L  origine de l alphabet et son évolution première, d après les découvertes de Byblos - article ; n°1 ; vol.25, pg 36-52
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L' origine de l'alphabet et son évolution première, d'après les découvertes de Byblos - article ; n°1 ; vol.25, pg 36-52

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Description

Syria - Année 1946 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 36-52
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Dussaud
L' origine de l'alphabet et son évolution première, d'après les
découvertes de Byblos
In: Syria. Tome 25 fascicule 1, 1946. pp. 36-52.
Citer ce document / Cite this document :
Dussaud René. L' origine de l'alphabet et son évolution première, d'après les découvertes de Byblos. In: Syria. Tome 25
fascicule 1, 1946. pp. 36-52.
doi : 10.3406/syria.1946.4492
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1946_num_25_1_4492L'ORIGINE
DE L'ALPHABET ET SON ÉVOLUTION PREMIÈRE
D'APRÈS LES DÉCOUVERTES DE BYBLOS
PAR
RENÉ DUSSAUD
La réalité est généralement plus complexe que ne le laisse entrevoir la
pénurie de notre documentation. Dès que nos renseignements deviennent plus
nombreux, les solutions simples sont dépassées. La collection d'anciennes
écritures giblites que vient de publier M. Maurice Dunand avec un soin dont
on ne saurait trop le féliciter (1) en apporte une preuve nouvelle. C'est pour
quoi nous devons rester assez prudents devant la rapide reconstitution de
la préhistoire locale que tente le savant archéologue sur une base anthropo
logique dont on sait la précarité (2). L'utilisation archéologique de la nécro
pole énéolithique de Byblos ne prendra son plein effet (3) que par comparai
son avec des trouvailles du même ordre qu'on doit attendre en plusieurs sites.
Les résultats obtenus par M. Dunand ne manqueront pas d'y encourager les
archéologues fouillant en Syrie et en Palestine.
M. Dunand ne se fait pas faute, et il a bien raison, de réagir contre les
hypothèses qu'il estime périmées; il croit devoir leur appliquer le terme,
d' « académiques » qu'elles ne méritent pas (4), car péjoratif par excellence,
I1) Maurice Dunand , Byblia grammata. anthropométrique, voir notre Histoire et Reli
Documents et recherches sur le développement gion des Nosaïris, p. 15-16.
de l'écriture en Phénicie (République Liba (3) On trouvera un essai sur la position chro
naise. Ministère de l'éducation nationale et nologique et historique de la population pr
des Beaux-Arts. Direction des Antiquités. écananéenne de Byblos, dans Dunand, Fouilles
de Byblos, I, p. 445 et suiv. Études et documents d'Archéologie, t. II).
Un vol. gr. in-4° de xix et 195 pages avec (*) Byblia grammata, p. xvm : l'épithète vise
les opinions de Salomon Reinach que celui-ci 16 pi. et 185 fig. Beyrouth, 1945.
(2) Sur l'erreur fondamentale de la méthode était seul à professer à l'Académie. L'ORIGINE DE L'ALPHABET ET SON ÉVOLUTION PREMIÈRE 37
si une Académie s'est intéressée de tout temps depuis Raoul Rochette et
Renan à la civilisation phénicienne, au point de s'être chargée du Corpus
de ses inscriptions, c'est bien l'Académie des Inscriptions. En tout cas,
M. Dunand ne devrait pas oublier que cette Compagnie a, sur ses propres
fonds, pourvu aux quatre campagnes de Byblos, révélatrices entre toutes,
conduites par M. Pierre Montet.
Mais, pour le prendre dans le sens où on l'emploie, combien le terme
d' « académique » est faible pour caractériser l'hypothèse brillante, mais
désuète, qu'Eduard Meyer avait construite autour du nom de Khyan et
dont M. Dunand reste le dernier et impénitent partisan- {1). Nous avions
indiqué que ce nom était nettement sémitique (2) ; Thureau-Dangin en a
apporté la preuve décisive en le retrouvant à Ras Shamra sous la forme
alphabétique Ahyn et en syllabique A-hi-ia-na^ .
Toutefois, nous nous plaisons à reconnaître que M. Dunand a bien senti
que les Sémites occidentaux — sans qu'on puisse toujours distinguer entre
Ambrites et Cananéens, ce qui est ici secondaire, — ont joué un grand rôle
dans l'histoire. Il reconnaît, et c'est l'évidence même, que le cananéen sans
réduire complètement les parlers locaux « atteignit à l'universalité dans le
