La bulle de Grégoire XI à la veille du Grand Schisme. Dépouillement des Revues italiennes d'histoire - article ; n°1 ; vol.89, pg 485-495

Marc Dykmans

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1977 - Volume 89 - Numéro 1 - Pages 485-495
Marc Dykmans, ~~La bulle de Grégoire XI à la veille du Grand Schisme~~, p. 485-495. Grégoire XI a publié le 19 mars 1378, une semaine avant de mourir, la bulle ici rééditée et analysée. On montre qu'elle n'a pas été jusqu'ici bien comprise, du moins par Noël Valois et Mgr Mollat. Elle a donné aux cardinaux le pouvoir de ne pas tenir de conclave et d'élire le nouveau pape à la simple majorité des voix. La suppression de la règle des deux tiers, en vigueur depuis Alexandre III, était d'une audace extrême qui n'a pas effrayé le canoniste qu'était le pape mourant. Il a voulu prendre des précautions qui auraient pu empêcher le schisme. Il semble que sa bulle n'ait pas été connue des cardinaux électeurs.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1977
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français

Extrait

Marc DYKMANS
La bulle de Grégoire XI à la veille du Grand Schisme.
Dépouillement des Revues italiennes d'histoire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 89, N°1. 1977. pp. 485-495.
Résumé
Marc Dykmans, La bulle de Grégoire XI à la veille du Grand Schisme, p. 485-495.
Grégoire XI a publié le 19 mars 1378, une semaine avant de mourir, la bulle ici rééditée et analysée. On montre qu'elle n'a pas
été jusqu'ici bien comprise, du moins par Noël Valois et Mgr Mollat. Elle a donné aux cardinaux le pouvoir de ne pas tenir de
conclave et d'élire le nouveau pape à la simple majorité des voix. La suppression de la règle des deux tiers, en vigueur depuis
Alexandre III, était d'une audace extrême qui n'a pas effrayé le canoniste qu'était le pape mourant. Il a voulu prendre des
précautions qui auraient pu empêcher le schisme. Il semble que sa bulle n'ait pas été connue des cardinaux électeurs.
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DYKMANS Marc. La bulle de Grégoire XI à la veille du Grand Schisme. Dépouillement des Revues italiennes d'histoire. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 89, N°1. 1977. pp. 485-495.
doi : 10.3406/mefr.1977.2394
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1977_num_89_1_2394MARC DYKMANS
LA BULLE DE GRÉGOIRE XI
À LA VEILLE DU GRAND SCHISME
Arrivé à Rome le 17 janvier 1377, «le dernier des papes français expirait
dans la nuit du 26 au 27 mars 1378, avec le sombre pressentiment des dissen
sions qui déchireraient le Sacré Collège et du schisme néfaste qui affligerait
l'Église»1. Avant de mourir cependant, Grégoire XI, malade, avait pris de gra
ves précautions en vue du choix de son successeur. Elles concernaient, d'une
part, le château Saint-Ange dont il confiait la garde à un châtelain provençal
en lui interdisant d'y laisser pénétrer les Romains sans ordre exprès des car
dinaux restés en Avignon, d'autre part, l'élection elle-même. Sur celle-ci il fit
une bulle nouvelle, dont il importe de donner d'abord le texte, daté de
Rome, à Saint-Pierre, huit jours avant la mort du pontife, le 19 mars 1378 :
Ad perpétuant rei memoriam2. Futuris periculis et detrimentis gravissimis
que Ecclesie Sancte Dei ex longa vacatione propter guerras ingruentes et
earuma occasione et alias quant plurimas causas possentb accidere salu
bri remedio obviarec cupientes auctoritate apostolica tenore presentiuni
irrefragabiliter statuimus et etiam ordinamus quod, si hinc ad kalendas
septembris proxime futuras contingat nos decedere, S.R.E. cardinales
tune in Romana curia présentes seu major pars numero ipsorum, absenti-
1 G. Mollat, Les papes d'Avignon, Paris, 1965, p. 136.
2 Rome, Archives vaticanes, AA D 96 (cf. plus loin, note 12); Reg. Av. 204, f. 9; autre
copie Arm. 54, 14, f. 40r-v; dans la marge supérieure Martin Zalba a écrit : Copia bulle
que dicitur scripsisse dominus noster sancte memorie dominus Gregorius super ellectione
fienda summi pontificis; éd. O. Rinaldi, Annales ecclesiastici, 1378, n° 2; G. Mollat, Lettres
secrètes et curiales de Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, t. 3, Paris,
1965, p. 28 : Constitutio de electione pontificis Romani. - En apparat, les sigles M, R, V et
Ζ désignent les fautes de l'édition Mollat, celles du Registre, celles du Vidimus et celles
de la copie espagnole faite pour Zalba.
aquamplures bpossent Ζ coviare Ζ I
I
I
I
I
I
486 MARC DYKMANS
bus non vocatis, nee aliquatenus expectatis, possint licite quemcumque
locum alias honestum voluerint eligere, sive intra veld extra Urbem, etiam
minoris partis presentium contradictione non obstante pro electione
