La façade-temple de l église S. Pietro de Tuscania - article ; n°1 ; vol.57, pg 178-189
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Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1940 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 178-189
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Verdier
La façade-temple de l'église S. Pietro de Tuscania
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 57, 1940. pp. 178-189.
Citer ce document / Cite this document :
Verdier Philippe. La façade-temple de l'église S. Pietro de Tuscania. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 57, 1940. pp.
178-189.
doi : 10.3406/mefr.1940.7316
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1940_num_57_1_7316LA FAÇADE-TEMPLE
DE L'ÉGLISE S. PIETRO DE TUSCAN I A
Dans la région du Soracte et du Cimino, les façades d'église ne
diffèrent pas de celles qui se définissent, entre le ixe et le xe siècle,
dans la province de Ravenne et dans les plaines de l'Italie du Nord.
L'une des plus anciennes, celle de Castel Sant'Elia, n'est qu'un
simple mur qui traduit la division intérieure en trois nefs. Les
façades de ce genre expriment l'église elle-même, en coupe trans
versale. Leurs corniches donnent l'inclinaison des toits, la hauteur
de la nef et des bas-côtés. Généralement le nombre des portes
correspond à celui des nefs ; dans les églises les plus petites de
Viterbe, à S. Maria nuova, à S. Giovanni in Zoccoli, il n'y a même
qu'une seule porte de façade pour trois nefs. Le décor d'arcatures
et de bandes, qui scande de son relief léger les divisions des murs
latéraux et de l'abside, fait d'ordinaire retour d'équerre sur la
façade. A S. Martino, la plus ancienne des églises de Gorneto
Tarquinia, ces arcatures aveugles sont séparées alternativement par
des demi-colonnettes et par des pilastres. A S. Francesco de la
même ville, trois corniches horizontales, à arcatures et colonnettes
minces, soulignent les différences de niveau d'une façade tripartite.
Au-dessus de la corniche faîtière des bas-côtés un mur donnait
autrefois l'inclinaison du toit en appentis 1. Avant d'être convertie
1 Les lignes générales des façades des églises italiennes ne varient
guère à travers les âges et les styles. Elles restent des écrans. Si l'on
applique des profils de mouluration toscans à la façade-type des églises
de Corneto, on obtiendra les façades construites à Rome par les archi
tectes florentins, sous le pontificat de Sixte IV, vers la fin du xve siècle,
v. g. Sainte-Marie-du-Peuple et Saint-Augustin. C/5 LA FAÇADE-TEMPLE DE L'ÉGLISE S. PIETRO DE TUSCANIA 179
par des remaniements postérieurs en un mur inexpressif, celle de
S. Maria in Castello de Cörneto appartenait au type de celle de
S. Francesco ; c'est même elle, qui, étant la plus ancienne, a dû
l'imposer à toutes les grandes églises à trois nefs de Gorneto. La
rose du début du xine siècle qui troue la partie médiane de la
façade de S. Francesco rappelle celle qui fut ouverte sous l'arc de
décharge ouest de la coupole bâtie au-dessus de la nef de S. Maria
après 1190 1. La façade de l'Annunziata est également ornée d'une
rosace dans un cadre carré aux angles semés d'autres petites rosaces
en relief. La composition du portail et la rosace qui le domine
font penser à un porche lombard surmonté de sa loggia, mais
traité à la manière française et réduit à la saillie d'un avant-corps
se détachant faiblement sur le mur du fond. A S. Maria in Castello,
si les corniches arcaturées des murs des bas-côtés se rabattent sur
les ailes de la façade, la partie centrale, qui en est dépourvue, prend
aussi l'aspect d'un avant-corps. Mais ces éléments de la façade-
écran ne sont, dans tous ces exemples, poussés nulle part à la
plénitude d'un type. C'est à Tuscania qu'il faut aller en chercher
la formule (S. Pietro), avec sa variante (S. Maria).