pays (p. 24) ». On peut préciser que la preuve en est fournie par la langue des
grandes tablettes de Ras Shamra, qui est cananéenne au même titre que
les gloses des tablettes d'el-Amarna (4), par les premiers textes de Zendjirli
rédigés en cananéen, et par l'amulette d'Arslan Tash grâce à laquelle
M. Dupont-Sommer a démontré qu'encore au vne siècle avant notre ère, le
cananéen servait de langue liturgique dans la Syrie du nord (6). Une incantation
à la déesse 'Atté (i. e. 'Anat), pour être efficace, devait être rédigée dans la
langue de cette déesse (6).
i1) Byblia gram., p. 20. de Canaan, dans Revue Biblique, 1913-1914
(2) B. H. B., 1934, I, p. 116, note 2, en citant et 1924.
Aheyan de I Chron., VII, 19 et le nom Hayyan (5) Dupont-Sommer, L'inscription de l'amu-
attesté en nabatéen. lette d'Arslan Tash, dans Bévue de l'Hist. des
(8) Thureau-Dangin, Une tablette bilingue Beligions, 1939, II, p. 133 et suiv.
de Bas Shamra, dans Bévue d'Assyriologie, (6) B. H. B., 1942-43, II, p. 145, avec un
XXXVII, p. 97 et suiv.; cf. Syria, XXIII, exemple comparable en accadien, expliqué par
(1942-43), p. 118. Dhorme, Bévue d'Assyr., XXXVII, p. 83 et
(4) Sur ces gloses, voir Dhorme, La langue suiv. SYRIA 38
L'emprise cananéenne, au sens large, devait être particulièrement effec
tive à l'époque des Hyksos. Si M. Dunand n'aboutit pas à cette conclusion,
c'est qu'il reste attaché à la théorie d'Eduard Meyer et suppose que les
Hyksos comptent surtout une population nordique entrant de force en Syrie
et poussant jusqu'en Egypte. Et, cependant, ses recherches personnelles
l'amènent à constater que la période hyksos a été, en Syrie et en Palestine,
une des plus paisibles qu'ait connues le pays. Il faut donc remettre à plus
tard, après que les Sémites- Hyksos auront été bousculés par la XVIIIe dynastie
égyptienne, l'intrusion des Mitanniens et des Hittites, marquée par l'instal
lation, en certaines régions, de garnisons et de chefs étrangers.
Ce préambule n'est pas inutile pour en venir à ce qui constitue l'essentiel
de l'ouvrage Byblia grammata. C'est d'abord une étude minutieuse des
empreintes fournies par la grande nécropole énéolithique de Byblos. On nous
dit qu'elles se rencontrent généralement sur les jarres d'enfants, ce qui laisse
à penser que ces dernières ont été spécialement fabriquées pour cet usage
funéraire et ce qui tend à suggérer que ces marques ne sont pas sans relation
avec le culte funéraire.
M. Dunand souligne les affinités que présentent les empreintes de Byblos
avec les motifs sigillaires archaïques de Mésopotamie, tout particulièrement
avec ceux de Warqa V et IV. On est surpris qu'il n'en tire pas parti et qu'il
écarte l'hypothèse d'un emprunt direct de l'une de ces civilisations à l'autre.
Il préfère envisager ces concordances « comme les résurgences d'une ascen
dance commune » qu'il situe, à l'origine, en Anatolie et au Caucase. C'est là
un postulat, dit -il (p. 57). Nous eussions préféré une démonstration d'autant
que ses propres constatations ne paraissent guère favorables à l'hypothèse.
On ne peut attribuer, reconnaît-il, à cette civilisation (nordique) le premier
usage de l'écriture, car celle-ci n'apparaît que tardivement en Anatolie et
le Caucase, ne fut jamais un centre de civilisation écrite. Les cachets et les
tablettes archaïques de Chaldée, les empreintes de Byblos sont au contraire
des aspects de l'écriture très voisins des origines. » Comment concilier cette
nette affirmation avec l'hypothèse dominante d' « une vague culturelle et
ethnique venue du Nord » ? Tout cela repose sur l'opinion qui attribue une
origine caucasique aux torques et aux épingles percées trouvées à Byblos
dans les fouilles de M. Montet. Mais le matériel caucasique ne connaît pas le L'ORIGINE DE L'ALPHABET ET SON ÉVOLUTION PREMIÈRE 39
torques {1); de plus, ce matériel est d'époque plus récente que celui de Byblos
et le prototype des épingles percées se trouve en Mésopotamie (Ur, Kish) <2*.
M. Schaeffer a donné d'excellentes raisons pour attribuer aux Giblites eux-
mêmes la fabrication de ces objets de bronze (3) et cela explique la profusion
des ex-voto en cette

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