futuri summi pontificis immediate successoris nostri hac vice facienda,
recipere et habere, et tempus cardinalibus a jure prefixum ad expectan-
dum cardinales absentes, antequam ad electionem ~summie pontificis pro
cédant et conclave pro eligendo ingredianturf, abreviare vel prolungare
vel in totum tollere, prout ipsis vel majori parte ipsorum videbitur expe-
dire, locumque predictum electumff et receptum semel vel pluries
mutare aliumque de novo recipere, et sine eo quod conclave aliquods
ingrediantur libere eligere, prout ipsis vel majori partih ipsorum videbitur
oportunum, minorii parte non consentiente seu etiam contradi-
cente. Dantes et concedentes auctoritate apostolica et de plenitudine
potestatis predictis cardinalibus presentibus seu majori partii ipsorum
omnem potestatem et auetoritatem eligendi Romanek et universalis
Eccleise summum pontificem, nobis immediatum successorem1, statuen-
tes etm decernentes auctoritate apostolica et de plenitudine potestatis", ut
ille° qui a predictis cardinalibus in Romana curia presentibus vel majori
parte numero ipsorum, minorip parte etiam non consentiente vel contra-
dicente, in papam et Romanum pontificem electus fuerit S.R et universal
is Ecclesie summus pontifex et pastor absque ulla exceptione siU etr
habeatur, predictorum cardinalium conscientias de eligendo bono pas
tore onerantes acs ipsos obsecrantes per viscera misericordie Dei nostri
ipsisque nichilominus injungentes districtius et sub penis juris quod in
premissis pure, simpliciter, absque omni fraude, ac celeriter1 quantum
poterunt Q secundum Deum et eorum conscientias procedere non postpo
nant, constitutionibus predecessorum nostrorum Romanorum pontifi-
cum contrariis non obstantibus quibuscumque quas in quantum premiss
is obviant vel alicui premissorum volumus pro ista vice pro infectis
haberi ipsas tarnen et ipsarum modificationes alias volumus in suo
robore permanere (.) Nullique ergo omnino hominum liceat hanc pagi-
namu nostre constitutionis statutiv ordinationis et decreti infringerew vel
ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit
dsiveMR esumiV fingrediaturV fi electum om Ζ saliquod
conclave Ζ hparteMR ' minore M ipartiM kRomanwnZ lvirgulam
om Ζ macZ nvirgulam om MZ °illiM ρ minore Μ ι sic M
romM setZ tpunctum add M " omnino. .. paginam: etc. MR v statata M
w infrangere M LA BULLE DE GRÉGOIRE XI 487
indignationem omnipotentis Dei et beatorum Pétri et Pauli apostolorum
eius se noverit incursurum*. Datum Rome apud S. Petrum, XIIH kalen-
das aprilis, pontificatus nostriy anno octavo ζ.
Les marges du registre contenant cette bulle portent, de la même main
que le texte, en haut à gauche : De Curia, et en bas à droite : De Camera sine
signo. La main de l'enregistreur n'est pas la même que celle des autres let
tres du volume, mais elle est propre à cette bulle et à ses annotations margin
ales. Celles-ci sont importantes. C'est une lettre de Curie, c'est-à-dire
d'administration, qui n'est pas demandée par une personne physique ou
morale mais rédigée pour la Curie pontificale elle-même et à ses frais. C'est
une bulle camerale, c'est-à-dire expédiée par la Chambre et sans avoir le
parafe : sine signo, du vice-chancelier ou de son lieutenant3. La dernière note
du scribe permet donc d'exclure une intervention quelconque de Barthé
lémy Prignano, le futur Urbain VI. L'archevêque de Bari tenait à Rome, en
effet, la place du vice-chancelier resté aux bords du Rhône. Il n'a pas eu
connaissance de cette bulle avant sa publication. Nul doute qu'elle aurait eu
pour le futur pape le plus vif intérêt.
Cependant l'original exista et fut scellé. Servit-il à la copie d'enregistr
ement ou suivit-on pour elle une minute, c'est une autre question, mais un
personnage bien placé atteste qu'il exista et fut muni de sa bulle de plomb.
C'est le camérier papal lui-même, Pierre de Cros, cousin de Grégoire XI,
alors archevêque d'Arles, et resté camérier sous l'antipape Clément VII
jusqu'à sa promotion au cardinalat en 1383. Il témoigna sur l'élection contro
versée à la demande du roi de Castille en Avignon au printemps de 13804.
Lisons sa déposition.
«Le pape malade, dit-il, reçut quelques cardinaux de confiance peu
avant de mourir, et le camérier était présent. Se voyant condamné, il les pria
xvel. . . incursurum: etc. MR y pont, nostri om MRZ zviij Ζ
3 Cf. F. Bock, Einführung in das Registerwesen des avignonesischen Papsttums, dans
Quellen und Forschungen, 31, 1941, Ergänzungsband, p. 106. Nous remercions le
P.P. Rabikauskas qui voulut bien nous indiquer cette référence. Les textes cités par
Bock sont trop nombreux pour qu'on puisse s'y arrêter. Ils semblent bien indiquer un
usage de curie devenu assez habituel pour se comprendre sans la dernière abréviation
qu'on trouve d'ordi