Un caractère remarquable signale la façade de S. Pietro
(planche I). Toutes les parties, à l'analyse, s'avèrent des emprunts,
mais l'ensemble constitue une synthèse d'autant plus suggestive
que des apports, venus de très loin à travers le temps et l'espace,
y sont brassés avec des tendances entièrement nouvelles. La porte
centrale est une œuvre des marbriers cosmatesques ; au-dessus, la
loggia s'inspire d'une composition toscane, la rosace et les fenêtres
qui l'accostent viennent d'Ombrie ; la nef est couronnée par une
corniche saillante, à plate-bande et rampants, qui dessinent le
fronton d'un temple antique ; les hautes arcatures, enfin, qui dé
corent les bas-côtes ont répudié la séquence monotone des bandes
1 Elle remplace la croisée d'ogives de la troisième travée, ruinée
par un tremblement de terre. 180 LA FAÇADE-TEMPLE
lombardes et évoquent incontestablement celles de la cathédrale
de Pise. La porte centrale, en marbre à incrustation de pierres de
couleur — qui, comme la matière de la rosace, des colonnettes de
la loggia et des hautes fenêtres géminées, éclate, par la blancheur
et la dureté, au milieu des assises d'un tuf poreux et brunâtre —
est l'une des plus anciennes œuvres d'un atelier cosmatesque dans
le Latium septentrional1. Le motif qui règne le long du chambranle,
du seuil, des piédroits, appartient à un vocabulaire et à une région
bien circonscrits. Il est analogue à certaines bordures séparatrices
des fresques peintes à la fin du Xe siècle dans le croisillon méridional
de Gastel Sant'Elia et aux hélices de l'iconostase de Leprignano,
mais il ne se retrouve pas sur le portail cosmatesque de S. Maria in
Castello, le premier en date et par surcroît daté2. Les hautes
arcatures, devant les bas-côtés, appartiennent au lot des importat
ions pisanes, au même titre, à quelques lieues de Tuscania, que la
coupole elliptique de S. Giacomo, les losanges de l'abside de
S. Salvatore et du chœur de S. Maria in Castello, à Corneto. Leur
origine orientale, et plus précisément arménienne, est probable. A
Tuscania, comme à la cathédrale de Pise, elles ressemblent aux
longues arcatures extérieures de la cathédrale d'Ani. Or, Pise était
en relations maritimes suivies avec l'Est et le Sud méditerranéens
et l'art qui s'y forme, entre 1063, date où s'ouvrent les chantiers
1 II est possible que la porte ne soit pas contemporaine de la loggia.
En effet, de part et d'autre des piédroits, on remarque deux socles
demeurés inactifs. Ils ont peut-être servi primitivement à amortir,
par l'intermédiaire de pilastres et de monstres stylites, un porche de
pierre à la manière lombarde. Ou ne s'est-il agi que d'un projet?
2 On lit, sur l'architrave de la porte :
RANVGII PETRVS LAPIDVM NON DOGMATE MERVS
ISTVD OPVS MIRE STRVXIT QVOQVE FECIT OPTIME
avec la date 1143. Sur la fenêtre, au-dessus :
NICOLAS RANVCII MAGISTER ROMANVS FECIT.
Nicolas était donc le frère de Pierre. Tous deux étaient fils de Ranucius,
l'un des quatre chefs des dynasties cosmatesques du xne siècle. '"·'■'"''.' ti^™- '?'}
de l'église s. pietro de tuscania 181
de la cathédrale, et 1118, date à laquelle elle était terminée, art
si important pour la formation du style roman particulier à l'Italie
centrale, aux Pouilles, à la Basilicate, est peut-être autant rede
vable à l'Asie mineure qu'aux traditions byzantino-arabes de la
Sicile.
La façade à rosace et fronton de S. Pietro de Tuscania est une
création ombrienne du milieu du xne siècle1. La façade de S. Ru-
fino, à Assise, a été élevée par Giovanni da Gubbio après 1140,
celle de S. Pietro de Bovara peu après 1154 2; la rosace du dôme
de Spolète a été reconstruite après 1155, année où le dôme
fut détruit par Barberousse. Dans la région de Spolète, le haut de
la façade de S. Ponziano rappelle, par ses courts pilastres d'angle
et par son fronton élevé, la partie correspondante de S. Pietro de
Tuscania. Gomme S. Pietro, S. Felice de Narco, dont les pilastres
sont plus élancés, mais le fronton plus bas, montre, au-dessus de
la corniche soutenue par de petits arcs aveugles 3, d'étroites fenêtres
géminées, de part et d'autre de la rose4. Ces multiples rappro
chements mettent hors de doute la filiation ombrienne du haut de
la façade de Tuscania. Quelle peut en être la date? La rosace de
1 La rosace est une création de l'Occident m

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