réalisations récentes.
Quant aux étrangers résidant en U.R.S.S. et les Russes eux-mêmes, à cause des
difficultés de communications dans certaines régions et des déficiences de
l'équipement hôtelier, ils sont, eux aussi, dans des conditions défavorables
pour visiter ce patrimoine artistique.
Au Xe siècle, l'influence de Byzance marque l'architecture religieuse. Mais
les églises construites dans ce soixante-septième évêché du patriarcat de Constant
inople qu'était alors la Kiévie s'éloignent du schéma byzantin. On voit appar
aître une quantité d'églises de physionomie particulière, où l'influence byzant
ine, adaptée aux exigences du climat, est moins évidente. Il en reste très peu et
tout n'a pas été conservé de celles qui suivirent.
La pléiade d'édifices religieux bâtis de Jdan à Ščussev a été victime de l'acha
rnement des hommes et des éléments. Des invasions d'abord, favorisées par la
configuration géographique de la Russie. Sous les coups des Petchenègues et
des Khazars, puis des Tatars, qui sévirent jusqu'à la fin du xvie siècle, Kiev,
qui comptait 200 000 habitants au xne siècle et qu'Adam de Brème appelait
« l'émule de Constantinople », fut transformée en un champ de ruines. D'autres
causes intervenant, les souverains s'installèrent plus au Nord, en Souzdalie.
Un nouveau type d'église y fut élaboré. Ces constructions nous séduisent aujour
d'hui par l'eurythmie de leurs lignes. Les Tatars en détruisirent un grand
nombre. De leur côté, les Polonais*, les Baltes et les Suédois n'attendirent pas
la déroute des hordes asiatiques pour commencer leur mise à sac. Puis, en 181 2,
1 Placée sous les auspices du Ministère de la Culture.
* Les Polonais détruisirent 150 églises et 12 couvents dans la seule ville d'Uglic
au début du xvne siècle. CONSERVATION ET RESTAURATION DES ÉDIFICES RELIGIEUX 89
les Français furent la cause de nouvelles ruines. Si leur responsabilité dans
l'incendie de Moscou n'est pas encore clairement définie», elle l'est pour beaucoup
de déprédations dues aux exigences de la guerre, et, ce qui est bien pis, des actes
de vandalisme pur. L'ordre donné par Napoléon de détruire à coups de canon
l'église de la Protection de la Vierge sur la Place Rouge ne fut heureusement
pas exécuté, mais, lors de sa visite à l'abbaye du Novodiviči, où il avait voulu
loger son intendance, l'empereur fit effectivement démolir une intéressante
petite église du xvie siècle, sise hors les murs. En outre, au moment de la retraite,
les « Riz-pain-sel » minèrent la principale église du couvent. Le comportement
héroïque de quelques religieuses qui éteignirent à temps les mèches, évita de
justesse la catastrophe. Le monastère de Saint-Jean-Baptiste fut complètement
détruit et des dégradations inutiles furent perpétrées dans d'autres monastères
affectés au Service de Santé ou au Train. La liste des méfaits est longue. Le
Kremlin fut le plus défiguré des monuments après le départ des Armées : la
fameuse « zvonica »* n'était que ruine, et plusieurs tours avaient été éventrées
par les mines. Enfin, le sacrilège s'en mêla. La collégiale de l'Archange Saint-
Michel, le « Saint-Denis » des tsars, ne fut pas épargnée et servit d'entrepôt pour
les vivres, tandis que ses absides devenaient cuisines impériales. Au départ de
la Grande Armée, le vin coulant des barriques défoncées formait dans l'église
un véritable lac.
Malgré ces multiples actes de vandalisme, perpétrés de sang-froid, les Russes
n'interdirent pas de prononcer le nom de l'empereur», contrairement aux
Éphésiens qui avaient décrété la peine de mort pour quiconque prononcerait le
nom d'Érostrate, l'incendiaire du fameux temple d'Éphèse*.
Le feu n'attendit pas toujours d'être allumé par les hommes pour dévorer
les agglomérations, et spécialement Moscou. Les chroniques relatent la fréquence
de ce fléau, favorisé par l'utilisation massive du bois comme matériau de cons
truction, souvent même pour les églises et les palais. D'autre part, la rigueur du
climat et la compressibilité générale du sol font qu'il est difficile de trouver des
assises fermes pour asseoir solidement les constructions, ce qui a provoqué de
tout temps des affaissements, lézardes et autres préjudices aux édifices.
Des réparations importantes furent souvent nécessaires. Dans bien des cas,
le goût qui sévissait, à l'époque des travaux, inspira les réparateurs, et il en
résulta une altération de l'aspect initial de l'édifice, quand ce ne fut pas une
métamorphose complète. Il arriva même que l'on n'attendît pas l'occasion d'un
incendie pour « rhabiller » à la nouvelle mode une église jugée désuète7.
* II y a une dizaine d'années, les manuels d'histoire en usage dans les écoles
attribuaient l'incendie aux Russes et exaltaient ce sacrifice. Par la suite, les
« barbares français » furent inculpés de la dévastation de Moscou par les flammes.
Aujourd'hui, on s'abstient de trancher la question.
4 Clocher en forme de mur percé de baies où sont suspendues les cloches.
* Napoléon est aujourd'hui le nom d'un gâteau vendu notamment dans un
restaurant situé précisément près de l'endroit par où l'empereur pénétra dans
Moscou.
* Quand les Russes s'emparèrent à leur tour de Paris, ils n'y détruisirent absolu
ment rien. Bien mieux, c'est à l'empereur Alexandre Ier qu'on doit la conservat
ion de la colonne Vendôme que le peuple voulait abattre. Ijc régiment Seme-
novskij la protégea. Et, magnanime, le tsar laissa au Louvre des trésors conquis
par Napoléon, déclarant : « Réunis à Paris, ils seront plus faciles à visiter. »
7 II en fut de même en France. A peu près à la même époque, il était de bon
ton de dénigrer le « petit goût » médiéval : Molière exaltant la chapelle du Val-
de-Grâce condamnait le « fade goût des ornements gothiques », et Colbert léguait
à l'église Saint-Eustache une somme considérable pour remplacer son portail
dont le « goût barbare choquait les yeux ». Rien qu'à Paris, combien de mer- 90 J. CANTOU
Cela se pratiqua beaucoup, surtout au xvnie siècle. Mais, souvent, la lente
détérioration de l'église, spécialement des parties hautes, exigeait que l'on prît
des mesures pour empêcher l'infiltration des eaux

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents